𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟔 ~ 𝑨𝒚𝒎𝒆𝒓𝒊𝒄𝒌 𝒆𝒕 𝑳𝒖𝒌𝒂

Mais alors qu'Emilia venait passer le pire midi déjeuner de sa vie, cette dernière s'était recroquevillée sur-elle même sur son lit. La jeune fille avait passé un quart d'heure à se faire passer un savon pour le téléphone qu'elle avait jeté par la fenêtre, et l'autre à être forcée à manger à table en silence. Après ça, sa mère lui avait apporté une petite balayette dans le but d'enlever les morceaux de verre qui avaient éclaté à l'intérieur de la chambre, mais elle pour le moment elle n'avait encore rien fait. La jeune fille attendait de trouver la motivation de se lever. Et surtout, elle attendait que son ami revienne la chercher. Elle voulait partir. Elle ne pouvait plus rester là... Mais malheureusement, lui aussi devait aussi être en train de passer un sale quart d'heure. Emilia perdit donc l'espoir de le revoir avant le lendemain. Par conséquent, cette dernière nettoya rapidement les débris de verre et alla jeter le tout dans la salle de bain. Mais alors que cette dernière s'était retrouvée dans le couloir de la jolie maison en bois de ses grands-parents, elle s'attarda soudainement sur un détail qui se trouvait au plafond. C'était une trappe, et elle menait accès au grenier. Ayant marre de devoir rester enfermée dans sa chambre toute la journée, la jeune fille décida d'y aller chercher une chaise afin de s'en servir pour ouvrir la trappe. Une fois que celle-ci s'ouvrit, cette dernière déplia l'échelle, déplaça la chaise, monta en haut, puis referma derrière elle.

La pièce était vieille et poussiéreuse. Il y avait un tas de vieilles affaires éparpillées de partout dans des cartons, et la seule source de luminosité était la petite fenêtre ronde dans le mur du fond. Heureusement, il y avait une petite lampe torche juste aux pieds d'Emilia, alors elle la saisit et se mit à fouiller la pièce dans le but de trouver quelque chose d'intéressant. En premier lieu, elle ne trouva que de vieux vêtements et jouets, et des vieilles babioles inutiles. Mais alors que cette dernière usait de toute la grâce dont elle disposait pour faire le moins de bruit possible, l'adolescente se prit le pied dans quelque chose et fit un vol plané avant d'atterrir sur le ventre, les deux mains au sol, face à un carton. Elle mit alors quelques secondes à se remettre de sa petite frayeur avant de décider d'éclairer la boîte qui se trouvait devant elle. Sur ce dernier, il y avait l'écriture de sa mère marquée au feutre indélébile. « Papa et maman », disait l'inscription. Emilia y plongea la main avant d'en sortir plusieurs différentes choses : des papiers d'administration, de vieilles lettres entourées par un élastique marron, et une pochette cartonnée.

En lisant les papiers d'administration, la jeune fille découvrit l'acte de décès de ses grands-parents. Elle fut alors surprise de découvrir le nom complet de sa grand-mère : Audrey Laurent-Novak. Elle savait que Laurent était le nom de famille de son défunt grand-père, mais ce qu'elle ne savait pas jusqu'à maintenant, c'était que le nom de jeune fille de sa mamie était Novak. Il y avait beaucoup d'Audrey à cette époque, pensa l'adolescente en référence à la connaissance qu'elle s'était faite dans l'autre monde. Elle avait vu sa grand-mère que très peu de fois dans sa vie, seulement deux, et c'était il y a très longtemps... Pour cette raison, elle ne se souvenait même pas de son visage. La seule chose dont elle se souvenait c'était qu'elle était encore trop jeune pour avoir des petits enfants, et puis elle ne s'entendait pas très bien avec sa fille. Elle était un peu du genre rebelle et névrosée, tant dis que la mère d'Emilia était plus une personne bien plus calme et raisonnée. En tout cas, l'adolescente reporta bien vite son attention sur l'enveloppe cartonnée. Sachant qu'elle ne connaissait aucun des expéditeurs des lettres, elle ne jugea pas intéressant de les ouvrir. Ainsi, elle ouvrit l'enveloppe et y découvrit plusieurs pièces et billets à l'intérieur. C'était des francs, ils dataient sûrement de l'époque de sa grand-mère. Ça et la maison devaient être les seules choses que ses grands-parents avaient laissé à sa mère. Il n'y avait même pas de photos d'eux, apparemment ils ne devaient pas aimer ça... Et cela pouvait se comprendre.

