𝑨𝒅𝒂𝒈𝒆
L'amour, quelle force mystérieuse. Celle qui nous pousse à jurer fidélité à l'être aimé. A aimer l'enfant d'autrui comme s'il était sien. A se sacrifier pour les autres quitte à y laisser la vie. L'amour est aussi merveilleux que désastreux. Il peut détruire des vies comme en créées, mais peut surtout nous amener à repenser et pardonner. Ces actes ne sont pas forcément directement dirigés envers une personne, parfois il s'agit d'une petite chose simple que nous exécutons comme porter les courses d'une grand-mère pour réparer l'erreur commise en ne l'ayant pas fait avec son ancienne voisine. Il peut s'agir du pardon d'un père à sa fille sur son lit de mort après une intense querelle. Dans notre cas il s'agirait plutôt de compenser l'erreur commise avec Ariane quelques années auparavant. Thésée à son miraculeux retour des enfers, est pleins de remords et aveuglé par les regrets, c'est sûrement pour cela qu'il aura décidé d'accorder toute sa confiance à sa femme et de la protéger contre tous. C'est une preuve d'amour en effet, cependant elle n'est pas destinée à cette malheureuse Phèdre, mais à sa sœur.
Acheva de lire Shotaro, l'écran de son téléphone s'assombrissant pour laisser place à un appel de Renjun.
"-Allô ?
-Taro ? On-on est à l'hôpital...
-Qu'est-ce qui se passe ?! Vous allez bien ? Injun !
-Oui, fin non, mais nous oui, c'est-c'est Yangyang...
-Quoi ? Quoi Yangyang ?!
-Vient Taro, vient, la police, ils-ils veulent te voir." supplia Renjun dans un sanglot étouffé. Comprenant que le chinois n'était plus en capacité de communiquer normalement, le danseur prit les devants et s'élança vivement dans l'escalier, sautillant sur une jambe pour enfiler sa chaussure, tout en éteignant l'appel, attrapant son sac échoué sur une chaise et criant à Sungchan de se réveiller.
Le coréen, bien que violemment arraché de sa sieste et les yeux encore papillonnants sût impeccablement gérer la situation lorsque le plus jeune lui indiqua la destination de leur virée nocturne. Observant combien son meilleur ami était stressé par la situation il déposa une main délicate sur sa cuisse pour l'apaiser tout en lui murmurant tout bas, de sorte à ce qu'uniquement son protégé perçoive ses mots : "Ne t'inquiète pas tout ira bien, c'est bientôt fini..."
Le plus jeune venant finalement de se garer, l'ainé en profita et fondit dans ses bras, la tête enfouit dans sa nuque et ses bras autours de sa taille, empêchant le moindre petit insecte, peu importe sa taille d'entendre un unique détail de leur conversation ennuyée.
*****
"Renjun arrête de tourner en rond tu vas creuser le sol." répéta Jaemin, inquiet face à la réaction de son petit-ami qui ne cessait de s'agiter depuis qu'ils avaient été placés en salle d'attente. Constatant que le chinois avait désormais décider de s'attaquer à la peau de ses doigts de porcelaine, il se leva finalement et le força à s'assoir contre lui pour l'apaiser. Les deux couples s'étaient placés dans un recoin de la pièce afin de ne pas attirer des regards indiscrets qu'ils avaient déjà bien du mal à supporter en temps normal mais qui serait carrément angoissant actuellement. De plus cela leur permettait d'être en recul des parents de la victime, leur laissant leur propre intimité entièrement légitimée par le fait qu'ils ne les connaissaient pas tant que ça.
Donghyuck et Mark se tenait la main dans un signe discret d'affection. Le regard du brun était tumultueux, partagé par tant de pensées et de scénarios improbables uniquement centrés sur le taïwanais. C'était son ainé qui, un peu moins abrutit par l'incident que son amant, avait assumé la tâche qu'était de prévenir leurs familles respectives et de rassurer ses parents. Son regard divaguait entre les magazines "Régimes minceurs" de 2005 qui patientaient là dans l'espoir que quelqu'un découragé finisse par réellement les lires plutôt que de simplement les feuilleter pour distraire leurs pensées agitées; les jouets d'enfants peut-être utilisés aujourd'hui pour la dernière fois par l'un d'entre eux qui n'aura pas survécu à sa chimio thérapie; et les portes vitrées derrières lesquelles apparaissaient les silhouettes dodues des policiers venus les interroger sur les circonstances de l'incident.
Qui aurait pût prévoir que leur premier date officiel s'achèverait ainsi. Il était désolé pour son amant et tentait quand bien que mal de dissimuler ses oreilles rouges de honte. Ce n'était pas sa faute, il se rattraperait se rassurait-il en rapprochant le brun de lui.
Ce dernier aperçu les figures essoufflées de Sungchan et Shotaro qui fûrent rapidement conduis par les officiers dans une salle plus à l'écart pour les interroger. Voyant cela, le brun ne pût s'empêcher de replonger dans les souvenirs de la journée et de cet épisode traumatique.
