C H A P I T R E 𝟸 𝟺



Bakugou voulait s'abandonner d'une part de son passé.

Cette colère qu'il éprouvait, cette haine qu'il pompait des autres pour se détestait lui-même devait également se mourir.

Sa conversation avec Kirishima ne le fit pas sentir mieux. Au contraire, ça l'avait conduit à un état de répulsion. Tous ce qui avait été dit, tous ce qui avait été confié par sa langue, ne s'était pas échappé pour le libérer lui. Bakugou s'était autorisé à se trahir pour Kirishima, pour le rassurer avec l'intensité avec laquelle ses aptitudes limitées étaient capable de le faire. Pour qu'il cesse de lui donner une consolation et une attention qu'il ne méritait pas. De son coté, cela avait juste aggravé ses propres ressentis, ravivé ses ténébreux compagnons qui n'attendait que ce revirement pour le dépecer hargneusement. Son voeux de profiter de ses vacances à ne rien foutre et repousser ses problèmes venait d'être achevé par ses paroles transmises au rouquin. Il lui avait assuré qu'il gérerait seul ce qu'il pourrait gérer seul, et il ne comptait pas lui mentir.

Malgré tout, une part de Katsuki aimerait que Kirishima se souvienne, qu'il se rappelle de l'affreux personnage qu'il se trouvait être. À quel point il était terrible et que tout ce qui le définissait l'était tout autant. Mais lorsqu'il apercevait la façon dont Kirishima le regardait avec milles flammes dans les yeux, qu'il l'entendait s'adresser à lui avec la note la plus touchante de son accordéon, et qu'il faisait face à son sourire à l'éclat si dément il savait qu'il en demandait trop.

Kirishima lui faisait oublier, ou du moins croire, qu'il n'était pas une pourriture ; il solidifiait son relativisme par rapport à ses mauvaises actions.

Se regarder à travers ses prunelles était à la fois la pire et meilleure des choses.

Ses orbes rubis et passionnés vous faisaient croire à une épouvantable avalanche d'illusions, vous libéraient d'un poids qui devrait faire claquer votre peau contre le noyau de la terre. C'était terrible, Kirishima le faisait accéder à ce truc pas permis. Droguer à son regard, il ne pouvait le fuir comme il avait tenté de le faire au début. Maintenant, il devait agir en conséquence. Lui donner raison ; se rendre digne de ses yeux débordants de cette tendresse interdite.

Il avait déjà pensé à s'extraire de ce vaurien qui lui servait d'ombre. Initialement après les vacances, après qu'il soit de retour dans son cercle familial de malheur et bouffer par son ambiance horripilante. Pas d'autre choix d'être poussé par ce milieu strangulant, il aurait fini par faire les bonnes choses. D'essayer en tout cas de les faire.

Bakugou avait ainsi décidé d'avancer ses plans, d'être un peu plus meilleur là maintenant, parce qu'il ne voulait pas que Kirishima soit confronter au connard qu'il avait été, qu'il était actuellement et qu'il sera encore demain.


C'était pour ça qu'il avait décidé d'aller à la rencontre de Midoriya.


Dans la continuité de leur soirée penard qui consistait juste à trainer dans le quartier d'Inasa, il avait d'abord piquer le téléphone de Kirishima pour faire un score plus élevé que celui de Camie à son stupide jeu mobile. Pas de plan, mais abondant de motivations, il avait commencé à se poser les bonnes questions. Épris d'un élan vague aux odeurs d'un altruisme rare, Katsuki avait prit le numéro du vert entre deux parties sans savoir ce qu'il en ferait d'abord.

S'excuser était ce qui semblait le plus cohérent, pourtant parce que jamais personne ne lui avait fait d'excuse, cette solution ne fut pas assez impactant dans son schéma de pensée. Pour lui, il fallait rendre coup par coup, donner ou accomplir quelque chose pour évaporer le calvaire, sinon cela n'avait pas ou peu d'intérêt. C'était idiot, parfois les mots justes suffisaient. Mais Katsuki était convaincu de ne pas être fait pour ces mots là.

