𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟕 ~ 𝑺𝒐𝒊𝒓𝒆́𝒆 𝒄𝒐𝒍𝒐𝒓𝒆́𝒆
Emilia, ses frères et Luka marchaient depuis environ une demi-heure dans les anciennes rues de Paris. La luminosité commençait à peine à baisser, mais la chaleur de l'été était toujours belle et bien présente, ce qui avait mis en sueurs le groupe des quatre jeunes. Mis à part cela, Emilia venait de passer ses dernières minutes à expliquer à Aymerick et Eliott comment elle et son ami avaient atterri ici.
— Et donc vous avez passé la nuit entière ici à ce que j'ai compris ? demanda le plus aîné, toujours avec sa voix calme et apaisante.
— C'est ça... admit Emilia.
— Ouais bah on fait comment nous en attendant ? Non parce qu'en attendant que ton machin bidule se rouvre, je pense qu'on va devoir attendre longtemps... adressa Eliott à sa sœur.
— Bah j'en sais rien moi, on se débrouille ! répondit-elle avec un ton légèrement agressif.
Eliott faillit s'énerver, mais sa raison l'emporta sur lui. Le discours que son frère aîné lui avait fait tournait en boucle dans sa tête, et il ne voulait pas l'entendre à nouveau. De leur côté, Emilia et Luka réfléchissaient à un plan pour survivre en attendant que le portail se rouvre. Les adolescents ressentaient un sentiment d'excitation mélangé à de l'angoisse. Ils étaient très heureux à l'idée de retourner dans un monde où leurs problèmes n'étaient plus là, sauf qu'ils devaient désormais faire face à d'autres complications. Des complications bien plus intéressantes et pertinentes à gérer. Mais alors que Luka continuait sa marche la tête baissée et les mains dans les poches, soudainement ses doigts touchèrent quelque chose. En le sortant, le jeune homme se rendit compte que c'était un bout de papier ; et pas n'importe pas lequel ! C'était celui où était écrit l'adresse du copain d'Audrey qui faisait sa fête le jour même. Par conséquent, ce dernier tapota frénétiquement l'épaule de son amie avant de lui montrer le papier.
— Regarde, c'est l'adresse où le mec d'Audrey va faire la soirée aujourd'hui ! On devrait en profiter pour rester là-bas en attendant de voir ce qu'on fait, déclara-t-il.
— Eh mais, bonne idée ! Pourquoi est-ce qu'on y a pas pensé plus tôt ? répondit Emilia avec une lueur d'espoir dans les yeux.
Aymerick fronça les sourcils avant de demander :
— Si je comprends bien, Audrey c'est la fille avec qui vous êtes restés toute la nuit ?
— C'est ça, et elle nous a aussi invité à sa prochaine soirée.
— Pour une fois que vous avez une bonne idée, lâcha Eliott avec sarcasme.
Tout le monde s'arrêta. Emilia croisa les bras et lança un regard haineux à son frère pendant que l'aîné soupira bruyamment. Ainsi, il un silence s'installa entre eux pendant quelques instants avant que Luka ne vienne le briser en reprenant la parole à nouveau :
— Bon, on devrait commencer à chercher cette adresse, non ?
— Bonne idée, sauf que ça va être compliqué sans GPS... ajouta Aymerick.
— Pas le choix, faut qu'on demande aux gens, dit la jeune fille du groupe.
