𝐈𝐈𝐈. 𝒐𝒏𝒆 𝒇𝒐𝒓 𝒕𝒉𝒆 𝒎𝒐𝒏𝒆𝒚, 𝒂𝒏𝒅 𝒕𝒘𝒐 𝒇𝒐𝒓 𝒕𝒉𝒆 𝒔𝒉𝒐𝒘

𝑖'𝑚 𝑓𝑙𝑦𝑖𝑛'


Ces talons avaient annoncé son entrée dès l'ouverture des rideaux, attirant chaque pair de yeux sur elle. C'était l'effet recherché. L'aiguille fine de ses talons claquait contre le sol dans un rythme lent, d'une cadence presque lascive. Chaque pas résonnait contre les murs de cette salle sombre, on la sentait arriver, chaque pas accentuait le rythme cardiaque de ceux présent dans l'obscurité, impatient d'enfin poser leur pupille sur l'autrice de cette musique presque entêtante. Telle une étoile scintillante, Mia venait de voler la vedette aux autres astres présents dans cette salle obscure. Même la lune ne pouvait rivaliser face à son éclat porcelaine sous les feux des projecteurs. Ils étaient rivés sur elle, l'illuminant d'un halo semblant angélique, l'enfer nébuleux prenant possession du reste de la salle. On ne voyait qu'elle, et rien d'autre.


𝑖'𝑚 𝑓𝑙𝑦𝑖𝑛' ℎ𝑖𝑔ℎ 𝑙𝑖𝑘𝑒 𝑎 𝑏𝑖𝑟𝑑


La blonde semblait être la seule source de lumière s'avançant lentement au travers de la scène. Elle déboutonnait un à un les boutons de son trench couleur sombre pour dévoiler ainsi de longues et fines jambes à la peau opaline, capturant l'entièreté des regards pour elle seule. Ces fins et long doigts glissaient sensuellement entre chaque bouton, tournoyant autour avant de le défaire d'un tout petit sourire mutin. L'étoile s'avançait, pianissimo, suivant le rythme des cordes de la guitare qui se faisaient gratter. Un tempo lent et sensuel prenait possession des êtres avides de peau, de péchés et de luxures. La salle était baignée d'une musique qui débutait ces premières notes pour accompagner chaque geste de l'étoile. Là quelque part dans l'ombre se cachait une guitare électrique embaumant sa chorégraphie.

Par dessous le long tissu ébène de la blonde qui avançait doucement sur scène se cachait une fine robe, courte de la même couleur. Alors que chaque bouton se défaisait lentement, Mia faisait découvrir un peu plus de son être, paraissant pur, au public qui n'était là que pour elle. Progressivement, l'étoile brillait au gré de sa peau découverte, les projecteurs braqués sur elle. Le velours de sa jolie tenue semblait caresser ces cuisses paraissant s'être fait modeler par le plus talentueux des sculpteurs. Elle avançait ses fines jambes, l'une après l'autre, faisant basculer à peine ces hanches dans des mouvements donnant cette allusion d'innocence, mais bien calculés.

La lumière forte, à peine tamisée, rendait la blancheur de sa peau plus qu'irréelle comme si elle n'avait été qu'une statue de marbre vierge de tout toucher, à la blancheur ensorcelante. Sa peau contrastait de manière si envoûtante avec la douceur de sa tenue noire. Les spectateurs auraient juré qu'au prochain geste, à la prochaine approche, ses membres se briseraient, craquèleraient et ne seraient que poussière de marbre sur cette scène vide et pourtant emplie par sa seule présence.


𝑏𝑢𝑡 𝑚𝑦 𝑓𝑙𝑢𝑡𝑡𝑒𝑟𝑖𝑛𝑔 𝑤𝑖𝑛𝑔𝑠 𝑐𝑎𝑛'𝑡 𝑘𝑒𝑒𝑝 𝑦𝑜𝑢 𝑓𝑟𝑜𝑚 𝑝𝑢𝑙𝑙𝑖𝑛' 𝑚𝑒 𝑑𝑜𝑤𝑛


Dans des gestes maîtrisés mais pourtant si décontractés, alors qu'elle avait suffisamment alanguir le public, son trench s'était lamentablement échoué au sol pendant qu'elle s'adossait de manière nonchalante contre la barre de métal. Perchée sur ces talons noirs ne faisant qu'allongée sa silhouette, Mia releva sensuellement ces deux bras. Comme si une main retenait les siennes accrochées contre cette barre, mains invisibles de chacun de ces hommes présent dans cette salle sombre. La cascade de ces cheveux blonds se balançaient de droite à gauche au mouvement de son bassin contre le métal. Ces mains toujours en l'air, elle entreprit d'ensorceler la salle de ces gestes, de la danse de ces hanches se mouvant de bas en haut le long de cette barre de métal.

