C H A P I T R E 𝟸 𝟻



Bakugou Katsuki était amoureux.

Le sortit ainsi, mots pour mots, syllabes à la suite, était si épouvantable. Le naturel de cette pensée le tuait.

Elle le dépouillait et le détruisait bien qu'il ne s'agissait pas d'une surprise. Elle l'obnubilait et l'hypnotisait alors qu'elle survivait au centre de la foule de ses cris depuis trop longtemps. Il ne voulait accepter cette amour mais c'était trop tard pour essayer de juste l'évincer. Il avait décidé de consentir à cette passion mieux qu'à n'importe quelle de ses strictes émotions. Malgré qu'il s'agissait de la dernière chose qu'il souhaitait ressentir, que ce terrible sentiment s'approchait plus d'un avant-goût de la géhenne ; il ne pouvait que s'y accrocher et se l'accaparer. S'y tenir et ne jamais le lâcher parce qu'il avait besoin de ce guide pour s'orienter, de cette lumière pour progresser.

Kirishima vivait dans son âme et son coeur. Cela rendait son amour encore mille fois plus intense, encore mille fois plus incurable. Impossible qu'ils ressentent tous ça, que tout le monde se sente poussé au gouffre du monde à cause d'une telle émotion. Malgré cette exploration redoutée, Katsuki voulait s'imbiber à lui et cet amour presque calcinant. S'il ne mourrait pas de brûlures, et bien il mourrait d'asphyxie car ce sentiment était plus éclatant que promis, moins dérangeant que garantit.

Mais ça faisait peur d'aimer.

Cette peur grondait si fort derrière lui. Il ne se pensait pas capable d'aimer correctement, d'aimer comme il le fallait. Katsuki était toujours au milieu de ce tourbillon d'émotion. Les rafales de vent l'emportaient, le faisant vaciller à leur guise. Ses colères bafouaient sa tête, ses regrets lui tailladaient les côtes et malgré que son amour, lui, se faisait de velours, il lui manquait cette affreuse légitimité. Il n'était pas encore au bout du parcours, il avait du chemin à faire, des monts à escalader et surplomber. Il ne devrait aimer maintenant. Mais il était coincé entre les tiges de son organe vital, étouffer par ses secousses violentes, écraser par ses sentiments qu'il aimerait tant éprouver avec cette simplicité qu'un première amour nous offrait.

Katsuki s'était alors retrouvé dans une impasse. Il se sentait mal, toujours aussi mal. Affreux dans sa peau, laid dans le reflet de son regard. Il avait encore des choses à accomplir, des prises de conscience à ressentir, des larmes à laisser fuir. L'amour ne devrait pas avoir sa place dans un schéma déjà si laborieux. Kirishima n'avait pas sa place. Il ne l'avait jamais eu.

Et il y avait aussi les vacances qui s'étaient soudainement mis à défiler à toute vitesse. Comme remis au carburant, les semaines s'enchaînèrent sans la moindre pitié. Le temps le faisait un peu stressé. Rien avoir avec le fait de revoir Sir Night qui lui apprendra sans surprise qu'il sera définitivement viré de Yuei, mais c'était plutôt cette image en tête de lui à nouveau entouré de la compagnie si exécrable de ses parents. Il n'avait jamais été autant mal à l'aise à l'idée. C'était terrifiant de savoir qu'il redevra serrer les dents pendant que sa mère le noierait d'insultes et que son père, lui, prendrait trop à coeur le rôle de perso secondaire.

Il avait eu besoin d'échapper à cette réalité toute proche. Il avait donc décidé d'activer ses neurones, les permettre de tergiverser sur un sujet ou un autre. Il fallait qu'il s'occupe, qu'il mette de coté pour un temps ses émotions désagréables et trop agréables. Qu'il côtoie un semblant d'intérêt qui atténuerait cette averse de ressentis et cette haine toujours enfuie en lui.

Pour ça, il s'avait étrangement convenu avec lui-même de s'instruire, lire. En essayant tant bien que mal de se redécouvrir, il avait conclut que c'était la seule chose qu'il savait faire ayant aucun lien avec cette violence qu'il s'entêtait à bannir. Il courait dorénavant après cette stimulation constante, alors il se laissait explorer les concepts proliférés par des philosophes dingos qui détenaient des longues pages Wikipédia dédiées.

Il était d'ailleurs entrain de se familiariser avec des nouvelles lignes, un nouvel auteur, une nouvelle opinion. Deux bouquins qui l'avaient trop déplu paradaient à sa gauche, un de ses écouteurs était ciré à son oreille, l'autre pendait : il s'était pété. Alors qu'il remettait en place ses verres qui glissaient de son nez, il entendait encore toquer à la porte. Katsuki se trouvait dans la salle de bain d'Inasa, plus précisément installé dans sa baignoire, loin du bruit et du chaos qui lui servaient de potes. Finalement, il n'était pas resté ici pour pioncer. Suite à l'incident de la dernière fois, Aizawa avait de nouveau accepté de l'héberger jusque la fin des vacances. L'avoir vu ainsi l'avait ébranlé en quelque sorte. Il s'en était comme voulu de ne pas avoir fait un job qui n'était pas le sien.

