8 ~ LUCY
Je recrache la fumée de mes poumons avant de finalement secouer la tête.
- Thomas, je te présente Adrien, Adrien voici Thomas, c'est un ami.
Je le vois se détendre un peu, ce qui me fait esquisser un léger sourire alors qu'il vient s'installer presqu'à l'opposer de Thomas. Je continue de fumer en les regardant tous les deux, visiblement tendu, ce qui me fait lever les yeux au ciel.
- Thomas, j'aimerai ne plus avoir à te récupérer en prison s'il te plaît. Tu as une idée de combien tu m'a coûté au moins ?
Je vois les concerné baisser les yeux en soupirant légèrement alors qu'Adrien fronce les sourcils.
- Tu m'as coûté 1300$, tu rends compte de ce que ça représente pour moi ? Et tout ça pour quoi ? Parce que tu as volé trois paquets de bonbons ! Quitte à vouloir voler quelque chose, prends au moins quelque chose d'utile et ne te fais pas choper, ou alors, ne vole pas du tout, mais ne m'implique pas dedans.
- Tu n'étais pas obligée de payer, j'aurais fini par sortir.
- Bien sûr que si j'étais obligée de venir payer Thomas, je te rappelle que mon nom est inscrit sur ton dossier comme numéro à appeler en cas d'urgence. Et non, ils ne t'auraient pas relâcher, ils auraient finis par t'envoyer dans un centre de correction, et là, ça aurait entaché ton dossier avec un casier judiciaire impossible à enlever.
- C'est pas grave ça, j'arriverais à faire-
- Non, tu peux pas faire avec, on peut pas avancer dans la vie avec un casier judiciaire, ton parcours actuel va te ralentir plus tard, notamment à cause de tes notes, et de tes absences à l'école, si tu ajoutes à ça un casier judiciaire, tu n'auras aucun avenir.
- Je m'en fiche de l'avenir ! Tu comprends ça ? Je suis déjà foutu, alors autant profiter de la vie. J'ai pas besoin d'avoir une chieuse de première qui me dit ce que je dois faire, t'es pas ma mère, t'a rien à me dire espèce de connasse.
J'écrase furieusement ma cigarette dans le cendrier en soupirant bruyamment, je déteste ce genre de réflexion. Je vois Adrien serrer les dents et je tape légèrement sur la table pour le couper dans son élan, il allait répliquer, mais ça ne marche pas.
- Petit con, tu ne l'insulte pas, c'est clair ?
- Ou sinon quoi tête de con ? Tu vas me frapper ? Oh, j'ai hâte de voir ça
- Je vais te réduire en miette, tu vas voir salaud.
- Bon, les deux idiots, si l'un d'entre vous parle encore une fois, je lui éclate le nez. Adrien, tu ne lui fera rien, c'est clair ? J'apprécie que tu me défendes, mais ne le menace pas, dis-je, ce qui fait sourire Thomas. Quant à toi, petit insolent, tu ne le menaces pas non plus, mais surtout, tu ne me parles pas sur ce ton. Certes, je ne suis pas ta mère, je n'ai aucune autorité sur toi, mais je ne t'ai jamais forcé à faire quoi que ce soit. L'avenir, c'est utile, t'es pas déjà foutu, t'as plus de potentiel que ce que tu crois, il ne te reste qu'à le découvrir.
- Non, je ne -
- Ferme-la, je n'ai pas fini de parler. Je ne suis pas ta mère, mais je crois avoir fait suffisamment de chose pour toi pour que, si jamais je décidais de te faire me rembourser tous ces services, tu doivent en avoir pour le reste de ta vie. Alors, je te conseille de bien m'écouter, parce que ma gentillesse à des limites, et la "chieuse" ou la "connasse", comme tu veux, qu'il y a devant toi fait actuellement tout ce qui est en son pouvoir pour t'aider du mieux qu'elle peut, mais je ne pourrais pas faire ça éternellement, alors il va falloir que tu y mettes du tien.