Plus loin, et tout autour d'elle, des hommes soupiraient, grognaient au spectacle lent mais luxurieux qu'elle leur offrait. Elle était le plus gros lot de la soirée, la plus chère pièce du spectacle et ne repartira qu'avec le plus offrant. La tension était plus que palpable parmi les mâles qui tentaient de zieuter le voisin en espérant apercevoir le contenu de son portefeuille. Pour miser plus, pour se ruiner davantage, car toute la richesse du monde ne valait pas une nuit avec l'étoile de l'érotisme. On disait qu'elle avait le don de se soumettre comme de se rebeller, comprendre d'un regard ce que son client souhaitait. Et surtout d'offrir une nuit des plus inoubliables parmi les cieux. C'était rencontrer l'Etoile parmi les étoiles. La Reine parmi les reines.

Il y avait tous ces charognards espérant caresser les septièmes cieux au creux de ses cuisses, il y avait le guitariste derrière les rideaux qui rythmait ses déhanchés, habitué à ces tour de passe-passe ensorcelant, il y avait ce mystérieux homme debout tout au fond de la salle que personne n'avait encore jamais vu à cet événement restreint ...


𝑦𝑜𝑢𝑟 𝑚𝑎𝑚𝑎


et il y avait Mia et ces longs cheveux blonds qui scintillaient telle une étoile. Une étoile puissante, captivante et sa peau pure ne faisait que rehausser la beauté de son éclat. Elle détonnait du décor à chacun de ces mouvements languissants. Cette si jolie demoiselle semblait être exactement à sa place dans ce lieu où l'ébauche était le maître mot dansant sur la vieille scène en bois. Elle l'accompagnait dans une valse torride et maîtrisée où sa petite robe de velours noirs n'avait plus sa place. S'échouant plus loin pour offrir à toutes ces pupilles la blancheur de son être et les traits de son corps.

Quelques billets se mirent à voler pour rejoindre le tissu encore tiède qui avait eu la chance d'étreindre son corps. Les rideaux de velours rouge retombaient de chaque côté de la scène où Mia faisait parler son corps entre les longues barres de métal qui étaient apparues comme par magie, remontant du sol pour lui tenir compagnie sur scène. Ils reflétaient la lumière des projecteurs mais surtout celle de Mia et de ces cheveux blonds qui caressaient à présent sa peau dénudée. Elle voltigeait et se déhanchait de façon si indécente parmi ces longues barres de métal, Mia était totalement dans son élément. L'étoile rejoignait les hauteurs sans ailes, son éclat suffisait à la faire voler.


𝑦𝑜𝑢𝑟 𝑚𝑎𝑚𝑎 𝑠𝑎𝑦𝑠 𝑖'𝑚 𝑎 𝑓𝑜𝑜𝑙


La profondeur de ces pupilles grises envoutait chaque homme qui avait le malheur de croiser son regard, misant un peu plus sur elle. Elle avait le pouvoir de captiver simplement par la profondeur de son regard. Un don que son patron à su si bien mettre à son intérêt, demandant à la maquilleuse de souligner son regard par un trait d'eye-liner prononcé. Elle les ensorcelait.

L'étoile ne repartira qu'avec un seul d'entre eux, ils le savaient tous, et pourtant. Ils espéraient tous être Le chanceux, l'élu, le roi de la soirée. Qui aurait le plus de billets à déposer pour ce corps qui se déhanchait sur scène ? Personne n'avait le droit de la toucher, ils gardaient leur mains pour les faufiler dans leur portefeuilles ou dans leur pantalon. Seuls les yeux la dénudaient de ce string qu'elle portait encore et de ce soutiens gorge qui ne faisait que la rendre plus attirante. Ces mains délicates, blanches et fines étaient les leurs, se caressant pour leur propre jouissance, se baladant le long de ce corps angélique dans un plaisir lascif maîtrisé, dans une illusion parfaite.

Mia était une artiste dans son domaine. Elle était parfaite. Elle était parfaite dans ce qu'elle faisait. Elle était parfaite dans l'illusion qu'elle leur offrait. Celle de leur faire croire qu'elle souhaitait passer le restant de sa nuit avec chacun d'entre eux, appartenir à chaque pair de mains présentes dans cette salle.

