Les Trois Maisons
Bientôt, Cassiopée se cassa la gueule. Elle se cassa la gueule, décrochant a n'en plus pouvoir des ballons colorés, atterrissant de manière pas vraiment grâcieuse sur une étendue verte et sucrée. Se relevant, elle constata l'étrangeté du paysage. C'était un bois comme il y en avait de partout, mais voilà ; il y avait quelque chose étonnamment bizarre dans ce bois. Et pour ne rien arranger, elle commençait à avoir faim.
"Mais quelle idée de se suspendre a des ballons, un jour de plein vent et sans aucune idée d'où ils vont !
De plus, je vais être en retard pour terminer ma punition ! Ah, Cassiopée, quelle belle sotte tu fais !"
Elle soupira, et voulut sangloter. Mais contre toute attente, elle surpris une gerbille vêtue d'un gilet rouge disparaître entre les feuillages.
"Comme c'est étrange !" pensa alors Cassiopée.
Faute de mieux, elle décida de suivre la gerbille au costume particulier. Ce curieux rongeur au airs embourgeoisé pourrait peut-être lui indiquer le chemin de sa maison. Au final d'une courte promenade, Cassiopée finit par atteindre une clairière, et se retrouva entourée de maisons faites de différentes sortes de nourriture. Il y avait de gauche a droite une maison faite de panais, une maison faite de gommes de fruits, une maison faite de beignets et une maison faite entièrement de gelée ! Cassiopée pouvait sentir son ventre gronder. Le fait de regarder les déconcertantes bâtisses ne l'avait pas aidée à apaiser sa faim.
Elle appela :
"Bonjour ! Il y a quelqu'un ?"
Personne ne répondit.
Cassiopée regarda le toit de la maison la plus proche et se demanda s'il serait impoli d'en manger la cheminée. Il fût bien évident qu'il aurait été impoli de manger la maison toute entière d'autrui, mais peut-être serait-il plus acceptable d'en grignoter un petit bout en cas de besoin. Les propriétaires le comprendraient t'ils au moins.
Au moment de la réflexion prête a l'exécution, trois petites gerbilles argentées se précipitèrent en sa direction sur un sentier de l'autre côté de la clairière. Cassiopée reconnut celle qui portait le gilet rouge qu'elle avait aperçue plus tôt, à l'orée de ce bois.
"Bonjour, grosse fille !" Adressa tout d'abord une gerbille habillée d'une redingote faite en laine et plume de paon, incrustées d'émeraudes aussi scintillantes que les reflets d'une rivière.
"Hé ! Je ne suis pas grosse ! J'ai l'honneur de faire 30 kg pour mes treize ans ! D'autres n'en font pas assez."
"Bonjour maigre fille !" Corrigea la gerbille.
"D'où viens-tu ?" Fit la seconde gerbille, qui portait une robe bleu nuit en satin de soie ornée de dentelle noire.
"Oui, d'où ?" Parla la gerbille au gilet rouge.
"Je viens de Saint-Prunier-Morne-sur-Blasant. "
"Voilà un nom funeste, petite !"
"Petite, petite, à tu faim ? l'on entend d'ici les gargouillis de ton estomac ! C'est fort désagréable comme bruit" Coupa la gerbille à la robe.
"Oui, bien vue, j'ai très faim."
Les trois gerbilles se regardèrent toutes ensemble, avant d'entamer des messes basses. Se retournant vers l'enfant, elles acquiescèrent comme un personnage cartoonesque fort fier d'un nouveau mauvais coup, pas bien drôle mais avantageux pour le bénéficiaire.
"Dis-moi petite, cette broche à ta veste, consentirai-tu a nous l'offrir ?"
Cassiopée porta une main à sa veste en laine grise, ou était accrochée une jolie broche en or, ornée de perles d'un blanc pur. Cette broche était un cadeau de sa mémé, un porte chance qui jamais ne la quittait ; et servirait les jours de fin de mois, lorsqu'elle partirait étudiée en grande ville.
"Je ne peux, le cadeau de ma mémé vous voyez ?
