C H A P I T R E 𝟷 𝟹
Rouge.
Le coulis suintant rouge et furieux s'invitait splendidement sur sa mâchoire timide et retroussée. La masse de ce liquide mélancolique qu'il aurait voulu abstrait, attaquait son uniforme aussi ténébreux que ses orbes étiolées. Sa carrure, plus fragile à l'époque, tremblait contre ses avants bras déchirés par sa décevante impuissance, et l'intolérance de son importunant. Et ses lèvres, bourdonnantes de leur mal-être, étaient retenues condamnés de ses larmes salées et muettes.
— Shinso, faut que t'appelle Aizawa !
Monoma Neito. 14 ans.
Collégien. Deuxième année.
— Mon oncle a dit que si je l'appelle encore pour les problèmes de Bakugou, il irait voir ses parents.
Shinso Hitoshi. 13 ans.
Collégien. Deuxième année.
— On s'en fiche ! On essayera de le convaincre de rien dire plus tard !
— Okay, mais ça va être galère de le faire changer d'avis.
Chaud.
Le sang qui dévorait ses vêtements et sa peau blême était chaud et apaisant. Sentir ce liquide profané dérangeait son être inanimé avait été la meilleure des sensations.
Son cœur qu'il aurait voulu sentir plus agressé, rugissant une haine intolérée, c'était juste avachi tel un félin toussant un faible miaulement.
La vengeance et le courroux sera pour plus tard.
Place à son esprit allégé.
C'était enfin terminé.
— Appelez personne.
Il ordonna avec un timbre de voix tellement médiocre et anémique qu'il savait que si Shinso et Monoma l'avaient écouté ce jour-là, c'était parce qu'il faisait juste ridiculement pitié.
Il était pathétique.
Soit on se battait, sois on se faisait battre.
Sa vie avait été régi ainsi depuis ce moment précis.
— J'me débrouillerai seul.
Bakugou Katsuki. 13 ans.
Collégien. Deuxième année.
Venait de se faire planter l'avant-bras.
✧✦✧
Shindo Yo était l'ennemi de Bakugou Katsuki.
Et Bakugou Katsuki ne détestait pas, il haïssait. Il n'avait pas eu peur de lui, mais avait été absolument terrifié. Il ne voulait pas juste lui briser les deux jambes, mais absolument le détruire.
Bakugou Katsuki, qui ne ressentait que dans des cas très précis, ne pouvait vivre dans la demi-mesure. Tous ces émotions et accomplissements ce devaient être à milles pourcents.
Comme, ici, à cet instant, où il avait décidé de ne juste pas suivre les foutus ordres de Iida qui consistait à se classer au moins troisième dans cette course de merde pour qu'il lui foute la paix. Mais à faire plutôt ce qui rentrait plus dans ses critères de victoire.
Écraser tous ses concurrents d'une traître, dont Iida lui-même.
Pour qu'il ferme sa sale gueule pour de bon.
Ses jambes fendaient l'air, et ses épis bataillèrent. La course venait de commencer et plus que motivé, Katsuki était totalement stimulé pour gagner. Sur 8 coureurs il devait se placer quatrième. Pas plus.
Pour l'instant.
L'équipe d'athlétisme de Yuei était plutôt balèze. Toujours qualifiée au départemental, souvent au régional, et le peu de fois où les joueurs atteignirent les sièges de finaliste, ils avaient eu la première place.
Et Bakugou Katsuki, ce deuxième année qui redorait autant qu'il fanait la réputation de Yuei, avait eu la prétention de les défier de son regard comblé d'orgueil, et de son fameux rictus crâneur.
Enfin, c'était juste ce casse couille de Tenya qu'il voulait affronter. Cette enflure chiait plus haut que son cul depuis qu'il était devenu le capitaine de l'équipe et le vice-président du conseil des élèves. L'année dernière, il se l'a jouait beaucoup moins.
Mais un titre change un homme.
