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Le monde d'aujourd'hui n'était plus ce qu'il avait jadis été. Les oiseaux qui chantaient au petit matin lorsque le soleil se levait avaient été plongés dans un silence morne, la chaleur du soleil se dissimulait derrière de gros nuages noirs, et parfois, la nuit, les larmes de la lune teintaient les étoiles d'une couleur rouge sombre. Les montagnes s'écroulaient sous le poids de leurs regrets, la neige était devenue imprégnée de rancœur, marquée par les crimes de l'être humain. Les fleurs fanaient sous le regard des animaux et les feuilles des arbres vieux s'évanouissaient au milieu des tempêtes de vent. Il semblait que la mort se répandait à la vitesse de la lumière autour de la planète Terre, et l'univers tout entier observait, impuissant.
L'humanité faiblissait de jour en jour. Travailler jusqu'à ce que mort s'en suive et mourir jeune étaient devenus les seules motivations de l'Homme. Auparavant, un rien donnait le sourire et faisait battre les cœurs ; un jour de neige, le rire d'un enfant, une odeur familière. Mais cela n'existait plus. Et comme si le soleil avait décidé de ne plus être heureux, il se cachait derrière un ciel sombre, ainsi il ne fut plus jamais bleu. En dépit des conséquences de leurs actes et des leçons données par Mère Nature, les humains persistaient à prendre de mauvaises décisions, ignorant ce que leurs choix pouvaient entraîner. Ils se blessaient les uns les autres, tournaient le dos à leurs prochains, se déchiraient le cœur et nourrissaient leur propre tristesse par des mots non-pensés et des pensées non-dites. Peu à peu, les sentiments et les émotions se firent remplacés par un sentiment de vide, une absence vitale qui poussa les Hommes à oublier qui ils étaient réellement. Ils n'étaient plus que l'ombre d'eux-même, une enveloppe corporelle se trimballant sur Terre telle un pantin, dépourvu de joie, de tristesse, de colère. Les visages impassibles des enfants autrefois innocents laissaient croire qu'ils étaient plus vieux, leurs traits tirés leur donnant l'air d'avoir déjà trente ans. Les nouveaux-nés ne connaîtront donc jamais les larmes de joie, la chaleur qui réchauffait le cœur en voyant le sourire de quelqu'un. L'humanité avait commit tant d'erreur, les Hommes s'étaient tournés les uns contre les autres et la confiance était vite devenue quelque chose qu'ils ne pouvaient plus s'offrir. Noir était devenu ce monde, agonisant dans le silence, victime des multiples trahisons que s'infligeaient volontairement ceux qui peuplaient cette terre. La vie n'existait plus, le réconfort qu'apportait les bras d'une mère n'était plus qu'une simple image dans le décor. Aujourd'hui, le seul sentiment qui régnait était celui de l'abandon, celui d'être perdu entre la vie et la mort, la conscience et l'inconscience. Comme si le monde entier avait été plongé dans un état de léthargie sentimentale. Il n'avait pas fallu beaucoup de temps avant que l'humanité toute entière soit réduite à l'état de marionnette, le cœur froid et dur comme de la pierre. Néanmoins, il restait, quelque part dans le monde, certaines personnes capables de ressentir. Le cœur battant et les yeux brillants, ils existaient bels et bien, essayant tant bien que mal de cacher leurs sentiments pour se fondre dans la masse. Ressentir quelque chose était devenu maintenant interdit, passible de peine de mort, d'exil, de rejet de la société. Ceux qui étaient capable de toucher les émotions du bout des doigts étaient pointés du regard comme étant des monstres, des anomalies, des déchets, des traîtres. On les disait maudits. Alors ils se cachaient, agissaient comme tout le monde, agissaient comme ce qu'ils n'étaient pas. Ils ne représentaient qu'un petit pourcentage de la population mondiale, ils n'étaient pas assez pour se révolter, mais ils étaient là, et ils avaient peur. Peur de voir ce qu'était devenu ce monde, peur de voir leur fin arriver. Et dans ce combat, personne ne savait qui avait le plus peur ; les autres qui avaient peur d'eux car ils étaient capables d'aimer, ou eux qui avaient peur du jugement d'autrui. Si auparavant ils auraient été des êtres humains normaux, aujourd'hui ils étaient différents, ils se démarquaient des autres, parce qu'ils ressentaient les choses, parce qu'ils allaient à l'encontre de ce que voulait la société.
Il y avait plusieurs raisons qui poussaient la population à avoir peur d'eux. Si les émotions n'existaient plus, c'était parce que les humains ne savaient pas en prendre soin, ils les détruisaient, les piétinaient. Si ils avaient peur de ce petit pourcentage, c'était parce qu'ils ne voulaient pas ressentir à nouveau. Ils ne voulaient pas connaître une fois de plus le mal que procurait un cœur brisé. Le corps humain était habitué à ne plus rien ressentir, alors si par malheur il venait à ressentir de nouveau, le cœur qui s'était affaibli ne supporterai pas la force des sentiments. L'amour était considéré comme une maladie, car il provoquait immédiatement un arrêt du cœur et du cerveau, comme si les organes implosaient sous la pression. Ils avaient peur de ça. Peur de la mort causée par une chose inutile.
Les autres avaient peur, mais eux étaient effrayés.
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