C H A P I T R E 𝟸 𝟼



Eijiro se trouvait à bout de souffle.

Tout devenait irrespirable, intolérable. Le moindre de ces pythons médisants qui avaient envahi les recoins de ses pensées pleuraient libération. Ils suppliaient à sortir de là, de cette cage de passion, de son esprit amoureux et emballé où du roses peignaient désormais les façades qu'ils arpentaient. Ils avaient besoin de ses racines auburns et de reste d'espoirs exsangues pour flirter avec sa candeur et le broyer à coup de remords. Sous la pauvre chance d'un trèfle à trois feuilles, ils avaient dessiner la croix sur le mauvais jour. Ils ne faisaient le poids face à Bakugou Katsuki et ses sourires traites ; la victoire leur effleuraient encore moins les écailles se positionnant en ennemi à ses baisers et ses doigts qui retraçaient les galbes de son corps.

Eijiro était véritablement à bout de souffle. Ses lèvres en quémandaient pourtant plus. Elles ne savaient s'arrêter, elles ne sauraient vraiment le faire. Elles se mouvaient sans se lasser, articulaient des mots perdus quand elles se faisaient séparer une seconde de la paire d'en face, flambaient indécemment plus quand elles les retrouvaient après ce court voyage.

Quelques heures auparavant, il n'aurait eu la désespérante orgueil de juste imaginer un tel tournant. Il n'avait jamais aspiré à l'idée de confondre ses lippes avec les celles du blond, jamais fantasmé à la possibilité de sentir son coeur retentir contre son torse. Il était un rêveur pourtant, un scénariste audacieux qui produisaient des scripts plus qu'insolents. Cependant, ses doigts qui se disséminaient entre les mèches sableuses du première, rattrapant encore et encore son cuir chevelu clair et rebelle n'avait jamais fait parti de son grand spectacle. De même pour son nez qui, lui, s'écrasait contre son opposant tandis que ses paupières se trouvaient si pressées entre elles qu'elles détenaient juste un souvenir évasif de l'aspect de la lumière. Kirishima était si conquis que son cœur menaçait de lâcher.

Bakugou, au dessus de lui, frémissait. Avec fougue, la pulpe de ses doigts explorait l'épiderme chaud et névralgique sous les vêtements du brunet. Il souligna le moindre de ses traits ostensiblement, se souciant à peine d'égratigner plus sa peau déjà labouré. Tous ce que le rouquin arrivait à lui faire sentir le tourmentait. Il était déboussolé, complètement ivre et vague dans ses songes. Ça ne faisait pas partie du plan, ces baisers indomptables comme cet amour rédhibitoire qui voguait dorénavant de trop bon gré. Ça le rendait fou. Son comportement de débauche également, cet acharnement salace, cette nécessité néfaste de ne plus se séparer de Kirishima. Depuis quand avait-il désiré faire ça ? Il ne pourrait le murmurer à son reflet, pourtant son plus grand confident. Quoi qu'il en soit, il était le perdant. Un genou à terre, il avait rompu à son goût pour la gloire, laissant avec lui ses convictions tomber en ruine au milieu de ses émotions invaincues. Et terrassé pour toujours, il n'arrivait à se séparer du grand gagnant, il pendait à son souffle et le fracas de leur peau. S'il venait à disparaitre, ça sera aimanté à son corps, éprit du goût de ses lèvres et hypnotisé par le reste de ses sens.

— Bakugou...