Le sentiment de n'avoir été fabriqué que pour donner ou recevoir des chocs lui broyait trop de fois les tripes. Loin des favoris, il se sentait privé de logique et d'amour. Saisissant de jour en jour qu'il s'éloignait du moule, il avait l'impression d'être dérangé et malade ; encore et toujours dompté par cet envie de crever.

Alors que le soleil le narguait, la flèche était montée, ne touchant plus depuis longtemps à ce point aussi haut. Il voulut se faire du mal comme il n'eut jamais envie lorsqu'il se trouva face à Midoriya. Croisant son regard émeraude ombré par la confusion et ce brin de courroux, Bakugou se sentit d'un coup diabolique, macabre. Une réalité le frappa alors :

Il vivait dans son monde depuis bien trop longtemps.

Ce fut ce qui résonna en lui quand il eut un fort besoin de se foutre une droite à lui-même alors qu'il autorisa à Midoriya à s'en prendre à lui. Parce qu'un "désolé" ne suffirait pour Katsuki, sans la moindre explication il avait laissé le feu vert à son ex-victime.

Midoriya s'était certes méfié mais n'avait pas hésité.

Normal.

Il sentit une de ses dents se balancer et sa bouche lâchait du sang luisant. Midoriya ne lui donna qu'un coup mais il ressentit toute sa rage qu'il avait surement dû conservé dans un coin de sa tête depuis cette première semaine de l'année ou il lui avait vivre des petites choses cruelles. Pour Katsuki cela n'avait pas été grand chose, leur petit manège n'avait duré qu'une semaine et sans ou avec l'intervention de Kirishima ça n'aurait pas duré plus de deux.

Lui aurait aimé être harcelé qu'une semaine.

Mais ce cheminement était hideux. Penser ainsi parce qu'on avait connu pire était d'une bêtise si aberrante qu'il aurait aimé se fragmenter en deux pour pouvoir se tabasser lui-même.

Le liquide rougeâtre longeait ses pores livides. Incapable de bouger, la réalisation l'avait tétanisé. Cette envie de violence lui fit grincer les canines tandis que Midoriya sembla articuler une excuse entrechoquée par sa gentillesse naturelle et sa rancune conquise.

Bakugou s'était cru trois ans en arrière avec Shindo face à lui. Il sentit si humilié qu'il comprenait enfin avec effroi la gravité de ses actions. Être moins mauvais que Shindo n'était pas suffisant. Ce point de repère était ridicule. Il était ridicule.

Il avait l'impression d'avoir été complètement à coté de la plaque, brouillé par son propre vécu, il s'était toujours dit et laisser croire que ce n'était pas si terrible ce qu'il avait fait vivre à l'autre ado, ce qu'il faisait vivre aux autres en général. S'il n'avait pas pensé à lui sur un simple coup de tête, il n'en serait même pas souvenu de l'avoir fait souffrir.

C'était horrible.

Il était horrible.



✧✦✧



Bakugou était rentré à pied.

Il avait confié le vélo d'Uraraka au vert, expiant un autre de ses péchés. Démangé par son être et tous ce qu'il inspirait, il jeta son sweat taché dans un benne à ordures.

Se trouvant plus prés de tous les lieux qu'il squattait, il s'était dirigé au Plus Ultra. Aizawa, qu'il avait évité depuis plusieurs jours, lui fit les gros yeux constatant ses égratignures et l'hémoglobine sèche qui avait coulé jusque son menton. Occupé à la caisse, il ne put faire de commentaire au risque de bafouer l'attention de ses jeunes clients. Bakugou en profita pour se rendre à l'étage dans un silence de nonne, il s'attendit à voir peut être Hitoshi mais personne n'était là pour l'accueillir lui et ses hontes.

Il sortit un paquet de glace trop congelé du mini frigo pour le plaquer contre sa joue enflée. Il grimaça au contact, entrant dans les toilettes pour se faire glisser contre le mur carrelé et s'assoir à même le sol. Entre aversion et trouble, il demeura muet et inactif pendant un temps qu'il n'aurait pu déterminé.