Sans plus attendre, Eliott arracha le bout de papier des mains de Luka avant d'aller demander au premier passant venu où se trouvait l'adresse écrite dessus, ce qui agaça fortement Emilia et son ami. Luka tenta de ne pas montrer son mécontentement, tant dis qu'on pouvait clairement voir sa camarade bouillonner à côté de lui. Alors, sans un mot, ce dernier attrapa la main de la jeune fille et la serra, ce qui l'apaisa sur le champ. Il crut même voir ses joues se colorer, mais il en déduit que ce n'était qu'une illusion lorsque cette dernière détourna la tête au même moment. En revanche, ce contact physique ne le laissait pas indifférent. Depuis peu, cela lui procurait une sensation de chaleur étrange dans l'estomac, mais il se disait tout simplement que c'était l'angoisse de l'inconnu. Car évidemment, Emilia et le jeune homme n'en étaient pour l'instant qu'au stade de connaissances. Cela paraissait donc étrange d'étreindre autant une fille qu'il ne connaissait que depuis deux trois jours. Mais alors que Luka était en train de discrètement observer la jolie brune du coin de l'œil, il reporta soudainement son attention sur Eliott qui revenait de son interlocution avec un passant de la rue. Ce dernier commença alors à mener le groupe sur un chemin. Après quelques minutes, ce fut Aymerick qui prit la relève lorsque son frère perdit nerveusement son sens de l'orientation. C'est ainsi qu'après trois quarts d'heure de marche et plusieurs interactions avec différentes personnes des années quatre-vingt, les jeunes arrivèrent à l'adresse indiquée sur le papier. Cela les avait mené en bas d'une vieille bâtisse toute grise.
— Bon et on fait quoi maintenant ? lança Eliott.
— Il doit sûrement y avoir un interphone ou un truc du genre... répondit Aymerick en s'avançant vers l'entrée du bâtiment.
— Laissez-moi faire, lâcha Emilia tout en passant devant.
Cette dernière s'avança vers la grande porte en bois avant de pénétrer dans le bâtiment. À l'intérieur, le sol était en planches de bois et les murs étaient faits de béton. Au fond et sur le côté gauche se trouvaient deux portes, avec entre elles un grand escalier qui donnait accès aux étages supérieurs. À droite, il y avait plusieurs boîte aux lettres avec des noms et des étages indiqués à côté. Emilia et Luka se mirent alors à chercher le nom de famille écrit sur le papier ; Dunbar. Après quelques secondes, ils trouvèrent la boite aux lettres qui lui était attribué et se dirigèrent vers le deuxième étage. Les planches grinçaient, et une sourde musique se faisait entendre depuis le premier étage. Une fois arrivés à destination, les adolescents toquèrent à la porte pendant que les frères d'Emilia se tenaient derrière eux. Ce fut Eric qui vint leur ouvrir.
— Ah bah vous voilà enfin ! s'écria-t-il tant dis qu'un morceau de AC/DC résonnait dans tout son appartement. Venez, on a des pizzas et des remontants à gogo !
Ce dernier était seulement vêtu d'un jean ceinturé et de ses bottes de motard noires, et plus important encore, il empestait l'alcool. Il était à peine neuf heure et demi que ce dernier était déjà bien amoché et ne tenait plus debout.
— Lui, je l'aime déjà, lâcha Eliott avant d'entrer dans l'appartement.
Emilia croisa les bras et roula les yeux au ciel avant de suivre son frère. Luka et Aymerick échangèrent un regard gêné, puis ils firent de même. À l'intérieur, une étouffante chaleur humaine et une forte odeur d'alcool mélangée à de la sueur se faisaient ressentir. L'appartement était rempli de jeunes qui parlaient, chantaient, buvaient, se tenaient, riaient et s'amusaient. Le parquait grinçait sous les pas des jeunes, et le papier peint des murs se commençait à se décoller à cause de la chaleur ambiante qui régnait dans l'appartement. Mais alors qu'Emilia qui était accompagnée de Luka et d'Aymerick suivait Eliott, cette dernière s'arrêta soudainement au milieu de la foule. Elle était là. Audrey se trouvait sur un matelas à terre, à moitié déchirée, une aiguille plantée dans le pli de son coude. Celle-ci releva la tête d'un geste lent et maladroit. Les deux tresses collées à son crâne étaient en train de se détacher, et le sombre maquillage qui accentuait son regard clair et froid s'était complètement étalé sous ses yeux. Il était clair que la jeune femme était déjà à moitié déchirée. Lorsqu'elle vit les adolescents, cette dernière fit un sinistre sourire avant de reprendre son activité psychotique.
