𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 37 - 𝑆𝑖 𝑙'𝑎𝑝𝑜𝑐𝑎𝑙𝑦𝑝𝑠𝑒 𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑛𝑜𝑚

Je ne peux pas te dire avec exactitude l'objectif de cette mission, ni qu'elle sera facile, mais quand le moment se présentera, tu comprendras son importance.

Les paroles tournaient en boucle dans sa tête, créant un ramassis d'illusions soporifiques. Cette impression d'être ancré dans un cercle vicieux infernal lui collait à la peau, comme si ça faisait une éternité qu'elle se trouvait bloquée entre ces barreaux, cette prison glaciale.

Mais il ne s'était écoulé que deux jours depuis le drame. Deux nuits qu'elle passait enfermée dans une cage, avec pour seule nourriture du petit pain sec et un verre d'eau. Le regard rivé au plafond, les questions tourbillonnaient, formant un ouragan d'incertitude dans sa tête.

Sa tergiversation ne s'arrêta qu'au bruit de pas provenant de la pièce d'à côté. Les gardes venaient de se relayer. Encore une fois. Elle entendait tout, dans les moindres détails. Ses sens étaient en éveil, décuplés. Ne pouvant se servir de son énergie ou de ses facultés, Sakura ne pouvait que compter sur son ouïe prodigieuse.

Une mission, pensa-t-elle pour la centième fois.

Maintenant, elle en était certaine.

Tsunade attendait quelque chose de Sakura. La jeune femme n'arrivait toujours pas à trouver les éclaircissements à ses questions, mais l'issue demeurait la même : il lui fallait plus de réponses et dans sa posture, c'était impossible. La simulation devait rester réelle, n'est-ce pas ?

Mais les gardes t'ont agressé et ont voulu t'exécuter, susurra sa conscience.

— Sauf que Tsunade s'est interposée, répliqua-t-elle dans un murmure.

Et les spadassins qui l'attendaient au retour de son travail ? Sakura réfléchit. Tsunade n'était nulle part. À quoi tout cela rimait-il ? Était-ce une mission ? Où était-elle vraiment dans une mauvaise posture ? Accusée à tort d'être une rescapée, tuant femmes et enfants ? Non. Il s'agissait d'un test. Il le fallait. Il ne pouvait en être autrement.

Se tirant les cheveux, sa bouche s'entrouvrit pour murmurer de possibles solutions à sa situation, mais rien ne vint. C'était le brouillard complet.

Un énorme bruit de chaise la fit se relever. Bientôt, un vacarme ambulant retentit, suivi de cris de colère et enfin, d'échos de lutte. Un vigile passa à travers la porte, défonçant les gonds de celle-ci. Sakura eut le temps d'observer le pantalon baissé jusqu'aux chevilles de l'individu, dévoilant un caleçon couleur bonbon très raffiné avant qu'un homme à la tignasse dorée ne fasse son apparition.

Naruto.

Un immense sourire fendit les lèvres de la jeune femme, mais elle l'effaça rapidement. Son imbécile d'ami allait se retrouver dans une très mauvaise posture s'il continuait à cogner les sentinelles comme s'ils étaient de simples mouches. Elle appréciait énormément le geste, surtout en sachant que le garde à la culotte rose n'était nul autre que son agresseur.

Un rictus orna ses lèvres, bien malgré elle.

Naruto, théâtrale comme il était, tendit les bras dans les airs, haussa un sourcil, jetant un défi aux autres gardiens de l'approcher. Sakura cilla en surprenant sa risette et ses yeux profonds d'un bleu acéré. Son visage était étrange. Un frisson lui recouvrit les bras et elle secoua la tête pour chasser cette impression qui creusait son nid dans son esprit. Elle fleurissait, sans qu'elle n'en comprenne la portée. Mais lorsque ledit Naruto partit à sa rencontre, avec ses petits mouvements discrets et son sourire aux 36 dents, elle faillit laisser ce doute de côté.

Presque.

Ses mains. Elles étaient stables, en contrôles, alors que Naruto trépignait toujours d'impatience, ne pouvant s'empêcher de les triturer. Ses sourcils se froncèrent pour la seconde fois.

Un garde, resté en retrait jusqu'à maintenant, pencha son crâne de côté pour pointer du doigt sa montre.

— Tu as droit à 20 minutes, pas une seconde de plus.