Le blond sortit lentement de sa transe, captant la voix brisé par le manque d'air du garçon dont il était amoureux. Il ne résista pas à un dernier baiser avant de se reculer avec calme. Ils leur laissèrent un espace médiocre pour reprendre leurs esprits, un geste bien trop aisé et irrésistible aurait pu boucler ensemble leur deux paires de lippes dans une autre collision brutale. Katsuki lévita ses yeux au dessus des perles carminées d'Eijiro qu'il distingua malgré le faible éclairage de l'astre blanc dans le ciel. Ils éternisèrent leur regards sur l'autre, préservant cette tension qui immolait la moindre parcelle de leur être. La pointe de leur deux nez se touchèrent presque encore et leur poitrine se soulevèrent négligemment en se heurtant contre l'autre à chaque dernière note de leur profonde respiration. Le plus jeune laissa ses doigts patinaient en dehors des épis audacieuses de Katsuki, se privant de rapprocher un peu plus son visage du sien.

— Laisses moi deviner, tu veux toujours aller à ton fichu festival ?

Kirishima tordit un sourire téméraire pour répondre. Katsuki laissa planer longtemps ses orbes sur son faciès insupportable. Ses joues poudrés de rouges, son nez au bout rose, son expression débordant de charme et toujours si particulière, il parcourut le tout avec une attention narquoisement pieuse. Kirishima l'observait faire, une contention encore plus vicieuse qu'ordinaire pour le moindre mouvement de ses pupilles. Et pourtant muet, son souffle embrasé, lui, était encore audible. Il titillait le menton et les croissants du blond, empêchant son propre rythme cardiaque à reprendre la partition.

— Attends un peu.

Il articula simplement et Eijiro obtempéra. Katsuki lui avait tenu au jus concernant ses épisodes anxiogènes qu'il vivait ces derniers temps. Néanmoins, il sentit un froid dégouliner autour de son être lorsque le cendré se sépara de lui pour s'étendre juste à coté. Il serra presque tout de suite après les extrémités de ses longues manches, humides encore, pour se donner un semblant de tiédeur. Encore renversé et les songes au plein coeur de leur lyrisme de poète, il passa une main nerveuse sur sa bouche qu'il avait deviné un peu enflée.

Les deux lycéens écrasaient tous deux de leur tête le sac de Katsuki. Maintenant isolé de l'autre, ils reprirent compte des herbes hautes et fines qui tripotaient leurs corps, la lune ronde et radieuse qui matait sans infamie leurs faits et gestes et le reste d'humidité et fraîcheur qu'avait promené la pluie derrière elle. Un peu encore et ils purent distinguer de nouveau les chants nuptiales des criquets. À quelques mètres du gros événement de la ville, ils entendaient également un brouhaha chaud métissé de cris de joies et de musiques de parades. Eux deux, allongés comme fauchés par l'esprit vaillant qui était commémoré, s'étaient laissés encore un temps pour l'un et l'autre. Un temps pour inscrire et avertir leur âme qu'elle se divisait désormais en deux et se confectionnait d'une autre moitié. Ainsi, au milieu de cette nuit mirifique, tandis que le ciel s'était replongé sous les draps et que plus d'artifices n'étaient disposé pour l'égayer, ils avaient convenu d'étourdir et rassasier encore un peu leur nouveau besoin impudique avant de finir ici leur soirée.

Et pourtant bien réveillé, Eijiro était au milieu du pays des rêves. Malgré l'irrépressible envie de donner vie à un dernier souvenir mémorable à ces mois d'été, il voulait encore s'imaginer sur une île perdue, une côte trop à l'est ou à l'ouest, loin pour les étrangers et inatteignable pour les connaissances. Seul avec Katsuki, cela lui suffisait. Il avait l'estomac en bouilli, les poumons en asphyxie et sous le ciel gris malgré le noir du soir, il extravagait à la somptueuse idée de s'égarer ici. Toutefois, ils avaient un monde à confronter et des roues à donner à leur passion encore enfant ; se confiner des autres était bien trop facile.  Eijiro se redressa donc, une trainée d'herbe à sa suite qui tira presque sa capuche pour l'abattre sur son dos. Il avait une main sur la flore et l'autre qui frôlait la celle de Katsuki. Bien vite, ses doigts furent prit en captivité.

