Chapitre 17 : Intrusion








Le ténébreux soupira en sortant enfin de sa BMW, le voyage avait été affreusement ennuyant. Ni Clarisse, ni Hisae ne lui avait parlé, faisant planer une atmosphère atrocement lourde. Il claqua sa portière et prit la valise de la châtaine et lorsque ses yeux se posèrent sur elle, elle enlaçait chaleureusement le second brun. Clint leva les yeux au ciel, c'était terriblement pathétique, ils allaient se revoir, pourquoi paraissait-elle aussi triste ? C'en était désolant pour le ténébreux, ils allaient sûrement se voir cette semaine puisqu'ils étaient en vacances, donc pourquoi être aussi triste pour rien ! Il ne trouva rien d'autre à faire que de prendre son téléphone, beaucoup trop ennuyé par cette situation. La semaine de vacances était bien, quant aux deux voyages, ils avaient été catastrophiques. Clint ne savait pas pourquoi, mais à l'aller comme au retour, il avait eu le chic - il ne sait comment - de se mettre à dos Hisae et donc que celui-ci l'ignore. Qu'avait-il fait de mal hier ? Il se demanda le pourquoi du comment, puisque à part se confier, il n'avait rien fait, pas même lancer une pique. Une dizaine de minutes plus tard, Hisae revint enfin dans la voiture afin que le plus vieux le ramène chez lui. Clint voulait frapper quelque chose, à force de se faire ignorer de la sorte ou d'avoir un rapport proche avec l'adolescent, il allait finir fou - s'il ne l'était pas déjà-. Pendant un long moment, le ténébreux ne bougea pas, contemplant le ciel grisâtre qui menaçait à travers le pare-brise. L'ambiance était lourde, et il se rendit compte qu'il n'aimait pas ça du tout.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? Demanda alors de but en blanc Clint.

Hisae mit du temps à répondre puisque, en réalité, il n'avait rien fait de mal. Il appliquait juste les conseils de son frère et il voyait que cela marchait. Les yeux whiskys de l'adolescent cherchaient ceux du ténébreux, ils remarquèrent l'expression tiraillée du grand brun, il était à la fois ennuyé par le trajet, mais aussi ennuyé par le fait que le jeune homme l'ignore. Hisae voulait sourire puisque peu à peu, il voyait que le plus vieux commençait à baisser ses plus grandes barrières. Son coeur battait de plus en plus vite face à cet homme qu'il désirait tant et lorsque ses yeux gris orageux le regardèrent avec intensité, il dut se faire violence : parce que ses lèvres l'attiraient comme des aimants. Hélas, il ne pouvait pas y toucher, il le prendrait pour un fou.

— Je ne voulais pas me confier et tu m'as forcé.

— Quoi ? Tu te fou de ma gueule là ? Crie Clint à bout. Je-

Il se coupa tout seul. Clint allait finir par ne plus le voir du tout, le laisser de côté. Il s'était rendu compte qu'il était plutôt « néfaste », il ne faisait que se torturer, que faire des conneries et ça lui était insupportable. Le ténébreux soupira, pour une fois, ce n'était pas Hisae qui n'en pouvait plus.

Je me suis confié à toi ! Je n'aurais rien dû te dire compris ? Oublie tout et oublie moi tout court.

Il démarra enfin et il ne reçut aucune réponse du jeune homme. À quoi ça servait de se torturer l'esprit de cette manière alors que l'autre personne s'en fichait totalement. D'ailleurs, depuis quand il se torturait l'esprit ?Ça n'allait plus du tout, il était sans émotions et sans sentiment, ça ne devait pas changer, il devait rester de marbre. Il prit son air le plus froid en conduisant, lançant des regards noirs aux autres conducteurs. Lorsqu'il arriva chez Adiel et Hisae, il ne prit même pas la peine de descendre pour l'aider et d'ailleurs, l'adolescent l'avait bien compris. Aucune parole, aucun au revoir, rien. Clint démarra en trombe en ignorant totalement le regard au loin du frère de son meilleur ami. Il avait pris une décision, cela allait agacer Adiel profondément, mais c'était le meilleur moyen pour qu'il se remette sur le droit chemin : arrêter d'aller chez eux après les cours ou pour les soirées, n'importe. Le ténébreux arriva chez lui, sa mère et sa sœur l'attendait chaleureusement, et cela lui fit un grand bien. Il n'avouerait jamais qu'il aimait  l'affection que sa mère et sa sœur lui portait, mais cela lui était fondamentale. Ils passèrent le reste de la journée ensemble et le brun ignora totalement son téléphone pour ne pas être déconcentré par une certaine tête brune.