« Tu ne peux pas venir juste lorsque tu en a envi Bakugou ! Tu es inscrit au club, et tu dois donc te plier aux règles d'assiduité ! »
Que ce connard se la ferme. Qu'il lui foute la paix. Toujours à donner des ordres, et à parler trop fort sans raison.
On aurait dit sa daronne.
3ème place.
Bakugou s'était pointé avec le survet' du lycée, il n'avait même pas pensé à ramener cette vielle tenue d'athlé. Elle était moulante et irritante, et était pourvu de teintes qui contrastait trop. Comme si ils avaient pour seul but d'anéantir sa vision. De toute façon, elle devait être retenue naufragée entre ses vielles fringues du collège, ou mieux dans une caisse de vêtements à donner que son père aimait collecter mais n'avait jamais le temps d'envoyer.
Et il faisait putain de chaud aujourd'hui. Les mousses dans le ciel s'étaient évaporées, comme concertées pour laisser les habitants du Japon frirent sous l'astre solaire. Et c'était chiant de courir sous une température pareille.
Mais Katsuki préférait suer sous les radiations irisées de l'été, que geler au milieu d'un vent torrentiel d'hiver.
Alors il ne s'en plaignait pas.
2ème place.
La ligne d'arrivée était proche, le cendré avait traversé plus de 350 mètres. Il n'en restait alors qu'une cinquantaine à franchir.
Mais ça se jouait en moins d'une minute. Iida n'était pas n'importe qui.
Ce connard était un pro.
Fallait qu'il accélère le rythme. Il fallait qu'il détruise ce salop dans son domaine pour qu'il ne l'ouvre plus jamais. Et qu'il le laisse traîner au club, quand il le voulait. Quand se tapait un sprint lui donnait plus envi que cogner des rats des lycées voisins.
En ce moment, il le faisait souvent. Écraser le sol de ses pompes, défier le vent à contre sens, et étaler devant ses "coéquipiers" ses talents de coureurs qu'il ne détiendront jamais malgré des années d'entraînement.
Plus quelques mètres.
— Allez capitaine !
Trop tard pour l'encourager, un sourire pondu sur les joues du blond.
L'air s'invita sous son teeshirt, dont les longues manches dérangeaient ses poignées, les semelles de ses baskets frôlèrent la piste, et ses mèches presque ivoire dansait d'un rythme désaccordé.
— Bah alors, tu l'ouvres plus autant capitaine.
Iida l'ignora, concentré dans sa course, sa victoire sûrement encore logé dans un coin de sa tête qui se nommait espoir, et Bakugou, briseur de rêve, et sadique incoontourné, lui bouscula l'épaule et traversa la ligne d'arrivée avec quelques secondes d'avance.
1ère place.
Il avait gagné.
Le blond fit un doigt au bigleux, le regardant avec mordant, ne se lassant pas de voir sa sale face supérieure s'assombrir.
Il venait de lui foutre la honte devant toute son équipe.
— T'as l'air rouillé Tenya, peut-être que je devrais te remplacer, il railla avant de se laisser tomber le sol, ses jambes repliées, et son front contre son genou.
Il se mit à rire, narguant ce salop de son simple ricanement détestable.
— Peut-être que je devrais piquer ta putain de place, le blond lâcha encore avant de laisser son dos choir contre la fausse herbe bordant la piste.
De ses bras et jambes pavanant de leur longueur, Katsuki ferma les yeux, évitant ses pupilles de bruler sous le soleil enthousiaste, et entendit sans surprise juste des pas mornes et abattus s'éloigner. Avec aucuns membres du club pour l'ouvrir.
Y'avait rien à dire de toute façon.
Il avait gagné.
— J'dois avoir battu votre vieux record, non ? Et même pas un putain d'applaudissement ? Bande de trouduc, il souffla, sa poitrine retombant massivement à chaque bouffée d'air.
— T'es le meilleur Bakugou, j'aimerais être comme toi plus tard. T'es mon model de vie.
Cette voix.
— C'est bon comme ça ?
Kirishima.