Il se força à ne pas douter de sa décision, de cette dure introspection. Il laissa ses yeux se clore un instant. L'esprit encore plus froissé, il ne pouvait même pas se conforter par le rachat d'une bonne conscience.

Il se sentait mal. Tout était pire, tout était affreux. Cette rage se ravivait beaucoup trop. Elle lui aspirait la moindre de ses tempérament. Habituellement, il s'en distançait pour y survivre. Noyer ses contrariétés dans un réconfort factice avait toujours été son moyen de fonctionnement. C'était ainsi qu'il s'était mis à fumer, ainsi qu'il avait commencer à se battre, et ainsi qu'il avait fini par se procurer le rôle de la brute du lycée. Parce qu'il ne savait pas régler ses mal-êtres, il les asphyxiait par des actions immorales qui prônaient avant tout son bien être.

Mais là tout n'était pas si simple.

Katsuki sortit de sa transe pour plonger ses yeux rouges sur son écran. Neito lui avait envoyé des messages qu'il ignora. Il vit que son vieux l'avait appelé, encore pire son grand-père avait aussi tenté de le contacter plusieurs fois. C'était redondant en ce moment. En plus de ses parents, il n'était pas non plus très fan du reste de sa famille. Voir qu'ils commençaient doucement à s'impliquer dans sa vie n'était pas de bonne augure, mais il chassa cette nouvelle peu attrayante d'un souffle rauque.

Lorsqu'il déverrouilla son portable, il tomba directement sur sa discussion avec Kirishima. Depuis plusieurs jours, il avait pris une bizarre habitude de relire les quelques messages précédents lorsque le rouquin lui envoyait des nouveaux. Comme pour vérifier la page avant celle qu'on avait corné. Pour ne pas perdre le fils, être sûr d'être préparé pour la suite. C'était étrange, un drôle de tic, mais il appréciait particulièrement le faire.

Son portable vibra dans sa main le sortant de ses brefs lectures. Neito l'appelait. Katsuki cracha un soupir las, un instant réticent à l'idée de répondre. Il le fit tout de même, se raclant la gorge.

— T'as lu mes messages ? T'es où ? son camarade gueula à travers le combiné.

De la musique à donf perça la cage de mime du cendré, tandis qu'il lut en diagonale ce texto qu'il lui demandait de commencer à rassembler ses fringues. Vu que son hôte se tirait bientôt, ça serait bien qu'il commence vraiment à le faire. Mais ce con faisait une fête ? Encore ? Katsuki n'avait pas l'état pour voir un monde fou. Mais était-ce pire que ce faire encore sermonner par Aizawa ?

— J'arrive...

— Qu'est-ce t'as encore ?

— Rien.

— Tu boudes ? Tu veux que j'te passe Eijiro, peut-être ?

— Il est là ?

— Évidemment.

Katsuki se mordit le bout de la lèvre, tergiversant contre son gré, relisant cette fois-ci les derniers textos du rouquin. Ça semblait un mauvais timing de le voir aujourd'hui. Il manquait de courage, il ne se sentait pas prêt à affronter son regard.
Peut-être qu'il devrait juste se tirer chez Inasa.

— C'est bon si j'viens demain ?

— Ouais mais nan, viens maintenant. Tu vas pas rendre Eiji' triste, si ?

Neito se mit à rire de son ton vicieux qui feintait à merveille l'innocence. Katsuki n'était malheureusement pas assez idiot pour ne pas avoir saisi que ce salop et Hitoshi avaient capté ce truc qui courrait entre Kirishima et lui-même. Ils traitaient d'ailleurs ce qui les liaient avec trop de nonchalance, comme un énième sujet de discussion, au même niveau qu'une querelle avec ses parents. C'était d'un coté dérangeant mais de l'autre il préférait ça à n'importe quoi d'autre. De toute façon son humeur n'était pas assez haute pour s'en soucier tout de suite.

