sixième acte : les yeux du diable

Comme prévu, Jungkook avait apporté des médicaments à Jimin et était resté avec lui toute la journée, après avoir appelé Yoongi pour qu'il prévienne le directeur de son absence. Il avait joué le rôle du parfait copain sur qui on peut compter en cas de problème, faisant un peu plus tomber Jimin entre ses griffes. Après avoir prit ses antibiotiques, ce dernier s'était endormi sur le canapé, esclave de ses propres peurs, alors le brun l'avait porté jusqu'à sa chambre pour l'installer dans son lit. Pas par gentillesse, pas parce qu'il le voulait, mais plutôt parce qu'il devait le faire, parce que c'est ce qu'un proche ferait. Jimin devait croire à toute cette mascarade, il devait le croire sur paroles, sans que l'ombre d'un doute n'effleure sa pensée.

Jungkook soupira, la main dans ses cheveux, les yeux rivés sur le corps endormi de Jimin. Ses mèches brunes retombaient sur son visage angélique, son teint pâle, voir cadavérique lui donnait l'air d'être une poupée de porcelaine brisable en une caresse, un petit pantin faible et naïf. On pouvait presque voir les fil qui entouraient ses poignets et ses jambes, tirés par de grandes mains aux griffes acérées. Néanmoins, même si il était parfait aux yeux de tous, il ne l'était pas tout à fait aux yeux du noiraud.

Il était fin et quelque peu musclé. Mais pas assez. Il avait encore du poids à perdre au niveau de ses cuisses. Ses t-shirts et pantalons trop serrés le mettaient trop en valeur devant les autres. Jungkook ne voulait pas qu'on le fixe comme ça, il était le seul à pouvoir le faire. Il voulait être le seul à pouvoir voir la perfection de cette œuvre d'art, il voulait être le seul à pouvoir jouir d'une telle image. Ses cheveux étaient un peu trop abîmés, victimes de plusieurs teintures. Ils étaient bien trop sombres, cela cachait la beauté de Jimin. Et lui, il préférait les cheveux blonds, une couleur bien pure pour une personnalité comme la sienne.

Soupirant, Jungkook s'abaissa doucement à sa hauteur et laissa tendrement courir son pouce sur la joue du jeune homme, le frôlant à peine, effrayé à l'idée de voir sa peau se craqueler, les yeux parcourant chaque parcelle de son visage, chaque recoin.

« Il y a encore quelques retouches à faire, et bientôt, tu seras parfait. Tu verras, tu me remerciera », susurra-t-il en déposant doucement ses lèvres sur le front de Jimin, qui, engloutit dans le monde des rêves, ne se rendit compte de rien.

Le garçon se redressa, et avant de s'en aller, lui jeta un long regard indéchiffrable, mêlant admiration et folie. A ce moment même, il aurait voulu le rendre encore plus beau, plus désirable. Il aurait voulu le rendre encore plus magnifique et envoûtant que la déesse Aphrodite elle-même, plus délicieux qu'un Ange tout droit venu du ciel, plus malicieux que le Diable, plus fort que les Chiens de l'Enfer. Il aurait voulu le redessiner telle une peinture, supprimer les imperfections qui ornaient son magnifique corps. Mais il se devait d'attendre. Juste encore un peu. Jusqu'à ce qu'il tombe à ses pieds, définitivement, jusqu'au point de non-retour.

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« Park Jimin ! Tu m'as laissé tout seul, espèce d'imbécile ! »

Hoseok se jeta dans ses bras, séchant ses fausses larmes sous le rire du jeune homme revenu de sa crise de folie. Ce dernier repoussa gentiment son ami et planta son regard dans le sien.

« Tu as vu Jungkook ?
- Jungkook ? Pourquoi ? »

Sa voix marquait l'incompréhension et la suspicion qui se lisait sur son visage. Les deux s'étaient rapprochés, et il n'était pas le seul à l'avoir remarqué. Jimin soupira et pinça l'intérieur de sa joue. Ses lèvres brillantes grâce au baume à lèvre qu'il avait utilisé ce matin même contrastait avec ses yeux cernés de fatigue et son teint toujours aussi pâle. Jungkook, qui l'observait de loin, mordilla sa lèvre d'agacement. Il n'aimait pas le voir comme ça, accessible à tous. Il ne pouvait nier la beauté de Jimin, une carrure de prince et une gueule d'ange, rien de mieux pour charmer aussi bien la gente féminine que masculine. En quelques jours, il avait développé une réelle obsession envers son ami, au point de ne le vouloir que pour lui. Et cela allait arriver. Seulement, il devait attendre un peu. Ce n'était pas de l'amour, ni de l'attirance, de toute manière, il ne connaissait pas ce mot, l'amour. Ce n'était rien d'autre qu'n besoin de contrôler quelqu'un de faible, un besoin malsain de soumettre quelqu'un à sa supériorité. Et ce quelqu'un était son irrésistible et fragile collègue.