Le blond les entrelacèrent ensemble, étouffant la peau de leurs multiples phalanges. Le seconde, toujours de dos, sangla également la prise de son coté comme pour ne plus jamais la lâcher. Katsuki se demandait quelle tête il avait et à quoi il pensait. Lui était victime d'une invasion. C'était nouveau pour lui les sentiments ou plutôt exprimer les bons, laisser son corps les singer jusque devenir sa propre caricature de son âme éprise. Par conséquent, son regard paralysé sur le dos de ce stupide adolescent, il spéculait déjà à l'embrasser encore, à le toucher sans s'arrêter, et surtout lui avouer des trucs qui chatouilleraient sa langue et tortionnerait son coeur déjà faible. Il désirait lui dire qu'il n'était pas encore prêt à le partager au reste du monde et, qu'égoïste, il ne le serait peut-être jamais. Aussi qu'il était encore et toujours craintif de tout faire foiré. Les bisous étaient magiques mais doté d'aucune vertu amnésiques. À l'instar de déballer ses confidences sordides et candides, il lui demanda :

— Pourquoi t'as la dégaine d'un mec qui attend de fumer sa première clope ?

Pour illustrer ses propos, il en fit surgir une, la concurrente dont le rouquin se préoccupait à peine de l'existence. Il la retira hors du paquet avec la bouche, et l'alluma d'une main pour ne pas interrompre le contact qu'il avait avec la celle de Kirishima. Il entendit d'ailleurs son doux rire fissuré la brise ; beaucoup trop authentique ça blessait ses oreilles. Pourtant, il ne bougea pas un poil plus, contraignant Katsuki à voir la forme prise par les courbes de ses lèvres avec de l'imagination seulement.

— Une mauvaise journée, Eijiro déclara.

Cet enfoiré avait bien choisi ses mots, ça voulait tout et rien dire. Ça traduisait autant une écharde dans le pied qu'une balle dans la coeur. Impossible de savoir s'il avait sorti ça consciemment pour le mettre dans le flou ou non. Le cendré se libéra de la fumée dans sa bouche, laissant son esprit vaquer par cette réponse et son analyse. Les yeux vers les portes de l'Olympe et la paume de Kirishima fiévreuse dans la sienne, il dissertait avec lui-même pour sortir quelque chose d'intelligent et poignant.

— Une mauvaise journée...

Mais c'est tout ce qu'il décida de dire. Il le fredonna presque, comme les prémisses d'une berceuse, sans savoir que cela ferait sourire encore plus Eijiro. Malheureusement, il n'était pas dans le meilleur état pour jouer au détective.

— Et toi, mauvaise journée aussi ?

Le plus jeune désigna ses éraflures, laissant son pouce patrouiller sur l'épiderme de sa main qui avait connu beaucoup trop d'aventure pour son jeune âge. Il effleura les rides d'une blessure et surmonta le rouge d'un doigt tuméfié.

— Une mauvaise journée aussi...

Le cendré, finalement distant de toute épouvante et appréhension vers lequel pourrait tourner cette conversation, chantonna encore et Eijiro ne put résister à former un plus grand sourire.

Ses zygomatiques bien trop allongés, il se focalisa un instant sur ce qui l'entourait, rabattant, pensif, une de ses mèches bagarreuses. Écoutant d'une oreille distraite les insectes mâles courtiser leurs demoiselles, il fit tournoyer entre ses doigts de l'herbe mouillée, pour ensuite les détacher de leur source. Eijiro se mordait le bout de la lèvre, sans trop savoir pourquoi il s'interdisait de trop sourire, de trop parader sa joie. Il était le souffre-douleur d'une euphorie phénoménale et torrentiel pourtant. Toutefois, il se sentait un peu dépassé. Totalement en déphase avec ce qui était actuellement entrain de se produire, ça lui rappelait son rôle de novice, de petit apprenti qu'avait finalement passé le cape. Mais loin d'être des réelles inquiétudes, c'était positif, sacrément positif. Tout son monde était comme un peu meilleur là. C'était étrange, l'amour. Irréversible aussi. Il détenait une impression trop forte de ne jamais plus pouvoir être le même qu'hier ou celui du jour d'avant. Le moindre coups excessifs que son coeur prodiguait, résonnant comme le cri d'un gong, le prouvait bien. Tout était et sera différent.

