26.
☽
Jungkook
Lorsque j'entrouvre les paupières de nombreuses heures plus tard, j'ai l'impression qu'il s'est écoulé une éternité depuis l'instant où je me suis allongé contre Jimin.
Je me sens parfaitement reposé, et pendant un instant, je crains que Jimin ne m'ait de nouveau laissé dormir, quitte à ce qu'on arrive encore en retard sur le lieu de tournage.
Mais l'heure qu'affiche l'écran de mon cellulaire, en équilibre sur la table de nuit lorsque je tapote dessus, me rassure bien vite. Je prends alors minutieusement le temps de m'étirer, et laisse mes bras et mes jambes s'étendre de tout leur long sur le matelas, puisque j'ai la place pour moi seul.
Je pousse un faible gémissement de contentement, et profite du silence de la pièce, de ses ténèbres apaisantes, ainsi que de l'odeur qui imprègne le coussin de Jimin à côté de ma tête.
Ce mélange permet à mes pensées de vagabonder vers ce qui s'est passé la veille, et réveille une délicieuse sensation dans le creux de mon ventre et dans ma poitrine.
On s'est embrassés.
Cette réalité inonde mes joues d'une douce vague de chaleur. Ça me semble si surréaliste que j'ai l'impression de l'avoir rêvé. Mais le souvenir de la pression des lèvres exquises de Jimin contre les miennes ne peut me faire douter.
Je sais que je n'aurais jamais pu imaginer ce puissant sentiment qui m'a secoué les entrailles. Et je n'aurais pas non plus réussi à inventer le goût délicieux et si unique que porte sa bouche.
Je coince la pulpe de mon pouce entre mes dents, et la mordille légèrement. Un sourire béat allonge la commissure de mes lèvres. Je ne pense même plus au début de la crise que j'ai failli faire, ni à mes fans qui nous ont pourchassés sur le sable.
Il n'y a que lui qui compte. Lui, et ce que nous avons fait. Et si hier soir j'étais assez perdu concernant tout ça, désormais, j'aimerais que nous puissions en discuter.
J'ai besoin de mettre des mots sur ce que nous sommes. Des amis ? Des amants ? Un couple ? Ou bien... Est-ce que c'était une erreur ?
Mais cette pensée change aussitôt mon humeur, et la fait devenir maussade. Je ne veux pas envisager cette option. Tout simplement parce que je ne crois pas que ce soit une erreur.
Ça ne peut pas l'être.
Pas après tout ce que nous nous sommes échangé. Pas après nos nombreux moments de complicité, ainsi que la proximité de nos corps qui créait toute cette tension, aussi bien chez lui que chez moi.
Non, c'était bel et bien voulu. J'en suis persuadé.
Mon esprit est encore gorgé de questionnement quand la porte de la chambre s'ouvre avec une lenteur maîtrisée, pour laisser apparaître un léger rai de lumière qui vient percer l'obscurité de la pièce.
J'achève de me détacher de mes pensées, et passe mes paumes sur mes yeux avant d'observer curieusement la tête de Jimin qui passe à travers l'embrasure.
« Ah, tu es réveillé ! Super ! s'exclame-t-il en ouvrant alors tout en grand. Debout Garfield, on a du travail. »
Il pénètre dans la chambre, tout pimpant. Je marmonne en faisant une légère grimace de frustration quand il vient ouvrir les volets de la pièce.
« C'est pas parce que je suis réveillé que je suis prêt à affronter la lumière extérieure, je râle d'une voix encore rocailleuse. Tu aurais pu faire ça en douceur.
— Au temps pour moi, mais il ne me semble pas vous avoir demandé votre avis, Votre Majesté. »
Un rire m'échappe lorsque je pose mon bras sur mes yeux pour les protéger de l'agression qu'il vient de commettre envers mes rétines. Mais bien trop curieux de voir l'expression qu'arbore son faciès, je dégage bien vite ma vision pour le regarder aller et venir dans la pièce.
Il attrape son matériel, et le réunit dans l'une de ses grandes trousses de maquillage qu'il trimballe partout.
J'en ai déduis depuis un moment que c'était là qu'il met les outils dont il a le plus besoin.
Palettes de couleurs, pinceaux de toutes sortes et d'envergures différentes, paillettes pour paupières, crayon, eyeliner, poudre pour le teint, bronzer, blush, rouge à lèvres. Et il y en a encore tellement que je me demande comment il réussit à se souvenir de ce qui se met où, et des noms de toutes ces choses.