Naruto hocha la tête, la mâchoire crispée. Lorsqu'il tourna son regard vers sa meilleure amie, il ne put retenir une grimace. Sakura n'était plus la jeune femme qu'il avait vue il y a quelques jours. Les vêtements tachés de liquide écarlate et déchirés de celle-ci le firent serrer ses poings de colère. Mais le pire restait son visage, tuméfié, avec des coquards bleuâtres aux yeux. Sa paupière gauche était si gonflée que son œil se fermait tout seul. Sa tempe était encore rougissante et du sang séché bariolait son menton et sa bouche. Ses lèvres étaient ouvertes, sous les impacts de ses adversaires.

Naruto grogna. Sakura ne le lâchait pas des yeux, se rapprochant des barreaux de sa cellule. Elle voulut le rassurer, mais ne sut quoi dire.

— J'ai encore mes dents, regarde.

Elle lui lança un sourire pour les lui présenter, mais Naruto resta de marbre et l'air taquin de la rose mourut aussi rapidement qu'il était apparu. Elle soupira.

La rage persistait dans les yeux océaniques de son ami. Il ne semblait pas décompresser et tournait plusieurs fois sur lui-même, le visage chaud comme de la braise, tellement il bouillait intérieurement.

— Je vais les tuer, je te l'assure, promit-il d'une voix rocailleuse.

— Naruto, calme-toi. Tu as déjà donné la fessée à plusieurs d'entre eux, ne les humilies pas trop quand même.

Un rire fin s'échappa de ses lèvres et elle réussit à décrocher un sourire au blondinet. Il pencha la tête, ses yeux brillant de curiosité posée sur elle.

— Comment fais-tu pour garder toujours le moral malgré les épreuves que tu traverses ?

Sakura haussa des épaules en réponse. Naruto ne connaissait pas ses épreuves et qu'il lui pose cette question était inhabituel. Elle se força à ne pas y porter plus d'attention.

— Je pensais que tu étais le maître du je-m'en-foutiste. Tu me demandes vraiment conseil, Naruto ?

Il éclata de rire, les yeux brillants d'une lueur insolite. Elle disparut rapidement. Le jeune homme sembla reprendre ses esprits et se rapprocha de sa cage, touchant du bout des doigts les montants en fer, le souffle erratique, contenant maladroitement sa colère. De son poing, il encadra le premier barreau et le serra fort.

— Je vais te sortir de là, ne t'en fais pas, Rosette.

Sakura haussa un sourcil, surprise. Lee était le seul à lui donner ce surnom, mais elle ne releva pas. Elle attendit sa répartit, les yeux plissés. Ses phalanges s'étaient crispées sous ses paroles, car elles éveillaient un espoir dont elle ne pouvait se permettre. La jeune femme n'était pas encore certaine de s'il s'agissait d'une mascarade ou si elle se retrouvait vraiment piégée pour avoir commis des méfaits. Dans tous les cas, elle ne se sentait pas à la hauteur d'accepter toute promesse de sortie.

— Je suis au courant de l'organisation qui traîne dans les parages.

Naruto prit une pause, continuant d'enserrer de ses doigts rugueux sa prison.

Une sueur froide coula le long du dos de Sakura. Naruto était définitivement étrange. Ses réactions inhabituelles, sa gestuelle, le mouvement de sa bouche lorsqu'il parlait, l'éclat de ses yeux et la lumière fugace qui transperçait ses pupilles, tout cela éveillait ses sens, les mettant en état d'alerte. Une tension traversait les muscles du jeune homme quand il prenait la parole, semblant bouillir d'une impatience difficilement contenue. Comme si Sakura était la proie et que plus rien ne comptait à part l'amadouer puis s'emparer d'elle.

— L'organisation a fait son apparition dans le Village des Arbres morts. Tu ne le savais pas, non ? Et oui, un beau matin de septembre, une vingtaine d'hommes, femme et enfant ont été retrouvées égorgés et les bras amputés. Une vision macabre et sanguinolente. Mais tu sais ce que sait, tu l'as vu de tes propres yeux il n'y a pas longtemps, n'est-ce pas ?

Une inspiration, puis une expiration. Personne n'était au courant de ses informations, à part Tsunade et son équipe. Ces informations devaient restée cacher à la population et même si Naruto était son meilleur ami, ses responsabilités envers les individus de Konoha incombaient avant tout. Elle resta silencieuse, comprenant que quelque chose clochait. Elle ne fit pas le moindre mouvement pour s'éloigner. Au contraire, elle se rapprocha pour observer encore plus le non verbal du blondinet. Il tendit les bras vers elle, mais ne la toucha pas. Il plantait son regard brillant de malice dans ses yeux.

— Mais tu n'es pas coupable, tu t'es même fait kidnapper, il y a peu. Alors évidemment, les évènements ne concordent pas. Non, Tsunade a besoin d'un bourreau, elle a soif d'un appât et tu es la personne parfaite pour ça.

