𝑴𝑬𝑺𝑺𝑨𝑮𝑬 𝑫𝑬 𝑳'𝑨𝑼𝑻𝑬𝑼𝑹𝑬

• 𝐿𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑠𝑢𝑖𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑇𝑊 （𝑡𝑟𝑖𝑔𝑔𝑒𝑟 𝑤𝑎𝑟𝑛𝑖𝑛𝑔, 𝑐𝑎𝑟 𝑖𝑙 𝑠'𝑎𝑔𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑠𝑐𝑒̀𝑛𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑜𝑙𝑒𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑝𝑟𝑒́𝑠𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑔．

• 𝑪𝒆𝒓𝒕𝒂𝒊𝒏𝒔 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒂𝒈𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒖𝒗𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒊𝒏𝒔𝒊 𝒉𝒆𝒖𝒓𝒕𝒆𝒓 𝒍𝒂 𝒔𝒆𝒏𝒔𝒊𝒃𝒊𝒍𝒊𝒕𝒆́ 𝒅𝒖 𝒋𝒆𝒖𝒏𝒆 𝒑𝒖𝒃𝒍𝒊𝒄.

• 𝑉𝑜𝑢𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑣𝑒𝑧 𝑟𝑒𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑣𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑙𝑒𝑐𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑙𝑜𝑟𝑠𝑞𝑢'𝑖𝑙 𝑦 𝑎𝑢𝑟𝑎 𝑢𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑢𝑝𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒，𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑙𝑎 𝑓𝑖𝑛 ： 𝒖𝒏 𝒆𝒙𝒕𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒊𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒆𝒔𝒕 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒂𝒈𝒆́.

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Les yeux plissés de douleur, Sakura se rappelait maintenant jusqu'au plus fin détail ce qui s'était produit. Sa capture, puis la torture. Les images affluèrent sous ses iris, la forçant à revivre une deuxième fois la violente altercation dans son appartement.

Il était minuit passé lorsque Sakura avait délaissé ses patients à l'hôpital de Konoha. Kyra ne s'était pas pointé et le travail s'était accumulé par son absence toute la journée. Un filet de sueur s'écoula de son front, qu'elle essuya avec lenteur. Ses forces s'amenuisaient de jour en jour et elle n'en comprenait pas la raison, comme si une entité extérieure se revigorait de son essence corporelle.

Perdue dans ses pensées, elle jeta un dernier regard à sa montre. Oui, il était bien minuit. Shikamaru avait téléphoné à 10 h 30. L'intonation de sa voix était étrange, elle n'avait presque rien assimilé de cet appel. L'anxiété fit surface. Ne sois pas idiote, se dit-elle. Peut-être qu'il avait eu un conflit avec Temari et il l'avait contactée pour demander des conseils ? Ça n'avait rien d'extravagant. Pourtant... Il y a un problème, lui chuchota sa conscience d'un timbre sombre. Non, lui répondit-elle avec hargne. Tout va bien.

Le stress empirait et bientôt l'estomac de la jeune femme se contracta jusqu'à lui en être douloureux. Elle devait y aller. Rentrer dans son appartement. Tout de suite.

Ses pas la menèrent jusqu'à la grande bâtisse qui l'abritait depuis plusieurs années. Les briques rouges semblaient briller sous le clair de lune, comme un spectacle mystique. Sakura s'arrêta, les lèvres pincées. Un silence inquiétant régnait dans la ruelle. Le souffle court, la rose scruta la pénombre environnante, mais ne vit aucun signe ou mouvement sur la route déserte. De nouveaux spasmes jaillirent de son dos, l'avertissant d'un possible danger. En relevant sa tête, qui s'était abaissée sous les tremblements, ses yeux violets analysèrent le dernier étage, là où se situait son chez-soi. Les murs devinrent opaques et des myriades de couleurs tournoyèrent entre les couloirs. Des individus. Elle en compta douze.

Eh merde ! pensa-t-elle. Ils étaient là pour elle. Elle n'en comprenait pas encore la raison, mais elle ne s'arrêta pas sur ces détails. Sa survie passait en premier.

Lentement, elle avança jusqu'au perron, agrippa une marche, qui se souleva sans effort et en sortie de la petite trappe un long katana. Elle se munit d'un poing en fibre de carbone renforcé et de cinq Hira-shurikens, qu'elle enfonça dans sa ceinture de soin. Brandissant son sabre, elle évalua ses chances. Avec grâce, elle sauta sur le toit de la maisonnette voisine, se cacha dans un recoin et observa les entrées et sorties de la bâtisse qui était maintenant une arène de guerre. Dans sa chambre, là où se situait son balcon, se tenaient deux vigiles armés jusqu'aux dents. Des masques noirs dissimulaient leur visage. Elle ne prit pas un instant de plus pour réfléchir et se jeta dans la mêlée.

