II. Régulus

Régulus s'assit silencieusement à la table des Serpentards, ses yeux semblant vouloir trancher tout ce qui passait devant lui. Cette journée commençait mal. Très mal, même.
Premièrement, il n'y avait plus eu d'eau chaude dans les dortoirs Serpentard. Une blague des Maraudeurs, pour changer. Malheureusement, Régulus avait cette manie de toujours vouloir prendre une douche avant de déjeuner. C'était une habitude sacrée qu'il ne risquait pas de briser à cause de quatre pauvres idiots immatures Il s'était donc dirigé vers le dortoir des Serdaigles mais n'étant pas doté d'une intelligence hors norme, n'avait pas pu répondre à l'énigme de l'aigle. C'est alors qu'une fille était sortie et s'était passionnée pour ses boucles brunes. Une pauvre folle tout droit sortie d'un asile, songea-t-il avec mépris. Elle l'avait supplié d'une voix aigu de caresser ses cheveux, car elle les trouvait magnifiques et son père travaillait dans les produits de beauté et qu'elle pourrait lui donner des conseils pour les entretenir et blablabla. Au final, il avait du courir à travers la Salle Commune des bleus et bronze pour lui échapper et s'enfermer dans le dortoir de Selwyn, un de ses amis. Tout cela lui avait donné du retard pour le petit déjeuner -autre chose qui l'agaçait plus encore- et à son arrivée, son frère n'avait rien trouvé de mieux à faire qu'une scène devant toute l'école d'un genre émotionnel et dramatique. Et à présent, cet idiot de Rosier n'arrêtait pas de ricaner, lui lançant toutes les trois secondes des regards moqueurs.

-S'il continue, je jure qu'il n'y en aura qu'un de nous qui sortira d'ici vivant, marmonna-t-il en se servant du jus de citrouille.

-Laisse-le faire, il ne vaut pas la peine qu'on s'intéresse à lui, lui conseilla Avery.

Régulus hocha lentement la tête. Il aimait être accompagné d'Augustus. Ses paroles étaient matures et sages, et il était le seul à ne pas le provoquer en parlant de son traître de frère. On l'appelait Avery pour le différencier avec Rookwood, un autre Serpentard de sa promotion qui portait le même prénom, mais Régulus préférait l'appeler Augustus. En tant qu'ami, il se le permettait.

-Au fait, tu as reçu une lettre.

Il le remercia silencieusement de ne pas évoquer ce qui venait de se passer avec Sirius et s'empara du parchemin qu'il lui tendit. Il le déplia et commença à le lire.

Régulus,
Les vacances de Noël arrivent à grands pas et dernièrement, votre tante Druella m'a fait part d'une proposition que j'ai approuvé. Vos deux cousines et leurs parents partent en France les deux semaines dans la maison qu'a hérité votre oncle Cygnus. Il voulait que vous veniez avec eux, afin de vous permettre de vous changer d'air. Il pense aussi que votre présence sera bénéfique à la santé de Narcissa qui, comme vous le savez, en est déjà à sa troisième fausse couche et est retombée enceinte, ce que je trouve totalement irresponsable. Mais vous sachant proche de cette dernière, je n'ai pu qu'être d'accord avec lui. Vous partez donc en Province pour Noël. Bellatrix et Druella iront vous chercher à la gare pour partir le lendemain. J'attends de vous une attitude irréprochable. Donnez l'exemple à votre impétueuse cousine et reflétez l'image de la Noble et Ancienne Maison des Black. Nous nous reverront pour Pâques.
Affectueusement,
Walburga Black.

-Ma mère et ses lettre toujours aussi emplies d'amour, ironisa-t-il en laissant tomber la lettre devant lui.

-Qu'est-ce qu'elle dit ?

-Je pars en France avec mes cousines, mon oncle et ma tante.

-C'est bien, non ? demanda Avery qui s'était mis à lire distraitement le journal.

-Tu parles. Bellatrix est insupportable et Narcissa ne va pas arrêter de parler de son futur bébé.

-Encore enceinte ?

-Elle en veut absolument hein, soupira-t-il, blasé. La seule chose qui me réjouit est qu'il va faire plus chaud là-bas qu'ici.

-Tu exagères. Tu as dit que ton oncle et ta tante étaient plus agréables que tes propres parents.

-En même temps, il est impossible de surpasser mes parents en matière d'affection.

Cette remarque arracha un sourire aux deux garçons.

-Moi je retourne chez moi retrouver ma sœur fanatique.

-Tu devrais lui demander de t'apprendre quelques trucs sur la magie noire, depuis le temps qu'elle est passionnée.

Il le fixa avec des yeux exagérément écarquillés.

-Elle invoque les esprits !

Régulus éclata de rire. Il était vrai qu'Elizabeth Avery était un véritable phénomène. Les peu de fois où il l'avait vue, elle lui avait parlé de choses scientifiques sur la magie noire et la divination qu'il s'était efforcé de comprendre, en vain. Il ne sous-estimait néanmoins pas son intelligence. À seulement vingt-trois ans, elle avait écrit deux livres et réalisé de longues conférences à des sorciers beaucoup plus expérimentés qu'elle, tout cela en obtenant que des réussites.

-C'est le Seigneur des Ténèbres qui serait intéressé de l'avoir dans ses rangs.

Le sourire d'Avery s'évanouit et il se remit à lire le journal, l'esprit ailleurs. Le sujet était particulièrement sensible entre eux.

-C'est vrai non ? insista-t-il.

-Arrête avec ça. On dirait le service de recrutement de Rosier. Ma sœur n'est pas une meurtrière.

-Je n'ai jamais dit une telle chose, Augustus. Mais son savoir serait vraiment utile.

-Arrête j'ai dit.

Régulus obéit, de peur de vexer son meilleur ami. Un silence s'installa entre les deux Serpentards, plus pesant que jamais.
Soudain, ses yeux se posèrent sur la figure de son frère qui apparut dans l'entrée, beaucoup plus détendu qu'à son arrivée. James Potter était à côté.
Potter, songea-t-il avec mépris. Quel idiot celui-là. Il ne comprenait pas pourquoi il était aussi populaire dans les autres maison. Certes, il devait avouer qu'il faisait un excellent capitaine de Quidditch, mais sa liste de qualités s'arrêtait là. Et quand il savait que c'était chez lui que Sirius était allé après sa fuite... et que c'était là-bas qu'il vivait...
Son cœur se serra. Pourquoi son cœur se serrait-il ? La vie de son frère aîné n'avait plus rien à voir avec la sienne. Il avait mis une croix sur sa famille, sur lui, lui qui lui avait fait cette promesse autrefois...

-Reg ?

-Mmm ?

-Tu m'écoutes ?

-Hein ?

Il reposa ses yeux sur Avery qui le fixait d'un air désobligeant.

-Tu disais ?

-Fawley a mis l'entraînement de Quidditch demain. À huit heures.

-À huit heures je dors, grommela-t-il.

-Tu dormiras dimanche.

-Et de plus, Rosier va me gâcher la journée. Je ne sais toujours pas pourquoi ils l'ont accepté comme batteur.

-Avec chance, un Cognard foncera sur lui. Un accident est si vite arrivé.

Les deux eurent un sourire mesquin. Mais celui de Régulus s'évanouit immédiatement lorsqu'une main se posa sur son épaule et qu'une voix lui chuchota dans l'oreille :

-Je ferai en sorte qu'il foncera sur toi, Black, compte sur moi.

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