Il lâcha la pression qu'il maintenait toujours contre la partie droite de son visage. Il se releva plus difficilement qu'accoutumée, sa fatigue lui tirant les genoux. Il se checka devant la glace qui lui faisait face, sa joue semblait se porter un peu mieux. Peut-être que Kirishima ne le remarquera pas. Peut-être qu'il l le remarquera.

Il le remarquera, c'est sûr.

Katsuki posa son portable sur le rebord du lavabo et pressa par ses deux paumes chacune de ses paupières. Il se retenu de ne pas exploser oralement parce que Neito était toujours en ligne.

Il avait vraiment envie de crever. 



✧✦✧



Katsuki ne savait pas à quoi son soudain mal de crâne était dû, mais la masse de gens dans les parages n'arrangeaient rien.

Il flottait entre les lycéens, ses écouteurs comblant les trous dans ses oreilles. Sa musique dont il connaissait les vers du bout des doigts le cajolait de l'horreur que lui inspirait les personnes autour de lui. Un peu plus réceptif que plutôt, ses bras dénudés lui mirent à mal. Ses sombres pensées projetaient à qui le voudrait lui donner juste envi d'en finir. Pour ne pas changer plein de gens lui jetèrent des coups d'oeil, mais là c'était si horripilant, si perturbant. Il avait l'impression d'être à découvert, mis à nu par des pantins qu'il aimerait encore écrasé parce qu'il restait ce fumier qui survivait juste pour ballonner son égo.

Le première ne se rappelait même pas de la dernière fois que c'était arrivé, mais il fonça la tête baissée, se heurtant la lèvre déjà rouge pour se distraire, inspectant le sol du regard pour se cacher de ses intransigeantes chimères. Lorsqu'il se trouva seul entre les quatre murs de sa chambre et qu'il put relâcher son souffle et détendre les spasmes de son coeur, Katsuki s'arracha ses écouteurs et enfila le premier sweat qui trainait. Il inspira et expira trop fort, se massant encore les paupières, des sueurs glacées parcoururent son front. Il captura son petit briquet noir qu'il retrouva dans un de ses cargos et attrapa une cigarette de son paquet. Un objet chuta en même temps de la poche de son vêtement.

Ce stupide porte clé.

Il lâcha sa clope et le reste pour secourir le petit dragon. Bakugou glissa doucement ses doigts sur l'animal, tâtonnant le plastique rocailleux. Cela eut le don d'un peu lui apaiser le cœur, amadouait sa tête. L'anneau du dragon entre ses phalanges châtièrent quelque peu ce spectre qui profitait de son humeur terne pour le sévir de rimes cruelles.

Il se laissa tomber sur le matelas d'un coup. Le poids de ce remue-ménage psychique s'abattant soudainement sur lui. Il y avait aussi les sons d'arrière plan qui semblaient aggraver son mal de tête. S'accrochant avec force à ce truc débile, il tenta d'échapper à son esprit infâme. Il ferma ses yeux comme pour ne plus jamais les rouvrir, comme pour ne plus jamais croiser le regard de Kirishima. Pendant une seconde, il hésita à prendre le canif de Shindo qu'il avait conservé.

Il hésita à l'utiliser.

Mais un fracas le réveilla lui et sa perplexité. Il vit le rouquin entrer en trombe dans son repère. Comme par magie, comme si une force suprême lui envoyait message éminent et précis. Mais il devait juste s'agir de Neito. Dans tous les cas, Katsuki resta neutre en observant la mine agitée et euphorique de son kohai. Il campa sur ses positions ultérieures : il ne voulait pas le voir, pas maintenant. Pas alors qu'il avait envie de se crever les yeux et de se tuer deux fois. Il se tourna alors de l'autre sens pour se mettre à dos à lui, s'affairant tout de même à dissimuler le porte clé au fond de sa poche et couvrir son visage par sa capuche. Kirishima ne sembla pas le moins du monde ébranlé par son attitude vu qu'il s'exclama pour dire :

— On m'a dit que tu boudais.

