❝𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐭 𝐧'𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥à, 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬𝐞❞

— 36 degrés ...

Chaeyoung marchait très lentement, le regard vide, son visage plongé dans l'obscurité, seuls ses cheveux teintés en blond clair brillaient grâce à la lumière de la lune.

— 35 degrés ...

Pourquoi marchait-elle si lentement, d'un pas lourd ? Et pourquoi comptait-elle les degrés pendant la nuit ? Il ne faisait clairement pas trente-cinq degrés : la nuit était froide et humide. Il y avait toujours cette petite fraicheur pendant la nuit qui oblige à sortir au moins une veste pendant une nuit d'été.

— 34 degrés ...

Du sang derrière elle peignait l'herbe, la lumière de la lune éclairait bien le chemin peint de sang. Les degrés qui chutaient de ses lèvres n'étaient pas celles de la nature, plutôt celles de la température du corps qu'elle traînait.

— 33 degrés ...

Chaeyoung aimait le froid, car elle pouvait sentir la chaleur des corps descendre. Elle appréciait regarder les gens agoniser, leurs yeux remplis d'effroi, leurs tremblements. Tout ceci remplissait son cœur d'excitation. Elle haïssait beaucoup de choses, en haut de la liste s'inscrit : les cris. Elle ne supportait pas le bruit. Elle chérissait le silence. Pas de bruit, pas de rire, pas de parole. Que le silence. Elle aimait aussi la nuit grâce à ça : le silence.

— 32 degrés ...

La nuit l'attirait : c'était un moment rempli de mystère, pendant lequel les démons, les djins, les malins sortaient de leur invisibilité et vivaient. Au moins, on ne les entendait pas. Ils faisaient du mal aux gens de façon inaperçue. En toute tranquillité. C'était incroyable. Elle était fascinée par tant de choses qu'offrait la nuit.

Elle s'arrêta. Elle lâcha le cadavre sans grande attention, prit une pelle qui était devant elle, et commença à creuser. Ne pensant à rien, elle continuait de donner une plus grande forme à son trou avec application comme si on le lui avait ordonné. Elle n'était point fatiguée, et avait beaucoup de force, ce qu'on ne croirait pas avec son corps si maigre sans muscle. Une heure plus tard, une fois son trou bien grand et large, elle jeta sa pelle en l'air afin qu'elle atteigne le sol, leva ses bras en l'air pour s'accrocher au haut du trou et se porta pour y sortir. Une fois debout, elle essuya son uniforme scolaire rempli de terre, porta le corps et le jeta dans le trou.

Pendant un moment, elle fixa le cadavre une dernière fois. Kim Ryujin, sa camarade de classe ; cette fille avec une langue de vipère, qui ne faisait que critiquer les gens, et spécialement Chaeyoung. Elle ne la supportait pas. Tous les jours, elle ne l'entendait que critiquer, médire, calomnier et cracher du venin. Elle devait mettre un terme à tout ça et continuer à élargir sa collection.

Chaeyoung ne ressentait ni peur, ni pitié, ni compassion. Elle reprit sa pelle, elle se dirigea vers la colline de terre qu'elle avait sorti, et le remit dans le trou. Elle jeta de la terre sur le corps tout pâle au fond du trou, vide de toute goutte de sang. Et continuait à jeter de la terre jusqu'à ce que Kim Ryujin et le trou disparaissent.

Une fois le sol redevenu intact, Chaeyoung se dirigea vers une petite cabane qui se trouvait tout prêt : c'était sa maison. Elle était faite en bois et le toit en tuile. Elle y entra. Dans la pièce se trouvait le basique. Un canapé en cuir et une télévision juste à l'entrée ; un petit lit dressé aux draps blancs fait en bois contre le mur d'en face. La cuisine était à sa gauche : un petit plan de travail, une mini gazinière et quelques petits placards en-dessous de l'évier où elle rangeait ses ustensiles ; il y avait aussi un vieux frigo tâché de plaques noires posé à côté de l'évier. À sa droite, il y avait deux portes qui menaient chacune à une petite pièce : la première menait aux toilettes et à la salle de bain, la deuxième dans un cagibi. Elle entra dans son cagibi, cette pièce remplie de toute sorte d'outils : tronçonneuse, pelle, couteau, hache, râteau et plus. Chaeyoung alla tout au fond où il y avait les pierres tombales. Elle en prit un pinceau avec de l'encre, et écrivit sur la pierre :

n°3000

3 mars 2024.

Une fois finit, elle prit des deux extrémités la pierre tombale et se redirigea vers la pelle dehors : là où elle venait d'enterrer le cadavre. Elle arriva à sa destination et planta la pierre. Ensuite Chaeyoung partit chercher des fleurs afin de décorer la tombe, principalement des chrysanthèmes, fleurs qui signifiaient l'éternité. Pour elle, ça voulait dire : le silence éternel. Et la remémoration éternelle. Chaeyoung se souviendra de sa camarade pour toujours, elle n'oubliait jamais ses collections ! Une fois la tombe de Ryujin bien décorée, elle leva les yeux vers la pleine lune. Elle se sentait menacée par cette lumière. Chaeyoung fixa la lune d'un regard à la fois dure et admiratif. Elle trouvait la lune si magnifique, mais elle se sentait surveillée.