« Je voulais le remercier de s'être occupé de moi, il est partit pendant que je dormais.
- Attends, attends ! Tu vas me dire que c'est pour ça que Jungkook n'était pas là ? Il s'occupait de toi ?
- On parle de moi ? »

Hoseok et Jimin se tournèrent vers le noiraud qui venait d'arriver, le premier lui lançant un regard qu'il ne fut pas capable de décrypter. Le secrétaire baissa la tête de gêne et bafouilla quelques mots incompréhensibles avant de s'en aller à grande vitesse. Hoseok haussa un sourcil et observa Jimin s'en aller avant de tourner son regard vers Jungkook qui haussa les épaules.

Jimin soupira une dernière fois tout en ramenant ses cheveux décoiffés vers l'arrière de son crâne. Fatigué, il attrapa sa petite bouteille d'eau et avala quelques gorgées du liquide frais. Sa gorge était tellement sèche. Il salua Yoongi tout en passant la bandoulière de son sac de travail sur son épaule, attrapa sa veste et s'en alla.

La fraîcheur du soir faisait rougir ses joues et agitait doucement ses mèches. Il n'y avait pas grand monde dehors, à cette heure là, seulement quelques groupes d'adolescents trop torchés pour faire attention à lui et quelques drogués qui traînaient par-ci par-là. Lorsqu'il releva la tête, le jeune homme eut une drôle d'impression. Comme si quelqu'un le regardait, le fixait., le suivait. Il eut l'impression de voir une ombre passer sous le lampadaire sur le trottoir d'en face, l'impression que des yeux rouges évaluaient chaque gestes que faisaient son corps. Ou alors tout cela se passait dans sa tête. Oppressé, il ralentit ses pas, jusqu'à complètement s'arrêter au beau milieu du trottoir. Tout semblait obscur autour de lui, défiguré, abstrait. Les bâtiments n'étaient plus des bâtiments, des figures monstrueuses et courbés l'observaient, penchées à leurs fenêtres.

« Jimin ! »

Des rires stridents éclataient autour de lui, des ongles glissaient dans son cou, des fourmilles couraient sur son bras.

« Jimin ! »

Il se retourna brusquement, les sourcils froncés et une fine pellicule de sueur recouvrant son front, et fit face à une rue complètement vide. Reprenant une respiration calme, il souffla et tourna les talons, bifurquant dans la ruelle de gauche. Et alors que ses chaussures claquaient sur les pavés irréguliers, les yeux baissés, il se cogna contre quelque chose de dur, chaud, musclé.

« Putain..., jura-t-il en apportant la pulpe de ses doigts à son front, tu peux pas faire attention ? »

Devant lui se dressait un homme, habillé de noir, plutôt grand, plus que lui en tout cas, et assez musclé. Le muscles de son corps étaient décontractés, comme s'il ne faisait qu'une petite ballade. Son regard remonta doucement jusqu'au visage de l'homme, qu'il ne vit malheureusement pas, ce dernier étant caché par un masque de lapin. Ce même masque de lapin que portait l'assassin de la nuit dernière. Il apporta une main à ses lèvres et recula de quelques pas, surprit. L'homme pencha légèrement la tête sur le côté, semblant l'observer avec intérêt.

Derrière son masque, Jungkook souriait. Il pouvait voir l'hésitation qui tiraillait Jimin. Son pied droit légèrement avancé et son dos un peu penché vers l'avant montraient qu'il voulait rester, curieux. Mais son autre pied reculé et son bras gauche placé vers l'arrière, eux, montraient qu'il voulait s'enfuir en courant. Et ses yeux écarquillés, rivés sur sa grande personne, ça en était presque jouissif pour lui. Un esprit vraiment contradictoire, comme s'il se battait avec sa conscience pour savoir s'il devait rester ou non. Un rire bas, sinistre, dépassa la barrière de ses lèvres tel un grondement. Il s'avança lentement vers lui tandis que Jimin ne bougeait pas. Puis il vint placer une main sur son épaule, le forçant à reculer pour se plaquer contre le mur froid de la ruelle. Doucement, il attrapa une de ses mèches, l'enroula autour de son doigt puis fit glisser sa main sur son visage pour retracer sa mâchoire.

« Jimin, Jimin, Jimin..., chantonna-t-il d'une voix rauque, souriant. Que vais-je faire de toi... tu m'as quand même vu tué ton petit-ami... pas vrai ? Je devrais te tuer... dois-je te tuer ? »

Jimin n'osait même pas respirer. Les lèvres tremblantes, il avait peur. Et en même temps, il ressentait une forme d'excitation qu'il n'arrivait pas à comprendre, une impression étrange, comme si cette excitation ne venait pas de lui. Les yeux fixés sur le masque du garçon, le contact de sa main chaud sur son épaule nue à cause de son t-shirt trop grand le faisait frémir. Doucement, Jungkook enfonça une main dans la poche de sa veste noire et en sortit un objet brillant, tranchant. Alors, les yeux du jeune homme s'ouvrirent un peu plus.

« Comment... comment saviez-vous que c'était mon petit-ami ? » Souffla-t-il avec difficulté, essayant vainement de faire abstraction de la lame froide qui glissait sur la peau de son cou.

