Interlude

-Laisse-moi Bella ! C'est ma vie, ce sont mes choix, tu n'as pas à décider pour moi !

Les voix des sœurs Black résonnaient dans le manoir familial depuis une heure déjà. Walburga et Orion avaient laissé leurs fils en leur compagnie, pensant qu'une soirée entre cousins renforcerait leurs liens, mais ce qui était en train de se produire était tout le contraire. En l'absence de Druella et Cygnus, la vérité avait éclatée, et cette vérité n'avait absolument pas plu à Bellatrix, ni même à Narcissa.
Cette dernière était en train de fondre en larmes dans les grands escaliers quand Sirius et Régulus rentrèrent de leur petite expédition nocturne. Le cœur tendre du cadet des Black se serra en la voyant ainsi et se réfugia dans ses bras. Sirius aperçut alors une valise dans le salon et fronça les sourcils. Quelqu'un devait-il partir ? Bellatrix raccourcissait-elle son séjour pour retrouver son nouvel époux ? Mais toutes ses hypothèses se révélèrent fausses quand il entendit la voix aigu de l'aînée hurler à l'étage :

-Tu n'iras nul part, tu m'entends ? Oublie cet infâme sang-de-bourbe et honore ta famille comme il se doit !

Il jeta un coup d’œil curieux à Narcissa mais celle-ci n'arrivait pas à répondre sans être noyée par un sanglot. La situation devait être grave. Vraiment très grave. Les voix provenant de l'étage. devenaient de plus en plus fortes.

-Ma famille ? De quelle famille tu parles, Bella ? Quelle genre de famille est plus préoccupée par la pureté du sang que le bonheur de ses héritiers ?

-La pureté du sang nous définit tous ! Nous sommes des Black ! Comment peux-tu être aussi idiote ?

Sirius s'apprêta à monter quand la main tremblante de sa cousine le retint.

-Cissy, Bella va finir par la tuer.

-Ne... ne t'en mêle pas. Elle va la convaincre. Elle va réussir.

Le désespoir brisait sa voix. Elle semblait s'accrocher à cet espoir comme une bouée en pleine mer, tellement fort, trop fort même. Mais à mesure que Sirius comprenait ce qui se passait, il comprit qu'elle allait se noyer. Andromeda allait partir et rien ni personne ne l'en empêcherait. Surtout si, de l'autre côté, se trouvait le fameux Teddy Tonks dont elle lui avait parlé tant de fois.

-S'il te plaît... le supplia-t-elle en le voyant hésiter.

Les deux aînées finiraient bien par descendre de toute manière. Il s'assit à côté de Narcissa et Régulus, et tandis que celle-ci posait sa tête contre son épaule en continuant de pleurer, Sirius fixa le vide pour offrir sa réflexion à cette situation.
Il se demanda alors si un jour il aurait le courage de faire pareil. Partir de cette maison de fou, tout laisser derrière lui, prendre son frère et continuer leur vie en paix. Il trouverait une petite maison au bord de la mer, Régulus adorait la mer. Il ferait la cuisine lui-même, comme un grand. Le ménage aussi, l'entretien du jardin, puis ils iraient explorer ensemble les alentours.
Andromeda pourrait leur rendre visite. C'était sa cousine préférée, alors il l'espérait bien. Peut-être même qu'elle pourrait les aider au début, qui savait. Ouais, il allait sortir son petit frère de là. Il allaient vivre heureux.
Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Voilà un futur qui lui donnait envie.
Mais son sourire retomba aussitôt lorsque les portes de l'étage se mirent à claquer.

-Je t'ai dit de me laisser !

-Reviens immédiatement !

La tête d'Andromeda apparut en haut des escaliers. Malgré les larmes qui dévalaient ses joues, elle gardait ce regard obstiné et décidé. Bellatrix n'avait pas pu la convaincre. Personne ne pourrait le faire.
Narcissa se redressa vivement, serrant toujours la petite main de Régulus contre elle. Elle aussi s'était rendue compte que Andromeda allait les quitter. Elle ne voulait simplement pas l'accepter. Elle refusait de le faire. C'était impossible.
La châtain dévala les escaliers mais la cadette s'interposa. Bellatrix surgit à ce moment au-dessus, les yeux injectés de sang.

-Andry, reste...

-Pousse-toi.

-Non, tu ne peux pas, non, non, Andry !

Elle tentait en vain de lui attraper la main, de tirer son tee-shirt mais Andromeda la repoussa en gardant cette tendresse propre à sa personne. Mais tendresse ou pas, ce fut trop pour la jeune fille. Narcissa sortit sa baguette et la pointa sur sa sœur. La tristesse pouvait parfois conduire à des actes insensés, et elle était au point d'en réaliser un. Le bord du précipice se trouvait trop près, elle ne pouvait pas la laisser partir. Pas sa propre sœur, pas elle. Elle devait rester, coûte que coûte.
Sa main tremblait. Régulus se précipita vers son frère, apeuré par la menace de sa cousine. Bellatrix fixait la scène le regard fermé, comme si elle arrivait à bloquer toutes ses émotions par sa seule pensée.

-Cissy, baisse ta baguette.

-Je la baisserai si tu me promets de ne pas sortir de cette maison.