*

C'était simple, cela faisait quatre jours que Clint refusait catégoriquement d'aller chez son meilleur ami. Il avait ignoré n'importe quel message avec le mot « Hisae » dedans et puisque Adiel avait l'impression qu'ils étaient éloignés, il apparaissait beaucoup de fois. Quatre jours que le brun avait repris les cours à sa fac de droit, enchaînant les différents enseignements, de droit pénale, droit administratif, droit fiscal, droit international public... Concrètement, c'était très intéressant, mais Clint était blasé et il peinait à s'y investir vraiment. Il ferma son bouquin et parti de la bibliothèque universitaire vers dix-neuf heures. Le ténébreux bâillait durant son retour, il était fatigué par cette journée de cours, mais il savait qu'il aurait du mal à rattraper son sommeil. Comme à son habitude, il allait se réveiller et ferait tout pour se rendormir, mais il n'y arriverait pas et à chaque coup, il allait penser au frère d'Adiel. Pourquoi fallait-il qu'il soit dans ses pensées celui-là ? Il ne méritait rien de sa part. En arrivant chez lui, il mangea directement en compagnie de sa famille. Sa sœur Azelle lui remontait le moral en racontant toutes ses petites histoires de filles au collège. Mais, au fur et à mesure de la conversation, il décrocha, il était fatigué et n'avait qu'une envie, c'était d'aller dormir en espérant ne pas se réveiller. En arrivant dans sa salle de bain, il se déshabilla lentement en regardant son corps, ses yeux se baladaient sur sa peau pâle et légèrement abîmée. Il finit par se mettre sous la douche et ferma les yeux pour mieux savourer. Peu à peu, Clint se remémora cette semaine au chalet et plus il y pensa plus il remarquait quelque chose de fondamentale. Hisae s'était rapproché de lui en un temps record. Le ténébreux se rappelait qu'il avait au moins mis trois mois avant d'être « proche » d'Adiel. Le temps était beaucoup plus long pour tous ses autres amis. Comment se faisait-il que l'adolescent brun ait réussi à le toucher et à l'approcher aussi facilement ? Il soupira une énième fois avant de sortir se sécher pour aller dormir. Le brun traîna sur les réseaux sociaux, il ne pensa pas au frère d'Adiel et c'était tant mieux, il commençait complètement à devenir barjo. Il finit par poser son cellulaire sur sa table de nuit et s'installa confortablement pour dormir. Seulement, son portable vibra une fois. Le ténébreux ne bougea pas, se disant que cela pouvait attendre, mais il vibra une deuxième fois. Intrigué, il se demandait qui pouvait lui parler à vingt-trois heures du soir. Ses yeux s'écarquillèrent brutalement.

De Hisae : Clint...

De Hisae : Tu dors ?

Il fût abasourdi quelques secondes, il pensait que c'était la première fois que le jeune homme prenait l'initiative d'envoyer un message - à part pour la montre -. Cependant, le brun gardait son objectif en tête, il ne fallait pas se laisser avoir, il ne fallait rien changer et rester comme avant. Il répondit d'une manière qualifié de froide par message.

À Hisae : Qu'est-ce que tu me veux toi ?

Il posa de nouveau son téléphone, et il pensa aux cours qu'il avait demain. La bonne nouvelle était qu'il n'en avait que l'après-midi seulement, à son plus grand bonheur. Il allait pouvoir rester un peu au lit.

De Hisae : Oh... tu me fais la gueule ? T'sais j'suis désolé, euh...... je suis con voilà, oui c'est ça. C'est pas ma faute, c'est parce que j'ai du me cogner quelque part !

Le ténébreux fronça les sourcils, cette façon de parler - ou d'écrire - ne ressemblait pas à Hisae. Il le suspectait d'être un peu saoul, voir complètement bourré.

À Hisae : T'as bu ?

De Hisae : C'est possible... peut-être bien. Ça se voit tant que ça ?

Sur le coup, Clint voulut envoyer « t'es où, je viens te chercher » mais il se ravisa complètement, se disant qu'il était complètement fou de vouloir faire ça. Ses doigts tapotèrent énergiquement.

À Hisae : C'est bien Hisae t'es content d'avoir bu ? Tu sais ce que ça veut dire oublie-moi ?

De Hisae : Euh ouais ?

À Hisae : Alors qu'est-ce que tu piges pas ? Oublie-moi ça inclut de ne pas m'envoyer de message. J'arrête de répondre.

De Hisae : Quoi ? Mais...