Bakugou ouvrit un œil prudemment, pour se confronter à la grosse tête du rouquin qui était accroupi juste devant lui. Ses mèches rouges qui caressaient ses grandes joues, pointées vers le visage du blond. Sa crinière servait d'ombrelle mais son sourire atypique était aussi éclatant que le Soleil lui-même.
— Qu'est-ce que tu fous là ?
Ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu.
Exactement une semaine, depuis l'autre jour avec Shindo.
— Admirer les talents de fonceur de mon meilleur pote.
— Qui ?
— Qui quoi ?
— Qui t'as dit pour le club ?
— Ça commence par Mono et ça finit par Ma.
Bakugou grogna juste comme réponse, et dériva son regard des pupilles chaudes de Kirishima qui ne les avait définitivement pas manqué. Elles étaient toujours aussi troublantes que dérangeantes. Presque intrusives. Il avait l'impression qu'il l'inspectait. Comme si le rouquin s'attendait à apercevoir quelque chose de différent sur ses traits.
Comme si il s'attendait à voir quelque chose de pas très Bakugou Katsuki.
— Tiens, Eijiro plaça une canette sur son front glissant, cadeau pour ta victoire.
Le cendré soupira pour la forme, mais ne bouscula pas l'acte du seconde, refermant les paupières.
La canette était fraîche. Ça faisait du bien.
— T'es pas venu jouer au prof cette semaine, Eijiro déclara après un petit silence, c'était les derniers cours t'aurais pu faire un effort mec.
Sa voix était bizarre, friande et pas très convaincante.
Ou c'était juste Bakugou qui s'imagineait des trucs.
— Nan, il balança dans un soupir erratique, se distrayant de ses pensées, j'aurais fini par buter ton sale pote, et Sir Night est absent alors j'allais pas me gêner.
— Kaminari fait de son mieux, c'est peut-être toi qui est un prof naze.
Bakugou ouvrit ses yeux, visiblement irrité, prêt à dénigré encore plus ce foutu "Kaminari" juste pour faire chier l'autre garçon. Mais au lieu de se confronter aux pupilles rougies du seconde, il se fit surprendre par les intenses rayons solaires.
— Putain, il jura plaçant son bras devant son visage, et faisant tomber sa boisson de son front.
Katsuki pivota sa tête dédaigneusement, cherchant du regard le rouquin qu'il avait perdu de vue. Eijiro était à la même place, juste assis en tailleur, ses doigts s'amusant avec une canette défoncée. L'échappée lumineuse caressait ses épaisses mèches écarlates, et trahissaient ses racines un peu noirâtre.
Le blondinet se redressa, son épiderme, protégé sous son teeshirt, bataillant pour être moins agglutinant. Et attrapa d'un même mouvement sa propre collation qu'il ouvrit d'une main. Le carmin le regarda faire silencieusement, ses yeux toujours aussi éclatant malgré l'abandon de son expression béat et charmante.
— Il recrute dans ton club ? il répliqua enfin, presque un peu trop fort, Iida est plutôt strict mais ça à l'air cool.
— J'en sais rien, et j'en ai rien foutre.
— J'lui demanderai alors...
Le vent batifolait avec leur être comme pour compléter la réponse désintéressée du carmin. Les coureurs du club d'athlé qui parcouraient la piste, les spéculations étranglées du club de tennis pas loin et les pensées remuantes de Kirishima que Bakugou avait connu plus bruyantes, permettaient de compléter cette note stridente qui naviguait entre eux.
Le silence.
Une absence qui valait parfois de l'or, un truc agréable qui n'était comparable à rien d'autre.
Pourtant ce silence là, Bakugou préférait ne plus le passer sur son disque.
Avec Kirishima ? C'était presque convulsant.
— J'vais y aller, le carmin déclara, comme si il ne supportait pas non plus le son de la brise qui gigotait entre eux.
— Bah vas-y, le cendré lâcha, ses yeux tentant de rencontrer tout sauf celles de Kirishima.
Le seconde se leva sans le moindre hésitation, passant ses pouces sous les bretelles de son sac, et débuta son avancée. Vers quelque part.
