3 ~ ADRIEN

- Reste dans la voiture, tu serviras à rien là-dedans, autant te faire chier seul.

Je lève les yeux au ciel et sort de la voiture aussi, cette fille, je l'aime pas, elle me tape sur le système, et je me suis fait trop mal au pif à cause de son coup de frein. Elle est complètement tarée, et cette scène tout à l'heure me l'a prouvé. J'ai envie de la frappé, elle m'appelle encore une fois "le muet" et ça va barder pour son cul. Je la suit, les mains dans les poches, j'en avais oublié à quel point elle est bonne, ça compense le reste je dois dire.

- Ou suis moi, vas-y, c'est vrai que tu vas beaucoup m'aider.

Elle souffle, ce qui me fais légèrement grogner, j'ai envie de la renvoyer bouler, mais mon père m'a dit que je devais être poli, alors, mieux vaut que je garde le silence, je risquerais de l'insulter, quoique, elle, elle ne se gêne pas vraiment. Je me mords la lèvre alors qu'elle commence à faire ses courses. J'en entends qui la siffle, ce qui me fait légèrement sourire, amusé par la situation, et je vois qu'elle les ignore royalement. Elle continue de faire les courses, posant ses achats dans le panier qu'elle a pris, et baille à plusieurs reprises avant de s'arrêter au rayon des boissons.

- Bon, prends ce que tu veux, faut que j'aille chercher un truc, je reviens.

Elle me fait un signe de tête avant de partir pour me laisser seul devant toutes ces bouteilles d'alcool, je ne bois pas beaucoup, ce n'est pas vraiment ce que je préfère disons. Je soupire en regardant ce qu'il y a, rien ne me fait envie. J'entends la voix de Lucy, je l'entends râler, et légèrement crier, sa voix est vraiment très forte, mais je n'entends pas bien ce qu'elle dit. C'est en grognant un peu, je me dirige vers sa voix, et je fronce les sourcils alors qu'elle se trouve avec trois autres mecs qui rigolent, je reste à l'écart pour les regarder faire.

- Attends, peut-être que ça marchera mieux avec moi, sourit l'un des gars en s'approchant d'elle. Je sais que mon pote peut être un peu lourd, mais écoute bébé, est-ce qu'on pourrait aller boire un verre tout à l'heure ?

- Non, avec ces filles, il faut pas aller boire un verre, il faut aller directement au but, dit un autre. Viens ma puce, et si on allait dans mon appartement, qui est juste à côté, ou même juste dans ma voiture qui est au parking, si ton envie est vraiment grande.

- Et dis moi, ça couterait combien pour tous les trois ? complète le dernier

Lucy reste silencieuse un instant, les sourcils froncés avant de soupirer en levant les yeux au ciel. Leur technique est vraiment à chier, non seulement ils l'insultent, mais en plus, ils espèrent qu'elle dira quelque chose.

- dix mille dollars, pour une demie heure et pour une personne, répond-t-elle alors que leurs sourcils se froncent. Oh, vous n'avez pas les moyens ? Tant pis pour vous. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, la pute que vous voyez en moi doit aller nourrir sa famille, et avant que vous essayiez de négocier, sachez que j'ai assez d'argent pour le faire. Ensuite, sachez aussi que je ne suis pas une prostituée, et que, même si j'en étais une, vous êtes tellement pathétiques que je n'approcherais jamais de l'un d'entre vous, vous faites peur à voir. Au revoir.

Elle se retourne et me regarde, surprise, avant de se diriger vers moi. Alors qu'elle était presque devant moi, un des gars lui attrape le bras et la force à se retourner vers eux, agacé et visiblement énervé. Oula, sa grande gueule va nous attirer des problèmes.

- Tu crois que tu vas où comme ça ? On en a pas fini avec toi.

- Ok, et vous allez faire quoi ? Me forcer la main ? Il suffit que je cris au viol pour que vous vous fassiez arrêter. De plus, mon ami est juste là, et, vu à quel point il m'a l'air musclé, je pense que prendre le dessus sur vous ne sera pas un soucis, dit-elle en me pointant d'un coup de tête. Maintenant, lâchez moi avant que je ne me mette vraiment à crier, je ne veux pas mettre mes menaces à exécution, ne me forcez pas à le faire.