— Drôle de coïncidence, ces mauvaises journées.

Ne voulant pas se laisser infester par ses regrets ou que Katsuki soit molester par les siens, il prit ça à la rigolade. C'était décidé, les conversations mélancoliques et navrantes seront pour un autre soir. Il lâcha les herbes qu'ils venaient de décapiter pour se retourner vers le première. Une émanation toute âcre se déroba d'entre les lèvres du blond lorsqu'il baissa ses yeux vers lui. Trop puissant pour sa petite personne, Eijiro détourna le regard. Ils s'étaient bien trop embrassés pour qu'il soit encore atteint de cette timidité tragique, mais il ne pouvait rien y faire pour le moment. Il était désarmé et avait toujours besoin de se pincer les bras.

— Tu vas vraiment te faire virer, tu penses ? il demanda sans réfléchir.

— Ouais.

Katsuki répondit du but en blanc. Il s'était apparemment fait à l'idée. Eijiro, de son côté, avait à vrai dire quasi oublié cette histoire d'exclusion, malgré qu'il se souvint avoir été si scandalisé à l'entente de la nouvelle. Il se rappelait s'être vu à l'image du condamné Sisyphe, comprenant que ce truc qu'il s'était épuisé à rouler au sommet de la montagne, risquait de débouler et briser tous ses efforts. Yuei avait été l'endroit qu'il lui avait vraiment permis d'avoir créer un début de lien, de relation même, avec Bakugou. Son mécontentement reprenant le dessus, ça l'attrista de comprendre qu'ils ne se verront plus sur le toit de l'école, ou rester à papoter en salle de colle avec les autres.

— Dommage, il lâcha après un semblant d'étirement, j'pensais déjà à faire des trucs stupides...

— Stupides comme ?

Katsuki se redressa enfin. Désormais en tailleur, il se glissa au niveau de son kohai finalement assez de contempler ses omoplates. Sa veste de survêt', beaucoup trop large pour son corps svelte, dérapait des deux épaules et ses cheveux platinés étaient pour la plupart rejeté en arrière. Il laissa déverser de la fumée blanche à sa gauche avant de se tourner vers Eijiro. Sa main tenait toujours la sienne.

— Comme rentrer ensemble, déjeuner juste tous les deux. Des trucs bêtes.

Le plus jeune confia avec un peu d'embarras, et si les lampions dans le ciel auraient été moins radines niveau lumière le blond aurait aperçu à coup sûr ses joues se barioler de couleur. Ça fit sourire Katsuki. Vraiment sourire. Comme un putain de gros demeuré.

— Ouais, vraiment con pour le coup.

Il critiqua avec cette pointe de malice qu'il n'arrivait décidément à balayer. Trop attendri par les moindres actions de ce mec, ses canines aiguisées se montrèrent presque derrière son traditionnel rictus. Kirishima le suivit dans son sourire taquin, moins du monde étonné par sa réplique à l'apparence vache. Toutefois, il leva les yeux au ciel, s'en voulant un peu d'élucubrer déjà sur des desseins au premier abord classiques mais qui comptaient tout de même tant pour lui.

Comme si Katsuki avait eu écho de ses déceptions ridicules, il s'approcha de lui, la partie supérieure de son corps basculant pour restreindre l'écart entre eux. Les sourcils en forme de vague et le rictus tortionnaire de sortie, Eijiro se tendit malgré lui. Il fit comme si rien était, empêchant son sourire de se muer en marre de rire nerveux et joyeux. Réflexe encore dans les veines, il voulut se reculer mais également l'embrasser parce qu'il le pouvait dorénavant. Ni l'un, ni l'autre, il trancha pour s'apitoyer sur la bulle ronde dans le ciel, feignant ainsi une contenance qu'il ne détenait pas, son organe vital se faisant silencieusement incinérer et ébouter les artères.