Quelques part loin de Bakugou.
Le platine dériva ses iris malgré lui. La silhouette de Kirishima, qui était enrobée des auras astrals, se rapetissait trop simplement.
Trop rapidement.
Bakugou s'allongea de nouveau, sa boisson vide logée au creux de sa main, et une ahurissante envie se réveillant au creux de son cœur.
Il tourna la tête à droite.
Kirishima était toujours là. Beaucoup plus loin. Posté devant les vestiaires de l'équipe. Entrain de parler à d'autres gars et ce satané bigleux. Ils se connaissaient d'où même ?
Sa gorge avait l'air d'aller mieux d'un coup, on entendait son coffre trop amusé d'ici.
Enfin, Bakugou l'écoutait d'ici.
Tch. Le cendré peigna de sa main libre ses épis clairs, et la fit glisser au long de son visage un peu humide.
Ce connard se foutait de lui.
Le blond se releva alors brusquement, ses doigts enfourchèrent sa veste furtivement, et ses pieds fauchèrent l'herbe synthétique brutalement.
Il arriva rapidement vers Eijiro.
Il agrippa alors le sac à dos du roux, empoignant fermement sa prise. Katsuki, ne souciant même pas de ce que pouvait bien dire ou foutre le carmin, le fit avancer avec lui.
— Qu'est ce que tu fais ?! Kirishima, échappant à une chute dû à la surprise, interrogea.
— Ta gueule.
— Tu t'en prends au seconde maintenant ?
Le cendré pivota vers cette voix grinçante et bassinante qui ne connaissait que trop bien.
Todoroki.
En plus de l'autre enfoiré à lunette, il était accompagné de ce salop de Deku.
Une belle brochette de blaireau.
Comment il avait fait pour ne pas les voir ?
— Momo m'a dit que tu t'étais un peu assagi, mais elle s'est sûrement trompée sur ton compte, le bicolore poursuivit.
— Ouais, elle s'est trompée, Katsuki d'humeur satirique dénonça, secouant Eijiro comme une simple chaussette, j'vais lui casser ses dents, là, maintenant !
Le cendré continua son chemin, ses doigts accrochés au sac disgracieusement rouge d'Eijiro, bousculant intentionnellement Izuku et Shoto pour bien les faire comprendre qu'il n'avait pas intérêt à le faire chier plus.
— Kirishima est ce que ça va aller ? Midoriya souffla, poursuivant du regard les deux ados, plutôt craintif.
— T'inquiètes, c'est juste une blague, le rouquin annonça simplement.
Même si il était en réalité pas très convaincu.
Qu'est-ce que Bakugou lui voulait ?
— On a prévu de sortir tous ensemble, Bakugou, le bicolore annonça, si t'embarque Kirishima ça va pas vraiment être possible.
— Qu'est-ce que j'en ai à foutre, sincèrement ?! le platine avisa, sans même se retourner.
— C'est pas grave Todoroki ! De toute façon le club de Iida est toujours pas fini ! le rouquin rassura, accentua son intervention de grand geste.
Eijiro, plutôt déconcerté, décala un peu sa tête pour apercevoir le faciès irrité de Katsuki.
Qu'est-ce qu'il voulait bon sang ?
— C'est Neito qui t'as dit pour le club hein ? le cendré plaça, en ironisant, lorsqu'il fut suffisamment éloigné des autres.
— C'est pour ça que tu m'embarques comme du poisson ?
Katsuki l'ignora royalement, le lâchant et poussant les portes battantes du vestiaire pour y rentrer. Le rouquin hésita à le suivre pendant une seconde mais finit par y pénétrer sans faire de manière.
La grande salle des vestiaires étaient affublés de timides rayons solaires, pris en grippe par les carreaux limpides et rectangulaires presque collés au bord du plafond qui servaient de fenêtres. La salle en était alors peu éclairée, mais au moins la fraîcheur était de service. Ils traînaient sur les bancs rigides et le sol impeccablement lisse, des sacs de sport vides, des uniformes mal pliés, des cahiers débordant de sac de cours, et des chaussures maladroitement retirées.