Le brun se pencha un peu plus vers lui et, tout en glissant sa main libre sur le visage du brun pour dégager les mèches qui étaient venues cacher ses yeux, il lui susurra :

« Réfléchis un peu, Park Jimin... »

Le concerné déglutit difficilement en sentant la lame passer sur sa jugulaire. Un cris de surprise explosa dans sa gorge alors que la lame s'était légèrement enfoncée dans sa peau, juste au-dessus de sa clavicule. Une sensation horrible explosa dans son estomac, et l'envie de vomir le prit soudainement. La main du noiraud était venue se poser sur sa bouche juste avant qu'il ne crie, afin de ne pas trop attirer de gens.

« Alors, bébé, t'as décidé ? Dois-je te tuer ?
- Je... s'il-te-plaît, ne me tue pas... je ferai tout ce que tu veux, mais ne me tue pas... » l'implora-t-il, la voix quelque peu tremblante.

Oui, il avait peur. Et oui, il trouvait en cette scène une certaine attraction qui lui faisait encore plus peur, comme si le fait d'être pétrifié devant cet homme réveillait en lui une sorte de fantasme qui lui était encore jusque là inconnu. Comment pouvait-il être attiré par un assassin qui venait de lui trancher la peau, et qui avait tué son ex-petit-ami devant ses yeux ? Sans compter les multiples meurtres qui reposaient sur ses épaules et salissaient ses mains. Il ne connaissait ni son visage, ni son nom. C'était insensé. Et pourtant, il ressentait bel et bien une attraction destructrice envers les murmures du diable.

D'un geste lent, presque sensuel, ses longs doigts vinrent ôter son masque banc maculé de sang encore frais qui cachait son visage, dévoilant aux yeux du jeune homme une peau laiteuse, parsemée de quelques grains de beauté, des lèvres roses étirées en un sourie envoûtant, un petit nez, et des yeux de biche couleur chocolats brillant d'une lueur effrayante, rouges de désir, noirs d'obsession. Un démon enfermé dans le corps d'un ange. Un ange qu'il avait observé durant des journées entières, des semaines, des mois, qu'il avait côtoyé au quotidien, sans même se douter une seule seconde de sa réelle identité.

« Si tu vaux vraiment la peine que je te laisse en vie, prouve-le moi. »

Jimin avait regardé dans les yeux du diable en personne, du bout des doigts il avait caressé le roi des démons, l'homme le plus dément de l'univers. Son cœur battait pour lui. Et il allait en payer le prix.

« Jungkook ?
- En cher et en os, mon ange... Dis-moi, pour toi, qu'est-ce que c'est, le cœur ? »

Jimin fut quelque peu décontenancé par cette question. Jungkook, celui pour qui il avait le béguin, celui qui, en ce moment même, pointait un couteau sous sa gorge, lui demandait ce qu'était le cœur à ses yeux ?

« Le... le cœur ? c'est... un organe vital ? »

Jungkook pencha la tête sur le côté en claquant sa langue sur son palais. Il était déçu de cette réponse, il en attendait plus venant de la part d'un petit génie comme Jimin.

« Sais-tu ce qu'est la nihilité ? »

Jimin secoua la tête.

« C'est ce qui est considéré comme nul, ce qui n'est rien par soit-même. C'est le néant, le vide. C'est le concept de ne croire en rien, de ne rien avoir à perdre. C'est une autre façon d'être heureux, ne rien ressentir. »

Jimin s'éclaircit la gorge sans quitter le couteau des yeux, avant de finalement relever le regard sur le visage du noiraud.

« Cela ne peut être quelque chose d'heureux, si la seule façon de ressentir quelque chose, est au final celle de ne rien ressentir.
- Alors si ça, ce n'est pas quelque chose de joyeux, qu'est-ce que c'est ? Rétorqua Jungkook, soudainement intéressé par la tournure que prenait cette conversation. Le cœur... un organe vital donnant la vie, et, selon vos dires, de nombreux sentiments. Quelque chose qui m'est inconnu. Vous parlez tous de cette chose, comme s'il s'agissait d'un objet que vous pouviez prendre dans la paume de votre main, sans aucune difficulté. Alors je te le redemande, qu'est-ce qu'un cœur ? »

Le brun prit une grande inspiration puis mordilla sa lèvre avant de secouer la tête.

« Si je regarde dans tes yeux, si j'ouvre ta poitrine, est-ce que je peux le voir ?
- J... j'en sais rien, répondit Jimin, complètement paniqué. »

Jungkook soupira.

« J'aurai aimé un réponse un peu plus... complète. Enfin, on ne peut pas non plus trop t'en demander. »

Le sourire sinistre du noiraud fut la dernière chose que Jimin pu voir avant que le manche du couteau ne vienne violemment s'abattre sur son crâne.

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quel est votre personnage préféré pour l'instant ?

vous avez des théories sur le comportement de jimin ou de Jungkook?

j'aime bien les théories huhu

si vous trouvez que ça va vite, c'est normal krkr

j'espère que vous aimez toujours l'histoire même si le rythme de publication n'est plus du tout régulier puisque j'oublie tout le temps de poster le samedi mdrr

170219,
gukxie

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