-Mais nous, nous voulons cette broche. Enfant, tu sembles perdue. Nous les gerbilles sont de vraies boussoles, tu sais ? Nous te lançons un défi: si tu gagnes, nous te donnons l'indice pour retrouver ton chez-toi, mais si tu perds, alors tu donnes ta belle broche! De coutume, nous te laissons choisir ton défi."
Cassiopée réfléchit un instant, son regard se portant sur les quatre maisons de nourriture appétissantes. L'idée germa en elle comme les racines d'un arbre en terre printanier, ou la moisissure dans une baignoire trop peu lavée.
"Bien, je veux que chacun de vous réussisse à manger une de ces maisons, si l'un réussit, je lui donne la broche et me débrouillerait pour rentrer !"
La troisième gerbille regarda la maison faite de gomme de fruits et dit : "Pas de problème, je pourrais même manger deux maisons si je le voulais !" Les deux autres gerbilles regardaient alors pendant que la gerbille au gilet rouge mettait son bavoir et retirait de sa poche un couteau et une fourchette.
"Je vais manger toute cette maison", dit-il. "Tu n'as qu'à regarder, Petite, comme je suis fort pour cela ! Tu n'auras plus aucune chance, et ta jolie broche sera à moi."
La Grosse Gerbille retira un coin de la porte d'entrée de la maison fait de gommes aux fruits. Il l'avala, souriant, puis retourna en chercher d'autres morceaux.
Et plus encore il en gobait.
Et plus encore il en gobait.
Finalement, la gerbille a commencé à grossir - juste un peu au début. Mais après avoir avalé quelques morceaux de gommes aux fruits, elle grandi jusqu'à atteindre la taille d'une grosse boule de neige - et était tout aussi ronde.
"Euh... Je ne me sens pas très bien", déclara la gerbille au gilet rouge.
Soudain, elle se mit à rouler doucement sur le côté. Elle était devenue si ronde qu'il lui était désormais impossible de tenir en équilibre !
"Au secours !" s'écria-t-elle, en descendant une pente dans la forêt, disparaissant au travers des arbres, le bruissement des buissons et le bruit sourd de sa chute sonnant son échec.
Il ne restait donc plus que deux gerbilles à vaincre pour Cassiopée, qui ne voyait pas comment s'en sortir si elles s'avéraient d'avantage voraces.
"Bien, à mon tour désormais !" Fit la gerbille a la redingote de plumes de paon. "C'est la maison de panés que je vais dévorer, car il s'agit de ma nourriture préférée. Petite, je ne peux que te battre, et cette broche me reviendra de droit !"
La seconde gerbille s'avança triomphante vers la maison de panais, et commença prestement à en dévorer des morceaux entiers avant de tomber raide sur le sol. Car la seconde gerbille adorait les panais, mais voilà, cela n'empêchait que les panais de cette maison-ci avaient tous pourris, frappant la gerbille a la redingote de plumes de paon d'une somptueuse intoxication alimentaire, la laissant perdante de cette seconde manche.
Ce fut à la dernière gerbille, celle à la robe, de concourir. Observant les maisons restantes ; celles de beignets et de gelée, un soupir s'échappa de sa petite truffe rose.
"Oh, non...
"Plaît-t 'il ?" S'empressa de demander Cassiopée.
"Voilà qu'on me laisse les deux pires choix. Je ne peux manger la maison de beignets, vois-tu, car cela ne serait pas bon pour ma ligne, et je ne pourrais plus entrer dans ma belle robe ! Et je ne puis me résoudre à gouter à la maison de gelée, car cela me donne un grand mal de tête !"
La gerbille renifla en direction de la broche de Cassiopée, puis se resigna d'un mouvement de patte.
"Va, garde ta broche, je n'en veux plus guère. Il était futile de faire des idioties pour une chose avec si peu d'intérêt, je l'ai bien compris. Prend ce conseil : Pour retrouver ta maison, file toujours droit au nord de cette île."
Et, sur ces paroles, la dernière gerbille s'en alla, laissant Cassiopée victorieuse de gardée sa broche, et sur précieux conseil de retrouver sa maison et son coloriage magique. Cassiopée entreprit donc, l'esprit un peu plus guilleret après avoir croqué un bout de la maison de beignets, de reprendre le chemin de son chez-soi.
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