Katsuki n'arrivait pas à complètement accepter cette "pitié", encore moins cette paternité si touchante qu'Aizawa lui accordait ; c'était pourquoi il ne trainait qu'au Plus Ultra pour l'accompagner dans son travail. Sinon, il passait ses journées dans l'appart' de la mort, ou quand c'était pas les invités d'Inasa qui gueulaient c'était ses voisins qui aimaient le menacer d'appeler les flics pour la cacophonie monstrueuse mais qui ne le faisaient jamais au final. Y'avait aussi ces meufs à la vessie si petite qu'il devait quitter son nid de paix presque tous les trente minutes et attendre trente de plus pour pouvoir y retourner.

Il se résigna donc, ne s'empêchant pas de gueuler à l'encontre de la pimbêche qui le dérangeait encore. Il s'extirpa de la baignoire qui était presque confortable lorsqu'on s'y habituait. Il balança ses bouquins dans son sac, qui lança par la suite sur son dos. Sans un grognement, il sortit enfin de la pièce, ignorant le "merci" plein d'ironie des deux copines qui se pressèrent à l'intérieur.

Pour une fois, il y avait presque pas un chat dans la baraque. Tout le monde était dehors participant joyeusement au festival de la ville qui signait la fin des vacances. Kirishima l'avait proposé de venir. Son fameux coté toujours désintéressé avait joué, mais c'était plus son anxiété grandissante et avare par rapport à l'idée de se retrouver entasser au milieu d'un monde noir et celle de faire face à Kirishima lui-même qui l'avait surtout poussé à refuser. En réalité, il avait un certain mal à aller vers lui depuis la découverte de ses sentiments. C'était embêtant car il avait en général une facilité presque absurde à le fréquenter quand il le voulait. Mais son cœur le freinait. Autant qu'elle s'entrechoquait entre la séduisante pensée de se tenir près de lui, elle lui chuchotait également une triste conclusion : il serait incapable de faire comme s'il ne ressentait rien pour lui. Et ceci était un gros problème.

Bref.

Il traversa le couloir se remuant pour penser à autre chose, ignorant son propre coeur qui faisait déjà des siennes.

Katsuki sentit un froid parcourir son échine, tandis que ses pupilles essayèrent de se concentrer vite sur la pluie qui battait contre la vitre. Maintenant dans la pièce à vivre, il tenta de se détourner du coulis si rouge qu'il connaissait et désormais détestait.

Il détestait aussi la pluie, détestait ce ciel caché derrière les nuages. Il détestait encore plus le bruit que faisait les potes d'Inasa, également la violence de ses mecs qui lui était si familière. Il était ici par choix, il se résiliait à côtoyer ces êtres humains comme une punition. Aussi parce que son égo avait toujours besoin de se rassurer et se dire qu'il était maintenant de leur niveau à eux et que plus jamais il ne serait leur victime ni celle de personnes. Il voulait fuir la violence mais il restait scotché à elle comme un papillon piégé par le blanc aveuglant d'une lumière. Il avait encore besoin d'elle.

— Qu'est-ce qu'ils foutent ?

Il interrogea, s'avançant de deux pas avec prudence au niveau d'Inasa. Il crut entendre sa voix se secouer, comme si une peur massive avait soudainement dominé ses cordes. Ses yeux écarlates dotés presque d'une naïveté inédite observèrent la scène qui se déroulait juste devant lui. Trois mecs en tabassant un autre au milieu du salon sans que personne ne daigne à faire quoique ce soit.

— 'Parait qu'il a volait de la came.

— Il l'a fait ?

— Non, sûrement pas. Mais ils ont décidé que c'était lui. Donc c'est lui.

La légèreté dans le timbre du terminal lui rappelait des souvenirs proches.

Katsuki tint fermement la lanière de son sac à dos, il semblait pleuvoir plus fort dehors. Les coups donnés paraissaient plus atroce aussi. On le mettait au défi, hein ? Dans une putain d'impasse de merde. Il fallait qu'il fasse plus pour se repentir. Vouloir se tuer trois fois par jouer, étouffer son amour et se laisser tabasser n'étaient pas assez suffisant. Se confronter de nouveau à deux trois cons qui avaient participé à son harcèlement, c'était ça son grand moment. Il ne voulait pas jouer au super-héros, au serviable chevalier blanc ou autre connerie dans ce genre. Mais il l'avait bien cherché, cette dose de kérosène, ce truc qui lui permettrait de se pardonner un peu lui-même.

Ce petit truc qui lui ferait dire qu'il mériterait peut-être Kirishima.



✧✦✧



Par sa fenêtre qui luttait contre les quelques bourrasques de vents, Eijiro inspecta cette mélancolie qui concluait la saison. Il faisait déjà noir dehors. Des gouttes de pluie, si fines qu'elles semblaient illusoires, tombaient gracieusement sur son quartier et s'éparpillaient comme des pétales de roses autour de lui. Certaines se faufilèrent jusque la parure de son lit, et d'autres éclaboussèrent son grain de peau presque doré et ses mèches timidement rougis. Retirant sa tête de ses bras désormais dépliés, il tendit les doigts pour tenter d'effleurer une de ses fines larmes. Il aimait la pluie.