— Mais en fait c'est une putain de camée ! s'exclama Luka tout en se penchant vers son amie.
Emilia garda le silence et continua d'observer la jolie brune. Elle finissait tout juste de s'injecter le liquide présent dans la seringue qu'elle tenait entre ses doigts.
— T'es pas comme ça toi j'espère ? reprit le jeune homme en élevant sa voix afin de se faire entendre à travers la forte musique et le brouhaha de la foule.
— J'ai jamais touché aux drogues dures, non... répondit l'adolescente en poussant un peu plus sur ses cordes vocales.
— Parce-que les douces, si ? enchaîna-t-il.
La jeune fille hésita, mais finit par rapidement répondre :
— Quelques fois, oui. Bon et sinon, il est passé où Aymerick ?
Les adolescents tournèrent sur eux-même avec un air un peu déboussolé. Les frères d'Emilia avaient disparu. Mais alors qu'elle épiait la foule du regard, l'adolescente aperçut soudainement son second frère en train de picoler et de chanter un titre de pop rock très connu de nos jours... Entre autres, L'Aventurier d'Indochine. Mais alors que ce dernier était en train de totalement décompresser, son frère Aymerick qui se trouvait à mi-chemin entre lui et sa sœur avait l'air complètement plongé dans une conversation avec un inconnu. Lorsque la jeune fille vit cela, elle attrapa son ami par le bras avant de l'entraîner au milieu de la foule.
— Mais qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il tout en se laissant guider.
— Bah on va chercher à boire. Puisqu'ils se permettent de se relâcher alors qu'on est coincés dans un tout autre monde, alors nous aussi on peut bien se permettre de se détendre un peu ! s'exclama Emilia tout en se dirigeant vers une table en bois qui faisait office de buffet.
Mais alors que cette dernière était à la recherche d'un liquide alcoolisé, elle se fit soudainement interpeller par quelqu'un :
— Je crois qu'ils ont emmené les dernières bouteilles au coin fumeur, lança Delphine avec un petit sourire gêné.
— Oh salut, tu vas bien ? répondit l'adolescente.
— Je vais bien et vous ? Comment ça va ? enchaîna la blonde, les deux mains jointes devant son bassin.
— Pour ma part ça va, fit Luka. Et du coup, il se trouve où ce coin fumeur ?
— Sur le balcon, répondit-elle tout en pointant du doigt une porte fenêtre qui s'ouvrait sur l'extérieur.
— Merci, je vais essayer d'aller leur piquer une bouteille.
Sur ce, le jeune homme s'en alla. À cet instant, le refrain final de la chanson actuelle retentit dans l'appartement, en même temps que la voix d'un jeune homme qui venait de monter sur un canapé et qui la chantait de plein cœur. Ce jeune homme n'était autre qu'Eliott. Le voir autant s'amuser mettait Emilia hors d'elle. Comment pouvait-il autant profiter alors que tout allait mal ? Selon elle, c'était ridicule, voir-même pathétique. Et puis, il faisait tout ça juste pour se faire remarquer. Et apparemment, cela avait marché, car même Delphine ne pouvait s'empêcher de l'épier du regard.
— C'est qui lui ? demanda la blonde avec fascination.
— Laisse tomber, c'est mon frère. Il fait toujours n'importe quoi... grogna Emilia.
— Oh je vois, dit-elle avec une pointe de déception dans sa voix.
Soudain, la jeune fille attrapa une petite bouchée posée sur la table avant d'en proposer une à sa camarade.
— Non merci, je ne manges pas le soir, répondit Delphine avec un petit sourire.
— Ah bon ? Et pourquoi ? poursuivit Emilia tout en reposant les gourmandises.
— Je... J'aimerais avoir une jolie taille.