Mia était une artiste.

Et cela, l'homme tout au fond de la salle l'avait découvert bien avant qu'elle ne mette un pied au Shameless. Dès que ces pupilles s'étaient posées pour la première fois sur cette scène où l'étoile performait il avait su qu'elle était exceptionnelle. Et brisée.

Son regard, par-dessus la débauche qu'il chantonnait, hurlait l'agonie. Ce qui alimentait la flamme de luxure flambant au creux de ces pupilles était cette même détresse qui la poussait à danser dénudée devant des charognard affamés de peau et de sexe. Taehyung était cet homme adossé contre le mur tout au fond de la salle. Les habitués l'avaient dévisagé, car il ne dégageait rien de bon, ils avaient senti la menace se profiler rien qu'à l'intensité de son regard braqué sur la scène. Parce qu'il était le seul dans cette pièce à ne pas la contempler d'une envie affamée de la dénuder, il brillait quelque chose dans son regard que personne ne pouvait comprendre, intense, déstabilisant et chaud. Chaud d'une rage, bouillonnant d'une colère qui l'appartenait.

Mia continuait à se déhancher sur cette scène, contre la barre de streptease grâce à laquelle elle voltigeait, ces cheveux se balançant autour d'elle tel un halo enchanteur sans savoir que sa nuit avait été payée. Cet homme tout au fond de la pièce venait de sortir le plus gros chèque de la soirée, s'offrant les services de cette Étoile. Mais ce qu'elle ne savait pas non plus c'était qu'elle ne trouvera rien d'autre qu'une pauvre carte de visite sur le lit de la chambre où elle était censée y vendre une énième fois son corps, ainsi qu'une nuit reposante.



C'était ainsi que Taehyung l'avait mené jusqu'à lui. Ce n'était pas Mia qui était la première à être tombée sur son charme mais lui, de longs mois auparavant.

Et à présent, alors que le jeune homme caressait le blond éteint de l'étoile étendue sur son lit, il s'en voulait d'avoir voulu laisser faire le temps. Éternel romantique, Taehyung avait simplement souhaité que son histoire entre lui et Mia se dessine d'elle-même entre chaque rencontre qui les rapprochaient davantage. Même si cela devait signifier qu'il devait jouer encore au prostitué et elle, à cette jeune femme libre. Tout en sachant que la sombre réalité était tout le contraire, elle était la réelle prostituée et lui le jeune homme libre.


Lorsqu'elle s'était affalée brusquement au sol, perdant connaissance, Jimin s'était précipité vers elle pour tenter de lui éviter la chute brutale contre le sol ... mais il était arrivé en retard. La seule chose qu'il avait pu faire était de s'accroupir à ses côtés pour tenter de la réveiller ... en vain. Paniqué, la première chose qu'il pensa à faire était d'appeler Taehyung, celui qui avait été tant demandé par la jeune femme. Il lui avait suffit de quelques secondes pour accourir au bar et découvrir son étoile bien plus brisée que les autres soirs. Et son petit coeur s'était serré, allait-il pouvoir la réparer cette fois-ci où était-ce trop tard, l'étoile se serai-t-elle définitivement transformée en trou noir ?

Elle était là, étendue à même le sol, sa tête posée sur les cuisses de Jimin, le visage et le corps découverts. Sa robe était déchirée par endroit et sa peau tâchée, de sang, de galaxies bleues et violettes ... trace de mains perverses ayant souhaitées posséder l'univers qu'elle était, de force.

Taehyung n'avait pas pu supporter cette vue, se précipitant vers elle pour la soulever délicatement. Un bras sous ses genoux et derrière son dos, il avait demandé à Jimin de ramasser son trench et de le recouvrir avec. Portant la blonde d'une précaution extrême, le noiraud lui demanda ensuite les conduire chez lui. Taehyung ne souhaitait plus l'abandonner ne serait-ce que le temps de quelque seconde, la gardant contre lui, simplement rassuré par le faible souffle qu'il ressentait contre la peau de son cou ; elle respirait encore. Son étoile était encore vivante.

Le noiraud s'en voulait énormément de ne pas avoir tenté de faire bouger les choses, préférant laisser le destin s'en charger. À présent, il le détestait, ce foutu destin tout autant qu'il se détestait. Jimin les avait conduit chez lui et s'était proposé de rester avec eux, mais Taehyung avait ressenti le besoin de rester seul avec son étoile, tenter de la soigner comme chaque soir qu'ils passaient ensemble, rien que tous les deux, elle et lui.