Le lycéen glissa ses genoux hors de son matelas, évitant de justesse une de ses haltères qui pavanaient habituellement sous son lit. La musique de son jeux vidéo fantasy qu'il avait laissé en suspend flottèrent entre la tranquillité de pluie et les vibrations à répétition de son téléphone. Cela lui indiquait que son groupe d'amis débordaient d'excitation à l'idée d'assister aux feux d'artifice du festival. Ça fait déjà un moment qu'ils devaient tous se rejoindre et il faisait parti des retardataires. Le Soleil était déjà parti depuis un moment, et lui s'était endormis comme un bébé sans trop savoir comment.

Il dormait mieux ces temps-ci, il n'appréhendait plus ses sommes et s'en délectait presque totalement. Un sourire satisfait conquit doucement ses lippes : c'était si bon de retrouver Morphée.

Encore la tête plongée dans les nuages, un peu tenté de s'unir plus longtemps à son matelas, il retira furtivement son tee-shirt. Son collier d'argent cogna contre sa peau tandis qu'il ouvrit son placard étonnement bien rangé. Depuis la fois où il avait invité Bakugou à l'improviste, il essayait de maintenir sa piaule un peu moins en bordel. Au cas où, même s'il n'était pas revenu.

Enfaite, il ne s'était presque pas revu depuis la seconde fête chez Monoma. Bakugou se faisait distant. Eijiro s'efforçait de ne pas trop s'inquiéter. Trop borné pour vraiment l'avouer, mais ça le déprimait. Il avait presque l'impression qu'ils s'étaient promis un truc. Un serment articulé avec les paupières et signé avec leurs pupilles intensément rouges. Chacun de leur regard cachait comme milles secrets derrière. Alors, là, maintenant, Eijiro détenait juste l'horrible sentiment que Bakugou ne respectait pas sa part du marché. De vivre une trahison ou quelque chose dans ce style. Il devinait à quel point cela semblait ridicule, c'est pour ça qu'il se faisait moins envahissant. Qu'il essayait de comprendre, de se mettre à sa place. Le blond avait besoin d'espace, de se ressourcer pour pouvoir se réconcilier avec lui-même. Alors de son côté, il devait juste avoir confiance.

Après avoir chopé un sweat pour l'enfiler. Il empoigna son portable, laissant déborder un petit sourire sur ses lèvres en lisant une esquisse de la conversation en cours. Il tenta la seconde d'après de ne pas le comprimer en se remémorant que Bakugou, lui, n'avait pas voulu assister au festival. Il glissa sa capuche sur sa tête, autant pour se préparer à affronter la légère averse, que couvrir sa chevelure plus si rouge.

Enfin prêt, Eijiro sortit de sa chambre et descendit. Ses pas sonnaient comme des grands coups dans le silence du couloir. Il aimerait se dire que leur habitacle était victime d'une placidité insensée depuis qu'Aki s'était envolée en vacances, mais dans les faits il était un désastre suffisant à lui tout seul. Surement dû à sa nature trop expressive et chaotique sur les bords, mais c'était plus la conséquence direct au comportement navrant de sa mère. Nichée dans ses pensées abusives, elle prenait le rôle d'une malheureuse poupée de cire. Eijiro savait que ça lui passerait bientôt, que tout sera tut jusque l'été prochain. Toutefois, la sentir si déconnectée de l'espace et du temps le rendait presque malade.

Mais quelqu'un devait faire comme si tout allait bien. Lui devait faire comme tout aller bien. Il fallait qu'il se tienne à ses coutumes : qu'il s'accroche fermement à cette même auto-persuasion avec laquelle il s'était amouraché pendant des années, qu'il s'évertue à écouter ce gros mensonge qui savait le tranquilliser en lui chantonnant avec une fausse frénésie que cette tragédie ne le touchait à peine. Quitte à se laisser enlacer d'illusions, pour sa mère et pour lui il fallait sourire.

Pour Bakugou aussi, il fallait qu'il sourit.

Le cendré l'impressionnait, son combat le retournait. Le voir se démener le touchait. Il espérait être si courageux et être capable de corriger ses défauts, de faire comme lui sans craindre l'aboutissement de ses propres révoltes. Il voulait lui aussi se dépasser, ne pas se sentir mal à idée de trahir ses plus profondes convictions. Il l'inspirait foncièrement.

Il prit une grande bouffée d'airs comme pour bousculer ses pensées, s'aventurant dans la salle à vivre. La télévision passaient des vieux dessins animés, ceux dont Eijiro connaissait le générique par cœur et Aki humait sans cesse. Sa mère était installée sur la table à manger, son profil trahissait son oeil encore maquillé et cette mine sévère qu'elle portait concentrée. La posture bien droite sous sa chemise, ses cheveux noirâtres s'exposaient comme un éventails sur son dos. Son ordinateur portable bien allumé et ses copies d'élèves pas encore corrigées relevèrent la tonne boulot qu'elle avait encore à effectuer. Pourtant, elle avait le nez plongée dans un vieil album. Encore. Eijiro s'approcha doucement, le coeur déjà un peu moins léger que tout à l'heure.

— Il n'est pas un peu tard pour partir ?

Eiko essaya un sourire bien qu'elle ne le regarda pas. Elle brossa ses cheveux à l'aide de ses doigts tandis qu'Eijiro s'installa à coté d'elle. Ses grands yeux bleus saphirs parcouraient avec attention les clichés devant elle. Eijiro loucha sur une photo d'Aki avec deux énormes couettes et une moue boudeuse avant de répondre maladroitement à l'affirmative. Il resta quelque seconde sans prendre la peine de rebondir. La conversation avait prit fin, il le savait. Toutefois, il ne bougea pas, il voulait tout de même lui tenir un peu compagnie.

