Dix-huit ans.

La majorité arrivait vite, et c'était le cas d'Hisae aujourd'hui. Dix-sept janvier, en pleine soirée avec de l'alcool, Hisae s'amusait comme un fou. Il était enfin majeur, et il avait eu pas mal de cadeaux d'anniversaire. Sa mère lui avait laissé la maison pour le week-end, et Adiel avait préparé la fête.

Il se sentait vraiment heureux.

Clint était bien évidemment présent, tout comme Enzo et la fête battait son gré. Hisae se déhanchait tout contre son homme, appréciant bouger des fesses, et sachant pertinemment que Clint n'avait d'yeux que pour lui.

Le temps passait si vite.

— L'alcool me donne des ailes... murmura Hisae.

Il dansait face à Clint, le regardant droit dans les yeux. On pouvait presque dire que c'était la scène mythique du slow.

— J'ai envie de te dire à quel point je suis fou de toi, il rit nerveusement. J'ai aussi envie de dire que j'ai envie d'aller loin avec toi, que j'ai envie de vivre avec toi que... beaucoup trop de choses.

Clint eut un coup de stress durant cinq petites secondes, avant de se reprendre. Il n'avait jamais eu une aussi grosse relation. Du moins, pas une qui nécessitait de parler d'emménager ensemble. Finalement il sera juste l'adolescent contre lui, cela ne servait à rien de penser à cela maintenant. Il fallait juste profiter au jour le jour.

Du moins pour le moment.

*

C'est parce que le temps passait vite, qu'Hisae se retrouvait face à son téléphone, à la mi-mai. Beaucoup trop de choses s'étaient passé depuis. Il avait fait de nombreuses soirées, des soirées où il avait été sobre, puis d'autres où il avait fini très mal, vomissant sur le sol.

Il avait profité.

Il avait fait l'amour avec Clint, parce qu'ils adoraient ça, d'autant plus après qu'il ait fait un test de dépistage qui s'était révélé négatif. Dans l'élan, Hisae en avait aussi fait un, tout aussi négatif que celui de son homme. Alors depuis, ils s'adonnaient au sexe un peu partout. En soirée, après les fins de restaurants, en journée, dans la voiture. Et ils avaient beau le faire et le refaire, ils ne s'en lassaient toujours pas.

Parce que Clint trouvait le corps d'Hisae parfait, parce qu'il adorait voir les suçons maculés la peau du plus jeune.  Parce qu'Hisae avait découvert le sexe d'une autre manière, qu'il avait pu prendre Clint à sa guise. Parce que Clint avait aimé voir Hisae prendre autant son pied.

Et malgré qu'Hisae ait aimé le prendre, il préférait toujours être pris.

Quant à lui, Clint, il s'était donné dans sa troisième année de licence, il voulait passer au master. Il s'était bien débrouillé, il avait fini ses partiels et attendait le verdict. Ces derniers mois l'avaient aidé. Son amour  grandissant pour Hisae lui avait fait chaud au coeur. Il lui semblait que tout s'arrangeait. Ses parents étaient redevenus aussi complices qu'avant, et Azelle avait retrouvé un petit sourire. Clint avait dû aller à son collège, parce qu'un groupe de fille lui faisait la vie dure.

Alors il avait joué son rôle de grand frère, et il leur avait bien dit de ne pas toucher à sa soeur, ou sinon... non,  valait mieux ne pas savoir.

Clint s'était un peu assagi. Avec l'aide d'Hisae, il s'était rendu compte qu'il réagissait parfois avec beaucoup trop de violence physique. Alors il allait d'autant plus à la salle de boxe pour se défouler.

Adiel s'était relevé. Grâce à Enzo, il avait retrouvé son sourire, il assumait pleinement sa bisexualité et ça n'avait pas été chose facile. Enzo était aux petits soins, lui faisant des choses romantiques à l'italienne. Ils avaient même prévu de partir faire un petit voyage rien que tous les deux à Rome.

En un bref résumé, tout était allé bien. Et ça avait fait un grand bien à Clint. Il s'était senti heureux. Il avait l'impression d'avoir trouvé un équilibre dans sa vie, qu'il n'avait jamais eu.

Cet équilibre avait un nom : Hisae.

Il y a quelques mois, il aurait ri si on lui avait dit que sa vie serait meilleure grâce à une seule personne. Mais c'était néanmoins la réalité. Il avait été d'autant plus heureux lorsqu'à ses vingt et un ans, sa mère et son père s'étaient démené pour lui offrir une BMW flambant neuf, vendant l'autre par la même occasion. Grises anthracites, elle était resplendissante et elle ronronnait comme il l'aimait.