Et Bakugou put presque entendre ce sourire frémir sur ses lèvres. Sa voix était chaleureuse et joueuse. Il voulait le faire rire, le faire sentir un peu mieux, sans même chercher à savoir si le blond était vraiment de mauvais poil. Bakugou le compris presque instantanément.

— J'veux dormir, dégage.

Mais il ne se laissa pas attendrir, malgré qu'il se força quand même à ne pas ponctuer sa réplique d'une méchanceté. Blesser Kirishima était vraiment la dernière chose dont sa journée avait besoin. Malheureusement ce manque d'agressivité dans sa voix ne repoussa pas assez le rouquin. Katsuki le sentit s'assoir à ses cotés. Le matelas était bien plus grand que celui qu'ils avaient partagé chez lui mais pourtant Kirishima paraissait proche.

— Tu dors la lumière allumée ?

— J'avais juste la flemme de l'éteindre.

— Et comment tu fais avec la musique, on l'entend beaucoup ici.

— Tu me fous vraiment un interrogatoire, là ?

Katsuki se retourna presque, son visage serré par une exaspération fugace. Il croisa pour la première fois aujourd'hui les pupilles de ce mec qui lui permettait de se détacher plus facilement de son vice. Kirishima lui faisait un grand sourire. Ses beaux yeux brillaient et sa casquette qu'il avait abandonné sur les draps avait rendu visible sa teinture un peu fanée. Ses mèches étaient d'un rouge moins éclatant. Plus comme lui, plus sec et alangui.

— Tu mens juste mal, mec.

Chacune de ses syllabes étaient prononcées avec cette bienveillante douceur et ce constat fit rouler des yeux Katsuki.

— Ferme-la.

Le cendré se tourna encore, ses sourcils froncés mais peut-être ses humeurs déjà plus atténuée qu'il aimerait se le faire croire. Il laissa la moitié de son visage se noyait dans son oreiller, déjà retenté à tâtonner son petit talisman par un consternant machinisme. Il ne le fit pourtant pas. Cette consolation était insensée. Abominablement inutile. Son façonneur, l'envouteur, était juste là après tout, il n'avait aucune raison de tenir en main ce petit objet. Même s'il avait toujours cette impression de ne pas assez le mériter, trouver du courage et de la complaisance dans cette babiole inanimée alors que Kirishima se trouvait ici paraissait si minable.

Il lui fit donc de nouveau face, le regardant d'un œil, l'autre enseveli par le tissu immaculé et cotonneux. Ses doigts s'accrochèrent aux draps, l'autre main serré en poing. Leurs jambes se cognèrent et le rouquin étudia le moindre de ses mouvements. La tête baissée vers lui, sa paume supportant son menton, il le regardait de haut sans la grandeur et l'égocentrisme qui allait avec.

Bakugou avait l'impression qu'il devait dire quelque chose. Se presser de faire un truc, menacé par son tourment qui attendait juste de revenir d'aplomb. Mais c'était finalement Kirishima qui n'était pas d'humeur bavarde. C'était toujours lui qui conduisait leur conversation, surmontait vagues et collisions debout sur le proue du bateau.

Malgré cette once de quiétude, ses traits retraçaient un certain tracas. Il essayait de ne commenter quoique ce soit, évitait d'entacher cette bulle entre eux. Katsuki le remarqua. Son visage bizarrement tendu, ses pupilles doucement indignées d'un truc qu'il ne pouvait voir, qu'il n'arrivait pas à imaginer. Rien ne lui échappait. Rien qu'Eijiro tentait de dissimuler l'appâter. Il avait envi de dire un truc, de faire un truc lui aussi. Mais il ne savait pas quoi et comment. Il n'osait pas.

Et juste pour ça les émotions de Katsuki lui remontèrent à la gorge.

Et alors que ce Kirishima qui était trop calme lui transmit plus de choses qu'il en était nécessaire, cette réalisation le firent se recroqueviller un peu trop.

— Tu t'essayes à la psychologie inversée ?