Il laissa donc ses prunelles s'ancrer sur rien et tout, et ses doigts capturer un stylo qui trainait là. Il appuya frénétiquement sur le poussoir de celui-ci, couvrant ainsi le bruissement des pages plastifiées qui volaient. Ses deux orbes se concentrèrent vite sur la télé au loin. La pluie semblait plus forte dehors, l'écran, lui, s'était tut. Toute sa maison était muette comme morte, alors qu'elle se trouvait ironiquement en deuil. Un deuil qui n'en finissait pas et ou l'issue commençait à doucement s'évanouir du champs de vision. Il haïssait ça. Autant ce supplice de se sentir suffoqué par la mort, que ce sentiment que l'attitude de sa mère n'arrangeait en rien les choses.

Ça lui passera bientôt. Mais en réalité cela ne passait pas. Lorsque le chagrin ne l'isolait pas, elle niait presque l'existence de son père. Réduisait au silence n'importe quelle occasion de sortir de cette situation. Sa mère était fragile, il le savait. Elle se sentait coupable de la mort de son père, il le savait ça aussi.

— J'ai vu ce que tu avais fait du cadre où disposait la photo de ton père et toi.

Eijiro se retourna vers elle, étonné de l'entendre reprendre la parole mais aussi soucieux de ce qu'elle pouvait bien pensée de cette photo qui avait la face contre terre sur son étagère depuis un petit bout de temps.

— Pourquoi ?

Sa mère ne lui adressait toujours pas un seul regard, mais sa voix était proie à un calme si profond que cela détendit les aprioris d'Eijiro. Cependant, il ne sut pas quoi répondre. Il ne savait pas comment répondre. Il ne voulait pas le faire. Pas dire que les souvenirs en rapport de son père devenait peu à peu une hantise. Et qu'il voulait juste, au fond, rien ne se remémorer de lui.

Il réalisait à quel point c'était horrible de juste le penser.

— Pour rien, j'ai fais juste un peu de ménage et...j'ai oublié de le remettre en place.

Eiko leva enfin ses rétines bleues, elle le regardait droit dans les yeux, droit dans son âme presque. La gorge de l'ado se bloqua et ses sourcils dansaient sur son front, preuve qu'il voulait conserver des traits neutres. Eijiro ne put s'empêcher de se dire qu'elle s'en doutait au fond, que si elle se chagrinait autant du décès de leur père c'était autant pour sa mort tragique, que cet éventualité que ses propres enfants ne le portaient plus dans leur coeur et se pesaient plus de sa disparition qu'autre chose au final. Eijiro avait presque la langue sèche à cette hypothèse.

— Tu devrais y aller. Tes amis doivent t'attendre.

Il huma, hésitant à rajouter une broutille, une blague. Quelque chose qui permettrait de détendre cette atmosphère cafardeuse. Mais il hocha juste la tête et se leva. Il se chaussa rapidement et sortit pour se trouver le plus loin possible de la déception et tristesse que ses propres pensées avaient exempté. Il avait honte.

Dehors, les gouttes chutaient en nombres. Elles persécutaient son épiderme et éclaboussaient le tissu de ses habits plus que prévu. Semblable à si Zeus avait entendu ses bribes sans coeur, il avait été pris pour cible. Ça ne le dérangeait pas, en tout cas moins que ce dégoût qui le chamboulait. Il prit une inspiration astronomique, essayant de s'affranchir de tous mauvais ressentis, mais sans succès. Il se stoppa alors net, la pluie coulait le long de ses joues. Il avait comme une boule dans la gorge, ses doigts se secouaient d'eux mêmes. Et lorsqu'il commença à se renifler, il se demanda si c'était vraiment de la pluie qui ruisselait sur sa peau.

Confronté cette fois-ci à Médusa, il se sentait peu à peu pétrifier. Mais il s'accroupit comme pour la défier, se faire encore croire que tout ceci n'était rien. Que cette impression de vivre à travers la mort de son père était une simple manifestation de son égoïsme et sa médiocrité. Il ne savait pas pourquoi il avait une telle réaction maintenant. Il ne savait pas non plus ce qu'il essayait de faire, de se cacher de qui. Les oreilles presque étouffées par sa position, il entendit son téléphone encore faire du bruit. Il se mordit la lèvre, se serrant plus fort. Il devait juste faire comme d'habitude. Comme d'habitude.

Il se redressa presque trop vite, bousculant ses cheveux sombres et humides en arrière. Il n'était pas requinqué mais il fit comme si. Il avait envie de chasser cette épine clouée à son âme mais il l'ignora encore. Il laissa l'humidité sur son faciès faire son chemin, traverser ses pores et son mal-être, tandis qu'il commença à se remettre en route.

Son cœur tapait dans ses tempes, ses jambes se faisaient engourdies. Dans un sens, il se sentait très vivant, très conscient malgré qu'il esquivait d'une main de maître douleur et amertume. Le contact de la pluie sur son épiderme, ceux de ce semi-sourire qu'il se forçait déjà à agrandir, la lumière jaune des lampadaires qui illuminaient son parcours solitaire. Eijiro se sentit bizarre mais bien. Pas mieux, juste bien. Comme toujours, faire semblant avait du positif.