Le cendré se dirigea vers un sac, ou il y balança sa veste de survêtement, il passa sa main dans sa chevelure rebelle et luisante, et s'essuya le visage du bas de son teeshirt blanc. Kirishima l'observa juste, sans vraiment savoir quoi faire ou quoi dire.
— Tu te fous de vraiment de moi, hein ? Bakugou déclara, laissant son corps tombé sur le banc.
L'autre lycéen arqua un sourcil.
— Je vois pas de quoi tu parles mec, le seconde articula placidement.
Il s'installa sur le banc d'en face poussant gentiment quelques affaires à côté de lui.
— Pour une fois j'essayais vraiment pas te faire chier, Eijiro poursuivit innocemment.
— Pourquoi ? Ça te dérange pas d'habitude, le cendré argumenta.
Le carmin mordit le coin de sa lèvre, tandis que ses iris pourpres s'entrechoquèrent avec celles de Katsuki. Comme elles faisaient si souvent lorsqu'ils se trouvaient être en désaccord. Un combat qui au lieu de se faire de force et de fer, s'affrontèrent d'un simple et bénin contact visuel.
Mais cette fois-ci, Eijiro ne comprenait pas vraiment la raison de cette controverse.
— Tu vas me dire que t'es venu me voir pour me donner une sale putain de canette ? Pourquoi t'es parti la dernière fois ? Tu m'épargnes de tes morales à deux balles ?
— Le jour avec Shindo ? le rouquin leva les yeux sur le plafond, paraissant chercher ses mots, j'suis parti...parce que j'voulais partir.
— Quel justification de merde, le blond soupira amèrement, un rictus délabré sur les lèvres.
Kirishima, impassible, fit reposer son dos sur le mur pointilleux et vernis des vestiaires, accrochant de nouveau son regard sur son interlocuteur.
— Moi je me gêne pas pour te balancer tous ce qu'est j'ai envi de dire à la gueule, alors fais pareil. Tu serais peut-être moins un bouffon comme ça.
— Et si je préfère rester un bouffon, on fait comment ? le carmin trancha, une moue curieusement austère sur ses traits.
Le blond aggrava son sourire pour juste lui répondre :
— Alors tu peux te casser.
Kirishima se leva alors subitement, exprimant d'une certaine façon que Bakugou venait de le libérer d'un supplice. Mais resta finalement debout un moment, figé, comme si il n'avait plus souvenir d'où se trouvait la sortie.
Après un instant, qu'on pourrait dénoncer de réflexion, il fit quelques pas vers les portes, avant de faire promptement demi-tour et s'installer à côté du blond.
Bakugou lui balança une œillade sans pour autant bouger la tête, et Kirishima regarda bien droit devant lui, visant des yeux la place où il avait été assis il y a peine trente secondes de cela.
— C'est qui que tu déteste les plus entre Shindo et moi ?
Bakugou l'observa avant de lâcher un gros ricanement.
— C'est ça ton putain de problème ?
— Ouais...s'en est un parmi d'autre.
Bakugou rigola devant cette mine toujours autant sévère du seconde, avant de choper son petit carton de cigarette enfuit dans son pantalon d'uniforme. Il en fit glisser une dans sa bouche avant de l'allumer silencieusement de son mini briquet noir. Kirishima se mit debout sur le banc pour ouvrir au maximum l'abattant de la fenêtre au dessus d'eux. Et au moment, où il se rassit à la même place, en ôtant cette fois-ci son sac à dos qui le dérangeait un peu, le cendré répondit enfin :
— Vous êtes pas de la même catégorie.
— C'est-à-dire ?
— Que t'as beau me faire chier fois mille, tu battras pas ce connard.
Kirishima hocha la tête.
— Tant mieux, j'ai jamais eu envi d'être tout en haut du podium.
Le platine expulsa de la fumée entre ses lippes comme réponse, et le carmin poussa un soupir comme conclusion.