Mais en plus de cela, Hisae s'était cotisé pour réserver une nuit dans un hôtel un peu huppé dans Paris. Clint n'aurait pas pu rêver mieux... Une chambre magnifique avec un petit balcon donnant sur les rues parisiennes la nuit. Des petites pétales de roses avaient été parsemés, comme lorsqu'ils avaient été au chalet.

Le room service leur avait servi du champagne et un plat digne de ce nom. Hisae avait revêtu ses plus beaux vêtements, un t-shirt orange pastel, et un short noir, moulant ses jambes. Il avait bien sûr mis... sa belle culotte en dentelle, offerte quelques mois plus tôt, à Noël.

Ils avaient fait l'amour dans chaque pièce. Ils avaient pris le temps de savourer les sentiments et les sensations. Clint avait pris le temps de caresser et de complimenter son amant, et Hisae avait pris le temps de le faire à son tour. Ce n'était pas que du sexe, c'était devenu une réelle danse. Elle jonglait avec les regards, les mains, les sons... tout s'harmonisait, parsemé de « je t'aime ».

C'était devenu fleur bleue. Ou presque.

Parce que aujourd'hui, Hisae regardait ses résultats sur parcoursup. Il fit une tête dépitée. Il avait été refusé à tous ses premiers choix, qui étaient à Paris, soit l'École des beaux-arts de Paris et l'ISEA. Il restait néanmoins un vœu en attente pour Paris, et ce n'était que l'École de Condés. Elle était aussi en attente pour Bordeaux, mais en revanche, il avait été accepté à Lyon.

Il était aussi en attente sur les BTS art appliqué à Paris, mais avait été accepté à un qui se trouvait à Lyon de nouveau.

En bref, ce n'était pas des bons résultats. Il aurait dû se réjouir d'avoir été accepté à l'école de Condés à Lyon, ainsi qu'au BTS, mais lui, il visait l'École des Beaux Arts ou bien l'école de Condé de Paris !

Il avait littéralement envie de pleurer. Était-il si nul que ça ? L'instant d'après, la vibration de son téléphone le sortit de sa torpeur. Ce n'était autre que Clint lui-même.

De Clint : Alors bébé ? Ces résultats ?

Hisae posa son téléphone à côté, n'ayant pas envie de lui répondre. Pour lui répondre quoi ? C'est foutu je vais peut-être aller à Lyon ? Loin de toi ? Il soupira. Ce fut sa mère qui entra en première dans sa chambre.

— Alors ?

Puis il regarda l'air dépité de son fils et s'assit à ses côtés. Elle le prit dans ses bras.

— Tes premiers choix ont été refusés...?

Hisae n'eut d'autre choix que de hocher la tête, puis il passa son téléphone à sa mère pour qu'elle puisse regarder.

— Mais tu as été pris à l'école de Condé de Lyon ! C'est bien ça non ?

— Maman ! C'est à Lyon ! Je ne voulais pas partir de Paris.

Louise fit la moue. Elle comprit que cela avait quelque part, un lien avec Clint. Louise murmura qu'il devait se poser et prendre le temps de réfléchir, parce que parfois, ces choix qui sont différents de ceux de bases, sont bons pour nous. Lorsque Adiel sut, il dit à Hisae qu'il l'avait prévenu, et qu'il aurait dû en parler à Clint plus tôt. Pourtant, Hisae resta têtu comme une mule. Il voulait d'ailleurs pour le moment, ne rien dire et faire son choix sans être influencé.

Et quelque part, il avait raison. Mais Clint se devait d'être au courant...

Au bout d'une semaine, proche du bac et après avoir répondu à Clint que pour le moment « ce n'était pas satisfaisant », il décida de faire appel à Enzo.

Ce dernier accepta de faire une pause dans ses révisions de baccalauréat et décida d'écouter ses options, assit sur son lit. Hisae remarqua alors les suçons sur son cou.

— Ben dis donc... il est pire que moi mon frère...

— Ah ! Laisse tomber, c'est devenu son nouveau passe temps favori... de me bouffer le cou.

Hisae gloussa, puis commença à expliquer son dilemme. Enzo fut de bon conseil. Il lui conseilla alors d'attendre un peu de voir si quelque chose se débloquerait à Paris, mais qu'il devait voir au-delà et commencer à choisir entre l'école ou le BTS à Lyon.

Cela prit la tête à Hisae. Mais pourtant, il « oublia » bien vite, prit par ses révisions et par ses épreuves du bac. Il les passa une à une, il sentait qu'il avait réussi, sauf pour ce qui était de la philosophie et de l'histoire. Parce qu'il avait énormément de mal avec les compositions en histoire, et parce que la philosophie était assez subjective.

D'ailleurs, sur cette épreuve, il avait gardé la tête en l'air, pensif, mangeant sa barre au chocolat. Au final le chocolat lui avait donné l'inspiration.