Les trois garçons me regardent longuement, alors que je ne les lâche pas des yeux, je n'ai pas envie de me battre, mais je n'ai pas envie qu'elle se fasse violer, bien que je la déteste. Elle m'a vraiment mêler à tout ça. Je les vois soupirer avant de la lâcher en m'envoyant un regard noir puis ils partent dans un autre rayon. Lucy ne bouge pas, et semble prendre une grande respiration puis se retourne vers moi. Ça n'a pas l'air d'aller.

- Finalement, tu m'as été utile.

Elle me sourit faiblement et prends le panier avant de se diriger vers les caisses, soudainement pressée de partir, ce que je comprends, enfin, je pense. En tout cas, sa grande gueule est vraiment un problème, je vais devoir lui apprendre à la fermer, ce qui sera une partie de plaisir pour ma part. Elle paye rapidement ce qu'elle doit et marche rapidement vers la voiture. Une fois devant, elle met les courses à l'intérieur et prend un paquet de cigarette. Elle en sort une, ainsi qu'un briquet et c'est en tremblant qu'elle vient l'allumer. Elle tremble ? Pourquoi ? Elle prend une grande taffe et me regarde ensuite en expirant la fumée.

- Ce que je voulais dire c'est...merci

Elle ferme longuement les yeux en continuant de fumer sa cigarette avant de les rouvrir, soudainement déterminé, comme si elle avait déjà oublié ce qu'il venait de se passer. Elle termine sa cigarette et la jette plus loin avant de me faire signe de monter. Une fois dedans, je m'attache rapidement, ce qui la fait rire, je ne l'aime pas, mais me prendre l'avant j'aime à encore moins. Elle démarre en trombe et conduit assez rapidement

- Si tu pouvais ne rien dire aux parents pour ce qu'il s'est passé aujourd'hui, ça m'arrangerait beaucoup. Enfin dire...Ouais, bon, t'a compris quoi.

Je suis pas muet, j'ai simplement pas de raison de parler. Je hoche cependant la tête, je n'ai aucune raison de le dire, mais bon, on sait jamais, ça à l'air d'être important pour elle que je le lui promettes, et ça ne me coûte rien, alors pourquoi ne pas le faire ? Nous finissons par arriver devant la maison et Lucy commence à descendre les sacs avant de se diriger vers la maison. Je la suis donc et la regarde tout poser dans la cuisine où se trouve mon père.

- Où est partie maman ?

- Elle est sortie, elle ne m'a pas dit où elle allait. Tu as besoin d'aide ? Adrien, aide-la un peu s'il te plaît

Tu pourrais le faire toi même sérieux. Je l'ai déjà accompagnée en course, faut pas abuser. Je souffle en venant tout de même l'aider, bien qu'elle me repousse très rapidement.

- Non, merci, je n'ai pas besoin d'aide. Vous savez quand est-ce qu'elle rentrera ?

Je soupire longuement et lève les yeux au ciel en venant m'installer autour du comptoir pour terminer les viennoiseries de ce matin, j'ai faim, je n'ai pas eu le temps de finir de manger avant de partir, donc je préfère continuer mon repas, je déteste ne pas manger à ma faim au petit déjeuner.

- Non, elle ne me l'a pas dit non plus, mais je suis sûre qu'elle ne rentrera pas tard, ne t'inquiètes pas. Tout s'est bien passé au supermarché ?

Ouais, tout va bien dans le meilleur des mondes. J'espère au moins que cet incident lui aura appris à fermer sa gueule, bien qu'elle a tout de même une bonne répartie.

- Ouais, ça s'est bien passé. Qu'est-ce que vous voulez manger ce midi monsieur ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas d'idée en particulière, mais on va attendre ta mère, on ne va pas la laisser manger seule. Et, arrête de me vouvoyer s'il te plaît, tu peux m'appeler Raphaël tu sais ?

- Ouais, on verra si ça s'enlève avec le temps. Et pour ce qui est de ma mère, ne vous inquiétez pas, elle a pris un repas pour ce midi.