Alors voilà, ils se retrouvaient tous deux sur le lit du noiraud, aux draps sombres fait de soie et de douceur, loin de ceux rouges et luxurieux de la chambre qui les voyaient s'unir. Mia était échouée encore dans sa robe déchirée, toujours tachée de douleur et d'horreur et Taehyung ne savait que faire. Il voulait la guérir, effacer tous ces maux et lui offrir le monde, un peu plus doux, coloré et fait d'un tendre amour, celui qu'elle était venue réclamer la première fois qu'ils se sont rencontrés.


— Ma Mia ... réveilles toi, je t'en prie.


Ces fins et délicat doigts de pianiste survolaient les traits de son visage abîmé. Ils caressaient chaque petite partie de sa peau meurtrie, survolant avec délicatesse et prudence chacune des galaxies violettes qui tâchaient ces bras et ces poignées.


— Princesse, je te promets, c'est fini.


Il voulait lui arracher cette robe à velours sombre dont il ne restait plus que des lambeaux, il voulait éteindre chaque galaxies perverses qui vivaient sur sa peau opaline par d'autres plus tendre et faite d'amour, il voulait lui teindre ces cheveux blond par une autre quelconque teinture loin de celle rappelant l'étoile, un noir profond, intense et fort, parce qu'elle était bien plus qu'une simple étoile scintillant pour le plaisir des autres. Elle était devenue un trou noir, absorbant le mal-être longtemps reçu, s'imprégnant de toute la cruauté de la vie pour faire d'elle ce tas de vide, de tout, de rien, sombre et noir ... mais qu'était-ce un trou noir ? La mort d'une étoile, où la renaissance d'une toute galaxie bien plus menaçante et imposante ? Personne n'est jamais revenu vivant d'un trou noir mais Taehyung était prêt à plonger tête première dans cet amas effrayant et étouffant, prêt à tout pour découvrir les profondeurs et entrailles de ce trou noir brisé, prêt à tout pour faire ce néant un tout nouvel univers coloré.

Taehyung voulait plonger droit dans cette supernova, parce qu'il en était la seule lumière restante qui pouvait faire d'elle autre chose que le néant.


— Ma Mia, ouvre moi ces yeux envoutant, regarde moi, je t'en supplie.


Sa voix était rauque, enrouée par un rhume qui l'avait cloué au lit et empêché de rencontrer la blonde plus tôt au bar. S'il n'avait pas été malade, il aurait pu être là pour elle, l'aimer et la soigner de ces caresses comme chaque soir. S'il avait été plus courageux, elle ne serait même plus dans cette situation et l'aurait sauvé depuis bien longtemps de cette maison close dans laquelle elle était retenue. S'il  ..., S'il ..., Si ..., lui aussi avait sa petite voix vicieuse bien à lui, qui lui murmurait constamment toutes ces choses qu'il ne souhaitait entendre.


— Pardonne moi de t'avoir laissé seule à ton sort.


Ces lèvres ne pouvaient s'empêcher d'implorer son pardon en cajolant son épiderme meurtri de baisers volatiles, légers. Chacun d'entre eux avait un goût de culpabilité, de douleur, de désespoir et d'un trop plein d'amour.

Ce n'est que lorsqu'un tout petit geignement ricocha contre les doux draps sombres que Taehyung se sentit respirer de nouveau, expirant un souffle tremblant. Comme si depuis la vue de son corps inconscient, il était en apnée.


— Hey doucement princesse ...


Il l'observait se débattre pour quitter sa torpeur, les paupières crispées et le corps tendu dans une douleur qu'il pouvait ressentir. Chacun de ces muscles semblait tendu à l'extrême et chaque mouvement un supplice pour la blonde.


— Ou- je ...

— Shhht, je suis là, ne fais pas d'efforts.


Dans des gestes délicats et attentionnés, il glissa son bras autour de ses épaules pour l'aider à se redresser et caler un oreiller entre elle et la tête de lit. Il sentait que chacun de ces gestes n'étaient que torture pour elle, il souhaitait atténuer chacun de ces maux, de baisers, de caresses, de mots doux et d'amour.


— On est chez moi Mia, Jimin m'a appelé parce que tu as perdu connaissance au bar.