L'homme à la chevelure dorée prit une pause en se frottant les doigts, presque pensif quant à ses prochaines et futures paroles.

— Je te connais, Sakura. Son ton se fit presque suppliant. Je sais que tu ne ferais pas de mal à des innocents, pas de ton plein gré du moins. Et être enfermée ici te rend folle, surtout que tu n'as pas idée des plans qui sont en jeu... Ça doit être terriblement frustrant d'être aussi rusée, mais de n'être tout de même qu'un pion sur l'échiquier. Je me trompe, Sakura?

Le visage insondable, elle entrouvrit la bouche pour prononcer d'une voix cinglante :

— Pour une personne qui affirme me connaître, je trouve que tu n'es pas très bien informé quant à mon entourage. Même si tu arbores ses traits, c'est facile à deviner. Tu n'es pas Naruto. Je l'ai su la minute où tu as traversé cette salle. Et j'ignore pourquoi tu as fait un tel boucan pour visiter une personne comme moi, accusée de traîtrise, mais tu n'as pas l'air d'avoir des intentions honorables. Alors... Qui es-tu?

Le clone de Naruto sourit lentement, un éclat vicieux et sauvage dans les yeux.

— On m'avait prévenu que tu serais futée... Mais malheureusement, je ne tentais pas vraiment de me cacher. Et... je suis ici par pure curiosité. Vois-tu, l'homme étrange prit une pause, détachant sa main du barreau qu'il enserrait, tu me fascines, termina-t-il.

Sakura jeta un rapide coup d'œil vers le barreau qu'il avait lâché et vit qu'il était tourné dans un angle inquiétant. Cet homme avait une force impressionnante. Elle resta sur ses arrières et fronça les sourcils sous cette constatation.

Oh, faisant un tour sur lui-même, semblant réfléchir, il posa un doigt contre sa lèvre gonflée. Mes intentions honorables seront pour plus tard te concernant.

Sakura retint un haut-le-cœur lorsqu'il lui lança un clin d'œil écœurant. Le faux Naruto déplia ses bras pour s'étirer et ses yeux bleus scintillèrent brièvement, jusqu'à devenir gris pâle. Le changement ne dura qu'une minuscule seconde, et la jeune femme remit en doute sa vision. Amorçant un mouvement pour partir, Sakura se colla contre les barreaux de sa prison, le souffle saccadé. Elle avait besoin de réponses et elle sentait que cet homme métamorphosé en son meilleur ami pouvait lui en fournir.

— Oh, ma pauvre Sakura, souffla-t-il alors qu'il lui accordait une œillade. Tu seras bientôt libéré de tout le fardeau que tu portes sur tes épaules, soit en sûr.

En deux secondes, il était de nouveau contre les barreaux et lui empoignait le poignet, le retournant au passage. Le mouvement ne fut pas douloureux et pour une raison qui lui échappa, Sakura ne fit pas le moindre geste pour se déprendre de sa poigne. Le doigt rugueux de l'individu caressait l'intérieur de sa paume, et ses yeux bleutés observaient ses veines comme s'ils étaient pris d'une fascination malsaine.

— Tu n'es pas vouée à rester ainsi, brimée et enfouie à l'intérieur. Et tu ne devrais certainement pas servir d'appât pour trouver des possibles traîtres.

Il claqua sa langue contre son palais, d'une humeur morose à la suite de ses paroles et Sakura inspira en retour, prenant conscience de sa posture. Tsunade se servait encore une fois d'elle. Voilà en quoi consistait sa fameuse mission secrète.

Seulement, son ancienne préceptrice avait eu tort. Personne ne viendrait pour se déclarer après son arrestation. Aucun de ses amis proches ne figurait dans la liste des scélérats. C'était insensé, pensa-t-elle, perturbée au plus haut point. Il devait s'agir d'autre chose.

— Un tel pouvoir opprimé, quel gâchis, chuchota l'individu à l'apparence de Naruto.

Sakura se libéra de son emprise d'un geste rapide et recula d'un pas, les yeux écarquillés.

— Avec moi, tu ne serais pas obligé de t'oublier, tu t'épanouirais. Tu aurais un contrôle absolu sur tout.

Il pointa le torse de la fleur et elle hoqueta. Elle se sentait oppressée, au bord de la panique. La vision engourdit, elle se pencha, la trachée en feu. Elle voulait vomir, mais rien ne vint. La sueur perlant sur son front, elle inspira fort, mais impossible de dompter sa respiration. Le monde semblait n'être qu'un amas de couleurs flottantes et cotonneuses.