Cascadant le toit, elle atterrit avec souplesse entre les deux hommes. Le premier n'eut même pas le temps de faire le moindre geste avant que sa tête ne tombe par terre, sous la lame acérée de son katana. Le sang macula le visage du deuxième individu, qui empoigna un couteau, les yeux révulsés de rage. Il lui bondit dessus avec un cri de colère, alertant tous les soldats sur sa position. Sous la force de l'impact, ils défoncèrent la balustrade et s'écrasèrent si violemment sur la route qu'ils creusèrent une dépression dans le goudron. Sakura inspira brusquement pour reprendre de l'oxygène, du sang collant aux lèvres. Elle avait perdu son katana dans la mêlée. Il se trouvait à quelques mètres d'elle. Ses yeux papillonnèrent, encore sonnés par la chute. Avant d'amorcer le moindre mouvement, l'homme masqué propulsa son coude dans la gorge de Sakura, qui s'étouffa, puis se retourna pour la chevaucher. Un petit canif en main, la jeune femme enfonça la lame édentée dans la cuisse de son adversaire qui grogna de douleur et martela son poing dans sa mâchoire. Des bouts de peau partirent et il s'écrasa contre le sol, inconscient. La rose ne prit aucune chance et déchira son crâne de sa dague. Il ne resta qu'un corps visqueux et prêt à la pétrification. Son sabre de nouveau en mains, Sakura fit un 360 pour observer les lieux.

En relevant la tête, elle croisa le regard de trois hommes armés, leurs expressions à découvert. Ils chevauchèrent son balcon et atterrirent sur le sol, un sourire terrifiant déformant les traits de leurs visages. Encerclée de toute part, elle soupira.

La nuit sera longue.

Ils lancèrent l'offensive, un poing attaquant son visage, une jambe visant ses côtes et un couteau son épaule. Elle les évita avec grâce, tourna sur elle-même, son sabre bien mis en place entre ses jointures, et fondit sur eux. Le premier coup fut brutal, coupant le bras de son premier ennemi, qui poussa un énorme râle, glissant par terre et rampant comme un rat. Plantant la pointe de son arme dans le pied du second, elle enchaîna avec un uppercut dans l'estomac et sa petite dague dans la trachée. Le troisième en profita pour aplatir sa grosse massue contre sa tête. Elle vit des étoiles, se pencha vers le sol, déplia sa jambe et fit un 360, le fauchant rapidement. Ramassant son sabre toujours enfoncé dans le pied de son deuxième adversaire sans vie, elle trancha la gorge du dernier. La ruelle était détrempée de sang, mais elle était loin d'en avoir fini. Il en restait sept. Elle sauta, passa dans sa chambre et écouta les bruits alentour.

Il faisait sombre et humide. Étrange. Reniflant, elle détecta une odeur sur sa droite. Avant de pouvoir réagir au quart de tour, un couteau se planta dans son épaule, tranchant son deltoïde, lui arrachant un grognement de douleur. Le soldat sorti de l'ombre, un masque noir lui couvrant le visage, et lui balança un coup de poing en plein dans sa blessure récente. Sakura jura, puis bloquant la douleur à l'aide de l'éclat violet de ses yeux, elle se projeta contre son adversaire. Le mur ne résista pas sous la poussée de son mouvement et bientôt, ils atterrirent dans la salle de bains. Les doigts enfoncés autour de la gorge de l'homme, Sakura lui cracha dessus et le propulsa contre le lavabo, lui fendant le crâne. Le corps sans vie, la jeune femme se força à détacher ses ongles de sa proie. Elle inspira violemment, ébranlée, et un mal de tête vrilla son cerveau, si fort qu'elle en échappa des larmes.

Les ennemis jaillirent encore et toujours entre les couloirs, la cuisine, la salle à manger et le salon. Ils tombèrent tous, des shurikens entre les deux yeux ou des membres en moins, sanguinolent, et la bouche ouverte d'agonie.