Mia se contentait de fermer les paupières fortement, ces mains crispées sur les doux draps de Taehyung et ces sourcils froncés. Elle ne semblait pas totalement consciente et Taehyung sentit son cœur se serrer davantage au geste brusque qu'avait fait tout à coup Mia. Lorsqu'il avait essayé de retirer son bras qui entouraient ces épaules, elle sursauta en ouvrant ces paupières dans un mouvement paniqué.


— N-ne part pas.


Elle avait attrapé son bras et enfouit ses doigts si fortement dans son muscle que Taehyung était sûr d'y trouver une trace plus tard, mais ce n'était que l'ampleur de sa panique qui se traduisait par l'intensité de sa poigne, forte, ferme, comme si elle allait se noyer si elle venait à le lâcher. Taehyung était cette bouée à laquelle elle s'accrochait désespérément.


— Je ne vais nulle part princesse, je suis là, je ne te lâcherai ... plus jamais.


Ces mots n'étaient qu'un murmure rauque et bas, tout contre son front qu'il cajola d'un long baiser où il pressa fortement ces lèvres contre sa peau, comme pour lier sa promesse à l'univers qu'elle était, comme s'il était la clé pour enfin la sauver définitivement. Taehyung s'installa à ses côtés, gardant son bras autour de ses épaules et Mia se recroquevilla instantanément contre son torse, là où elle se sentait enfin vivre, là où le monde semblait enfin tourner rond.

Dans un silence douloureux où chacun semblait perdu dans ces pensées, Taehyung se contenta se caresser le doré terne de la jeune femme dans ces bras, lui laissant le temps de se remettre de ces émotions. Ces fins doigts glissaient contre son crâne dans un massage apaisant tirant à Mia quelques soupirs de contentement. Et ce n'est qu'après de longues secondes qui parurent éternité pour le noiraud que Mia décida de prendre parole d'une toute petite voix, cassée, brisée, éteinte.


— Tu n'étais pas là ...


Ça ne sonnait pas comme un reproche, une simple constatation qui pinça de nouveau le pauvre cœur du noiraud. Il n'était pas là ... alors qu'elle avait besoin de sa tendresse.


— Je sais.


Il se contenta de continuer à caresser ces cheveux, fixant le mur gris face à lui. Taehyung souhaitait lui laisser le temps de s'exprimer, de verser le chaos en elle, quitte à ce qu'il l'emporte par la brutalité du trou noir qu'elle était. Mais il était prêt, prêt à l'aider à extérioriser, prêt à l'aider à s'en sortir, prêt à se mêler de sa vie ... ce qu'il aurait dû faire depuis bien longtemps.


— Il y avait un autre qui chantait à ta place.


C'était comme si Mia revivait la scène, mais cette fois-ci elle trouvera Taehyung à ses côtés, il sera là pour la serrer fort contre lui et lui murmurer que tout ira enfin bien.


— Il n'est pas aussi doué que moi au piano hmm ?

— Il n'était pas toi.


Un énième pincement au cœur. Sa Mia le voulait lui et aucun autre. Le silence lui parut un peu plus étouffant, il devait faire quelque chose, bouger, parler, agir pour ne pas se sentir suffoquer. La culpabilité le rongeait, la douleur de la blonde le dépouillait de toute raison et sa petite voix à lui le ramenait à un passé proche qu'il ne voulait plus affronter.


— Tu n'étais pas là.


Il n'était pas là.

Ces lèvres répétaient ces quelque mots, comme s'ils étaient les seuls qu'ils connaissaient, la connectant à la réalité, la gardant dans une transe sombre. Mia était avec lui et ne l'était pas, comme si le chaos en elle l'avait déconnectée de cette réalité pour la faire sombrer dans une autre où Taehyung était prêt à y plonger pour la tirer à sa suite, il comptait la tirer vers le haut pour enfin reprendre leur souffle.


— Je suis là à présent princesse.


Il ne pouvait que se contenter de la serrer un peu plus fort contre lui avant qu'il ne ressente ce petit corps contre lui trembler énormément, de fins bras poussant contre son torse pour se détacher de son étreinte, comme si son simple toucher la brûlait.


— N-non ... je- il était- il était-


Mia était éprise de spasmes, là assise en plein milieu des draps, ses membres se secouant de suffocations. Taehyung ne comprenait pas ce soudain changement de situation, passant d'un calme angoissant à un chaos étourdissant. Il ne savait plus s'il préférait le silence étouffant figeant le temps ou le chaos qui saccageait la réalité sur son passage.