Il savait.

Il savait pour elle.

Non.

L'effroi s'empara d'elle et des points noirs firent leur apparition devant sa rétine. Mais rien à n'y faire, elle était impuissante, sans la perspective d'actionner son don. Ses yeux restaient verts. Se défendre contre cet individu n'était pas envisageable. Elle n'était pas en danger, et il ne lui voulait aucun mal. Mais la terreur avait déjà pris place et occupait un siège bien trop grand dans son cerveau. Incapable de s'en défaire, elle repensa à ses facultés qui ne paraissaient plus fonctionner. La réponse sembla évidente : la seringue. L'éclat douloureux qui avait ravagé son corps avait été indescriptible. On avait empoisonné son organisme pour qu'elle reste calme, apprivoisable.

— Oui, tu as compris. Ils te mettent dans une cage, te traitent comme un animal et briment ce que tu es, Sakura. Regarde-toi, tu n'es qu'une pâle copie de ce que tu pourrais être, de ce que tu es vouée à devenir.

L'homme inspira et ses narines se dilatèrent. De colère ? De frustration ? La jeune femme n'était pas certaine. Cet individu savait bloquer son esprit et ses émotions, ne projetant qu'un mur de glace.

Il lui fit penser à Sasuke. Elle le chassa rapidement de sa poitrine, furieuse.

Déstabilisée par sa rêverie, elle ne vit pas le mouvement diligent du blondinet, qui étreignit de nouveau son bras. Sous l'émotion vacillante, elle s'était rapprochée de l'entrée de sa cage. Ce fut là son erreur. Tirant sur sa trouvaille, il aplatit avec agilité sa main contre son cœur. Un hurlement guttural fit écho dans la salle et Sakura comprit que ce son inhumain venait de franchir les barrières de sa gorge. Se recroquevillant sur elle-même, de nouveau en possession de ses membres, elle s'éloigna du mur en paniquant.

Qu'avez-vous fait? bredouilla-t-elle, tremblante.

Il lui lança un bref sourire, toujours cet éclat sinistre et lugubre brillant au fond de ses iris.

— Je t'ai libérée, déclara-t-il en écartant ses grands bras.

Ses dents rayonnaient face aux torches encadrant l'enceinte de sa cellule.

Non, non, non, lui martela son esprit.

Pas encore.

Plus jamais.

— Tu n'as plus à te cacher, Sakura... Tu peux enfin vivre.

Elle s'accroupit. Ou plutôt elle essaya d'amorcer sa chute. Vainement. Ses membres ne l'écoutaient plus. Son cœur battait affreusement fort contre ses temps, lui donnant une impression irréelle de flotter en plein rêve. Ça ne pouvait être la réalité, lui reprochait sa conscience en proie à une panique dantesque, redoutable.

Le monstre sortait et elle ne pourrait plus avoir de moindre contrôle sur le cataclysme qui suivrait son cours. Le déni calomnieux d'une vérité sombre l'avait tenaillé jusqu'à lui serrer les entrailles ces dernières années, mais elle ne pouvait vaincre l'inévitable. Lorsque la bilieuse créature qu'elle était prendrait forme, le monde qu'elle connaissait ne serait plus. Et le désastre s'abattrait sur tous ceux qu'elle chérissait. Comme avant.

— Non, chuchota-t-elle.

Elle était enfermée, se força-t-elle à penser. Peut-être avait-elle une chance d'être réduite en centre par les gardes dehors. Sa cage ne saurait résister à l'ardeur de ce démon intérieur, mais les seringues dégoulinantes de produit argenté pourraient l'aider à se maîtriser.

Oui.

Une idée se faufila à travers ses méninges et un cri guttural franchit sa gorge.

Elle n'avait plus de temps avant elle.

Ses pupilles dilatées se métamorphosèrent, passant d'un vert d'eau à un éclat améthyste. Les iris étaient ficelés d'éclair d'étoiles dorées. Si Sakura ne connaissait pas la sombre vérité derrière son apparence, elle les trouverait magnifiques. Des fibres de blancs happèrent son épiderme, s'accrochant à sa chaire et la marquant jusqu'à son âme. Sa peau bronzée était diaprée d'une variété de runes blanches étincelantes, cascadant ses bras, ses épaules et remontant jusqu'à son coup. Son corps luisait d'une lueur divine, incandescente, dangereuse par son côté hypnotisant. Le dernier détail qui effrayait toujours la jeune femme était sa chevelure. Sa tignasse d'un rose pâle se fana, se voilant d'un éclat nivéen, propre et d'une blancheur pure. Ondulée, ils arboraient la couleur crème et albe de la neige.