Il était ressortie de la salle, assez satisfait. Le mieux, ça avait été les mathématiques, il avait géré, il le savait mieux que personne.

Le stress accumulé des épreuves était tombé le vendredi au soir, et il se sentait si bien ! Il avait enfin fini les épreuves, et il allait enfin quitter le lycée. Il était aussi content que nostalgique, ça dépendait. Mais il retourna bien vite sur terre, se souvenant de parcoursup. Quelle plaie. Un délai de cinq jours pour choisir, puis ensuite de trois jours.

Il soupira. Ses placements n'avançaient pas énormément sur les choix à Paris. Il commençait vraiment à réfléchir sur l'école de Condé à Lyon. Il était sûr de choisir l'école vis-à-vis du BTS. Mais il avait peur de choisir l'école, et puis de voir un choix de Paris lui passer sous le nez.

Il devait en parler avec Clint.

Alors quand ils arrivaient en juillet, aux résultats du bac, et qu'il n'avait toujours pas eu de nouvelles sur ses vœux à Paris, il décida d'opter pour l'école à Lyon.

Il arriva au lycée où ses résultats attendaient, accompagné de son frère, d'Enzo, de Clint et de la famille d'Enzo.

Beaucoup de lycéens attendaient l'heure fatidique pour se jeter sur les murs, regardant leurs résultats. Et Hisae stressait plus que tout au monde. Quand ils ouvrirent les portes, il laissa passer le gros amas de lycéen et arriva à la suite, avec Enzo. Ils prirent leur temps, et finalement, ils virent leur mention.

« Hisae, admis mention bien »

Un soulagement le pris aux tripes. Enzo avait même eu la mention très bien. Ils se sautèrent dans les bras en hurlant comme des enfants. Hisae sauta dans les bras de sa mère, avant de faire de même avec Clint, l'embrassant pleine bouche, lui lançant un « je t'aime ».

Clint avait eu lui aussi, sa licence. Et il était en pleine procédure pour s'inscrire à son master. Tout le monde semblait heureux, à part Hisae qui n'avait pas eu ses premiers choix. Il se crispa soudainement et Clint le sentit instantanément.

— Il faut qu'on parle... dit doucement Hisae.

Cela mis un coup de stress à Clint, qui face à tout ce vacarme, ne savait pas s'il devait avoir peur ou non.

— Viens, on retourne près de ta belle voiture, il y aura moins de bruit.

Le ténébreux suivit Hisae jusqu'au parking et ils se postèrent juste à côté de la voiture. Clint attendit patiemment, essayant de ne pas stresser pour rien, ce n'était pas son genre.

— Je... tu sais, je t'ai dit que les résultats parcoursup n'avaient pas été satisfaisants ?

Clint hocha la tête, certain de commencer à comprendre.

— C'est pire que ça... j'ai été refusé à mes premiers choix sur Paris... les autres sont en attente mais j'ai peu d'espoir. J'ai en revanche, été pris à l'école de Condé de Lyon... Je... j'ai beaucoup réfléchi, et je pense que le mieux pour le moment, si je n'ai pas d'autres propositions, d'accepter cette école.

La mâchoire de Clint se serra, et il plissa les yeux, tentant de contrôler une soudaine colère. Il était en colère contre tout le monde. Mais surtout envers Hisae, parce qu'il ne lui avait rien dit de tout cela. Clint pensait qu'il aurait pu digérer la nouvelle différemment s'il l'avait apprise plus tôt.

— Et tu ne me dis ça que maintenant ?

Clint ferma les yeux et se massa les tempes.

— Encore une fois, je t'ai fait confiance. Je me suis dit que tu me parlerais si tu devais faire des choix difficiles ! Mais non ! Tu me préviens que maintenant, au dernier moment j'ai envie de dire !

Il ne pouvait pas vraiment en vouloir à Hisae, parce que c'était difficile comme choix. Il ne les avait pas vraiment choisis. Mais Hisae aurait pu lui dire plus tôt ! Clint avait du mal à se dire que son homme allait partir loin de lui, à Lyon. Qu'il ne le verrait probablement, ou seulement en vacances.

— Je n'ai pas vraiment choisis...

— Si, tu pouvais choisir de me le dire dès le début, quand il y avait possibilité que tu ailles à Lyon plutôt qu'à Paris. Je veux dire, tu m'as uniquement dit que tu postulais à Paris !

L'esprit du ténébreux s'embrouillait tout seul. Il soupira de déception. Il se rendit compte qu'il venait probablement de gâcher la journée d'Hisae. Mais en parallèle, ce dernier lui avait gâché la sienne.