Mais je suppose qu'il doit sûrement penser la même chose de moi, avec toutes les répliques et les scènes que je dois apprendre.
Même moi, cela m'étonne parfois de voir la capacité qu'a mon cerveau à retenir tout ça.
« Allez, j'ai fait le petit-déjeuner ! continue Jimin lorsqu'il se rend compte que je n'ai pas bougé d'un pouce. Tu as des viennoiseries et du chocolat chaud maison qui t'attendent avec une bonne touche de crème.
— C'est vrai ? »
Je me redresse aussitôt, en même temps que mon estomac qui semble lui aussi reprendre vie. Je le masse doucement, amusé par ma propre réaction, mais fronce les sourcils quand Jimin secoue la tête.
Il se tient près de la porte, et farfouille dans sa trousse les yeux plissés.
« Non. J'ai commandé chez Starbucks, me répond-t-il de but en blanc en finissant par sortir une teinte de fard à paupière de son bien. »
Il sourit en la gardant fermement entre ses doigts, et me jette un regard faussement scandalisé en s'apercevant que je suis toujours au même endroit.
« Mais qu'est-ce que tu fais encore dans le lit ! Allez, je dois m'occuper de toi avant qu'on aille sur le plateau. »
Jimin me presse en tapant dans ses mains, et je ne peux contenir le rire qui m'échappe en le voyant être si sérieux.
Avec mes cheveux en pagaille après ma nuit, mes joues rosées par la trace du coussin, mes yeux encore un peu brillants de sommeil, et mon pyjama, je ne dois pas paraître aussi strict que lui.
Et je crois bien que c'est ce qui l'agace.
Je peine même à croire qu'il soit déjà prêt pour la journée qui va suivre.
Lui qui d'ordinaire aime roupiller jusqu'à ce que toutes ses alarmes aient sonné, qui marche d'un pas lent, voire presque douloureux comme si se lever était une épreuve juste pour aller déjeuner, là, c'est un sacré progrès qu'il me fait.
Je pourrais même l'inscrire dans le livre des records.
« Pourquoi tu me maquilles avant le tournage, et pas directement là-bas ? »
Je sors cependant de mes pensées pour lui poser la question qui vient de me traverser l'esprit en entendant ses propos.
C'est vrai, lui et les autres membres de son équipe nous ont toujours maquillés sur le plateau à l'ombre des projecteurs, pour qu'on soit prêts sur place et qu'on puisse ensuite enchaîner avec les tournages.
Même si, en ce qui me concerne, je n'ai que Jimin comme maquilleur officiel, ayant refusé que d'autres s'occupent de moi.
« Parce que dès que je te maquille sur place, les teintes et les pigmentations du produit fondent avant que tu n'aies commencé à jouer. Même quand je te mets le fixateur, ça a tendance à mal adhérer avec la chaleur. »
Il m'explique ça en récupérant encore certains tubes dont il aura besoin, qu'il enfonce la seconde d'après dans sa trousse coincée sous son bras.
« Donc là, je vais m'occuper de ta peau à température ambiante, poursuit-il tandis que je me lève pour aller m'habiller, et appliquer ensuite le fixateur en restant à l'abri de la température extérieure pour voir si ça tient mieux. »
J'acquiesce légèrement, comprenant désormais pourquoi c'est important qu'il fasse ça ici. Je le laisse finir de préparer son matériel, et rejoins ma propre chambre pour aller récupérer et enfiler mes vêtements de tournage.
Ils sont protégés de la poussière dans une housse en tissu, et se constituent d'un cargo noir de combat, d'un haut à col roulé de la même teinte, ainsi que d'un harnais qui contiendra de fausses armes à feu.
Quand je me baisse pour enfiler mes boots sombres, et que je laisse mes doigts se mêler aux lacets, les orteils au bout de la chaussure, le pied stabilisé, je ne peux m'empêcher de ressentir un certain aplomb.
Une vague de confiance, d'assurance.
Évidemment, je ne contrôle pas un gang très puissant et étendu dans toute l'Amérique comme c'est le cas de mon personnage dans Némésis, mais enfiler ces vêtements qui me sont désormais familiers, m'aide un peu plus à entrer dans le personnage.