La scène devant ses iris équivalait à un film d'horreur. Du sang dépeignait les murs, des corps sans vie qui s'accumulaient dans chaque allée et pièce. Sakura sentit sa trachée brûler sous le dégoût. Elle était un monstre. Elle venait de tuer sans merci, et n'éprouvait pas le moindre remords à l'égard des assassins venus la chercher.

Il n'en restait plus maintenant. La cavalerie ferait bientôt son apparition pour finir le travail inachevé. Sakura savait que peu importe les troupes envoyées, elle ne se soumettrait pas facilement. Les spadassins avaient perdu et n'avaient pu permuter leurs desseins quant à sa personne. Les mystères de cette attaque demeuraient nébuleux et incertains, mais Sakura se promit de découvrir ce qui se tramait.

Alors, elle s'enfonça contre son canapé, seul vestibule encore vivant de l'assaut de ses adversaires, et ferma les yeux pour se ressourcer. La radiofréquence dans son appartement jouait en écho Atlas : Hearing de Sleeping at Last. La mélodie vibrait dans chaque recoin de la pièce, reflétant le passé sombre et tragique de la jeune femme. Elle y voyait des membres de sa famille, les yeux alanguis de douceur. Une touche de sang, écarlate et ravageuse, asphyxiait le tableau de noirceur âpre. Le vide enrayait de nouveau son esprit. C'était son échappatoire, d'oublier. Mais chaque instant plongé dans l'obscurité la renvoyait vers l'éclat de leurs yeux. Ses parents et sa sœur. Sakura inspira, muselant ses émotions saturniennes. Sa blessure lui faisait mal, mais elle serra les dents. Elle ne voulait pas se guérir tout de suite. Elle avait besoin de vivre cette douleur. Encore un peu. 

— Eh bien, c'est tout un bordel ça, Sakura, ricana une voix rocailleuse.

Sakura rouvrit ses orbes de jades et fronça les sourcils. Elle n'arrivait pas à mettre un nom sur le timbre de voix du nouvel arrivant. Pourtant, il lui disait quelque chose. Son cerveau tournait avec lenteur. Elle avait probablement perdu trop de sang. Un rire mélancolique s'échappa d'entre ses lèvres.

— Si tu viens me tuer, fais-le maintenant, chuchota-t-elle.

— Te tuer ? Non, non, je ne crois pas. J'ai une bien meilleure mission pour toi. Fin, je ne m'attribuerais pas tout le mérite de cette attaque quand même, ce n'est pas moi qui aie donné les ordres, mais quel délice de te voir abandonner aussi facilement. Je ne te croyais pas aussi lâche, Sakura.

— Lâche ? La rose soupira et balança sa tête vers le plafond, les yeux à moitié clos sous la fatigue. Peut-être. Mais pas déloyal, je ne peux pas en dire de même de toi, Haku.

Un grand rire tintinnabula dans le salon. Sakura grimaça sous le son. Haku était un soldat endurci, fort et dévoué pour la cause. Il restait un vaillant patrouilleur, effectuant toutes les tâches ingrates que lui confiait Tsunade. Depuis la dernière guerre, il s'était exilé et on ne l'avait plus vu. Sakura se demanda si l'histoire s'arrêtait seulement là.

— Dis-moi, Haku, es-tu encore en contact avec l'Hokage ?

Le concerné contourna le canapé pour l'observer, la tête penchée. Elle ne vit que ses yeux bruns sous son masque et ses cheveux noirs. Mais sa façon de lever ses mains et de croiser ses doigts ne faisait que confirmer ses doutes. Elle le reconnaîtrait entre tous. Il avait des manières de faire peu ordinaire. Ses missions sanglantes avaient réveillé des mouvements involontaires dans ses mains. Elles se contorsionnaient parfois, sans qu'il ne le veuille.  Grimaçant sous l'effort, Sakura se redressa, appuya ses petites menottes contre ses cuisses et tenta de se mettre debout, mais c'était sans compter de l'aide de son ennemi, qui aplatit sa grosse main contre son épaule. L'éclat argenté de la lune se refléta sur une seringue, dégoulinante de produit, qu'il enfonça violemment dans le cou de la rose.

Elle grogna.