Après quelques secondes, il se décida enfin à essuyer ses joues mouillées. La pluie s'était un peu calmée et des flaques jaillissaient de sous ses pieds. Cette ambiance de tempête avait des drôles airs. Le temps n'était comme pas d'humeur, un peu bougon, mécontent de se désunir des doux rayons d'été. Il se préparait à l'automne grincheux, le non désiré, pas celui tant entendu pour reprendre son souffle. C'était émouvant, les responsabilités étaient pénibles à confronter.

Ou c'était juste lui qui était encore d'humeur à chialer.

Il descendit vite dans sa station de métro. Ses cheveux se soulevaient derrière lui, il était pressé, en urgence de quitter le temps d'une soirée ses remords colossales et ses pitoyables raisonnements qui lui perforaient son estime. En bas, presque personne. Il commençait sérieusement à se faire tard. La nuit devenait de plus en plus invivable. Il valida son titre de transport et déboucha sur le quais vide. Presque vide.

La pellicule s'était d'un coup ralentie, la bande son était devenue obsolète, et Kirishima ne put constater qu'encore une fois le monde autour de lui paraissait ridicule quand il le regardait lui.

Bakugou était ici.

Et ses yeux le consumaient avec ce même rouge qui transgressaient la passion et la fureur tout à la fois. Il sembla presque entendre un univers s'effondrer, un continent se plaindre de la perte de rubis dans les prunelles d'un jeune garçon. Kirishima se perdit aussi, loin, si loin dans le feu de ce mec que tout semblait livide et dérisoire. Vraiment rien ne pouvait triompher face à lui. Le regard de Bakugou était impérieux et invincible.

Kirishima émit un léger soupir. Pas un troublé, pas un épuisé mais un soulagé. Comme si c'était ce don il avait eu besoin, tout ce qu'il avait attendu dans un silence désespéré. Il éprouvait une satisfaction telle qu'elle lui déchirait le coeur. Les perles du blond lui griller la tête, lui faisait fondre le nerfs. Son rouge insistant s'acharnait contre tout son être, lui tapotait la poitrine.

Il avait l'impression de le voir pour la première fois encore.

Pas le temps d'un mot, d'une exclamation, même pas d'un sourire. Leur contact visuel fut coupé par la rame qui éclatèrent leur bulles. Elle fonça, insensible à leur retrouvaille inopinée. Kirishima tourna la tête vers l'engin, presque dérouté, comme relancé dans le plateau de la réalité. Bakugou, lui, n'oscilla pas, rien ne détendait entre ses paumes le pouvoir de le distraire de Kirishima. Ses doigts égratignés écrasèrent plus fort la bretelle de son sac, il s'avança vers le rouquin aux mèches presque noirs. Ses cheveux avaient la couleur d'un bois après les flammes, leur teinte charbonné le rendait différent mais faisait ressortir ses homologues écarlates.

Le wagon se stoppa dans sa course, les nombreuses portes se poussèrent dans un fracas et Kirishima se souvenu de son existence. Un vent, en plus de personnages externes à leur histoire, vinrent bafouer la scène. Le plus jeune fit finalement des pas dans sa direction.

Bien que Bakugou ait du s'en prendre des coups aujourd'hui, les plaies sur sa peau blanche n'étaient rien de grave comparé à son cœur qui tremblait. Ça faisait beaucoup plus mal, il n'entendait que ça dans sa tête. Le sourire du rouquin était trop éblouissant de près. Il sentit sa poitrine palpiter, s'extasier à cause de ce gars qu'il s'était pourtant abstenu de croiser. Merde.

Il voulut presque se cacher sous sa capuche, filer comme un môme réprimander ; mais il ne put même pas détourner le regard, se retenir de s'avancer de trop près de lui. D'une fausse exaspération, il roula des yeux en apercevant les rétines si curieuses du plus jeune le retracer des pieds à la tête. Cependant, il rejoignit dans cette bataille visuelle, remarquant enfin ses vêtements souillés par la pluie, ses cheveux habituellement révoltés lui couvant la nuque et les oreilles. Il était mouillé de partout.

Bakugou n'eut le temps de commenter quoique ce soit que Kirishima lui vola son poignet.

— T'es partant pour le festival finalement ?! il le tira vers un des accès de la rame, faut qu'on se dépêche on va rater les feux d'artifice sinon.

Le blond se laissa faire pendant une seconde. Les pupilles basses et brillantes, il s'attarda sur la main de Kirishima qui couvrait son articulation. Il n'avait pas remarqué ses doigts éraflés et rougies. Il ne se doutait pas pour quelle cause elles s'étaient défendues aujourd'hui.

— J'suis pas venu pour le festival.

Katsuki articula calmement. Le plus jeune, lui, s'arrêta, déjà raidi, le coin des lèvres déjà abaissées. Par pur instinct et panique, il affirma sa poigne sur la peau du blond.

— Pourquoi t'es là, alors ?

Kirishima parla plus doucement, comme s'il prononçait avec son cœur chacune de ses syllabes. Il se sentit presque triste de nouveau. Bakugou regarda ailleurs. Ses muscles se tendirent, ses yeux se perdirent dans un paysage flou et coloré par des navires de lumière. Il finit par hausser les épaules.

