2 ~ LUCY

J'ouvre doucement les yeux en soufflant un peu, le soleil me tape sur la tête, et ça me donne mal de crâne. Je me lève en me mordant la lèvre et décide de descendre avec une simple chemise un peu longue, m'arrivant sous les fesses, la seule personne avec qui je vis, c'est ma mère, alors bon, elle a l'habitude. Une fois arrivée dans la cuisine, je vais directement dans le frigo et prends la bouteille de jus d'orange, je sens un regard sur moi, comme si on me déshabillait. C'est avec lassitude que je me sers un verre avant de me retourner, je sais que quelqu'un que je ne connais pas est derrière moi, je veux savoir qui c'est. Je fronce les sourcils en voyant un ado, de mon âge je dirais, il a la barbe de trois jours, des cheveux bruns et des yeux verts perçants. Je le vois qui me matte, sympa comme première rencontre.

- Tu es ? je grogne en voyant qu'il ne répond pas. Eh, pervers, tu peux arrêter de me regarder comme un morceau de viande s'il te plaît ? Mes yeux sont plus haut connard. Et tu pourrais me répondre aussi, ça te tuera pas.

- Il n'est pas très causant, ne le force pas à te parler, dit ma mère en arrivant dans la cuisine avec un homme du même âge qu'elle alors que l'ado se remet à manger. Et, il s'agit là des Curtis, je t'en ai parlé, je t'ai dit que nous aurions des invités pendant un petit moment, ils ont emménagé hier, tard dans la nuit. Je te présente Raphaël, et son fils, Adrien. les garçons, je vous présente Lucy, ma fille.

- Enchanté de te rencontrer enfin Lucy, je pense que tu ne te souviens pas de moi, tu étais toute petite à l'époque, mais je vois que tu as bien grandi.

- Non, je ne me souviens pas mais je suis contente de vous rencontrer enfin, ma mère ne tarie pas d'éloges sur vous, je crois que j'en connais plus sur vous que vous même. Je ris en le regardant avant de soupirer légèrement en tournant mon regard sur le fils. Eh, le muet, évite de tout manger s'il te plaît, on est quatre, on aimerais tous pouvoir manger.

Je le vois me faire un doigt d'honneur, ce qui me fait esquisser un sourire avant de soupirer en secouant la tête. Je me pince les lèvres en venant prendre un petit calepin et un stylo tout en buvant mon verre de jus d'orange.

- Bon, je vais aller faire quelques courses, parce qu'on a plus grand chose à manger. Est-ce que  vous avez des allergies ? Des idées de repas ? Des choses que vous n'aimez pas ?

Raphaël me tends les mains pour prendre le bloc note et le stylo, je lui donne donc, et je le vois commencer à écrire en trois colonnes. Je ne dis rien et finit par faire la vaisselle en prenant les assiettes qu'Adrien a vidé puis soupire quand je termine. Je me retourne et Raphaël me tends le calepin à nouveau, il y a quelques trucs écrits dessus, mais pas grand chose, et il me sourit.

- Oh, et puis, t'a qu'à y aller avec Adrien ! Vous deux, vous allez pouvoir faire connaissance, et il découvrira un peu la ville

- C'est pas pour vous manquer de respect monsieur, mais, quitte à avoir de la compagnie, je préfère avoir quelqu'un qui parle, et pas un adolescent pervers et muet.

- Lucy, écoute moi bien, parce que je te le répèterai qu'une seule fois, soupire ma mère en s'approchant du comptoir. La prochaine fois que tu parles comme ça de nos invités, ou que tu insinues encore une fois quelque chose de ce genre, et je t'assure que tu ne reverras plus la lumière du jour, c'est clair ?

- Emma, c'est pas grave, ne t'inquiètes pas. Adrien peut parfois se comporter comme un parfait idiot. C'est pas à vous de faire des efforts, vous nous accueillez, c'est déjà beaucoup, c'est à nous de suivre vos règles.