J'avais déjà parlé de ce sentiment à Jennie et Mickael, qui m'avaient confié que c'était la même chose de leur côté.
Ma meilleure amie m'avait même avoué que quelques fois, elle rêvait de piquer ces vêtements en cachette pour les enfiler et se déplacer dans les rues de Moscou la nuit, histoire d'incarner réellement la jeune femme rebelle et pleine de liberté qu'elle est sur les tournages.
Son idée m'avait amusé, mais contre toute attente, je l'avais plutôt bien imaginée dans sa tenue de combat aussi sombre que la mienne, la silhouette charismatique et bien droite sur le toit d'un immeuble haut d'une cinquantaine d'étages.
Ses cheveux blonds seraient bercés par des bourrasques d'un vent violent, mais elle ne se démonterait pas et fixerait la ville en contrebas avec défi.
Dans cette série, nous sommes vraisemblablement les rois du monde.
Et j'adore retrouver ce sentiment quand j'enfile les chaussures de Blake.
« Dis Jungkook...
— Hm ? »
Je détourne le regard des mitaines en cuir que je suis en train de revêtir, et pose mes yeux curieux sur Jimin qui s'arrête sur le seuil de la porte de ma chambre après avoir toqué.
Il m'observe soudainement comme s'il ne m'avait jamais vu, et je dégage quelques mèches sombres de devant mes yeux pour tenter de déchiffrer l'expression de son visage.
Ses iris roulent sur les arabesques de mon faciès. Ils les épousent en silence pendant une fraction de secondes, puis les fait descendre lentement sur les frontières qui séparent à certains endroits, ma peau nue de mes vêtements, comme au niveau de mon cou.
Déstabilisé par son regard perçant et scrutateur, je me déplace en sentant le rouge me monter aux joues. Je ferme les portes de l'armoire toujours entrouvertes, lorsque Jimin se décide enfin à retrouver l'usage de la parole.
« Pourquoi tu t'habilles tout seul ? Je veux dire..., ajoute-t-il précipitamment, comme s'il avait peur de dire quelque chose qui pourrait me contrarier. C'est aux stylistes de faire ça. Je suis même surpris qu'on ne te dise rien. Je pensais que Sayn aurait pu te réprimander, mais ça n'a jamais été le cas.
— C'est normal, c'était notre accord, je murmure du bout des lèvres en sentant une lourde sphère se déposer d'un seul coup dans mon estomac, et au fond de ma gorge. »
Les sensations de bien-être et de légèreté que je ressentais quelques secondes auparavant sous son regard à la fois doux et avenant, ont rapidement disparu.
Il ne me reste désormais plus qu'un goût aigre et amer sur la langue. Repenser à toute cette histoire me tord les entrailles de douleur, d'anxiété, et de souvenirs que j'aurais préféré oublier.
Je n'ai pas envie d'y repenser, mais je ne peux pas en vouloir à Jimin de me questionner là-dessus. Il a toujours été très observateur, je savais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne finisse par oser m'en parler.
« Je vois. »
Son ton diminue, se radoucit. Il a remarqué mon changement d'humeur, et choisit de me parler en conséquence.
Je lui en suis profondément reconnaissant, et je le lui fais comprendre d'un regard quand il s'avance dans la pièce pour aller s'installer au bout du lit.
Il croise lentement ses jambes en tailleur sous ses fesses, et lève son regard qui bourdonne de curiosité vers le mien.
« S'il y a une raison particulière à tout ça, je veux que tu saches que tu n'es pas obligé de me la dire. Je suis de nature très curieuse, déclare-t-il en levant un peu les yeux au ciel, comme si ça lui faisait défaut quelques fois. »
Ce qui ne m'étonnerait pas. Après tout, ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ? Bien que celle de Jimin ne me dérange pas. Il en use toujours avec bienveillance.
« Mais ça ne veut pas dire pour autant que je dois tout savoir, reprend-t-il d'une voix où pointe une certaine compréhension. Pourtant, parfois les gens semblent croire que lorsqu'on leur pose une question, ils sont forcés d'y répondre. On ne peut pas leur en vouloir, on a tous et toutes été élevés comme ça. Mais ce n'est pas mon cas, et je veux que tu le saches. Tu n'as aucune obligation. »
Ses mots me touchent en plein cœur, avec une force inouïe. Si bien qu'ils suffisent à retirer le poids écrasant et indigeste installé dans le creux de mon ventre. Je suis ému que Jimin ait remarqué à quel point cette situation me met mal à l'aise, et me replonge dans un passé que je veux plus que tout enterrer.