Ses yeux palpitèrent. Une douleur fulgurante la fit se plier en deux. Elle eut vaguement conscience de la présence de Haku qui se penchait vers son oreille, pour lui souffler que le temps était venu, avant qu'elle ne s'étouffe, prise de haut-le-cœur, cherchant de l'air. Quand elle bascula vers l'avant, ses bras voulurent amortir sa chute. Tentant de se rouler en boule, Sakura garda la tête baissée, mais ses jambes se contractèrent et son crâne se releva brusquement. Son corps combattait la potion ingérée. Les secondes s'égrenaient et elle sut que si elle ne réussissait pas à résister au sérum, elle s'effondrerait, perdrait toutes ses forces et se réveillerait dans un cachot.

Pas question ! glapit sa conscience.

À travers la brume de douleur, la rose vit le visage de Haku face au sien et lut dans ses yeux toute sa révulsion et sa haine. Tombant à quatre pattes, recroquevillée sur elle-même, son dos se redressa et elle poussa un énorme hurlement, faisant ciller les oreilles de son ennemi et trembler les murs de la bâtisse.

— Merde ! Elle était censée réagir au sérum et dormir ! Putain !

Haku agrippa son couteau et cribla trois fois sa lame dans le ventre de sa victime, pour se protéger le temps qu'il trouve une solution. Se rappelant de sa trousse contre sa hanche, il l'empoigna, la sueur dégoulinant de son front, et s'empara de la deuxième seringue qu'il planta si rapidement dans la colonne vertébrale de Sakura, qu'elle ne vit rien venir, trop occupée à éructer de douleur, la tête enfoncée contre le plancher en bois. Elle se tortilla de souffrance, cracha du sang, convulsa quelques secondes, puis tout prit fin. La lumière laissa place à la pénombre et l'espoir se changea en terreur. Sakura sombra dans les ténèbres de son cœur.

Le temps était venu, le Maître avançait et personne ne pourrait l'arrêter. Pas même elle.

Il avait failli dans sa tâche. Ça faisait plusieurs jours qu'il suivait à la trace la jeune femme à la chevelure noire. Kyra. Elle éveillait un tel doute quant à ses intentions que c'en était insoutenable. La méfiance restait de mise et pourtant, il avait échoué. Il avait fallu qu'il se laisse berner par un passant dans une ruelle pour qu'il perde sa signature olfactive.

Shikamaru était un des meilleurs dans son domaine. Traquer et taillader des plans de toute pièce. Et voilà où il en était aujourd'hui, à se mordre les doigts sur l'appel qu'il venait de passer. L'inquiétude le foudroyait de toute part. Il ne faisait aucunement confiance à la nouvelle femme arrivée à Konoha. Il n'était pas né de la dernière pluie. La couverture de Kyra, consistant à se faire passer pour la copine de Sasuke, était plus que fragile et naïve. Il avait su percer ses travers et expressions faciales plus d'une fois. Mais trop rarement. Elle était douée pour absoudre ses émotions.

Alors, il l'avait suivie, et quelle fut sa surprise en découvrant que cette peste fourrait son nez dans l'habitation de Sakura ! Elle ne mentait pas en affirmant travailler pour le compte de Tsunade. L'Hokage conférait des ordres plus que biscornus ces temps-ci. Mais des décisions difficiles et radicales étaient toujours prises lors d'évènement incoercible. La présence de traître avait de quoi faire pression sur les épaules de n'importe qui. Seulement, Shikamaru n'arrivait pas à enlever son sentiment dérangeant d'oppression lorsqu'il se trouvait dans la même pièce que la chef du village. Son instinct lui dictait qu'il y avait anguille sous roche, mais il n'arrivait pas à voir d'où pouvait venir la menace. De l'intérieur ? D'un ennemi pas encore connu ? D'un groupe d'individus malfaisant enfoui autrefois dans les décombres ? Trop de possibilités venaient nuire son jugement et sa capacité de mettre en place des plans concrets.

Alors, il avait suivi son sixième sens et en quittant le logement de l'Haruno, il s'était emparé de son cellulaire pour lui passer un appel. Il l'avait averti d'un danger, mais l'interférence avec son appareil semblait troubler son timbre de voix et ses paroles. Croisant les doigts, il s'était dit qu'elle comprendrait que quelque chose clochait.

Nul ne pouvait prévoir qu'à la suite de la découverte de Kyra, un groupe d'assassins attendrait aux portes de l'appartement de la fleur. Du moins, Shikamaru quant à lui n'en savait rien.

Avant ce matin.