Mais alors qu'Emilia était en pleine découverte de toutes ces vieilles affaires, soudain elle entendit quelqu'un ouvrir la trappe. Elle s'empressa alors de ranger le tout et cacha l'argent sous son t-shirt dans le but de faire part de sa trouvaille à son ami. Ainsi, au moment où la jeune fille se releva, elle commença à voir sa mère monter. Celle dernière lui lança calmement :

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? C'est rempli de poussière ici. Allez viens, descends.

L'adolescente s'exécuta. Une fois revenue dans le couloir, madame DeMartini referma la trappe et croisa les bras tout en faisant un faible sourire à sa fille.

— Alors, tu vas me dire ce que tu faisais là-bas ?

— Bah, je m'ennuyais, alors j'ai voulu m'occuper un peu... répondit froidement Emilia tout en détournant le regard.

— Tu sais, tu es comme ta grand-mère... souffla la femme. Est-ce que je t'ai déjà raconté comment elle est morte ?

La jeune fille fut déstabilisée par la question. Elle fronça les sourcils, puis répondit :

— Bah, elle est morte dans un accident de voiture...

— Elle s'est suicidée. Elle ne supportait pas les gens et la vieillesse... La société lui infligeait coups sur coups, et elle commençait à tourner en rond dans sa vie. Ton grand-père, lui, tentait tant bien que mal de la raisonner, mais elle ne voulait rien entendre. Un jour, pendant qu'elle conduisait la voiture, ta grand-mère et lui se sont mis à violemment se disputer. C'est là qu'elle a disjoncté et qu'elle a provoqué une sortie de route. Ils ont été tués sur le coup, expliqua madame DeMartini à sa fille.

— Mais... Comment tu sais que c'était pas un accident ? demanda Emilia, à la fois choquée et intriguée.

— Je le sais parce que je connaissais ma mère, et que j'avais pris cette route des milliers de fois avec elle. Elle la connaissait par cœur, et la faisait même les yeux fermés. Et puis, elle m'avait appelé quelques minutes avant « l'accident »... Et j'avais fini par raccrocher en l'entendant hurler dans toute la voiture.

L'adolescente fut abasourdie. Jusque là, elle pensait que c'était un banal accident, mais finalement, sa grand-mère avait subi une vraie fin à la Thelma et Louise. C'était à cet instant qu'elle regretta de ne pas l'avoir connu plus que ça. Emilia aurait voulu en savoir plus sur elle et sur son passé, mais du peu de souvenirs qu'elle avait d'elle, cette femme avait toujours été une personne mystérieuse et névrosée. Par conséquent, elle savait que ses secrets auraient été très durs à percer. Et peut-être que c'était mieux comme ça finalement... En tout cas, cette information ne laissa pas la jeune fille indifférente. Alors, elle quitta sa mère pour aller à nouveau s'enfermer dans sa chambre et passer toute son après-midi se poser des questions existentielles. La vie n'avait plus de sens à ses yeux, elle était complètement perdue... Mais alors qu'après des heures de réflexion l'adolescente avait enfin trouvé le sommeil, elle fut soudain réveillée par la voix de sa mère qui l'appelait pour manger. Ses yeux était rougis par la fatigue, et elle avait une expression livide. Une fois de plus, elle eut l'impression qu'il durait une éternité, et elle fut mal à l'aise pendant tout le long. Mais contrairement à ce midi, Aymerick et ses parents échangeaient quelques mots, et la télé était cette fois allumée, passant en fond un film incontournable qui lui rappelaient son épopée. C'était d'ailleurs une œuvre cinématographique que la Audrey du passé n'allait pas tarder à connaître, puisqu'il s'agissait de Retour vers le futur qui était sorti en octobre 1985.

Tant dis qu'Eliott, qui jusqu'à présent avait mangé en silence, venait de terminer son assiette, ce dernier se leva brusquement avant de déclarer :

— Je vous laisse, j'ai fini.