— J'sais pas. Enfaite, j'en ai aucune foutu idée.

Le cendré avoua ça avec beaucoup de légèreté, en plus d'un rire jaune. Les mots coulèrent si facilement de sa bouche que cela prit de court Kirishima. Il n'eut pas non plus le temps de répliquer, le cri strident de l'annonce des fermetures des portes l'interrompant. Le cendré en profita pour se libérer de son emprise et le prendre par les épaules pour le pousser presque solennellement à l'intérieur de la rame. Kirishima le regarda faire sans dissimuler sa confusion bouillante.

— Vas-y.

— Quoi ? Et toi ?

— On s'en fout de moi, j'suis venu sans réfléchir.

Bakugou le regardait bizarrement. Tout son comportement était à la fois captivant et perturbant. Il y avait cette drôle d'aura qu'il l'enveloppait. Kirishima planta ses perles dans les siennes, enracinant ses doigts sur le haut de son survêtement.

— J'men fous pas moi.

D'une main habile, il l'emporta alors dans la rame avec lui. Les portes se claquèrent pile derrière le cendré comme si son ombre lui fut arraché. Et Katsuki, surprit par ses soudain mouvements, embrocha la peau de Kirishima avec ses ongles. Il se raidit. Les yeux emplit d'une hargne qu'il aurait voulu plus intense, il déclara :

— Vas te faire foutre, connard.

Katsuki fit glisser ses mains le long des bras de Kirishima. Au lieu de le lâcher, il s'arrêta au niveau des coudes. Malgré cette réplique agrémentée d'un ton rude et brutal, un petit rictus glorieux habillèrent les lèvres du seconde. Katsuki passa sa langue sur les siennes rosées. Il se sentait déjà étourdit, il ne devrait pas être là. Pas avec lui. Son cœur le rendait fou.

— Tu crois vraiment que je t'aurais laissé partir ? T'as pas l'air d'aller bien en plus.

— C'est vrai que tu respires la joie, toi.

Kirishima, la main sur la nuque, ouvrit la bouche comme pour se défendre mais finit juste par pousser un rire parce qu'il n'avait pas besoin de larmes en plus, de se démener contre un ennemi qui ne pourra pas s'incliner aujourd'hui. Les secousses de l'engin s'intensifiaient en même temps que l'écho de son éclat joyeux. Il devrait s'accrocher à quelques chose de plus stable que le torse de Bakugou mais il craignait presque qu'il s'envole. Il ne voulait pas le lâcher.

— Je respire la joie maintenant que t'es là.

— Ferme-la.

Le regard de Bakugou rugissait quasiment sa drôle d'irritation et la lueur notable des néons métamorphosait ses rétines en une pallette flamboyante. Ce constat redirigea son intérêt pour leur visage excessivement proche. Le première lui libéra un bras comme s'il avait pensé à la même chose, mais il ne bougea presque pas. Il attrapa juste la barre en fer à sa gauche pour mieux les maintenir Kirishima et lui. Katsuki bascula enfin son regard autre part que sur sa personne. Il avait les sourcils froncés, les lèvres pincées, les pupilles dilatées. Toujours cette même expression mutin et renfrognée. Kirishima apprécia plus que nécessaire être témoin de ces traits.

— J'suis vraiment content de te voir mec.

Il sorti ça rapidement, un peu gêné mais surtout très heureux de le dire tout haut. Kirishima repensa à ses maux qui écrasait encore un coin de ses songes. Le temps de recacher ses émotions, il se sentit de nouveau aspirer, piétiner mais les yeux de Katsuki le rappelèrent rapidement à l'ordre. Ses doigts sur son bras l'empoigna plus fort. Même pas une ombre de ravissement suite à sa petite confession, il sembla très sérieux d'un coup.

— Ça va foiré.

Le rouquin arqua un sourcil, désarçonné et Katsuki regarda encore ailleurs. Il se sentait lourd, apeuré et amoureux. Mille émotions vinrent se percher entre Kirishima et lui, c'était affreux. Il acceptait ses sentiments mais c'était difficile de s'y confronter, de faire face à celui qui lui avait privé de son coeur. Il savait qu'il ne pourra pas faire semblant, même le temps de se sentir juste un peu meilleur. Là, il était encore le terrible, encore cette mauvaise personne. Tout ce qu'il l'approchait de près ou de loin finissait toujours en cendres de déception, en fumée courroucé et trainées d'amertumes. Kirishima n'avait pas sa place au milieu de ça.

— Quoi ? Qu'est-ce qui va foiré ?

Il lui demanda, sûrement à une année lumière de tous ce qui le tourmentait. Et c'était encore une fois si bon de se voir à travers son regard que Katsuki du s'y échapper. Il se recula donc, enlevant les doigts de l'autre garçon scotchés à lui.

— Toi et moi. Cette merde. Ce truc qui nous empêche de presque cligner des yeux lorsqu'on se regarde, qui me fait répéter en boucle encore et encore ton nom dans ma putain de tête. Je...ça marchera pas. Je pourrais pas le faire marcher.