Je souffle longuement en sortant de la cuisine, ce genre de discussion, en plus d'être inintéressante, est totalement inutile, ça ne me concerne pas, je ne vois pas pourquoi je devrais assister à ça. Je monte dans ma chambre et soupire en sortant ma console de mon sac pour venir la brancher à la télévision tandis que quelqu'un entre, mon père.

- Tu as été sage ce matin ? Tu ne l'as pas embêté j'espère ?

Je soupire comme seule réponse tout en continuant de connecter la console alors qu'il fait le tour de la chambre. Il se dirige ensuite vers la salle de bain et revient en se dirigeant vers le balcon.

- Je vois que tu es bien ici. Tu as de quoi sortir, des toilettes à côté, manquerait plus qu'un frigo et tu ne sortirais plus d'ici pas vrai ?

C'est une idée à laquelle je devrais réfléchir. Je hoche la tête comme seule réponse puis pose ma manette quand je vois que tout est connecté. Je viens rejoindre mon paternel, m'appuyant sur la rambarde tout en regardant dehors.

- Je sais que c'est compliqué pour toi, de tout reprendre comme ça, mais ici, tu peux te considérer comme chez toi. Je sais bien que ce n'est pas notre maison, que nous sommes des invités en quelque sorte, mais nous allons y rester pendant un moment, je ne sais pas encore combien de temps exactement, dit toi que c'est notre refuge, le temps que je retombe sur mes pieds et que je nous trouve un nouveau chez nous.

Je ferme longuement les yeux en secouant la tête, ça peut durer des mois entiers, je ne sais pas si je supporterais ça. J'ai déjà beaucoup de mal à contenir ma colère, mais alors maintenant, je ne sais pas ce que ça pourrait être, j'ai peur des limites que je pourrais franchir.

- Si jamais tu as un soucis, n'importe quoi, si tu as besoin de parler, même si normalement tu devrais le savoir, je préfère te le dire, je suis là si jamais. Je sais qu'on n'a jamais été très proche tous les deux, mais je reste tout de même ton père, et tu sais que je t'aime mon fils, même si je ne te l'ai jamais vraiment dit.

Je lui souris faiblement alors qu'il pose sa main sur mon épaule, comme s'il essayait de me réconforter. Moi aussi je t'aime papa. Voilà ce que j'aimerais dire en ce moment, mais j'en suis incapable, et ça me fout en rogne je dois dire. Je serre la mâchoire pour rester un minimum zen et inspire doucement en rouvrant les yeux pour regarder devant moi, leur jardin est immense, je n'avais pas fait attention jusqu'à maintenant, ils ont une grande piscine, ça c'est intéressant.

- Pardonnez cette interruption lors de ce petit moment qui m'a l'air chargé en émotions, mais, le repas est prêt si vous avez faim.

Je me retourne et la regarde longuement alors qu'elle nous sourit, visiblement gênée et mal à l'aise. J'hoche la tête pour la remercier, même si je n'ai pas très faim à l'heure actuelle, dans quelques minutes, mon estomac changera d'avis, alors c'est toujours bon à savoir.

- Merci beaucoup Lucy, c'est très gentil de ta part.

- C'est normal, ne vous en faites pas. Et, j'en ai fait en grande quantité, pour que tu puisses manger à ta faim, le petit invité.

Je fais un nouveau signe de tête en sa direction, amusé, et elle me répond de la même façon avant de redescendre aussi discrètement qu'elle était venu. Elle semble moins agressive dis donc.

- Et puis, j'ai cru comprendre que tu t'entendais bien avec Lucy, il faut dire qu'elle est vraiment adorable, une vraie perle.

Je tourne ma tête vers mon père, surpris et pas vraiment d'accord avec ce qu'il me dit. Adorable ? Une vraie perle ? On parle bien de la même personne ? Ma réaction le fait rire, visiblement amusé de ça.

- Oui, un vrai petit ange. Tu ne la connais que depuis ce matin, c'est pour ça, mais tu vas voir, avec le temps, tu comprendras ce que je veux dire, tu changeras d'avis, je t'assure.

Je le regarde longuement avant de secouer la tête, amusé, ça m'étonnerait.

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