Sur ce, le jeune homme s'en alla. Emilia savait qu'il était très en colère contre elle, mais elle l'était tout autant que lui. De toute façon, il n'allait pas lui manquer... Et elle n'allait pas lui pardonner de si tôt. Alors, dès qu'elle eut fini de manger, la jeune fille imita son frère et s'en alla, laissant ses parents et son frère le plus vieux débarrasser pour elle. Une fois qu'elle fut montée dans sa chambre, cette dernière s'empara du premier livre qu'elle trouva et tenta de se plonger dans une profonde lecture dans le but d'oublier les événements présents. Mais après quelques minutes où elle ne put se concentrer sur le sens des phrases qu'elle lisait, cette dernière posa le bouquin et abandonna. Déjà qu'elle avait énormément de mal à se concentrer, si en plus l'histoire ne démarrait pas dès le début, c'était fichu... Mais alors que l'adolescente était plongée dans le silence de la pièce, un coup venu de dehors vint la tirer de ses pensées. Étant donné que sa fenêtre était toujours brisée, elle était grande ouverte. Par conséquent, elle passa sa tête dehors et découvrit Luka en bas de sa maison, la tête levée vers elle et une pierre à la main. Les pulsations de son cœur s'accélérèrent, et elle fut envahie d'un sentiment de soulagement.

— Hé, Emilia ! Alors, comment ça s'est passé ? lança ce dernier.

— Franchement, j'ai passé une sale journée ! répondit Emilia avec un petit sourire qu'elle ne put s'empêcher de former. Et toi, c'était comment ?

— Horrible ! J'en ai eu pour une heure de morale avec ma grand-mère et une de plus avec les cris de mon père au téléphone. Au moins, j'ai pu prendre une douche ! ironisa le jeune homme. Au fait, le portail est toujours ouvert, je suis allé le voir ! Ça te dirait d'aller à la soirée d'Eric ?

L'adolescente se mit à réfléchir. Elle savait qu'elle allait avoir de gros ennuis si elle quittait à nouveau sa famille sans les prévenir, par conséquent elle élabora un plan. De sorte à ce qu'ils forment un corps humain, cette dernière mit quelques coussins sous sa couverture, puis elle sortit par la fenêtre. Elle atterrit alors sur le petit toit du perron de sa maison. Avec délicatesse et extrême prudence, la jeune fille s'accrocha à la poutre blanche qui soutenait ce toit avant de se laisser glisser jusqu'au sol, son ami assurant sa sécurité juste en dessous. Une fois au sol, elle enlaça rapidement Luka avant de déclarer avec excitation :

— Il faudra qu'on revienne avant que le soleil se lève, sinon ils vont me tuer !

— C'est toi qui vois chef, répondit le jeune homme avec un sourire malicieux.

Suite à cela, les deux adolescents s'accrochèrent l'un à l'autre, puis entamèrent leur marche vers la forêt. Une fois qu'ils furent presque à l'entrée de celle-ci, ces derniers continuèrent à parler avec enthousiasme de leur aventure et de la soirée. Mais brusquement, ils s'immobilisèrent.

— EMILIAAA ! hurla Eliott de tous ses poumons avec une rage énorme depuis l'entrée de sa maison.

La concernée échangea un regard plein de panique avec son ami, puis elle lui prit la main avant de lui crier :

— Cours !

Emilia savait de quoi son frère était capable lorsqu'il était vraiment en colère, et elle n'avait aucune envie de faire face à cette fureur. Alors, elle et Luka coururent aussi vite que leur jambes ne leur permettaient. Derrière, ils entendirent les pas d'Eliott suivis de ceux d'Aymerick qui tentait tant bien que mal de calmer son petit frère. Les jeunes ne réfléchissaient plus ; poussés par l'adrénaline, ils étaient bien décidés à franchir le portail pour échapper aux mains des frères d'Emilia. Malheureusement pour eux, Eliott et Aymerick n'étaient pas des plus nuls en sport, c'est pourquoi ils furent assez rapidement rattrapés par les garçons. Mais il restait un espoir. Plus ils couraient, plus les bourdonnements se faisaient fort. Le portail n'était plus très loin. Mais alors que Luka avait tendu ses doigts en direction de l'air remué, tout se passa au ralenti. Aymerick posa la main sur l'épaule d'Eliott qui lui avait attrapé le bras d'Emilia, qui elle tenait fermement la main de son ami. À cet instant, tous avait été en contact physique. Par conséquent, tous furent téléportés.

Pour eux, un flash blanc,

puis plus rien.