— J'vais sûrement pas être un excellent petit-ami.

Katsuki avait la voix douce. Sa réplique, bien que brute et inopinée, arriva avec paix jusqu'aux oreilles de Kirishima. Il pivota d'ailleurs le regard vers lui un peu trop rapidement. Voyant sur son visage l'ombre d'un sérieux grave se teinter, ses deux prunelles se peinèrent bien avant que le blond ne puisse dire quoique ce soit de plus. Sans un mot, il imita les yeux ambrés d'en face et s'intéressa à leurs deux mains liées.

— Mais j'ferai de mon mieux, Eijiro.

Il frissonna autant au frottement de leur peau qu'à sa confession soufflée comme par le zéphyr lui-même. Kirishima respirait déjà un peu plus intensément, mieux, mais plus fort. Il n'osait pas lever la tête. Ses perles rougeoyantes admiraient la beauté de leur doigts câlinés. Sentir Bakugou presser sa peau avec une délicatesse nouvelle l'anéantissait presque, de cette même façon dont son cœur se ruait en général en la présence de l'autre garçon. C'était de la bonne panique, celle qui lui donnait envie de former des méchants sourires et neutraliser ses oreilles cramoisies. Eijiro recourba encore plus ses lèvres malgré lui, ce constat était sans appel.

— Moi aussi, j'ferai de mon mieux !

Toujours agrippé de ce puissant enthousiasme, il le certifia trop fort. Katsuki, bruyant lui-même, ne fit pas de réflexion. Et Eijiro laissa tomber son front sur son épaule, blottissant son nez comme un félin au creux de sa jugulaire. Il voulait le réconforter, lui donner ne serait-ce qu'un centième de ce reflet avec lequel il le voyait. Ignorant, il ne vit pas le faciès dépassé du cendré, bien trop boulversé par sa stupide conduite. À son tour, il se croqua la lèvre ayant un regard complice pour la lune, leur unique et bienveillante spectatrice. C'était vraiment entrain de marcher, hein ?

— T'as pas intérêt.

— Hein ? Pourquoi ?

Le plus âgé sentait déjà Eijiro pouffer dans son cou. Et ça lui fit si mal aux joues de sourire, si mal au coeur de savoir qu'il était la raison des siens. Il aurait voulu arrêter le temps pour pouvoir se laisser un siècle d'assimilation. Nulles les moyens pour ce voeu effarant, il pinça juste la nuque de l'autre garçon, désaltérant à la fois son sadisme exubérant mais contrebalançant aussi cet excès de joie qui dévorait un peu trop bien sa déprime permanente. Eijiro geint exagérément à cette attaque gratuite et Katsuki s'empêcha de sortir un fichu rire beaucoup trop franc pour sa personne en annonçant :

— J'essaye d'être meilleur que toi si t'avais pas compris.

— C'est pas une compétition mec.

— C'en est une et j'compte gagner.

— C'est ça ton problème.

— Quel problème ?

Et Eijiro aurait pu dire qu'il avait un soucis de confiance en soi, qu'il était trop manipulé par ses impressions faussés de sa personne et qu'il avait trop tendances à le déposer lui sur un piédestal qu'il ne méritait pas et qui résultait qu'à baisser encore plus sa propre estime et le faire espérer d'être à son soi-disant niveau qui se trouvait être en réalité loin d'être hors d'atteinte.

Mais il conserva sa tirade pour lui.

— Tu me sous-estimes trop, tu me dégageras jamais du trône.