La jeune femme avait déjà l'air bien fine, ses joues étaient creusées et les poches sous ses yeux marquaient une carence en vitamines. Il était clair que cette dernière était en sous-poids et qu'elle souffrait d'un trouble obsessionnel de l'alimentation, mais la jeune fille ne préféra pas réagir. Elle ne savait jamais quoi dire dans ce genre de moment, à part les banalités que tout le monde lui avait déjà répété pour sa situation à elle. Mais elle trouvait que ce n'était que des paroles inutiles que toutes les personnes de ce genre avaient appris à entendre sans vraiment les écouter.
— Tu ne me dis rien ? reprit la blonde avec un air un peu surpris.
— Je connais ça, déclara Emilia avec un petit sourire triste au coin de la bouche.
Delphine s'apprêta à lui répondre, quand soudain de forts balbutiements se firent entendre. C'était Audrey. Elle tentait de marcher tant bien que mal, mais cette dernière était sur le point de s'écrouler. Alors, la blonde se précipita vers elle avant de prendre son bras et de le passer autour de son cou. Ainsi, Audrey se colla à son amie tout en lui faisant de grands sourires.
— Tu sais que je t'aime toi ? s'écria-t-elle au milieu de la foule.
— T'inquiètes pas, je sais... répondit Delphine toujours avec sa voix et aiguë et son sourire habituel.
Par conséquent, les jeunes femmes se dirigèrent vers une porte avant de s'enfermer dans la pièce sur laquelle elle donnait. Au même moment, Luka revint de sa petite escapade. À priori, ce dernier n'avait pas ramené de bouteille. Mais après réflexion, Emilia décida qu'il était préférable de ne pas suivre l'exemple de son frère. Et puis, le goût fort et amer de l'alcool n'était pas quelque chose qu'elle avait de ressentir ce soir-là. Elle voulait goûter à autre chose de plus puissant... Mais elle préférait éviter de faire des bêtises lorsque ses frères étaient dans les parages.
— Aymerick m'a interpellé il y a deux secondes, il te cherche partout. Apparemment, il a trouvé un logement où passer la nuit.
— C'est vrai ? C'est super alors...
— Qu'est-ce qui se passe ? T'as l'air perdue, fit Luka tout en mettant une main sur l'épaule de son amie.
— Rien ne t'en fais pas, répondit Emilia. Au fait il est où Aymerick ?
— Viens, suis-moi.
Luka s'empara de la main de la jeune fille avant de l'entraîner au milieu de la foule. Après quelques secondes de recherche, les deux adolescents tombèrent alors sur le frère aîné d'Emilia. Il lui expliqua alors la situation. Apparemment, le jeune homme rencontré un type qui l'avait mis en contact avec un autre gars qui pouvait les aider à trouver un endroit où passer la nuit, car il préférait éviter de finir la nuit au milieu des bourrés et des camés. Et puis, tout le monde avait besoin de repos avant le lendemain. Après tout, les jeunes devaient rentrer chez eux.
— Et il est où le mec qui est censé nous héberger ? demanda Emilia à son frère tout en levant un sourcil.
— C'est pas exactement ça, mais... Ah bah tiens, le voilà.
Mais alors qu'ils se retournèrent, Emilia et son compagnon furent surpris de revoir un visage qui leur était familier. C'était Pierre, le garçon le plus timide des types qui les avait rejoint la nuit où Emilia et Luka avaient rencontré Audrey. Il portait une chemise jaune pâle à moitié déboutonnée et aux manches remontées avec un simple jean bleu marine et des tennis blanches. Le jeune homme avait une posture assez renfermée ; il s'avançait vers les jeunes les mains dans les poches et un sourire de gêne collé aux lèvres. Malgré sa timidité, ce dernier avait dans le fond l'air d'être une personne très souriante et positive, d'après ce que pensait Emilia. La jeune fille avait un don pour analyser les gens, et de ce fait, elle pouvait cerner leur personnalité. Même si elle avait plus de mal à le faire avec certaines personnes de son entourage...