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A l'entente du cri qu'il avait directement reconnu comme étant celui de son meilleur ami, Donghyuck s'était élancé en sa direction, sans prendre la peine de jeter un œil pour s'assurer que Mark le suive. Plongé dans sa course et la panique propagée par l'instant présent, il n'avait pas pris la peine de notifier le troisième son de course qui s'estompait peu à peu dans la pénombre du conservatoire, à l'opposé de la réserve.
Freinant brutalement au tournant, il avait violemment percuté Renjun qui se tenait debout immobile, le visage blanc comme un linge et les jambes tremblantes. Ses mains se trouvaient couvertes de sang tandis qu'il lançait un regard terrifié au nouveau venu. Son téléphone dans sa main droite finit par s'animer, lui indiquant que le correspondant qu'il demandait à joindre venait de le prendre en ligne.
Ne s'interrogeant pas plus sur la nature de l'appel en devinant qu'il s'agissait des secours, le brun pénétra dans la pièce, suivit de près par son amant. La pièce était comme elle l'avait toujours été. Noire, poussiéreuse et encombrée. Seulement ce jour-là elle n'avait pas servi à entasser les décors dans les tréfonds de l'oubli, au contraire, elle était devenue théâtre et avait joué la pire des tragédies : celle du meurtre d'un élève.
Tout du moins était-ce ce que Donghyuck avait pensé en apercevant le corps de son ami, allongé sur le ventre, la tête tournée en sa direction, lui permettant d'observer le reflet de sa panique dans l'œil vitreux du danseur. Le sang qui s'échappait de son crâne s'écoulait lentement en de petites tâches bordeaux tout autour de lui, semblant former une couronne d'épines. Non loin de lui se trouvait une colonne renversée, couverte de sang et qui de part sa position portait à croire qu'elle était la responsable du bruit ainsi que de ses conséquences.
En comprenant que son amant était inanimé, statufié de peur et de choc, Mark prit les devants. Il fit sortir le plus jeune de la salle, puis y retourna afin de constater si la victime était toujours en vie. Constatant que son pouls battait faiblement, il déchira violemment un paquet de mouchoirs vides avant de le plaquer contre son crâne pour créer un point de pression et boucher l'évacuation de sang.
Qui sait combien de temps il était resté là, à faire face à ce corps qui se vidait de sa vie. Renjun avait raccroché, les secours étaient en route. Un bruit de course, puis des pas, Jaemin venait d'arriver. Il jeta un œil horrifié à la scène de la réserve avant de se précipiter vers son amoureux pour venir le serrer dans ses bras. Ne tenant pas compte du liquide métallique qui se répandait peu à peu dans les mailles du tissu, il murmurait à son petit-ami qui pleurait désormais, que tout était fini, que maintenant qu'il était là il n'avait plus à s'en faire.
"-J'ai prévenu la police, ils arrivent. Ils attraperont le coupable, je te le promets Junnie.
-Q-Quel coupable ?" s'exclamèrent brusquement les deux danseurs, paraissant êtres arrachés de leurs désagréables transes pour replonger dans une nouvelle plus profonde encore.
Surpris le blond fit virevolter son regard entre les deux jeunes hommes face à lui, répondant hésitant : "Eh bien, la personne qui s'est enfuie par la porte du parking."
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Le brun se retrouvait désormais seul avec ses idées noires à imaginer quel sombre scénario avait pût amener Yangyang à traverser une telle situation. Ses yeux se concentraient sur la lumière clignotante de la lampe. Minuit était passé depuis bien longtemps et ses deux autres amis les avaient rejoint dans la salle d'attente. Il se sentait comme déconnecté du monde et seule la main de Mark lui permettait d'y rester ancré.
Bientôt la notion du temps disparut et seuls les médecins en blouses blanches parvenaient à le faire réagir. A ses côtés, la jambe de Shotaro tressautait, trahissant son angoisse. Jaemin berçait Renjun et Mark posait sur son amant un regard concerné. Seul Sungchan paraissait se maintenir à flots, sûrement dût au fait qu'il ne s'agissait pas de l'un de ses amis ou qu'il n'avait pas assisté à la scène.
"Monsieur et Madame Liu ?" prononça un docteur d'une voix fatiguée qui trahissait l'heure avancée. Les parents du patient se dressèrent devant lui en même temps que l'attention des six autres garçons se portaient sur eux. Plissant les yeux pour correctement déchiffrer les informations devant lui le spécialiste prononça : "Malgré tous nos efforts, nous n'avons pas réussi à sauver votre fils. Une hémorragie interne à eût raison de lui. Je suis désolé."
Renjun fondit en larmes se blottissant contre Jaemin qui ne pût que le serrer dans ses bras plus fort qu'il ne l'avait jamais fait en tentant de l'apaiser en passant sa main dans ses cheveux. Donghyuck retomba sur sa chaise sous le coup de la nouvelle, resserrant simplement sa main sur celle de Mark dans un geste commun. Shotaro dût être évacué par Sungchan pour calmer sa crise de panique et...
"Jun ! Hyuck ! Désolé pour le re-retard, comment vas Yangyang ?" questionna Jaehyun d'une voix essouflée. Sa présence insoupçonnée attirant immédiatement l'œil aiguisé des policiers.
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