Il éteignit son téléphone et se tourna dans son lit pour essayer de s'endormir. « Quel con ! » se disait-il. Il avait été clair, il ne voulait plus le voir, il devait se remettre sur le droit chemin pour y voir clair. Peu à peu, Clint se senti partir dans les vapes jusqu'à tomber dans le sommeil profond.

*

De légers bruits commençaient à réveiller le ténébreux qui dormait profondément pour une fois. Son esprit totalement embrumé, il ne se rendit pas compte que les bruits étaient en réalité des pas qui se dirigeaient vers sa chambre. Il pensait qu'il était fou et ferma de nouveau les yeux. Sa porte s'ouvrit silencieusement - pour une fois -, et les pas continuèrent leur avancé, ce qui fit grogner Clint sans qu'il ne soit réellement conscient. Finalement, la couette fut soulevée délicatement et la seconde qui suivit, un corps monta sur le lit, s'approchant dangereusement de celui du ténébreux qui commençait peu à peu à se réveiller réellement. Le corps brûlant se mit au-dessus du sien, soulevant la couverture, l'air qui passait lui donna la chair de poule sur son dos nu. C'est seulement lorsqu'une bouche se posa sur le bas de son dos et commençait à remonter doucement vers son cou, qu'il se réveilla pleinement, complètement stupéfait.

— Mais qu'est-ce-

— C'est moi.

Deux mots qui suffirent à raidir le corps du ténébreux. En effet, le doux parfum masculin qui parvint à ses narines lui confirma que c'était bel et bien Hisae qui était au-dessus de son dos, l'embrassant légèrement. Il sentait la vanille poivrée, c'était divin. Les douces lèvres du second brun frôlaient la peau de Clint, pour remonter vers son cou, lui déposant un baiser. Il posa sa tête et son souffle vint chatouiller la peau de l'autre. Clint voulut se retourner d'un seul coup pour l'envoyer balader sévèrement, personne n'avait le droit de le toucher ainsi ! Mais alors qu'il prit son inspiration pour le faire, il entendit un bruit qui le stoppa net. Un sanglot étouffé contre sa peau pâle et sensible. Ses yeux s'écarquillèrent, qu'est-ce qu'il faisait ici et comment diable était-il entré ?

— Tu pleures ? Demanda-t-il sur un ton neutre.

Il sentit une odeur alcoolisé, lui confirmant que l'adolescent avait bien bu. Clint était totalement pétrifié, il ne savait pas comment réagir, son objectif qui était de le faire dégager était bien tombé à l'eau... Seul le silence -presque total - lui répondit, alors qu'il essayait de se bouger de là pour récupérer le contrôle sur la situation, le jeune homme lui répondit enfin.

— J'ai pas aimé ce que tu m'as dit ! Je ne veux pas t'oublier et toi t'as pas intérêt à m'oublier pigé ?!

C'en fut trop, il le poussa et le bloqua contre le lit pour être au-dessus de lui, le dominant dans toute sa splendeur. En réalité, il avait du mal à rester insensible devant le visage meurtris pas les larmes du frère d'Adiel.

— Primo, depuis quand tu as autant d'assurance ? Deuzio, depuis quand tu me donnes des ordres ? Tertio, comment t'oublier alors que tu n'as jamais existé à mes yeux ?

Aussitôt sorti, aussitôt regretté. Il vit le visage d'Hisae se décomposer totalement, il voyait de ses propres yeux les larmes dévalées les joues du jeune homme en silence. Merde, pourquoi ça l'atteignait autant ? L'adolescent réussit enfin à s'extirper de la poigne, c'est en tremblant comme une feuille qu'il prit un paquet de cigarettes dans sa poche, ouvrit en grand la fenêtre et essaya au moins six fois d'allumer sa précieuse cigarette. Juste cette fin de phrase l'avait dévasté, il pensait déjà à laisser tomber, Clint ne serait jamais amoureux de lui, il le détestait bien trop. Sa main tremblait alors qu'il essayait de ne pas se brûler en changeant sa cigarette de main. Quant à lui, Clint était complètement dépassé par la situation. C'était totalement faux ce qu'il avait dit, plus il y pensait et plus il voyait qu'en réalité, Hisae était son point d'intérêt en ce moment, il ne pensait qu'à lui ou presque. Il s'approcha doucement du second brun et tenta de s'excuser.

— Je ne le pensais pas, désolé.

— Oh si ! Tu le pensais bien fort ! Répliqua aussitôt la voix forte et un peu tremblante du jeune homme.

Clint vit instantanément qu'Hisae fermait son poing avec force.

— Je dis toujours les choses que je ne pense pas comme si je les pensais... Comme quand j'ai dit que j'étais content de ne pas être ton père parce que tu es insupportable.