- Non, je refuse que vous ayez à faire des efforts. Ma fille a la langue bien pendue quand elle s'y met, elle n'a pas à vous insulter.

- Je comprends bien pourquoi elle l'a fait, comme je te l'ai dit, Adrien est impoli quand il s'y met et -

- Bon, je vous propose quelque chose, parce que c'est pas que votre scène me fait penser à un vieux couple au téléphone qui dit "C'est toi qui raccroche, non c'est toi", mais un peu quand même. Alors, je vais essayer de ne pas insulter votre fils, et lui va essayer de ne pas regarder mon cul. Voilà, maintenant, je vais prendre une douche, le muet... 'fin le petit invité, on part dans dix minutes.

Je leur souris et part dans la salle de bain sans attendre leur réponse, j'avais oublié que nous avions des invités, pour moi, ils n'arrivaient pas maintenant. J'aurais également aimé savoir qu'il y aurait un garçon aussi, vu la gueule qu'il est et la façon qu'il avait de me dévorer sans pudeur, c'est de ces footballeurs machos, dégueulasses et qui se tapent tout ce qui bouge, j'aurais préféré un intello renfermé qui ferme sa gueule, pas un pervers muet. Je souffle et me déshabille pour venir sous l'eau chaude. Je reste un petit moment dans la douche avant de sortir. Alors que j'allais prendre ma serviette, je remarque qu'elle est encore un peu humide, et c'est en soufflant que je viens en prendre une autre. Connard, t'aurais pu simplement regarder sous le lavabo si y'en avait pas des propres. Je me sèche et part m'habiller avant de redescendre en prenant les clés de la voiture. Je le regarde et croise les bras en soufflant.

- Aller, tes dix minutes sont passé le quaterback, lève ton cul, on y va.

Je mets mes chaussures et viens prendre la page sur laquelle Raphaël a écrit pour la fourrer dans ma poche. Je marche ensuite vers ma Jeep et monte rapidement en démarrant, et c'est en grognant que je remarque qu'il a décidé de venir, à mon plus grand désarroi. T'aurais pas pu continuer de te goinfrer. J'accélère subitement après qu'il soit monté, il n'est pas attaché et conduit vers le bureau de tabac le plus proche, soit, à plusieurs kilomètres.

- Dis moi le muet, je suis d'humeur généreuse, alors, est-ce que tu fumes ? Et si oui, tu veux que je t'offre un paquet ?

Il ne me répond pas, regardant à travers la fenêtre. Je lève les yeux au ciel et lui mets un coup de poing dans l'épaule, ce qui le fait grogner et me regarder avec un regard de tueur.

- Ah bah voilà, on progresse déjà. Donc maintenant, tu vas ouvrir ta gueule ou bouger la tête, rien à foutre, et tu vas répondre à ma question, parce que sinon, je fous du mercure dans ta bouffe.

Il me regarde longuement avant de retourner la tête vers la vitre, ce qui me fait légèrement grogner. Je regarde dans les rétros et remarque que personne n'est derrière moi, alors j'appuie soudainement sur le frein, m'arrêtant ainsi brusquement sur la route. Je le vois mettre ses mains sur ce qu'il y a devant lui pour amortir le choc, mais sa tête se cogne quand même, et il grogne alors que moi, personnellement, je n'avance que de quelques centimètres, merci la ceinture. Je me tourne alors vers lui et sourit grandement tandis qu'il me regarde avec un air de tueur. Oh, il est énervé le petit.

- Bien. De un, tu mets ta ceinture, comme quoi ça sert pas vrai ? Et oui, même un footballeur peut passer au travers d'un parebrise. De deux, même si tu parles pas, j'aimerais au moins que tu répondes à ma question. J'essaie d'être généreuse, fais un pas vers moi, je te rappelle que c'est chez moi que tu habites, je pourrais très bien vous envoyer dans un hôtel, et je suis pas sûre que vous aurez les moyens pour tenir deux jours. Alors, est-ce que tu veux des cigarettes ?