— À la base, j'suis venu te voir, c'est parce que j'ai vu Shindo aujourd'hui.
Bakugou tourna enfin sa tête vers le première année, analysant de ses orbites enflammés le profil irréprochable de Kirishima.
— Lycée ?
— Hum ouais...il avait l'air plutôt en forme. J'pensais que tu t'étais déjà occupé de lui, alors...ça m'a fait plutôt bizarre de le voir là.
Katsuki, pencha la tête légèrement pour lâcher la fumée retenue entre ses dents, et replaça bien sa tête à ce qu'aucun trait du profil de l'autre garçon ne lui échappe.
Malgré la fenêtre ouverte au-dessus d'eux, l'émanation au bord du visible circulait autour des deux garçons. Des romantiques décriraient un nuage éphémère qui regroupait leur deux esprits de façon lyrique, mais Katsuki répliqueraient sûrement, qu'ils étaient juste prisonniers d'une odeur désagréable qui redoublait l'essence de leur humeur morose.
Le cendré libéra pour une seconde fois la fumée de sa bouche, et commença à être impatient.
Cet idiot avait vu Shindo, et alors ? Ouais il n'avait pas encore défoncé cet enculé. Et ouais ça commençait à se faire long. Mais c'était tous ce qu'il voulait lui dire le rouquin ?
Ou tous ce qui ne voulait pas lui dire justement.
— Parle, Katsuki cracha presque.
Silence.
Insupportable.
Vraiment.
Le rouquin ne cillait même pas un peu face au timbre fâché de l'autre garçon, manifestant juste avec un peu plus de profondeur son mutisme. Cette posture de statut mit en rogne un peu plus le blond.
Kirishima Eijiro était un putain de gosse.
Un putain de gosse capricieux et chiant.
— Si t'as plus rien à dire casse toi.
Mais il avait des putains de trucs à dire, c'est pour ça qu'il était resté.
Bakugou coinça son petit rouleau de nicotine entre l'empan de ses doigts, peignant une fois de plus sa tignasse avec frustration. Il jeta un œil froid à Kirishima : son nez au bout rebondit était retroussé, ses yeux ombragés de ses longs cils étaient un peu plissé et ses lippes étaient oppressées comme si elles laissaient saliver les tonnes de choses planter dans sa langue.
Au moment, où le première tourna entièrement sa tête blonde pour balancer d'autres trucs pas très sympa à son vis-à-vis, Kirishima pivota son visage également vers lui, dressant ses pupilles, qui se trouvaient être d'un rouge légèrement plus clair, dans les billes de Bakugou qui étaient d'un vermeil plus dramatique.
Leur nez était à moins d'un mètre de l'autre.
Ils étaient proches.
— J'suis pas ton ennemi Bakugou.
Délicat. Une confession délicate et idyllique qui correspondait tellement bien à Kirishima, que cela en devenait rebutant. Le carmin avait soufflé ses paroles avec tellement de chaleur qu'on avait l'impression qu'il les avait tiré de tout droit depuis son cœur.
C'était ce que s'était dit Bakugou en tout cas.
Le cendré passa sa langue sur ses lèvres, un peu en manque de sa nicotine qui cramait doucement dans sa main, pendant que ses tympans étaient déjà en manque, eux, du silence qui les avaient tant déplu.
— T'agis comme si j'étais contre toi, alors que la seule que j'veux c'est qu'on soit pote.
Chaud.
Le souffle enchanteur du rouquin était brûlant, ses pupilles brillantes étaient bouillonnantes, et ses répliques trop sincères étaient carrément étouffantes.
Presque terrifiantes.
Le Soleil n'avait qu'à bien se tenir.
Il avait un adversaire de taille.
— Les seules fois où je m'étais opposé à toi, c'était juste parce j'étais pas d'accord avec tes choix, c'est tout. J'suis pas...contre toi.