-Cissy...

-Promet-moi ! hurla-t-elle presque hystérique.

Les yeux d'Andromeda s'emplirent de larmes. Elle brisait sa sœur, elle brisait sa famille par pur égoïsme. Mais comment leur expliquer que Teddy représentait tout pour elle ? Elle l'aimait d'un amour fou, d'un amour infini, d'un amour « pur » comme elle l'appelait. Toujours Pur. La devise de sa famille avait prit un tout autre sens lorsqu'elle l'avait rencontré.

-Je t'aime.

-Arrête. Je... je suis capable de bien des choses.

-Je sais. Mais s'il te plaît. Respecte mon choix.

-Non... tu ne peux pas. Reste.

-Je suis désolée. Mais c'est avec lui que se trouve mon bonheur.

Cette phrase la détruisit. Complètement. Tout s'effondra, tout son monde se trouva réduit à néant, converti en cendres par le seul fait de savoir que sa sœur était plus heureuse avec un né moldu qu'avec elles. C'était le destin qui s'acharnait à lui faire mal. D'abord sa rupture avec Lucius, ensuite Andromeda. C'était trop. Beaucoup trop.

-Imper...

Une main lui arracha violemment sa baguette et les bras de Bellatrix l'entourèrent pour l'empêcher de faire quelque chose de regrettable. Narcissa poussa un cri déchirant, se débattit avec force mais sa sœur la tenait fermement contre elle.

-Pars, fit l'aînée en lui lançant un regard meurtrier.

-Non ! hurla désespérément sa petite sœur. 

Mais la brune attira son visage contre sa poitrine pour étouffer ses pleurs.

-Pars et ne reviens jamais.

Andromeda laissa échapper ses dernière larmes, releva le menton pour montrer le peu de dignité qui lui restait et se dirigea vers sa valise. Sirius était resté en retrait tout le long mais il vit tout à coup sa chance et tira sur le bas du tee-shirt de sa cousine pour attirer son attention. Cette dernière se retourna, les sourcils froncés. Retenir ses larmes  lui résultait vraiment difficile.

-Emmène-moi avec toi.

Puis, après quelques secondes de réflexion, il se corrigea :

-Emmène-nous. Avec Régulus.

Son regard se troubla. Sa main tirait toujours sur le tissu comme s'il refusait de la lâcher jusqu'à ce qu'elle accepte.

-Sirius...

-S'il te plaît.

-Espèces de traîtres, cracha Bellatrix d'une voix venimeuse. Tous les deux. Walburga ne manquera pas d'en être informée.

Régulus était sur le point de pleurer. Sirius n'était pas un traître. Narcissa n'était pas méchante. Andromeda n'allait pas les abandonner. Tout ceci était une pièce de théâtre mise en scène pour lui faire une mauvaise blague. Les cinq héritiers Black ne pouvaient pas se séparer de cette manière.

Et pourtant.

La porte s'ouvrit à cet instant précis. Si tous pensaient que la situation ne pouvait empirer, ils s'étaient grandement fourvoyés.
Cygnus et Druella contemplèrent avec horreur la scène qui se déroulait sous leurs yeux. La baguette de Narcissa par terre et cette-dernière presque inconsciente dans les bras de sa sœur, le regard haineux de Bellatrix, les larmes de Régulus, la main de Sirius retenant Andromeda. La valise d'Andromeda. C'était trop facile à deviner.

-Bellatrix, emmène ta sœur plus loin, ordonna Druella en dissimulant du mieux qu'elle pouvait le tremblement dans sa voix. Sirius, Régulus, dans votre chambre.

Non. C'était sa chance de sortir d'ici, la chance de fuir la maison de l'horreur, Andromeda allait l'emmener. Il ne pouvait pas laisser passer l'opportunité. Il ne pouvait pas la lâcher, non.

-Sirius, répéta sa tante plus sèchement.

Bellatrix avait déjà conduit sa sœur loin d'eux. Régulus enroula sa petite main autour de celle libre de son grand frère. Il le tira vers lui, loin de sa cousine, loin de sa chance de partir, loin de la liberté. Non.

-Un jour, ton tour viendra, chuchota Andromeda d'une voix brisée.

Non non non non non.
Elle le força à décrisper ses doigts de son tee-shirt en déglutissant difficilement.
Non non non non non non non non non.
Non.

-Sirius viens...

Et non.

Mais l'emprise de sa tante le força à s'éloigner et elle poussa les deux garçons dans le couloir. Régulus le tira jusqu'à leur chambre tandis que Sirius jetait des coups d’œils désespérés par dessus son épaule. Voilà. Sa chance s'était envolée, tout était perdu. Et comme il avait eu cette petite lueur un court instant, comme l'espoir avait illuminé sa vie quelques secondes, maintenant, tout était beaucoup trop sombre.
Andry. Reviens. Reviens reviens reviens. Emmène-moi.
Les voix s'élevèrent.
Sirius se laissa glisser contre le mur et accueillit son petit frère dans ses bras.

Des cris.
Des bruits électriques. Des sorts. Ils l'empêchent de partir par la force.
Puis une porte qui claqua.
Le silence.

Et si c'était moi au lieu d'elle ?

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