Sakura ne s'habituerait jamais à sa transformation, douloureuse et abominable.

— Magnifique, souffla l'importun.

Le regard acerbe qu'elle lui acéra ne fit que raviver son sourire revêche. Elle ne savait toujours pas qui était cet intrus aux yeux gris clair, qui avait osé voler la physionomie de son meilleur ami. Semblant comprendre l'état de ses pensées, il lui lança un dernier clin d'œil, puis disparut dans un nuage de fumée.

Et alors l'apocalypse survint. Une vingtaine de gardes surgirent de nulle part, affolés en découvrant la nouvelle apparence de la jeune femme. Avant de faire le moindre mouvement, dix fléchettes se plantèrent dans sa chaire, imbibée d'un produit argenté. Elle hurla, sa cellule volant en éclat. Les murs se fissurèrent et une énorme détonation explosa, déchaînant un torrent de colère, si fulgurant que le sol se fendit en plusieurs morceaux, ne laissant que des cratères de plusieurs mètres de profondeur. L'énergie crépitait dans l'air, tournoyait jusqu'à s'emballer et se projetait contre ses adversaires. D'un mouvement de la main, Sakura déferla on pouvoir sur les gardes. Une lueur luisait au fond de ses iris, hérissant les poils de tous ceux présents dans la salle.

Une flopée de fléchettes s'abattit de nouveau sur sa personne. Mais, le temps d'atteindre leur trajectoire, les bourreaux de la fleur se retrouvaient par terre, le coup rompu et les membres déchiquetés. Une marée de sang suintait sur le plancher en béton. Il ne restait plus que Sakura, qui, sous le produit argenté, ferma les yeux et sombra dans l'inconscience.

Bordel, c'était quoi ça?! s'exclama Naruto, les yeux écarquillés, alors qu'il traversait pour la première fois de la journée la porte réservée à la bâtisse de la rose.

Gaara se trouvait à ses côtés, la bouche entre-ouverte, muet de stupeur. Quand il avait entendu la nouvelle sur l'emprisonnement de Sakura, il avait déserté son poste pour retrouver au plus vite la fleur et demander des explications auprès de la chef de Konoha. Mais la détonation stridente avait coupé court à toute réunion avec Tsunade et il s'était empressé de rejoindre la geôle souterraine avec Naruto. Sasuke avait suivi le pas, le regard noir porté au loin et ses iris ne manifestant pas la moindre émotion. Gaara n'était pas dupe. Il remettait en doute tout ce que le brun pouvait exprimer comme sentiment. L'Uchiha n'aurait jamais posé les pieds dans ce bâtiment s'il ne se sentait pas concerné ou inquiet pour la rose. Ça avait de quoi agacer Gaara, mais il mit de côté son état d'esprit pour se concentrer sur le désastre sous ses yeux.

Une aire complète avait été réservée pour Sakura, ce qui avait surpris le jeune homme. Mais en découvrant l'état calamiteux des lieux, les trois jeunes hommes avaient remis en question tout ce qu'ils connaissaient. Comment cela pouvait-il être possible ? La salle intégrale avait explosé.

Naruto parcourut des yeux les corps ensanglantés à la recherche d'une chevelure rose, le souffle coupé. Il la vit plus loin. Étendue par terre, ses cheveux églantine éparpillés autour d'elle et sa peau irradiant de lumière. Il cligna des yeux, mais la lueur avait disparu.

En se retournant vers ses acolytes, il remarqua les sourcils froncés de Gaara, mais Sasuke restait de marbre face à la scène. Si le brun fut ému ou étonné par ce désastre, il ne le montra point. En fait, il restait si stoïque que les deux jeunes hommes présents dans la salle se demandèrent s'il avait déjà assisté à ce genre de scène auparavant. Opérant un demi-tour, Sasuke ne laissa derrière lui qu'un silence de mort, remplie de mystères aussi profonds que l'architecture des lieux pouvait être déchirée de l'intérieur.

Reposant leur regard sur le corps de la rose, les lèvres pincées, Gaara et Naruto ne cessaient de s'interroger sur les possibilités d'un tel scénario.

Les minutes s'égrenaient, sans qu'un changement ne s'effectue. Enfin, une question mourut sur leurs lèvres, alors que de nouveaux gardes couraient pour observer les dégâts, trop choqués pour prononcer le moindre son. Sakura avait-elle vraiment fait ça ? Comment? Et si tel était le cas, qu'adviendrait-il d'elle ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top