Le silence mortel dans la place centrale de Konoha avait aiguisé ses sens, puis enfin un attroupement à l'interjonction d'une ruelle vint confirmer ses soupçons. La grande bâtisse qui accueillait le logis de la rose était dévastée, les barricades pendaient comme des corps sanguinolents de douleur et d'énormes sillons s'étaient formés dans le béton. Et c'était sans parler des dégâts à l'intérieur de l'appartement. C'était méconnaissable. On aurait dit qu'une guerre s'était déclenchée entre ses murs.

Shikamaru avait compris.

Kyra avait dû rapporter un bien. Une chose qui aurait incriminé Sakura Haruno. Mais comment ? La jeune femme n'était en rien une scélérate. Qu'elle était donc la raison de cette arrestation à des vues presque meurtrières ?

— Shino et Tayuya... Et maintenant, tu me dis que Sakura pourrait être emprisonnée sans qu'on ne le sache ? Konoha commence vraiment à tourner sombre... grogna un homme aux cheveux bruns et aux tatouages barrant ses joues.

Shikamaru se trouvait en présence de ses deux amis et fidèles camarades de combat. Attablés dans un restaurant, à quelques croisements de l'immeuble dévasté, les trois individus conversaient sur les enchaînements d'évènements chaotiques répertoriés ces dernières semaines. Kiba, qui avait pris la parole, se tenait tête penchée, les paupières à moitié closes, semblant presque porter la misère du monde entier sur ses épaules. Une voix pourfendit l'air, débordant d'une frénésie et d'une âpreté colérique.

— Si Tsunade pense que Sakura est un rescapé, autant me mettre la corde au cou ! Et s'ils croient la garder prisonnière longtemps, ils se fourrent le doigt dans l'œil. Donnez moi quelques heures de plus et leurs têtes se retrouveront sur des piquets, avec pour seul trait, une grimace d'horreur et des yeux brûlés !

— Calme-toi, Naruto, souffla Shikamaru, tentant d'apaiser son ami. Je comprends ta colère et ton indignation, mais...

— Non ! Tu ne comprends pas ! Autrement, tu ne me demanderais pas de me calmer. Le sang a coulé, tu l'as vu dans son appartement, son sang. Les personnes qui ont osé toucher à un de ses cheveux méritent de pourrir en enfer...

— Naruto ! grogna Kiba en empoignant le collet de sa chemise. La colère ne mène à rien pour le moment, ce n'est pas comme ça que tu vas la sortir de cette galère. Il faut réfléchir avant d'agir.

— C'est vrai que ça a bien fonctionné de ton côté avec Tayuya, renchérit avec froideur le blondinet. Je ne resterais pas les bras croisés, ça je peux vous l'assurer.

Il se releva, les défia du regard, les membres tremblants de rage.

— Sakura est tout pour moi. Elle est la seule famille qu'il me reste, Naruto cilla sous l'émotion et la rage. Je me battrais pour sauver les miens. Toujours. Et c'est ce que je vais faire aujourd'hui. 

Se détournant, les poings serrés à s'en faire blanchir les jointures, il amorça ses premiers pas vers la sortie. Shikamaru fit crisser les pans de sa chaise en se relevant, alertant Naruto, qui se retourna pour l'analyser.

— Peu importe ce que tu prévois faire, je veux t'aider. Je me sens coupable, j'aurais dû me douter que quelque chose clochait et aller la prévenir en personne. Au lieu de cela, elle a combattu toute seule et se retrouve maintenant enfermée derrière des barreaux par ma faute.

— Ce n'est pas de ta faute, répliqua Kiba debout à son tour et en apposant sa grande main contre l'épaule de son ami. Tu ne pouvais pas prédire l'inimaginable. Personne ne le pouvait.

Il y eut un instant de silence. Très bref.

— Il doit y avoir une raison à cette arrestation, j'en suis persuadé. Mais il n'en reste que les habitants de Konoha méritent de savoir les torts qui ont été faits. Et Sakura aussi. Être enfermée sans connaître ce qui nous est reproché, c'est horrible.

Les trois hommes hochèrent la tête dans un commun accord. C'était décidé, tous prenaient part dans l'aventure et la lutte pour Sakura.

— Ne faisons pas les imbéciles en nous jetant dans la mêlée comme des enfants assoiffés de rage. Établissons un plan, ensemble, clama Shikamaru.

— On t'écoute, rétorqua Naruto, ses orbes azuréens fixés sur le brun à la chevelure haute.

Le chef de la troupe sourit narquoisement, son sourcil se relevant et mettant de l'avant sa cicatrice blanche.

— Ils s'attendent à une riposte et nous allons leur en donner une.