*

Après quelques instants à terre, les quatre jeunes émergèrent de l'inconscience. Eliott fut le premier à se relever, mais il fut très bientôt suivi de son frère aîné. Les deux jeunes hommes étaient sous le choc, ils n'avaient aucune idée de comment tout cela avait pu se produire. À peine quelques secondes en arrière, ils se trouvaient encore dans la forêt près de leur maison de vacances, et voilà que maintenant ils se retrouvaient dans un tout autre espace vert. Les sapins avaient été remplacés par du chêne et du boulot, et la terre était recouverte de gazon vert. En effet, ils avaient été complètement transportés. Leur première réaction fut alors de se tourner vers le sœur qui venait à peine de se réveiller.

— Putain mais c'est quoi ce délire, qu'est-ce que t'as encore fait pour qu'on se retrouve ici ? s'emporta Eliott qui était complètement désorienté.

Mais alors que son ami se redressait à son tour, la jeune fille sentit la colère monter en elle.

— Tu n'avais qu'à pas me suivre comme un espèce de dégénéré si tu ne voulais pas te retrouver ici ! s'écria-t-elle.

— Oh toi... commença le jeune homme en s'approchant dangereusement de sa petite sœur.

Soudain, Aymerick retint Eliott avec un air fortement agacé.

— Ça suffit tes conneries à toi ! s'exclama-t-il tout en plaquant une main sur le torse de son plus jeune frère. Il faut que t'arrêtes de t'en prendre à elle, sérieux. Tu vois déjà bien qu'elle n'aurait pas pu tous nous transporter ici d'un coup de baguette magique !

Les bras croisés sur sa poitrine, l'adolescente suivait la scène avec un air mauvais. De son côté, Luka ne savait comment réagir, c'est pourquoi il préféra se taire et laisser les jeunes régler leur problèmes familiaux ensemble sans s'en mêler. Il sentait tout de même une sorte d'empathie mélangée à de la possessivité envers la jeune fille. Il n'avait aucune envie que ses frères la retiennent en otage et ne la garde que pour eux, lui aussi voulait faire parti de sa vie, et surtout, il ne voulait pas la savoir dans le mal à cause de ses frères.

— Tu vois Eliott, moi j'étais ici en train de m'amuser et de t'oublier pendant que toi tu pensais que je me faisais baiser comme une salope ! lança Emilia avec hargne.

— Et qui me dit que tu ne l'as pas fait ici ? répliqua son frère, toujours retenu par Aymerick.

— Je suis pas une pute ! lui cracha-t-elle à la figure.

La jeune fille voulut s'approcher d'Eliott dans le but de se confronter à lui, mais elle fut bientôt retenue par son ami Luka qui l'attrapa par ses deux bras.

— Arrête, ça n'en vaut pas la peine, lui chuchota-t-il à l'oreille.

— Alors quoi, tu peux tellement pas te raisonner toute seule que maintenant t'as besoin de lui pour penser à ta-

— Ça suffit Eliott, maintenant tu te calme ! s'exclama Aymerick tout en prenant la tête de son frère entre ses mains. Tu entends ? C'est pas le moment là !

Soudain, il eut un silence pesant durant lequel le jeune homme eut une réflexion sur lui-même. Eliott savait qu'il était peut-être allé trop loin, mais son unique but était de faire ouvrir ses yeux à sa sœur. Certes il n'était pas des plus doux, mais tout ce qu'il disait n'était que pour son bien, tant dis que son frère aîné ne se contentait que d'utiliser la parlotte. Alors que selon lui, le meilleur moyen pour parvenir à ses fins était d'agir. De leurs côtés, Emilia et Luka bouillonnaient. Emilia était déçue, blessée et enragée à cause des paroles de son frère, tant dis que Luka, lui, n'avait qu'une envie : la défendre. Néanmoins il n'avait envie de semer davantage la pagaille dans sa famille, par conséquent il prenait sur lui afin de ne pas dire des choses qu'il pourrait regretter par la suite. C'est alors qu'après quelques secondes de silence, la jeune fille du groupe tendit l'oreille, et fut surprise de ne plus percevoir les bourdonnements du portail. Prise de panique, cette dernière se mit à chercher de l'air remuée. Mais après quelques instants de recherche, elle se rendit compte de quelque chose de terrible ; le portail n'était plus là. Il avait disparu. Alors, avec une lenteur extrême, le corps d'Emilia se tourna vers les garçons, et inconsciemment, elle articula :

— Je crois qu'on est coincés ici.

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