11- s'enfuir d'ici.
♡ ♡
J'étais seul dans cette pièce, cette fois. Habituellement quand ils faisaient ce genre de choses nous étions toujours plusieurs et d'un côté ça me rassurait car je me sentais moins seul. Mais là, j'étais dans une pièce sombre, à la merci de n'importe qui. J'avais vraiment peur. J'entendais mon coeur résonner dans l'immense pièce contrastant avec le silence.
— bonjour Jungkook.
Un homme pénétra dans la pièce, il était vêtu d'une blouse ce qui me faisais penser que c'était un docteur. D'ailleurs il me semblais l'avoir aperçu plusieurs fois. Il avait amené un poste à cassette avec lui, ce qui ne présageait rien de bon. Il le déposa sur le bureau, et se tourna dans ma direction. À côté, il y avait un verre remplie d'un liquide transparent qui pourrait se rapporter à de l'eau, mais rien n'était jamais sûr avec eux. Mes sens étaient en alerte.
— bois ce verre Jungkook.
— non. C'est quoi ? Répondis-je inquiet.
— si tu ne bois pas tu seras punis. Je pense que tu ne veux pas aller au trou, n'est-ce pas ?
J'avais tellement peur que je pris ce verre et le bu en entier, ça semblait être de l'eau mais il y avait un déplaisant arrière goût de fer qui me fit frissonner. Je relâcha alors le verre avant de fondre en larme demandant le contenu de ce dernier.
— c'est de la drogue, d'ici peu de temps tu seras pris de vomissements. Il souriait, pendant que je me retenais de vomir.
J'avais effectivement quelques minutes après envie de vomir, ma tête tournais et je sentais que mon corps serait faible, d'ici très peu de temps. Tout ce que je subissais depuis que j'étais là me rappelais que les garçons le subissaient depuis plus longtemps que moi. Et une pensée me vint à l'esprit. Ça ne m'étonnais même plus que Taehyung pensait comme cela après tout ce qu'on lui avait fait subir ici. J'en voulais au monde entier d'être si cruel. On nous traitait de tous les noms, mais les véritables personnes à condamner c'était bien ceux qui nous faisait subir ce genre de torture.
Mais comme si je n'étais pas déjà assez mal, l'homme alluma le poste et ce que j'entendis me fit fondre encore plus en larme. J'étais pris de sueurs froides, il venait de passer un enregistrement audio de 2 hommes en train de copuler. J'avais les yeux grands ouverts et j'étais sous le choc. Jusqu'où aller s'étendre cette torture ? J'en venais même à souhaiter mourrir pour ne plus avoir à entendre cela. Je me bouchais les oreilles, me tirais les cheveux, puis finalement je vomis sur le sol. J'étais au milieu de mon vomis comme un être misérable.
Un écran s'alluma face à moi, des images dégoûtantes défilèrent devant mes yeux qui voyaient flous, je ne contrôlais plus rien. Le docteur sortis de la pièce, me laissant seul dans ma misère. Jamais je n'oublierais ce qu'il s'est passé ce jour là. J'avais été marqué à vie. Les mots ne sont jamais assez fort quand je viens à parler de ces choses là. C'est comme si une partie de moi s'était détaché. Je n'entendais même plus cet enregistrement, je voyais flou. J'étais sonné. Puis le trou noir.
Quand j'ouvris les yeux j'étais dans ma chambre, un gant mouillé sur le front. Il n'y avait ni Jin ni personne. Je me sentais horriblement seul. J'avais besoin de serrer quelqu'un dans mes bras. Non, j'avais besoin de serrer celui que j'aimais dans mes bras et de pleurer dans son cou, me sentir rassuré. Je regardais l'horloge, il était quatre heure de l'après-midi. Il faisait encore jour, mais on sentait la fin de journée arriver. Oui car nous étions en automne bientôt en hiver.
Jin avait laissé un petit mot sur ma table de nuit.
« Retrouve nous dans le grand jardin, Taehyung est très inquiet »
J'arrivais à peine à me lever, ma tête me faisait un mal de chien. Mais l'idée de savoir Taehyung inquiet me donna la force d'avancer et de lui montrer que j'allais bien et qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Quand j'arrivais enfin dans le grand jardin, une petite touffe blonde courut. Jimin me prit dans ses bras.
— Jungkook ! S'écria Jimin. Ça va ? On a eu tellement peur. Ne t'inquiètes pas c'est le pire truc avec les électrochocs après il y aura des trucs plus supportables.
M'avait-il dit d'une petit voix qui se voulait rassurante. Il tapotait dans mon dos pour me rassurer. Mes yeux étaient embués de larmes, tandis que je regardais les garçons. Ils avaient des regards désolé comme si j'étais le seul à subir cela alors qu'eux aussi ils souffraient.
— je vais bien ne vous inquiétez pas. Voud aussi vous souffrez... Dis-je en me détachant de lui.
— mais toi t'es notre petit protégé. Me dit Namjoon en me faisant un clin d'œil.