Comme prévu, il ne put même pas dissimuler ses sentiments pour plus de cinq minutes. Bakugou était capable de laisser moisir ses plus profonds ressentiments pour l'éternité mais il était inapte à mentir à ses deux yeux qui le rendait vulnérable. Ridicule. Il se détacha du seconde sur ce bilan, se sauvant comme un voleur par les portes qui venaient de se rouvrir. Kirishima resta une seconde pantois, complètement bouche bée, avant de le suivre à l'extérieur du wagon. Le hasard étant contre lui, il y avait plus de monde ici. Il se mangea de nombreuses épaules avant de pouvoir s'en extirper. Son cœur battait fort. Beaucoup trop. Il se mit à réfléchir à cent à l'heure, les confessions du blond le mettant dans un état déplorable. Il ne pouvaient pas laisser Bakugou le fuir. Le laisser penser ça à propos de lui-même. À propos d'eux.

Il avait toujours évité de réellement penser à ce probable « eux ». Parce que c'était terrifiant dans un sens, ça soulevait des réminiscences amoureuses qu'il souhaitait totalement se débarrasser. Eijiro était un habitué au rejet, au refus de tout amour. Il n'avait pas été la personne de tant d'individus différents qu'il avait juste conclut avoir été créé sans âme sœur, sans moitié liée par ce légendaire cordon rouge. Mais effectivement, il n'y avait pas de fils rouge, juste ses deux perles pareillement vives qui attendaient que leur équivalent plus dur et sanguinaire se retourne vers lui pour qu'ils se croisent et se disent tout.

Il avait si besoin de Bakugou que ça en faisait mal.

La pluie n'était devenu qu'un liquide éclaboussant et grisé sur le goudron. Il ne faisait pas froid dehors, l'air était même un peu dense. Et la perception de Katsuki n'était absolument pas altérée par son coeur qui en faisait beaucoup trop, son putain de sac dont les bretelles glissées désespérément et les hurlements de Kirishima qui lui demandait de s'arrêter.

Une main sur son épaule l'agrippa et il la rejeta sans une once d'hésitation. La main se dédoubla et le retourna si violemment qu'il faillit glisser sur le sol. Kirishima l'enfermait presque entre ses doigts. Le seconde avait un taux d'adrénaline exorbitant pour le calme qu'il tentait d'aborder et transmettre à Bakugou. Toutefois rien n'y fit, le cendré l'éjecta presque.

— Tu vas vraiment me laisser en plan après m'avoir dit tout ça ?! 

Katsuki l'ignora et se remit à marcher vite, très vite. Sa respiration se faisait plus intense, plus lourde, rythmée par ses sentiments exaspérés, déjà intolérants de leur mutisme forcé. Ses poumons en feu et son souffle saccadé lui supplièrent de prendre un rythme normal. Et bien vite, les doigts d'Eijiro qui essayèrent de garder un contact sur lui le réclamèrent aussi. Il ne s'arrêta pourtant pas.

Le plus jeune ne patienta pas plus et le fit basculer vers lui encore. Beaucoup plus fort que la fois d'avant, le sac de Bakugou chuta jusque sa paume. Le blond ne se fit pas prier, et attrapa furieusement le visage du rouquin. Il mit tellement de force dans ses doigts qu'il pressa presque les joues de Kirishima. Malgré la poigne placée par mécanisme sur son avant bras, l'autre ado ne s'en plaignit pas. Il le regardait sans une once de colère. Cependant, le carmin de ses yeux luisait tellement qu'on dirait qu'il comptait verser des larmes d'une minute à l'autre. Cela prit de court Katsuki mais il ne se laissa pas avoir. Ni par ses sentiments, ni par Kirishima.

Il fulminait encore, comme toujours. Il était une boule de nerf constante, inébranlable et enragée. Tout portait à croire qu'il n'effleurait jamais la paix, qu'il n'en verrait jamais la couleur et n'en éprouverait jamais le toucher. Pourtant, Eijiro le regardait toujours avec ce truc. Encore ce truc, ce fameux truc que Katsuki aimait autant qu'il le haïssait.

Il se détacha de ça, de toutes ces sensations et désirs. Il fallait qu'il soit plus fort que ça.

— Je t'ai dit tout ce que j'avais à dire. Qu'est-ce que tu me veux, merde ?!

Sa voix clamait détresse et tristesse. Eijiro s'en voulut d'avoir presque oublié que Bakugou vivait constamment dans une arène, que ses désarrois et trous noirs sans échappatoire ne comptaient pas le lâcher de sitôt ; mais aujourd'hui il ne pouvait faire autrement que s'y opposer.

Il lâcha le bras du blond comme pour capituler, le bruit métallique de ses bracelets rappelèrent leur présence et ses erreurs, et Katsuki détendit spontanément la pression sur son visage. Ses doigts descendirent sur son thorax. Il n'avait encore rien lâché de son effervescence, ses rétines en tremblaient presque. Le seconde baissa la tête pour laisser dissoudre la tension qui lui gonflait le coeur. Des cheveux pendirent dans son champs de vision, mais ses yeux fougueux aperçurent enfin les mains éraflées du blond. Il se mordilla la lèvre, avant oser de se débarrasser du sac que Bakugou maintenait encore. Il toucha sa paume, la saisit et la serra.