— Alors ? lança Aymerick au jeune homme.
— Je les ai appelé avec le téléphone d'Eric et ils m'ont dit que normalement c'était bon, répondit le blondinet.
— Parfait, je vais chercher Eliott. Et vous, vous ne bougez pas, insista Aymerick en fixant sa sœur et en la pointant du doigt.
— Compris, répondit Emilia.
La jeune fille roula les yeux au ciel et croisa ses bras sur sa poitrine.
*
Quelques temps plus tard, Emilia, Luka, Aymerick, Eliott et Pierre se retrouvèrent dans le couloir d'un vieil immeuble à moitié délabré. Le sol et les murs étaient en béton, et les portes étaient en bois. De l'eau coulait du plafond et venait humidifier l'intérieur. De plus, les jeunes pouvaient entendre différents sons de télé et de musique provenir de plusieurs appartements. En plus de ça, il y avait deux personnes en pleine dispute qui se hurlaient dessus dans l'appartement du fond. Apparemment, l'isolation n'était pas très bonne dans les parages. Heureusement pour eux, les jeunes n'étaient censés y rester qu'une nuit. C'est ce que n'avait pas arrêté de répéter Eliott, qui était sous l'emprise de l'alcool et qui s'aidait de son frère pour arriver à marcher. Ridicule, pensait Emilia. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait autant amoché, mais revanche, c'était la première qu'elle devait le supporter lorsqu'il était dans cet état.
— Voilà, c'est ici, fit Pierre en enfonçant une clé dans la serrure d'une porte en bois infectée par l'humidité du bâtiment.
L'intérieur de l'appartement était tout aussi piteux que le reste de l'immeuble. La pièce principale était composée d'un vieux lit, d'un canapé à moitié déchiré, d'une petite table en bois accompagnée de deux chaises ainsi que d'une fenêtre assez encrassée. À droite, une porte qui donnait accès à la présumée salle d'eau, et à gauche, une autre entrée qui donnait sur une petite chambre avec un lit dont les draps paraissaient assez douteux.
— Moi je vous le dis les gars, balbutia Eliott tout en titubant jusqu'au canapé. Toute cette merde n'est que tempo...
Le jeune homme s'endormit la tête sur ses deux mains avant même d'avoir pu finir sa phrase.
— Ils m'ont dit que c'était bon pour que vous couchiez quelques nuits ici, déclara le blondinet tout en tendant sa clé à Aymerick.
— Merci encore, Pierre, fit le jeune homme en attrapant le petit objet métallique. De toute façon, je pense que l'on en aura que pour une nuit.
— Pas de soucis, tiens moi au courant. Si jamais il y a le moindre problème, appelle-moi sur le numéro que je t'ai laissé tout à l'heure. C'est le domicile de mes parents. Je ne te promets pas que je serai tout le temps joignable, mais je décrocherai immédiatement si je suis présent. Allez maintenant je vous laisse, passez une bonne nuit ! fit Pierre avec un sourire plus détendu et chaleureux.
— Merci, toi aussi passe une bonne nuit, répondit Aymerick avant de refermer la porte derrière lui.
Lorsqu'il se retourna, le jeune homme fit face à Emilia et son compagnon qui le regardaient avec de grands yeux.
— Bah alors, qu'est-ce que vous attendez ? Prenez le lit d'à côté, moi je reste ici pour être présent au réveil de l'ours, lança-t-il aux adolescents avec un petit sourire sur le côté.
Emilia esquissa un léger mouvement de lèvres avant de répondre :
— Merci.
Son frère se contenta de hocher la tête avant de se diriger vers le lit et de s'affaler dessus. Suite à cela, la jeune fille et son ami se dirigèrent vers la pièce d'à côté avant d'eux aussi s'installer sur le vieux meuble à coucher. Les ressorts sous le matelas faisaient énormément de bruit et grinçaient à chacun de leurs mouvements, mais les adolescents arrivèrent à trouver une position dans laquelle ils s'immobilisèrent face à face. Il faisait tout noir, et le silence régnait dans l'appartement. Heureusement pour eux, les voisins bruyants se trouvaient dans des appartements plus éloignés.