— Ça ne sert à rien de parler maintenant je pense... je vais rentrer chez moi. Bonne journée et profite. Lança Clint sans entrain, puis il monta dans sa voiture et partit du parking.

Hisae qui gardait le silence, se prit la tête entre ses mains. C'était peut-être vrai qu'il aurait dû lui en parler avant, mais il n'avait aucune envie de se disputer avec lui...

Est-ce que Clint allait accepter une relation à distance tout compte fait ? La réelle question était là ! Mais est-ce que Hisae lui-même, allait supporter ? Il était beaucoup trop tactile, il avait besoin de réconfort, de câlins.

Ce fut dépité qu'il retourna près de sa famille. Adiel qui comprit, le prit dans ses bras dans un geste qui se valait réconfortant. C'était bête, mais il n'avait pas la tête à aller faire la fête ce soir...

*

Quelques jours plus tard, Adiel avait proposé à Clint de sortir boire un verre. Étant au courant de ce que vivait le couple ces derniers temps, il voulait changer les idées de Clint, et surtout, savoir ce qu'il pensait. Le ténébreux avait sauté sur l'occasion, et il avait accepté. Ils se retrouvaient donc tous les deux dans un pub cosy, en terrasse, prenant le soleil.

— Je n'arrive pas à croire qu'on arrive enfin au master, tous les deux...

Clint lui sourit, lui aussi en était très fier, et sa famille aussi par ailleurs.

— Comment tu... prends ce que t'as dit Hisae ?

Le ténébreux n'en voulait pas à Adiel de ne pas lui avoir dit. Après tout, ce n'était pas à lui de le faire et il n'était plus dans toutes leurs histoires. Il se crispa et grimaça, il prit alors une gorgée de sa bière.

— Je ne sais pas... je n'arrive pas à prendre assez de recul. Ça m'énerve tellement qu'il ne m'ait rien dit... j'ai l'impression de le voir me filer sous le nez... Il va certainement partir à l'École de Condé à Lyon et moi... je resterais ici. Je n'arrive pas à imaginer cette relation à distance.

Adiel soupira, il comprenait les deux partis. Il ne savait pas quoi dire. Puis finalement, après avoir pensé, il rit, attirant l'attention de son meilleur ami qui sirotait sa bière face au soleil.

— Sinon tu peux partir avec lui, dit-il, plus pour rire qu'autre chose.

— Quoi ? S'exclama Clint. Mais j'ai ma vie ici, ma famille, toi, c'est précipité.

Le châtain se reprit lui-même, conscient que sa proposition pouvait être prise au sérieux.

— Ce n'était pas vraiment sérieux tu sais ?

Clint haussa les épaules, la mine penseuse. Le calme de la discussion ne resta pas si longtemps, Kay et Polly débarquèrent en riant, prenant place à leurs côtés.

— Ça faisait longtemps ! lança Polly. On vient de vous voir, on s'est dit que ça serait sympa de venir. On devrait se refaire une soirée là !

Adiel rit en levant les yeux au ciel.

— On en a fait une il y a une semaine.

Clint rit à son tour, se souvenant de la soirée. Presque tout le monde avait fini par avoir la tête dans les choux, à force de boire et de danser. Par ailleurs, Adiel était passé à autre chose avec Enzo. Il ne voyait Polly plus que comme une grande amie. Cette dernière n'était toujours pas "stable" par ailleurs, elle allait de droite à gauche, ça lui convenait. Quant à Kay, il venait de rencontrer une jolie rousse, nommé Pauline, et pour le moment, le courant passait bien.

Le groupe d'amis continua à parler de chose toutes plus différentes les unes que les autres. Clint put se changer les idées, et ça lui fit un bien fou. Adiel expliqua au groupe qu'il partait pour Rome dans une semaine avec Enzo, et combien il avait hâte de visiter les beaux monuments, de découvrir les délices italiens... Et surtout, il allait entendre Enzo parler italien - quel rêve !

Et pendant toutes ces explications, Clint lui, pensait bel et bien à Hisae et à la proposition de son meilleur ami.

À Suivre...

Hey ! Comment vous allez ? Enfin on va pouvoir aller en vacances !! Bref comment vous avez trouvé ce chapitre ?

J'ai fais une ellipse, parce que je n'avais plus d'idée et que c'était nécessaire. J'ai essayé de la passer doucement. D'ailleurs, c'est l'avant dernier chapitre mes amies. Il y en aura encore un puis un épilogue et du bonus maybe.

Je suis hyper triste de vous dire que c'est la fin. Parce que ça fais un an et demi que je l'écris avec tout mon coeur. Je me suis attaché à Clint et Hisae, ils sont ma première histoire gay (et loin d'être la dernière) mais je sais pas, j'en suis un peu triste.

Je vous dis à la prochaine, bisous.

M - 🐊