Bakugou ne put empêcher de dessiner un rictus narquois. Kirishima, lui, explosa la dureté de son visage pour sortir un rire mélodieux et trop sincère. Il leva la face encore plus haut comme pour cacher à l'autre ado son sourire.

— Non, j'réfléchissais juste.

Il le chuchota comme s'il y avait trop de monde autour d'eux, comme si un énorme troupeau s'amassait à écouter leurs répliques derrière la porte. Même si au contraire, tout paraissait loin. La musique en fond était même agréable à entendre maintenant. Le bribes d'expression et de joie que Katsuki entendait n'avait plus l'air de ressembler à des échos du paradis qu'on distinguait de l'enfer.

Tout son monde semblait un peu plus serein.

Kirishima s'allongea face à lui, son regard ancré dans le sien, ses poignets et avant-bras sous sa tête. Il fit attention au comportement du blond, à ses nombreuses émotions qui décrivait son attitude, sa position qui épousait urgence et peine. Il semblait torturé. Mais Kirishima ne pouvait rien ni faire.

Bakugou était son propre bourreau.

Il s'écrasait ou s'élevait quelques soit l'occasion, la prise de conscience, l'idée ou l'impulsion. Gouverner par son reflet, il colmatait son esprit de toute liberté.

Eijiro avait l'impression de ne pouvoir qu'assister à ce désastre de loin. Il ne pouvait se placer au-delà des limites que Bakugou avait planté. Que leur précédente conversation avait scellé. Il le laissait donc s'essayer à évoluer à sa façon. Sa drôle de façon.

Eijiro observa la joue un peu enflée du blond, se rappelant de la conversation qu'il eut avec Midoriya un peu plutôt. Il était venu le voir après son taf. Entre la panique de son senpai et son propre esprit surexploité ça avait été d'abord dur à saisir. Mais il avait compris les grandes lignes.

Bakugou essayait de se rattraper.

Le vert lui avait fait promettre de ne pas lui répéter ce qu'il avait avoué. Midoriya avait l'air de mal se sentir de son côté même s'il n'avait aucune raison de l'être. Kirishima comptait respecter son mutisme mais il avait quand même demandé à Monoma — sans avoir eu besoin de lui dire exactement pourquoi —  d'inciter à ramener Bakugou chez lui pour qu'il puisse le voir sans que cela paraisse trop suspicieux. Sans qu'ils soient tous les deux enveloppés par l'aura chelou de l'appart d'Inasa, sans qu'ils soient tenus par le sachet d'un paquet d'un burger, sans qu'il y ait une possibilité de fuite de la part du cendré.

Kirishima avait voulu qu'ils se rencontrent dans un endroit ou il ne douterait pas de l'aise de Bakugou. Monoma avait vu les choses en grand, organisant une fête de dernière minute. Enfin, il parait que c'était l'idée de Setsuna. Shinso avait aussi prévu de le faire bouger du Plus Ultra par lui-même comme plan de secours.

Dommage, Bakugou n'aura aucun vent du dévouement de ses amis. Comme il ne se doutait pas que cette fête avait été mis en place pour lui. Juste pour lui.

Qu'il la passe sous l'angoisse et l'abus de ses propres pensées semblait presque odieux, déloyal. Mais lui-même n'était pas très juste dans son jugement. Il en venait à se demander si ce n'était pas ce qui dérangeait tant Bakugou. L'élégante suspension de l'ampoule hébergeant son regard déjà loin, il se tourna sur le dos pour mieux y réfléchir.

Bakugou le regarda faire, le regarda s'éloigner de lui mentalement alors qu'il était encore tout proche. Il se tourna à son tour, se replaçant de nouveau dos à lui, ses paupières fermées déjà assoiffées de sommeil. Lorsqu'il sentit après quelques minutes des bras hésitants lui serrait la taille et un front se poser sur le tissu de sa capuche, il ne put que se laisser faire.










Parce qu'il était fou amoureux de ce mec.  

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<333

Le grand moment approche ~~~~

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