Kirishima colla leur front ensemble, ne leur laissant plus de choix.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Katsuki se répéta, il semblait presque essoufflé. Sa voix se désaccorda au fur à mesure qu'il ignora les chatouillis produits par le contact de leur peau. L'air semblait presque rare alors que son nez n'était plus qu'à quelques centimètres de celui de Kirishima. Il le fixa d'ailleurs sans se lasser. Malgré tout, ça lui suffisait. Juste de le voir, de croiser son regard. Il se sentait faible et fragile mais il n'arrivait décidément pas à faire semblant. Son coeur semblait victime d'une irruption tout à l'intérieur, son ton comme ses doigts s'affolaient.

— Fais pas ton dégonflé maintenant. Dis-moi qu'est-ce que tu veux ou laisse-moi partir.

Katsuki glissa ses doigts sur sa pomme d'Adam pour pouvoir lui remonter le menton, l'empêchant de se cacher derrière ses doutes. Le rouquin garda le regard bas malgré tout. Ses lèvres bougèrent avant même que les mots ne viennent. Lui qui avait été pourtant habitué à constamment laisser un micro à ses sentiments passionnés, il était apeuré de juste les chuchoter.

Mais il l'était encore plus de laisser Bakugou s'éloigner de lui.

— Tu sais ce que j'veux...tu sais que j'te veux toi.

Il le murmura douloureusement. Eijiro essaya de contenir son émoi, étouffant ses sens en pleines courses. Il ne revenait pas de ce qu'il venait de dire. De ce qu'il était entrain de dire.

— Ça va marcher, Bakugou. C'est déjà entrain de marcher. Fais-moi confiance.

Les doigts du blond sur son visage le rapprocha, les ceux enlacés avec sa main se compressèrent. À court de mots et moyen, Eijiro paniqua soudainement, n'arrivant pas à argumenter plus bien qu'il avait une tonne de chose à confier, à laisser sortir. Il avait du mal à obtenir les combinaisons parfaites. Il avait peur que cela ne suffise pas à Bakugou, il avait peur qu-

— Eijiro.

Katsuki le réveilla, le reconcentra sur ses yeux et ses yeux seulement. Il avait prononcé si facilement son prénom que Kirishima n'avait pas pu se concentrer sur ce « Eijiro » normalement si inconnu des lèvres du blond.

Katsuki avait encore le souffle court, les sentiments discordants, le coeur chancelant. Il se sentait assommé juste par la force des yeux de Kirishima sur lui. Il baissa ses orbites sur ses lèvres, laissa sa paume évoluait sur sa nuque. Sa tête était déjà saoûle de ses mots. Il ne s'attendait pas à cette réponse. Loin de là. Et il aurait voulu lui dire un million de choses pour le remballer, le repousser encore, à la place il demanda calmement :

— Embrasse-moi, Eijiro.

La salive de Kirishima trébucha sur la route, son coeur peina à battre. Tout son corps se retrouva d'un coup en alerte. En voyant les épaules du blond se détendre, son regard s'adoucir et ses doigts le tenir plus fort ; il comprit le message. Cette indication subtile qui indiquait que Bakugou lâchait à son encontre les armes, qu'il avait gagné.

Les yeux débranchaient de toutes cognitions, son esprit dominé par un sentiment nouveau et grisant, il laissa ses phalanges brûlants conquérir la taille du blond. Leurs lèvres se frôlèrent d'abord, leur souffle irrégulier s'enivrèrent de l'autre. Bakugou était si sérieux, ça le tuait.

— Embrasse-moi.

Sa voix sonnait comme une bénédiction pour ses oreilles. Elle était suave mais résonnait comme un ordre. Kirishima ne put que s'y plier et obéir.

Il ferma les yeux et l'embrassa.

Leurs lèvres s'épousèrent à la perfection. Une décharge agressèrent les deux et abattit leur dernière carte. Le château s'était chamboulé. Il volait en éclat alors que leur passion devenait incontrôlable. Bakugou glissa les doigts vers ses cheveux pour le reprocher le plus possible. Il se sentait comblé, saturé par cette ardeur qui le consumait. Sa main lâcha la celle de Kirishima pour lui prendre l'intégralité de son visage. Il n'attendit pas une seconde de plus pour introduire sa langue dans sa bouche. Kirishima avait déjà trop chaud. Il griffait presque les côtes du cendré. Son cœur ne supporta pas tant, surtout quand Bakugou se détacha de lui juste pour étirer un sourire et l'embrasser avec encore plus de tendresse.

Boom ! Un gros artifice réanima le ciel de mille pigmentations. Un deuxième et un autre décorèrent également la peinture indigo et rompirent leur baiser. Une dizaine s'enchaînèrent à la suite leur rappelant le monde autour d'eux. De leur position, l'explosion n'était pas si impressionnante et mémorable mais Kirishima se retrouva une nouvelle fois déconcentré, retiré du moment présent pendant une seconde.

Katsuki le regarda lui, détailla sa peau et ses yeux illuminés par la source lumineuse et colorée. Tous ses aprioris étaient au placard. Désireux de planquer ses foutus démons le temps de laisser son coeur s'épanouir, il voulait juste avoir ce mec. Vivre de lui et de rien d'autre. Kirishima se souvenu de lui et se tourna. Ses yeux pétillants et son sourire timide le firent rayonner. Le regard de ce mec brisait quelque chose en Katsuki.











Il souhaitait que ce moment ne cesse jamais.

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Je peux pas croire que j'ai écrit ça, jsuis émue carrément 😭
Comme dab j'attends vos retours avec impatience !!!

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