— Tout ce qui se passe ici, reste entre-nous, prévint Chaeyoung.

La lumière de la lune éclairait à présent presque tout le visage de Chaeyoung , seuls ses yeux demeuraient dans l'obscurité. Son visage si pâle était taché de sang et de terre, ses mains et ses vêtements subissaient la même chose. Chaeyoung continuait à fixer la lune et marcha, comme envoutée. Elle poursuivit sa marche pendant vingt minutes sans précipitation. Soudain, elle s'arrêta et s'assit. Elle ferma les yeux, son visage prenant un bain de lune, un petit vent frais frappa son visage, une odeur de sang et des corps en décomposition chatouilla le nez de Chaeyoung. Qu'est-ce qu'elle affectionnait cette odeur ! Cette odeur était due aux bactéries qui se libéraient des corps en décomposition. Elle ne comprenait pas pourquoi les gens détestaient cette odeur, au point de vomir. Elle aimait ce parfum. Elle inspira un bon coup, remplissant bien ses poumons, et expira tout doucement, en esquissant un sourire. " Aaaah", murmura-t-elle. Qu'est-ce qu'elle se sentait si bien ! Elle appréciait ce silence. Alors que tout autour d'elle se trouvait des milliers de tombe, et dans chaque tombe se trouvait un être humain. Mais au moins, ils ne parlaient plus. Ils étaient dans leur coin, en silence. Elle voulait rester comme ça à vie, éloignée des gens et de la vie active, mais elle n'avait pas le choix. Elle devait se nourrir, ramasser de l'argent, faire des études pour avoir quand même une bonne situation. Elle s'avoua qu'elle aimait plutôt se tâcher les mains de sang. Elle se nourrissait surtout de la peur des gens. Elle aurait apprécié être payée pour cela.

Soudain, des cris stridents interrompirent son repos. Chaeyoung ouvrit les yeux, agacée et tourna rapidement sa tête pour voir qui était le stupide individu qui osait gâcher son moment. C'était une perruche blanche. Elle s'est installée sur une pierre tombale et criait de toutes ses forces. Ses yeux étaient écarquillés, bien ronds, et regardait en bas, balayant des yeux toutes les tombes. Sa crête tremblait et ses cris devenaient de plus en plus strident. Les oiseaux imitent parfois les bruits de leur environnement dit-on. Son cri précédent avait changé vers un cri encore plus aigu.

Ses cris agaçaient terriblement Chaeyoung. Dans certaines croyances, on dit que les personnes qui meurent et qui ont été mauvais subissent ce qu'ils appellent : " Le châtiment de la tombe " jusqu'au jour du Jugement Dernier. Aucun être ne pouvait entendre leurs bruits –tant mieux, se disait Chaeyoung– sauf les animaux.

Tout d'un coup, Chaeyoung se leva rapidement, arracha une pierre tombale qui se trouvait derrière elle, courut vers la perruche et la plaqua contre le sol par le cou. Une fois au sol et incapable de bouger, Chaeyoung leva sa pierre tombale en l'air et écrasa l'oiseau avec. En ce moment, l'oiseau n'imita plus les cris aiguës, mais criait vraiment de douleur, on aurait presque dit que l'oiseau prit parole et la supplia d'arrêter, ses yeux faillirent sortir de leur orbites. Ce que ce pauvre oiseau ne savait pas, c'était qu'en émettant plus de bruit, la jeune meurtrière ne s'arrêterait pas. Chaeyoung serra sa mâchoire, cette fois-ci les yeux écarquillés et rempli de rage, du sang de l'animal giclait sur son œil gauche, les mains de la jeune fille tremblaient de colère. Elle n'arrivait pas à se calmer, la haine montait de plus en plus alors elle continuait à frapper ce pauvre oiseau jusqu'à que sa tête ne se détache, jusqu'à ce que son corps ne se coupa en deux.

Quand elle vit la perruche bien morte et que le silence régna à nouveau, elle lâcha la pierre peint en sang. On pouvait même entendre la rage dans sa respiration.

— Tais-toi. Ne fais plus jamais de bruit en ma présence, sortit-elle de sa mâchoire contractée.

La rage l'avait tellement mis au bout de ses forces que Chaeyoung s'écroula, ses cheveux se mélangea avec le bain de sang de la perruche et profita à nouveau du silence.


















Voilà ce que faisait Chaeyoung pendant que tout le monde dormait, durant la nuit, elle collectionnait des humains dans son immense jardin. Quand le chat n'est pas là, la souris danse.

Et elle danse sur la tombe.





















Vous l'avez compris, si vous voulez continuer à lire, il ne faudrait émettre aucun bruit, aucun cri, rien.

Si vous en êtes capable, vous pouvez continuer à lire afin de découvrir les évènements qui suivront,

faites bien attention à vous,

et choisissez-bien,

si vous ne voulez pas terminer comme cette pauvre perruche.



































































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