Mes yeux brillent lorsque je les ancre dans les siens, et je m'approche à pas lents de sa silhouette pour venir me mettre debout face à lui. Il décroise les jambes, et m'invite à m'avancer entre, en me demandant du bout des lèvres s'il peut glisser ses mains sur mes hanches recouvertes par ma fausse tenue de combat.
D'un signe vague de la tête, je lui donne mon autorisation, et passe mes doigts entre ses cheveux châtains quand il vient appuyer sa joue contre mon ventre.
Ses bras ceinturent délicieusement ma taille, et pendant de nombreuses secondes, je me perds parmi les brides de ce sentiment que nous procure cette tendre étreinte. J'inspire l'odeur d'amande douce que dégage ses mèches, et continue de les masser en savourant le silence qui emplit la chambre.
Ce n'est qu'une fois que je suis prêt à me confier sur ce lourd morceau qui encombre mon passé, que j'enroule un peu plus ses cheveux autour de mes doigts en me collant davantage à lui.
« Je sais que je ne suis pas le seul à avoir vécu ça, mais... »
J'inspire faiblement. Jimin relève son visage vers moi. Il me sonde avec ses grands yeux qui scintillent de bienveillance, et m'encourage à poursuivre en faisant des cercles dans le bas de mon dos à l'aide de la pulpe de ses doigts.
« Quand j'ai été sélectionné pour Némésis, on avait une autre équipe de maquilleurs, de stylistes et de coiffeurs. Ils venaient tous de la même agence, c'est Sayn qui les avait lui-même recrutés, je lui révèle en me concentrant sur le passage que font mes mains sur le dessus de son crâne. Il voulait ce qu'il y avait de meilleur pour ses acteurs, et pour la série.
— Ce qui jusque-là me paraît normal. J'ai remarqué qu'il est vraiment très soucieux et minutieux sur tout ce qui concerne son travail. Souvent, ce n'était pas le cas chez les différents réalisateurs que j'ai pu croiser, m'annonce Jimin qui repose sa joue contre mon ventre. »
Ce simple geste m'envoie de délicieuses petites décharges électriques, et me fait oublier pendant un bref instant ce que je m'apprête à lui confier.
Je hoche alors la tête, et toussote quelque peu, histoire de me reprendre.
« Oui, je suis d'accord. De toute façon, Sayn ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer... »
Je me tais de longues minutes pour permettre à mon souffle de se réguler, bien que je l'aie senti s'emballer dans ma cage thoracique.
C'est du passé Jungkook. Tout ça, c'est derrière toi.
Mais je sais que c'est faux. Je dois tous les jours faire face à toutes les séquelles que ces événements ont laissés sur moi.
« Je ne vais pas tourner autour du pot, je m'empresse d'ajouter pour empêcher ma voix de se briser ou de bégayer. Il y avait l'une des stylistes qui prenait plaisir à... Me toucher. »
Ce dernier mot râpe sur ma langue comme un met brûlé au goût de cendre. J'ai l'impression de ressentir à nouveau la honte, le dégoût, la peur et l'anxiété qui m'ont hanté pendant cette affreuse période.
Jimin se tend soudain contre moi, cessant les douces caresses qu'il exerçait contre ma peau.
Quelques minutes lourdes du silence devenu pesant dans la pièce s'écoulent, avant qu'il ne reprenne lentement ses gestes.
« Je dois avouer qu'au début, je n'avais pas fait attention. C'était leur métier de m'habiller, d'ajuster les tenues au niveau de mes hanches, de mon ventre, de mon dos, de mes épaules, de mon cou, de mon torse, et même... Près de mon entre-jambe. »
Mes membres se remettent à trembler violemment. Je libère les cheveux de Jimin par peur de lui faire mal, et me recule de son étreinte en ayant subitement besoin d'air. Je m'avance vers la fenêtre de la pièce, et l'ouvre en grand pour chasser l'oppression liée à mes souvenirs.
Ma réaction n'est pas une surprise pour moi. Je savais que me replonger pleinement là-dedans referait sortir tout un tas de mauvaises choses.
Mais je suis bien décidé à aller jusqu'au bout. J'ai besoin que l'homme qui compte le plus à mes yeux aujourd'hui, connaisse chaque fragment de mon passé.