— Tu vas dormir là ? chuchota Luka à son amie.
— Non, et toi ? répondit la jeune fille.
— Non, non plus.
Il eut un petit moment de silence avant que le jeune homme n'inspire avant de dire :
— Je crois que je suis complètement paumé...
— Comment ça ? demanda la jeune fille, toujours à voix basse.
— L'armée, je suis plus trop sûr... Puis, j'ai pas envie de mourir jeune, j'ai envie de découvrir la vie, de voyager, d'expérimenter, de faire des conneries. Et surtout, j'ai pas envie de finir comme ma sœur... dit-il avant de laisser couler une petite larme sur sa joue.
Emilia ne sut quoi dire, elle se contenta alors de l'écouter et de le laisser vider son cœur. Le mal-être de ce garçon lui faisait énormément de peine, elle en venait même à en avoir mal au cœur. Mais elle était heureuse qu'il se confie à elle.
— Enfin merde quoi, pourquoi elle m'a fait ça à moi ? gémit le jeune homme tout en sanglotant silencieusement. Je veux qu'elle revienne, je veux plus être fils unique... Tout ça, ça craint. La vie d'enfant seul est tellement triste, tellement ennuyante... Sauf que j'ai l'impression de toujours l'avoir été, comme si tous les souvenirs que j'ai partagé avec elle s'étaient envolés.
Luka ne put continuer, et ses mots s'étouffèrent. Par conséquent, son amie vint l'étreindre pendant qu'il se laissait aller. Et c'est ainsi que les deux adolescents restèrent dans cette position avant de se laisser tomber dans les bras de Morphée...
*
Le lendemain, les jeunes marchèrent pendant quelques longues minutes avant d'arriver dans le parc dans lequel ils avaient atterri. Quelques personnes assez matinales faisaient leur promenade du matin, mais à part ça, il n'y avait pas grand monde. Emilia et Luka repensaient à leur réveil. Ils avaient fait exprès de se lever tôt, dans le but qu'Eliott ne soit pas au courant qu'ils avaient dormi ensemble. Et leur plan avait marché ; le jeune homme n'en savait rien, et Aymerick ne lui en avait pas dit un mot. Évidemment, cet acte fit remonter l'aîné d'Emilia dans son estime. Par conséquent, elle sentit une légère baisse de tension entre ses frères et elle.
— Bon, j'ai laissé les clés sur la table de l'appartement, commença Aymerick tout en marchant sur le goudron brûlant de l'allée principale du parc. Ils les retrouveront quand ils verront qu'on est plus là-bas.
— Ouais, allez maintenant on rentre. J'en ai marre de ces conneries, lâcha Eliott en pénétrant dans la partie forêt du parc.
— Oh ça va tu peux pas t'en plaindre, vu comment t'as fait la fête hier soir... grogna Emilia.
— Toi la ferme s'teuplait, rétorqua le jeune homme tout en continuant sa marche.
— Hé !
— Oh ça suffit tous les deux ! s'exclama Aymerick avant de pénétrer à l'intérieur du feuillage qui séparait le chemin de l'intérieur du bois du parc.
Tout en échangeant un regard haineux, Emilia et son second frère suivirent leur aîné. De son côté, Luka soupira avant de traverser le feuillage en dernier. Mais une fois arrivé de l'autre côté, ce dernier ne vit pas le portail. Pourtant, lui et son amie parcoururent les environs à sa recherche, mais rien. Il n'était plus là, il avait comme... Disparu. Alors, les deux adolescents s'arrêtèrent, puis Emilia se retourna vers ses frères avant de déclarer avec un teint pâle et une voix vague :
— Je crois qu'on est bloqués ici.
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