Il soupire longuement et se lève avec agacement.
- J'ai jamais demandé d'aide, j'en ai pas besoin, arrête de me surprotéger connasse.
Après ses mots, il s'en va, me laissant donc face à ces propos qui me fendent le coeur, mais je ne le montre pas, je ne suis pas seule. Je baisse simplement les yeux avant d'allumer une nouvelle cigarette. Je soupire et tourne les yeux vers Adrien.
- Pour quelqu'un qui parle pas, tu en dis beaucoup.
- Ce petit con n'avait pas à te parler comme ça, il te manque de respect.
- Je sais, mais il est en pleine crise d'adolescence, et il a pas eu la meilleure des enfances, alors, je le comprends.
Il fronce les sourcils alors que je me mets à hausser les épaules en soupirant un peu.
- Son père était alcoolique, et il les battait, lui et sa mère, les flics l'ont arrêtés, et maintenant sa mère croule sous les dettes, la dépression l'a accueilli à bras ouverts, et elle délaisse son fils au moins aussi souvent que tu te tais. Alors bon, je ne peux pas trop lui en vouloir pour le moment.
Un long silence s'installe entre nous, je continue de fumer avant de lui servir un verre de soda qu'il prend rapidement. Je ferme longuement les yeux en m'adossant au comptoir, restant tout de même face à lui, en continuant de fumer.
- Il y a une rumeur sur toi au lycée...
Je rouvre les yeux en soupirant un peu et hausse les épaules avant de m'étirer un peu. J'éteins ma cigarette avant de lui sourire légèrement.
- Une simple rumeur de gamins. Plus rapide de jouer leur jeu que de nager à contre-courant, ne la crois pas, c'est tout ce que je te demande.
Je baisse les yeux avant de partir dans ma chambre, j'ai des devoirs à faire, et j'ai besoin de penser à autre chose. Je m'assois dans le lit et regarde le sol, je sens une vague de tristesse m'envahir avant que les larmes ne me montent aux yeux, me faisant pleurer légèrement, sans que je ne puisse le contrôler. Je passe mes mains sur mon visage alors que les sanglots continuent de s'accentuer. Les paroles de Thomas m'ont fait du mal, elles m'ont vraiment blessé, je n'arrive pas à croire qu'il me traite de cette façon, après tout ce que j'ai fait pour lui.
Je sens une présence, mais je n'y fais pas attention, je continue de pleurer, la tête entre les mains, sans jamais arrêter, et elle se déplace pour venir à côté de moi. Ensuite, je sens une main sur mon épaule, me poussant doucement vers elle, comme pour me réconforter, et je me laisse faire, mieux encore, je me réfugie dans ses bras, je reconnais instinctivement l'odeur d'Adrien. Il me caresse doucement le dos en se balançant doucement, pour me bercer, mais je continue de sangloter.
- Chuut, ça va aller...
Il continue de caresser mon dos alors que je pleure le plus de larmes possibles, j'ignore si j'en aurais encore après ça. Je sens un baiser sur le haut de mon crâne et quand mes sanglots diminuent, au bout de ce qui me paraît une éternité, je finis par m'écarter de lui, je me sens vide, j'étais bien, dans ses bras, j'avais l'impression d'être enfin débarrassée de toutes mes craintes. Il me tend un mouchoir et je le prends en souriant faiblement, épongeant mes larmes en soupirant légèrement avant de relever la tête vers lui, il est si proche de moi, mais je me sens trop éloignée de lui, je n'arrive pas à correctement décrire cette sensation.
Ses yeux me fixent, j'ai l'impression qu'il n'y a rien autour de nous, je le regarde, au moins autant qu'il peut me regarder, je sens qu'il lit en moi, il me transperce, mais ce n'est pas désagréable, au contraire. Il a l'air triste, mais apaisé, je ne saurais comment le décrire, comme si, à ce moment là, toutes ses peines, ses maux, s'étaient juste atténuée, ce qui a pour effets d'atténuer les miennes, par la même occasion.