« Jungkook, tu n'es pas obligé de...
— Ne t'en fais pas, ça va. »
Maintenant que je sens l'air tiède de la Croatie se déverser sur mon visage froid, qui en plus, a sans aucun doute dû pâlir, je me sens un peu mieux.
« Il fallait parfois que je me change entre deux prises, que je retire tout, sauf mes sous-vêtements, et c'est à partir de là que ça a dégénéré. Que j'ai compris que certaines personnes étaient prêtes à tout pour entrer dans l'intimité de leur star préférée. Quitte à faire un métier dans le seul but de parvenir à leurs fins. »
Je crache presque cette dernière phrase avec écœurement. Rien que le dire à voix haute me retourne l'estomac. Alors, l'avoir vécu... C'est encore pire.
Je sens ma peau me brûler à certains endroits. Le besoin de me gratter, de me laver pour me débarrasser de cette terrible sensation, me prend sans que je ne le contrôle.
Je perçois encore la coque dure de ses ongles racler le sommet de mes épaules, le creux de mes hanches, le haut de mes cuisses.
« Elle laissait ses mains traîner sur ma peau. Partout sur ma peau. C'était très subtil au début. Seulement des caresses volatiles, à peine perceptibles. Mais ensuite, elle ne se gênait plus. »
Des frissons d'horreur me parcourent l'échine lorsque je me remémore ces situations. Celles pendant lesquelles on a franchi et sali mon intimité. Puis l'impuissance qui m'a saisi quand je lui disais que je voulais qu'elle arrête.
Mais elle m'ignorait, ou me faisait comprendre que c'était moi qui me faisais des idées. À les écouter, c'est toujours nous les fautifs, les coupables qui imaginent des scènes pour attirer l'attention.
Ça a duré des semaines et des semaines. Je l'entendais rire dans mon dos, s'amuser à me faire essayer plusieurs tenues qui finalement « n'allaient pas » pour m'en refaire essayer d'autres.
Je n'y connaissais pas grand-chose, et c'était son travail. Alors je me laissais faire.
C'était infini. Je ne me rappelle même plus le temps monumental qu'on perdait, ni le nombre de fois où ma peau s'est retrouvée mise à nu et exposée à son toucher pendant trop longtemps.
« J'avais beau en parler, personne ne m'écoutait, je souffle dans une expiration tremblante. Isaac, Jennie, Ivan, Mickael, et Sayn étaient les seuls à avoir essayé de faire quelque chose. Mais ceux qui géraient le projet plus en profondeur ont refusé de financer une autre équipe à mi-projet, puisque celle-ci était très réputée.
— Les salauds. »
Jimin gronde dans mon dos, et me force à quitter le ciel bleu turquoise que j'observais jusqu'alors au-dessus de ma tête, pour poser mes yeux sur lui.
Il arpente la chambre en faisant les cents pas, et je sens d'ici la propre frustration et la colère qui émanent de son corps entier.
« Et pour être honnête, aucun d'entre eux n'a été mauvais avec moi, mis à part elle. Alors je pouvais les comprendre, je lui avoue du bout des lèvres. Il aurait fallu qu'ils changent toute une équipe en plein projet sur les paroles d'une seule personne. »
Jimin secoue aussitôt la tête, tandis que de la bile acide me remonte dans la gorge lorsque je prends conscience de mes propres propos.
La panique s'empare alors de moi, et j'entrouvre les lèvres pour tenter d'inspirer de longues bouffées d'air. Une charge imposante vient encombrer mon estomac, et je tente par tous les moyens de ne pas y penser en entendant déjà mon esprit me rabâcher, encore et toujours, les mêmes paroles psalmodiques.
Tu vas vomir, Jungkook.
J'ai l'impression que la nausée remonte le long de ma trachée, alors j'enfonce avec force mes ongles dans la paume de ma main en essayant de penser au fait que les toilettes sont juste à côté.
Cette pensée me rassure une demi-seconde, avant de s'évaporer comme si elle n'avait jamais été présente.
Allez, respire Jungkook.
