Chapitre 12
Les quatre royaumes, ma mère m'en avait parlée comme une légende, quand j'étais enfant :
Eddilas, Caelfall, Nether et Démos.
Ils étaient dirigés par quatre grands amis, à la mort de Niall Démos, qui n'avait eu qu'une fille, le trône lui étant interdit, sa terre avait été partagée entre Caelfall et Eddilas. Suite à ça les rivalités entre les deux royaumes avaient éclaté. Nether avait déjà rompu les liens.
Mon père n'aimait pas en parler, pour lui ces royaume ne seraient jamais plus que des ennemis.
Mais ma mère me racontait bon nombre de légendes à propos de ces quatre amis. Ils étaient chacun dotés de pouvoirs surnaturels.
En grandissant, je m'étais vite faite à l'idée que ce n'était qu'une légende. Le surnaturel n'existait pas.
Et me voilà à douter. Hélios s'était assis contre l'allée. Il regardait encore ses mains .
– Tu as déjà entendu parler des quatre royaumes ? demandais-je.
– Oui évidemment, je suis prince depuis peu mais j'ai un minimum de culture, princesse.
Levant les yeux au ciel, j'étais étonnée qu'il n'ait pas perdu son sarcasme malgré la situation... compliquée.
Détaillant à mon tour ses mains, je remarquai que le début des manches de sa chemise s'était consumée. Pourquoi le livre n'avait rien ? Cela était improbable.
M'asseyant à ses côtés, j'ignorai son regard qui s'était posé sur moi, je n'avais pas besoin de le voir pour savoir que ses yeux bleus étaient focalisés sur moi.
– Si vous pouviez éviter de regarder ma tenue, cela m'arrangerait fortement, lâchai-je en observant le livre sous tous les angles.
– Excusez-moi mais si vous portiez quelque chose de plus... complet , peut-être que mon regard irait autre part.
Relevant les yeux vers lui je plongeais mes yeux dans les siens.
– Prince Hélios ! Je vous ai cherché partout.
Alternant mon regard entre Hélios et Wilson, je remarquai qu'il tentait de cacher les manches de sa chemise brulée.
– Eh bien, je suis là, vous savez aussi bien que moi que de toute façon, le roi ne me laisserait jamais la liberté de sortir d'ici ne serait-ce qu'une minute.
Wilson opina en marmonnant quelque chose d'inaudible, puis il sortit de la bibliothéque sans même m'adresser un regard. Chez moi les gardes ne s'inquiétaient pas vraiment quand je n'étais pas dans ma chambre. Mais apparemment il était bien moins libre que moi.
Me retournant vers Hélios toujours assit par terre, je dis :
– Si vous vous posez la question, non je ne peux pas sortir d'ici. Mon... père.... refuse que je sorte avant d'être devenu le parfait héritier, sauf que je n'ai aucune envie d'être roi ni même prince.
Je ne pouvais pas le contredire, la vie royale était loin d'être idéale, sans que je puisse dire quoi que se soit il se leva et me tendit sa main, que je pris volontiers pour me lever à mon tour. Sa main était chaude, très chaude. Remarquant mon rictus de douleur il la lâcha instantanément et rangea ses mains dans ses poches.
– La seule chose que je demande c'est retrouver ma vie d'avant.
– Vous étiez pauvre ?
Il rit doucement, son rire n'avait rien de joyeux, au contraire, et il répondit à ma question :
– Tous les habitants de Caelfall sont pauvres. Et croyez-moi ou non, Eddilas est dans la même misère. Vous avez toujours vécu votre vie de château, mais vous n'avez aucune idée du quotidien des gens en ville. Ma mère tenait un salon de coiffure et elle devait travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre sans aucune pause pour pouvoir me nourrir.
N'osant pas relever le « elle tenait » je me contentais de réfléchir à ses paroles. Je comprenais pourquoi la femme avait accepté le dédommagement contre son silence. Le peuple souffrait.. en silence... mais il souffrait. Hélios en avait pleinement conscience, il avait connu cette misère. S'il était encore là c'était parce qu'il espérait changer les choses.
– Je ne sais pas contrôler ça.
Il désigna ses mains du menton.
– Mais je compte bien m'en servir. Je ne considère pas le roi comme mon père.
Je buvais ses paroles, il était à peine prince, pourtant il avait plus de conviction que je n'en avais jamais acquise en dix-huit ans. Il avait tout d'un futur roi.
La seule chose que je souhaitais, c'était qu'il ne devienne pas comme mon frère.
– Hélios... je commence à vous apprécier... mais ne prenez pas ça pour une déclaration d'amour, je vous trouve moins bête que ce que j'imaginais. Déclarais je soudainement.
Il rit sincèrement, sont teint paraissait pale avec la lumière, mais il en restait beau. Mon esprit ne pouvait s'empêcher de me répéter, "Ne tombe pas amoureuse Acantha".
– Heureux de le savoir, princesse. Vous vous êtes... moins bornée que ce que je pensais.
Levant les yeux au ciel, je pris le livre par terre.
– Je vais le lire pour essayez d'avoir plus d'informations... essayez de... ne bruler personne en attendant ?
– Je ne vous promets rien... un accident arrive si vite... répondit-il en approchant son visage du mien.
Lui tournant instantanément le dos, je ne pus retenir un sourire.
– Bonne nuit, Hélios, dis-je en sortant de la bibliothéque, "Le deuxième royaume" à la main et la brulure que sa main avait laisser dans la mienne dans l'autre.
Cette histoire était irréelle et j'en avais peur. Je ne connaissais pas assez Hélios pour être réellement rassurée. De plus, d'après la légende les quatre royaumes avaient quatre pouvoirs, Hélios avait le deuxième. Il en restait trois.
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