Nous continuons de nous regarder pendant encore de longues secondes, sans jamais s'arrêter, je détaille son visage, pour que chaque détail reste à jamais graver dans mon cerveau, il est beau, sa peau a l'air si douce que ma main s'avance doucement sur sa joue pour la caresser légèrement. Je sursaute lorsque mon téléphone se met à sonner, et je retire rapidement ma main de sa joue pour ensuite me lever. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je sens mes joues chauffer, et je me tourne dos à lui pour répondre à mon téléphone.
- Lucy ? C'est ta mère, je voulais te dire que je ne rentrerais que après demain soir, et assez tard je dois dire, donc, ne t'inquiètes pas si tu ne me vois pas rentrer, nos invités ne viendront donc pas ce soir. J'ai entendu dire que Raphaël ne sera pas là non plus, donc vous n'êtes que tous les deux, pas de bêtises.
Et elle raccroche, ne me laissant même pas le temps de parler. Je reste figée, incapable de bouger, ce téléphone toujours collé à mon oreille, encore sous le choc de la rapidité de ce coup de fil, si c'est uniquement pour me dire ça, autant m'envoyer un texto, ça aurait été le même résultat. Je finis par soupirer et range donc mon smartphone dans ma poche avant de me tourner à nouveau vers Adrien.
- Hm, ma mère ne sera pas là avant après demain soir, vers...je ne sais pas quelle heure en fait, elle ne m'a rien dit. Et j'ai cru comprendre que ton père aussi rentrera ce jour là, donc on est tout seuls jusqu'à ce moment là.
Il hoche la tête et se lève en soupirant avant de me faire un signe de tête et de partir dans sa chambre. Je me mords la lèvre et va m'installer sur mon bureau pour commencer à travailler, j'ai pas mal de devoirs à faire. Je continue de travailler pendant un moment puis j'ouvre mon tiroir pour prendre mes cours et je me stoppe directement, on a fouillé ma chambre. Je fronce les sourcils, mes feuilles sont bien rangées d'habitude, je mets un point d'honneur à ce que mes cours soit lisibles et trouvable, et là, ils sont désorganisés. Je me mords la lèvre en soupirant, qui aurait pu fouiller dans ma chambre ? Ma mère ne l'aurait pas fait, ça je le sais, Raphaël non plus, je ne le vois pas le faire, alors il ne me reste plus qu'une seule personne, Adrien.
Je soupire longuement et me lève calmement, je ne dois pas faire de scandale, il doit avoir une raison, il a forcément une raison, il a intérêt à en avoir une en tout cas. Je me mords la lèvre à nouveau et frappe à sa porte avant de l'ouvrir, croisant les bras en m'appuyant contre l'embrasure de la porte.
- Je peux savoir pourquoi tu as fouillé dans ma chambre ?
Je le vois pâlir, il ne s'attendait pas à ce que je le remarque, et tourne sa tête vers moi, se décrochant de la télévision, mais il ne me répond pas pour autant, ce qui a le don, je dois l'avouer, de m'énerver.
- Oh, pour menacer quelqu'un tu parles, mais pour expliquer pourquoi tu as violé mon intimité, là, y'a plus personne, c'est ça ? Ah bah, merci, ça fait toujours plaisir connard ! Et tu sais quoi ? Quitte à fouiller toute ma chambre, assure toi au moins de tout remettre en ordre après, enfoiré.
Je descends vers le salon en claquant fortement la porte avant de finalement me diriger vers la piscine, il fait un peu froid dehors, mais c'est pile poil la bonne température pour moi. Je me mets rapidement en sous vêtement et entame plusieurs longueurs pour essayer de me calmer, j'arrive toujours pas à croire qu'il ai osé rentré dans ma chambre pour fouiller mes affaires, et pour quoi en plus ? J'en sais rien, et je ne veux pas le savoir. Il me tape sur le système, et son silence, mon Dieu, je le déteste.
Tu ne vas pas t'en tirer comme ça, connard.
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