« Je refuse de t'entendre dire ça, Jungkook. Tu étais complètement légitime à témoigner contre cette femme et à révéler ses machinations, enchaîne Jimin en arpentant toujours la pièce de long en large. Ça ne devrait pas être un problème de changer toute une équipe lorsque l'un de leur membre se comporte de façon aussi déplacée et abjecte envers quelqu'un d'autre. »
Un pli barre son front, et ses lèvres sont tant pincées d'un agacement, qu'il tente vraisemblablement de retenir autant qu'il le peut, qu'elles sont à peine visibles.
« Ils auraient dû t'écouter. Même si tu étais seul à t'exprimer, c'est toi la victime dans cette affaire. On se doit de t'écouter, peu importe la personne en face, que ce soit une personne riche, célèbre, avec de l'influence, ou juste une personne lambda. »
La tonalité que prend sa voix, ainsi que la force de son discours, ont le don de me ramener dans l'instant présent.
Je quitte peu à peu mes souvenirs, et pousse un profond soupir en baissant les yeux vers mes mains pour tenter de calmer leurs tremblements.
Je laisse mes pensées vagabonder vers les moments joyeux que j'ai passés avec Jimin, en Croatie, et sens que le poids dans mon ventre se fait peu à peu remplacer par de délicieux fourmillements lorsque je repense à notre baiser, et à la nuit suivante qu'on a passée blottis l'un contre l'autre.
Je le regarde alors un moment, et mon silence le fait se stopper dans sa marche qui semblait jusque-là inépuisable.
Nous nous regardons profondément, sans rien échanger. Mais nous n'en avons pas besoin. Car c'est en laissant mes iris se fondre dans les siens que je prends conscience de deux choses.
La première, c'est que jamais une personne que je connais depuis si peu de temps, n'a eu un discours et des mots aussi forts et sincères à mon égard.
Jimin me croit.
Il me croit sans même que je ne donne de preuves. Sans même que je n'aie à lui détailler ce qu'il s'est passé. Sans que je n'ai besoin de me justifier. Il me croit et semble même prêt à tout pour me défendre.
Mes yeux s'embuent légèrement de larmes face à l'émotion et à la reconnaissance qui s'emparent de moi. Ils sont si puissants que j'oscille légèrement. Mais je me force pourtant à les chasser, pour me focaliser sur la deuxième chose à laquelle je viens de penser.
Celle que si ma crise s'est stoppée, c'est dès l'instant où je me suis remémoré les moments de gaieté que j'ai partagés avec Jimin.
Ce n'est un secret pour personne, depuis un certain temps, sa présence à elle seule suffit à m'apaiser. Mais jamais, jusqu'à aujourd'hui, de simples souvenirs m'avaient aidé à me calmer en pleine angoisse.
La révélation de ce fait étire mes lèvres d'un doux sourire. Jimin face à moi, garde ses pupilles dans les miennes, et s'avance dans ma direction. Ses pieds frôlent à peine le sol. Tout reste silencieux.
Aucun d'entre nous ne brise le silence qui s'est installé dans la chambre, tandis que nos regards entament une danse placide et pure, dont eux seuls ont le secret.
Finalement, en réaction à la courbe qui allonge le bas de mon visage, Jimin me sourit en retour. Il le fait avec ses yeux. C'est plus discret, profond, envoûtant, personnel. Intime.
Comme s'il voulait me faire comprendre que les mots qu'il vient d'avoir à mon égard, contiennent la réponse à tous mes maux.
C'est alors que je sus que dès à présent, quoi qu'il puisse se passer, je n'irais plus jamais nulle part là où il n'est pas.
⸻
Alors ? Tout le monde va bien ? 🥺
C'est vraiment très dure à entendre ce genre de témoignage, et c'est quelque chose dont je n'avais pas conscience avant que BTS n'en parlent eux-mêmes.
Ça fait longtemps, je ne sais même plus pour quelle occasion c'était, mais ça avait beaucoup fait parler sur Twitter sur le moment, et ça m'avait brisé le cœur... Ce n'était pas similaire à ce que décrit le Jungkook de Némésis, mais presque.
Je trouve ça terrible d'engager des personnes qui de prime abord sont "de confiance", pour apprendre après qu'ils en profitent juste pour toucher les idols et les stars simplement pour leur bon plaisir... C'est pour cela que j'ai voulu dénoncer ce genre de comportement.
Enfin voilà, prenez soin de vous surtout mes trésors, et faites attention. On ne sait jamais de quoi les autres sont capables 🥺
Je vous aime fort, à jeudi pour la suite !
- Vee
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