Il expliqua à la place avec une pointe d'amusement, un sourire moins étincelant mais toujours bien encré sur son visage. Il se doutait que c'était fondamental ce genre de conversation, essentiel que Katsuki se sente meilleur dans sa peau, mais ils avaient le temps désormais. Tout le temps qu'ils leur faudraient et qu'ils voudront. Il quitta finalement l'épaule du blond croisant le fer avec sa mine irritante de vainqueur. Insouciant, il semblait bien avoir apprécié cette provocation. Il tira sur son rouleau les yeux ailleurs, et impossible pour Kirishima de savoir ce qui lui passait par la tête.

— Si on continue à trainer, on va louper ton festival.

Eijiro huma doucement mais aucuns des deux daignèrent à bouger. Ils s'observèrent longtemps. C'était pas un mauvais silence qui planait, juste un silence. Katsuki fut étrangement le premier à tourner le regard. Sous les pupilles attentives de l'autre, il broya sa cigarette pas complètement consumée contre la terre molle.

Malgré lui il se laissa dériver par son esprit exceptionnellement discret, les doigts de l'autre ado dans sa main le cramponnant de justesse à l'instant présent. Contrairement à Kirishima, lui était loin de la figure du drôle de rêveur. Plus comme un scientifique, il remettait en cause l'univers et ses fonctions, il était beaucoup trop enchaîné à la réalité et ses travers ; sa conscience et connaissance étant ainsi ses plus grandes ennemies. Il ferma les yeux trop forts, anticipant la souffrance psychique qu'allait lui infliger les dires de ses démons qui patientaient assidûment ses moindres moments de faiblesse pour le terrasser. Mais rien. Rien d'assez puissant et perturbant pour qu'il soit redouté, craintif. Toutefois, il sentit qu'on lui chatouillait le nez.

Il leva le regard vers les ceux irradiant du rouquin. L'air d'être reparti jouer avec de l'herbe le temps de son périple pensif, il lui tendait une petite fleur presque fièrement. Un magnolia blanc pendait de sa poigne et son merveilleux sourire de débile campait sur ses joues.

— Prends-la, il insista.

— T'as quel âge, quatre ans ?

— Juste prends là.

Trop gêné pour la douceur dans les paroles et actes de l'autre garçon, il tenta de repousser sa main sous ses yeux bien trop sérieux. Son coeur se battait aux olympiques et ses yeux luttaient tout court contre la paire de Kirishima. Katsuki, accroché malencontreusement à cette redondante défaite pour la soirée, prit finalement le temps de humer la fleur qui lui choyait toujours le nez. Il ne fallut pas attendre plus pour sentir son front se presser contre celui d'Eijiro. Katsuki ne voulait pas encore former ce sourire stupide mais c'était bien plus fort que lui.

— J'peux vraiment pas te saquer, il grogna.

— T'es plus trop crédible, là.

— Tais-toi.

Eijiro retînt un rire. Il laissa tomber sa trouvaille soigneusement, accordant à sa main désormais libre de perdurer sur la joue du blond. Son toucher était prévenant et putain d'affectueux, comme s'il était fait de cristal. Katsuki laissa sa tête chuter pour que ses doigts soient dorénavant la seule chose qui la soutienne. Eijiro le scrutait avec bien trop de sentiment pour qu'il ne puisse le supporter. Il gravait de ses doigts sa peau, sillonnant ses pommettes. Katsuki détestait ce sentiment. Il était entrain de bouillir d'euphorie à l'intérieur. Sérieusement, Katsuki détestait ce sentiment. Son visage décousu un rictus. Il aurait aimé pouvoir le rejeter. Eijiro s'approcha encore. Il était trop faible, un foutu point mort. Sans prévenir, Eijiro lui planta un bisou entre les deux yeux.











Et un énorme sourire lui perfora l'entièreté du visage.

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Déso de l'attente, j'ai été victime d'une grosse panne d'inspi'. Il se passe pas grand chose dans ce chapitre mais il est très important donc j'espère que vous avez apprécié <33

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