— Ne me parle même pas de mon père ! Me parle plus tout court et mêle-toi de ton cul, c'est ce que tu voulais non !

Il souffla une dernière fois la fumée avant d'écraser le mégot et de le jeter à la poubelle, devant les yeux abasourdis du grand brun. Décidément, il faisait vraiment tout de travers puisqu'il montrait tout l'inverse de ce qu'il voulait faire voir à Hisae. Le jeune homme commença à se diriger d'un pas assuré vers la porte de sa chambre et c'est à ce moment-là qu'il réagit. D'un coup de bras, il l'amena à lui et le pressa contre-lui avec force pour l'empêcher de riposter - c'était en réalité pratique d'avoir plus de force -. Il avait cette facilité à le toucher qu'il n'avait jamais eu avec quelqu'un d'autre. Sa tête s'enfonça dans le cou d'Hisae, respirant l'odeur vanille-poivrée et il resta comme ceci, alors que l'adolescent brun était dévasté par ses sentiments. Encore une fois, Clint s'en voulait d'être comme ça avec lui, il ne se souvenait pas qu'Adiel était autant comme ceci avant, à leur rencontre. Il desserra sa prise pour au final, se rendre compte que maintenant, c'était Hisae qui était attaché à lui. Le plus vieux fit abstraction de tout le reste, il n'avait pas été très malin en lui balançant tout ça à la figure alors que celui-ci était loin d'être sobre. Il savait que ça pouvait rendre pire que triste la personne - il l'avait déjà testé sur Polly et en avait payé les conséquences -.

— Tu fais quoi ici ? Demanda alors Clint.

— Je voulais te voir, parce qu'en étant un peu bourré, je pouvais te dire que tu n'avais rien fait la dernière fois, tu t'es confié et je me suis confié. J'avais honte d'être aussi faiblard devant toi alors je t'ai repoussé, tout est de ma faute.

— Oublie ça tu veux. Tu comptes faire quoi maintenant ?

— Euh... sûrement rentrer chez moi.

— Pas question, tu restes ici. J'ai la flemme de faire le taxi alors qu'il est trois heures du matin. Je dormais sérieusement... pour une fois que j'y arrive.

Il ne laissa pas le temps à Hisae de riposter, il lui donna des vêtements de nuit et se mit en boule sous la couette, ayant froid et grognant. Il savait qu'il allait encore regretter d'avoir en quelque sorte cédé à l'adolescent, mais tant pis, il vivait sa vie au jour le jour et tout était sous contrôle - du moins il essayait -. Quelques minutes plus tard, un corps brûlant de chaleur vint se coller à lui et il laissa faire, n'ayant pas envie de déclencher de nouveaux pleurs.

— T'as pas envie de vomir au moins ? Vérifia Clint au cas où.

— Non, tranquille.

Il soupira et essaya de fermer les yeux. Quelque part, avoir cette douce chaleur qui se rependait dans son corps chaque nuit pendant une semaine lui avait manqué. Il fallait dire qu'Hisae était une véritable bouillotte, et même quand ils étaient loin dans le lit, il pouvait sentir la chaleur écrasante. Le ténébreux ouvrit de nouveau les yeux, il avait oublié de poser une question fondamentale sur la présence du jeune homme ici.

— Mais... comment t'es rentré ici ?

— Euh... par le garage ? Il était ouvert.

Certes, il était ouvert, mais les seuls à le savoir étaient sa famille ainsi qu'Adiel et puisque Hisae ne parlait pas aux membres de sa famille, c'était forcément son meilleur ami le châtain. Il se promit de lui demander des comptes la prochaine fois qu'il le verrait : c'est-à-dire le lendemain. Il ferma de nouveau les yeux en sentant un sentiment de bien-être total qui le fit partir dans un sommeil de nouveau profond avec ce corps chaud contre lui.

À suivre
:

Coucou la populass ! Ça va bien ?

J'aime beaucoup ce chapitre parce qu'il y a un peu de tendresse vers la fin. J'aimais bien cette idée d'intrusion, de baiser dans le dos... Olala quand je relis les chapitres pour les corriger j'ai l'impression d'être au début de l'histoire parce que j'en suis bientôt au chapitre 30 et qu'il se passe beaucoup de chose.

Bon bon j'arrête de vous martyrisez, je sais qu'après vous avez trop hâte 😂

Mais bon dans les chapitre 19,20,21 il se passe des choses quand même. Puis après vint le chapitre 22 où vous allez tous buter Clarisse je suppose.

Bon, sur ce, à vendredi prochain ma populass ! Et bon week end de l'ascension. ( pour ceux qui partent )

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