Chapitre 7
Maintenant, je n'attendais plus que sa deuxième annonce. J'espérais que ça n'allait avoir aucun rapport avec nous, mais vu la situation, cela ne m'étonnerait pas. L'eau devenait un peu plus fraiche mais mon corps était bien dans ce bain. L'odeur de rose s'était transformée en appréhension.
" En ce qui concerne la deuxième chose dont je devais vous faire part... il s'avère que c'est un sujet bien compliqué."
Le roi tapota sur son bureau, à croire que la nouvelle le rendait nerveux. J'étais encore plus stressée que lui, c'était certain.
" Il se trouve qu'avant de rencontrer la reine, j'ai fait la connaissance d'une autre femme... il se trouve que j'ai découvert par une intermédiaire que cette femme avait eu un enfant. Cet enfant est le mien, et c'est le plus grand de mes héritiers. Il prendra ma suite. "
Le roi avait eu une aventure ? Je savais déjà que Thésée s'en servirait contre lui, ce qui me tourmenta davantage. En revanche j'étais soulagée par cette nouvelle sans contraintes pour Eddilas ; les problèmes de la famille royale de Caelfall n'étaient pas les nôtres. De plus, j'espérais que ce fils soit bien plus pacifique que son père, il avait dû être élevé en ville et n'avait jamais dû suivre de formation royale. Avec un peu de chance, tout cela jouera en notre faveur.
Reportant mon regard sur l'écran, je vis le roi faire un léger signe devant lui pour indiquer à quelqu'un de venir.
Mon cœur rata un battement.
" Je vous présente Hélios de Caelfall, mon digne successeur et futur roi"
Il était là, debout face à la camera à coté de son père ; ses yeux bleus transperçaient l'écran. Sa mine désinvolte aussi. Voilà pourquoi il n'avait pas les manières d'un noble, pourquoi il refusait de me dire d'où il venait. Hélios n'avait jamais été invité et ne le serait plus jamais. Il m'avait approchée par simple intérêt pour son père, j'en était certaine. Il avait tout fait pour me déstabiliser dans son propre intérêt. Pourtant il ne semblait pas heureux. Son visage était neutre, mais il fallait être aveugle pour ne pas remarquer qu'il n'avait aucune envie d'être là.
Quand le discours fut terminé, j'éteignit la télé. Cela me rendait déjà malade, mon frère allait surement se jeter sur moi à la sortie de ma chambre. Il m'avait vue avec lui.
Sortant de la baignoire, j'enroulai mon corps dans une serviette, l'air frais me faisant frissonner. J'essayais tant bien que mal d'oublier ce que je venais d'entendre, mais rien n'y fit. Hélios était un ennemi, pas un allié et mon frère n'allait pas tardé à me le faire comprendre.
Après avoir rejoint ma chambre et enfiler un pantalon beige et un chemisier, dans l'espoir d'aller en ville, je rejoignis Laurie qui m'avait envoyé un message m'indiquant de le rejoindre dans le jardin. La meilleur chose aurait peut-être été d'aller voir mon frère mais je chassai d'avance cette idée.
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Dans le jardin, Laurie m'attendait déjà. Il ouvrit grand la bouche, s'apprêtant à dire quelque chose, mais je posai mon doigt sur ses lèvres.
— Ne dit rien et attend qu'on soit sortis... j'ai besoin de prendre l'air.
Il hocha la tête, me faisant légèrement rire. On aurait dit un enfant aux ordres de sa mère sauf que cet enfant s'avérait être plus grand que moi. Nous nous dirigeâmes vers les porte du château sans bruit, les soldats me laissant sortir avec une légère révérence, suivie de Laurie. Une fois hors des jardins, nous prîmes le chemin que nous avions l'habitude d'emprunter chaque fois qu'on sortait.
— Je peux parler, maintenant ?
— Oui, vas-y... en revanche, si cela concerne... Hélios... sache que je n'ai rien à te dire.
Enfilant les mains dans les poches de son pantalon, il soupira. Je savais bien que la seule chose dont il voulait parler le concernait. Mais j'étais bien décidée à ne plus jamais prononcer son nom. Mon regard balaya les rues, les habitants achetaient des fleurs, parlaient au téléphone et couraient après leurs enfants. Cela me rendait heureuse, je passais mon temps à tourner en rond au palais, toujours la même routine et les mêmes personnes. C'était lassant.
— Tu veux aller où ?
— Tu sais où est-ce que s'est passé l'affrontement ? tentai-je.
— Oui, bien-sûr, tout le monde le sait, répondit-il en s'arrêtant un peu devant la vitrine d'un magasin de friandises. Mon ami était un vrai gamin quand il s'y mettait.
— Alors tu as ta réponse.
J'avais peur de paraitre froide, mais toutes ces histoires me retournaient le cerveau. Il répondit un vaste "OK, si tu veux..." Je voyais que cette idée ne l'enchantait pas, mais je voulais y aller et récolter de vrais témoignages. J'étais passée de princesse à journaliste.
Arpentant les rues, j'essayais tant bien que mal d'empêcher Laurie de s'arrêter à chaque magasin qu'il trouvait intéressant.
— On n'est pas là pour faire du shopping ! m'exclamai-je un léger sourire aux lèvres, sans pouvoir cacher mon amusement face à sa petite bouille suppliante.
— Allez, s'il te plait... déjà que tu ma fais marcher jusqu'ici alors qu'on aurait très bien pu demander à un chauffeur.
— Je ne craquerai pas.
Il fit trembler sa lèvre en me désignant les pâtisseries que proposait la boulangerie. S'il continuait comme ça, je n'allais pas tarder à craquer. Il laissa ses boucles blondes retomber sur son front, laissant juste ses yeux ressortir, suppliants.
— ...Je te déteste, Laurie, finis-je par dire en attrapant son bras pour rentrer dans cette boulangerie.
Il rigola en me suivant, un grand sourire plaqué sur les lèvres, tel un enfant de cinq ans.
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