À chaque fois qu'Eijiro abaissait ses croissants pour faire une pause dans ses paroles sans instrument, on avait l'impression qu'il cherchait au fin fond de son âme aussi blanches que la véracité ses mots, des termes poignant qui pourrait trouer le cœur de Katsuki.
Le blond avala difficilement sa salive, se disputant avec son égo trop gonflé pour répliquer quelques choses.
Mais il céda face au regard trop profond d'Eijiro, et retourna simplement sa tête. Il plaça sa cigarette entre ses lippes, regrettant de ne pas avoir laissé jouer au bouffon un peu plus cette enflure.
C'était trop tard maintenant.
— T'étais pas obligé de me demander de...pas interférer entre toi et Shindo. J'avais compris en quelque sorte que tu l'appréciait pas vraiment et de toute façon tant que tu prends pas à des gens comme Midoriya, j'ai rien à dire.
— Alors pourquoi t'as voulu m'arrêter quand j'voulais partir voir ces connards de Shohoku ? calmement Katsuki contra.
— Parce que je voulais pas que tu te blesses, c'est tout.
— Justification de merde encore, le blond tenta un rire.
Le seconde, trop concentré pour être offensé de la réplique de l'autre ado, se mordit la lèvre avant de déclarer posément :
— Parce que je tiens à toi.
Silence.
Les yeux écarlates du cendré s'en écarquillèrent.
Bakugou se redressa vers l'autre garçon pour affronter son irritante expression trop honnête.
— Meilleur justification là ? le rouge demanda, gratifiant sa question d'un petit sourire embarrassé.
Kirishima Eijiro était insupportable.
— Non, Bakugou répondit juste.
Il libéra ses yeux de ceux de son interlocuteur, son estomac noué, sa salive raréfiée et sa poitrine tremblante.
Non. Cette réponse était encore plus nulle. Et complètement tiré par les cheveux.
C'était insensé.
Ridicule.
Ce connard racontait vraiment n'importe quoi.
— Bakugou ?
Le visage de Kirishima s'incrusta dans le champ de vision de l'autre ado, où sa propre expression s'était figée sans qu'il s'en aperçoive.
— Baa-kuu-gooouu, le rouquin chantonna passant sa grande main devant le visage de son aîné.
— Ça va, ferme-la !
Le cendré relança le carburant, et écrasa sa cigarette sur le banc avant de la balancer dans une corbeille pas loin.
— C'est toi qui m'a forcé à dire ce que je pensais, alors t'énerve pas mec.
Ce qu'il pensait ? Bakugou s'attendait à des putains d'insulte à la con, comme la dernière fois à l'arrêt de bus. Un truc bien chiant qu'il lui aurai permis d'haïr un peu autre chose que ce connard de Shindo.
Pas ça.
Pas un truc pareil.
— Bakugou ?
— Tais toi.
Le blond se leva comme pour couper court à leur discussion, mais Kirishima se redressa à son tour pour l'attraper le poignet. Et l'empêcher de s'éloigner plus de lui. Cependant, Bakugou s'arracha violemment des doigts fermes du roux.
Il fit quelques pas pour attraper son sac de sport furieusement et s'apprêta à se diriger vers les douches se trouvant plus loin dans les vestiaires.
Mais son sac plutôt léger, qu'il avait zappé de refermer après s'être servi une de ses cigarettes, fit tomber une partie de ses nombreux bracelets, et sa chemise d'uniforme.
Kirishima s'abaissa sans la moindre hésitation pour les ramasser, pendant que Bakugou haussa les yeux au ciel, trop éprouvé pour exprimer d'une autre façon son exaspération. Il finit par s'accroupir au coté du rouquin pour les repêcher.
Le carmin s'amusa à les analyser un par un, se rendant compte qu'il n'avait jamais pris les temps de les observer. Il y avait des chaînettes argentées, des tresses ébènes bien ligotées entre elles, et des billes bicolores enlacées sur les mêmes fils.
— Pourquoi tu portes autant de bracelets ? Eijiro brisa le silence.
Katsuki ne répondit pas, hâté de tous les rassembler.
— J'peux t'en piquer un ?