— J-je ne voulais Tae, j-je ... je lui ai dis non-non, m-mais il-il m'a serré f-fort si fort-

— Eh princesse, il n'est plus là.


La blonde s'agitait le regard perdu dans le vide. Son souffle était erratique et Taehyung ne savait que faire. Engager un quelconque contact physique ne ferait que l'enfoncer dans crise.


— Il ... il m'a prise-

— Shht, je suis là.


Calmement, malgré son coeur qui se tordait à la vue de la jeune femme suffoquant, le noiraud tentait de la garder sur terre, en lui parlant, se rapprochant légèrement d'elle.


— Ca ne s'arr-arrêtait pas, il-il m'a fait m-mal ... mal

— Regarde moi je t'en supplie.


Chacun des mots qu'elle prononçait ne faisait qu'accentuer son envie de tout saccager, car ça ne faisait que confirmer ses appréhensions. Il pouvait presque voir à travers ces pupilles grises et brumeuses la scène que la blonde brisée avait vécu, il la voyait se faire torturer par un monstre, se faisant malmener contre son grès. Il bouillonnait de rage, de douleur et d'amour.


— Mal ... j-je ne vou-voulais pas-

— Walk in the room, take off your coat.


Il s'était rapproché d'elle, glissant derrière elle pour lui chantonner tout contre son oreille. Il savait qu'elle aimait entendre sa voix lui murmurer des chansons, surtout celle-ci, lorsqu'il l'accueillait avec, au bar.


— C'était ... c'était violent, violent.

— You look so nice, I've been so cold.

— J'av-avais si mal.

— You wanna be my special one, I cannot breathe.


Il entendait son souffle ralentir alors que son corps tremblotant allait à la rencontre du siens, s'inclinant jusqu'à ce que son dos rencontre son torse.


— Please just go home, Mia.

— Tae ...

— Mia.


La blonde était toujours prise de spasmes mais semblait enfin avoir quitté l'enfer dans lequel son esprit l'y avait plongé.


— Mia.


Et Taehyung continuait à chantonner son prénom au rythme de la musique qu'elle avait fini par connaitre par coeur.


— We are monsters from hell.


Sa voix n'était plus que murmure contre sa tempe. Il n'osait pas la toucher, se rendant compte que c'était lorsqu'il l'avait serré contre lui que la blonde s'était noyée dans ce souvenir sombre.


— Mia.


La jeune femme avait ramener ces jambes dénudées contre sa poitrine très peu couverte. Son souffle s'était apaisé sous les murmures de son pianiste.


— Mia.


Hésitant, Taehyung releva sa main pour venir glisser l'une des mèches blonde à l'arrière de son oreille en lui chantonnant contre sa peau opaline.


— We are monsters from hell.


Mia avait murmuré ces quelques mots en chœur avec le noiraud, tel un secret qu'elle venait de révéler, une vérité longtemps cachée. Et ce soir, Taehyung était hésitant, ne sachant que faire réellement pour ne pas causer d'autres dégâts supplémentaires.

Parce que ce soir, ils n'étaient ni dieux, ni démons, ni anges. L'enfer était beaucoup trop doux pour ce que portait en elle Mia et le paradis des bras de Taehyung ne semblait plus suffisant. Les anges déchus avaient succombés à l'illusion de cet amour impossible, les démons sur Terres le leur ont abruptement arrachés, condamnés par les dieux cruels. Parce qu'ils étaient monstres, artistes de la chair. Ils étaient ces instruments, conçus des enfers lubriques prêts à vous emmener de leur douce mélodie au paradis voluptueux et rien d'autre. Ils ne méritaient ni amour ni compassion. Parce que l'amour et la tendresse n'existait pas là où la débauche se payait en billet.

heaven pain

hihi, bonsoir bonsoir précieux papillon, j'espère que tu vas bien! premièrement je tenais à te remercier d'avoir pris le temps de me lire et j'espère que cette lecture t'as plu tout autant que j'ai pris plaisir à l'écrire. ensuite, je tenais à te dire que oui, j'avais prévu que ce soit un threeshot mais je crois que je vais partir sur une mini fiction!! un grand merci à mi corazon Akamikeko qui me relit et m'aide à améliorer ma plume constamment. et merciii à serenapetrova pour cette merveilleuse carte de visite !!! <33 ton montage est magnifique 

j'ai hâte de vous publier la suite, à très bientôt !!!

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