Je le vois serrer les poings avant de frapper du pied la boîte à gants, cette dernière ne s'ouvre pas, je l'ai trop souvent cassée pour qu'elle s'ouvre suite à un simple coup. Je me pince les lèvres en secouant la tête, il me désespère à un point inimaginable. Il finit par hocher la tête pour répondre à ma question et je le regarde avec beaucoup d'insistance, je ne démarrerai pas tant qu'il n'aura pas mis sa ceinture.

- Note moi ce que tu veux sur le papier comme cigarette. Combien de paquets veux-tu ? Je t'offrirai les premiers, parce que comme je l'ai dis, je suis d'humeur généreuse. Attache toi.

Il soupire alors que je lui donne le papier qu'a rempli son père. Je le laisse noter le tout et je reprends ce dernier en soupirant sans pour autant démarrer. Je le vois froncer les sourcils alors que je ne bouge pas, et je remarque que des voitures commencent à arriver, bloquées par moi. Ils klaxonnent, mais je ne bouge pas, amusée par la situation. J'entends une des portières de voiture claquer et des pas s'approchent de nous alors que j'ouvre la fenêtre, laissant des larmes me monter aux yeux.

- Je te déteste, je te déteste, je te déteste plus que tout au monde ! J'en reviens pas que tu ais pu me faire ça ! Comment est-ce qu'on peut être aussi cruel ?

- Madame, pardon de vous déranger dans un moment si compliqué mais -

- Quoi ? Vous êtes qui vous ? Oh, je suppose que vous êtes un de ses amis ! Vous le couvrez c'est ça ? Comme il sait si bien effacer ses traces, il a envoyé un de ses collègues pour me dire qu'il est innocent et qu'il ne s'est pas fait ma sœur, c'est ça ?

- Non madame, c'est pas ça, c'est juste que -

- Que quoi ? Qu'en fait il l'a fait mais c'est uniquement parce que, comme il s'est aussi fait ma mère, autant se faire toute la famille, c'est ça ? De toute façon, vous êtes tous les mêmes ! Y'en a jamais un pour rattraper l'autre !

- Ecoutez, je suis sincèrement désolée de ce qui vous arrive, mais -

- Mais quoi ? Vous aussi vous pensez la même chose ? A voir votre dégaine, j'ai du mal à croire que votre femme, ne se doute pas une seule seconde que vous la trompez. Non mais sérieux, à croire que tout ce qui compte chez les mecs, c'est de tromper leur nanas et de s'excuser avec un bouquet de fleurs. Au passage connard, sache que je suis allergique aux jonquilles !

- Madame, je comprends très bien la situation, mais vous n'avez pas à me parler comme ça.

- Ah ouais ? Et pourquoi ? Sachez, que j'ai bien vu où se sont posés vos yeux quand vous êtes arrivés, je ne suis pas aveugle, et je suis pas dispo, espèce que connard. Sachez que votre femme est juste derrière dans la voiture, et que vous êtes littéralement en train de me draguer sous son nez, et je trouve ça totalement irrespectueux, criais-je alors que l'autre s'attache en fronçant les sourcils.

- Je ne vous permets pas madame.

- Je me permets toute seule, connard, allez voir ailleurs si j'y suis.

Je prends mon gobelet de café qui date d'hier soir et lui jette à la figure avant de démarrer en trombe en rigolant, amusée de la situation.

- Et bah voilà, t'a attaché ta ceinture, j'ai bien cru que tu ne le ferais jamais, je commençais à être à court d'idées.

Je souris et lui jette un coup d'œil avant de me garer près du bureau de tabac. Je vais acheter les paquets qu'il faut et reviens avec un sac en papier dans lequel trône plusieurs paquets de cigarettes. Je le pose sur ses genoux et démarre pour le supermarché. Je me gare devant avant de descendre de la voiture.

- Reste dans la voiture, tu serviras à rien là-dedans, autant te faire chier seul.

Je m'en sors toujours mieux seule, reste ici par pitié.

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