Le blond l'ignora encore, en attrapant un faufilé en dessous du banc.
— Il fait chaud aujourd'hui, non ?
Le première leva enfin un œil vers le seconde, le moins du monde impressionné par sa tentative de conversation. Katsuki s'attendait avoir le regard réjoui de cette abruti orné son faciès, mais à la place il vu les orbes intrigués du carmin posés sur sa chemise d'uniforme bien blanche.
— Ça fait un moment qu'il fait chaud dehors enfaite, il ajouta.
— Merci, j'suis pas aveugle.
Le cendré attrapa son vêtement pour combler cette réponse, mais le rouquin conserva sa prise dessus.
— Alors pourquoi tu portes encore ton uniforme d'hiver à moins de trois semaines des vacances d'été ?
Katsuki passa sa langue sur ses lèvres un peu sèches et resta étrangement muet, ses traits remuants simplement d'une certaine appréhension. Il suivit doucement du regard les iris d'Eijiro qui pivotèrent leur courbe vers le teeshirt qu'il était entrain de porter.
Des manches longues. Encore.
— T'as peur de bronzez ou quoi ?
— Non.
Il aurait dû dire oui.
— Bah pourquoi tu caches tes bras ?
— Je les cache pas !
— Bah pourquoi je les ai jamais vu ?
— C'est des putains bras pourquoi tu voudrais les voir de toute façon ?!
— Baaah, euh, Eijiro fini par simplement hausser les épaules, un peu amusé.
Mais Katsuki ne rigolait pas lui.
Comme la dernière fois lorsqu'il discutait avec Yo. Une autre émotion qui n'allait pas très bien avec son attitude de base lui traversait le visage. Et ça dérangeait presque Eijiro de recenser ce genre de sentiment sur l'expression de Katsuki.
— Quoi ? le rouquin chuchota, décidément plus sérieux, qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu me fais juste vraiment chier, le platine confia.
Rien de très violent, il l'avait annoncé juste comme un fait banal et éreintant.
Kirishima, clairement plus d'humeur à rire, essaya de deviner un sens caché derrière la mine statique et les paroles antipathiques de l'autre garçon.
— C'est tout ?
— Hum.
Incroyable.
Les rôles s'inversaient. C'était lui qui ne voulait plus rien dire.
Néanmoins, contrairement à Bakugou plus tôt, Kirishima était prêt à attendre des heures pour qu'il lui réponde. Même si il n'avait pas vraiment le temps de patienter, les membres du clubs d'athlétisme allaient débarquer d'une minute à l'autre.
— Écoute, Baku-
— Tu me fais vraiment chier alors j'vais te montrer un truc qui va forcément te faire chier aussi.
Kirishima se tut à le seconde. Il avait jamais entendu parler Bakugou avec une voix aussi dérapante et tendue.
Même si il n'avait pas vraiment compris la réplique du blond, il fut, pendant un petit temps, content que le première se confit enfin à lui. Mais après une courte réflexion, il en fut presque terrorisé.
Le cendré procéda à lâcher sa chemise qui pendait toujours entre lui et le carmin, et dériva ses doigts vers une des longues manches de son teeshirt. Sous les yeux attentifs du rouquin, le blond abaissa sa manche avec une étrange sérénité.
Il leva ses beaux yeux moins ardent qu'accoutumés vers les pupilles du seconde qui, elles, étaient dilatées.
— Bakugou...le carmin souffla, assez désemparé.
Le blond se mit à rire devant la sale gueule qu'Eijiro abordait.
Un rire sans réel enthousiasme, un rire pour un rire.
Sans poser de question, le rouquin passa ses doigts sur les poignets de Katsuki, complètement ébranlé.
— Tu te scarifies ?
——-
J'aime ce chapitre.
(En plus, j'ai réussi à le vous sortir tôt, alors je l'aime encore plus.)
J'espère que vous l'avez aimé aussi du coup.
Sinon rien d'autre à dire.
À part désolée pour cette fin de chapitre mdrrr.
BYE!
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