Je m'installais à leur côté. J'étais bien avec eux. Comme une famille que je n'avais plus, car eux ils ne me jugeraient pas qu'importe mes choix. Je fermais les yeux pour ressentir cet air frais d'automne. Je les entendaient rires malgré leurs problèmes. Au fond ce qui nous unissaient c'était notre malheur. Nous étions malheureux.
— ça va ?
Me dit une faible voix que je ne reconnaissais que trop bien. Sa voix grave m'avait chatouillé et je me retrouvais à détailler ses fins traits de visages si parfait. Tout chez lui n'était que perfection à mes yeux. Depuis le coup de foudre jusqu'à maintenant. Tout. Absolument tout me rendait fou. Mais il ne pouvait être mien à cause de ces montres.
— oui. Dis-je d'une voix assez timide.
— hier, je t'ai attendu mais tu n'es jamais venu.
Il n'avait pas lâché mon regard, je rougissais à vu d'œil. Il avait le regard sévère et s'attendait à une réponse bien construite. Alors je formulait une excuse pitoyable tout en bégayant pour ne rien changer.
— j-j'étais trop fatigué, e-et puis avec ce qu'il s'est passé j'avais...
— peur ? Me répondit-il.
— oui...
Puis nous nous plongions dans le silence regardant les autres faire les imbéciles. Mais une question me brûlait les lèvres et je me devais de lui demander sinon j'allais le regretter.
— ce soir tu y seras sur le toit ? Demandais-je d'une voix presque inaudible de peur d'entendre sa réponse.
— oui
— je pourrais venir ?
— tu es toujours le bienvenu Jungkook.
— j'ai hâte alors.
Puis les heures étaient passées et me voilà à l'entrée du toit, j'avais peur d'ouvrir cette porte. Pourtant je ne devais pas mais depuis qu'il m'avait rejeté j'avais comme un sentiment amer au fond de la gorge. J'avais peur qu'il me reparle de cela et qu'il me dise que c'était trop dur pour lui. Finalement je rassemblais tout mon courage pour ouvrir cette foutue porte qui me séparait de celui que j'aimais. Et à ma surprise il n'était pas encore là. J'avais donc décidé de l'attendre.
Ça devait bien faire plus d'une heure et demie mais toujours aucun signe de lui. J'avais compris qu'il n'allais pas venir et je m'efforçais de me lever mais j'avais toujours de l'espoir qu'il passe cette porte et qu'il me dise qu'il avait eu un empêchement ou tout simplement oublié ça m'aurait été. Mais rien.
Et dans ce monde noir et vide, soudain je repensais à ce qu'il s'était passé l'après midi même. Le rendez-vous avec Taehyung m'avais fait oublié le principal. J'entendais les gémissements de ces deux hommes très distinctement dans mon esprit, je voyais leur image. Comme s'ils étaient autour de moi. Je paniquais. Sur ces gémissements je plaçais des visages, ça me répugnait. J'avais encore envie de vomir.
C'était trop dur pour moi. Quand avais-je commencé à penser de la sorte ? À cet instant j'en venais même à douter si être homosexuel était mal, si ce n'était pas des esprits pervers qui tombaient amoureux du même sexe. Si nous ne devions pas nous faire exorciser pour laisser partir le diable en nous. Et si au fond ils avaient raison ? Ce sont des adultes ils savent ce qui est bon ou non.
Je me tenais la tête, j'étais accroupi par terre, je n'avais même plus de repère. La douleur était telle que j'aurais préféré me jeter du haut de ce toit que de subir cela encore et encore.
— laissez moi tranquille. Je pleurnichais.
J'avais perdu la raison, je me criais à moi même, je demandais aux gémissements de s'en aller mais rien n'y faisait, ils étaient ancrés dans mon esprit. Je tapais par terre de mes mains. On aurait pu me prendre pour un fou. Et au fond c'est ce que j'étais, un sombre fou. La folie me gagnait peu à peu. J'étouffais dans ces ténèbres et je priais pour que quelqu'un achève cette souffrance.
— Taehyung...
Son nom était comme une harmonie parmi les enfers, comme des couleurs parmi mon monde monotone. Je voulais le voir. Pourquoi m'avait-il laissé seul ? Pourquoi je l'aimais tant ? Parce qu'il était devenu mon monde. Ce garçon mystérieux aux cheveux gris, aux yeux bruns, avec son sourire rectangulaire. Ce garçon aussi brisé que moi, aussi brisé que mon coeur.
— Jungkook ?
Je relevais mes yeux pour le voir. Une hallucination ? C'était peut être les portes de la mort. Si ma mort avait le visage de Taehyung je voulais bien mourir une centaine de fois. Même si la douleur serait comparable à mille coup d'épées.
— ça va ? Je suis désolé de t'avoir laissé seul. R-Répond moi Jungkook. Je suis désolé...
Il me tenait dans ses bras. Son étreinte chaude avait eu pour don de calmer ma crise et les gémissements n'étaient plus qu'un lointain souvenir. Il me calmait rien qu'en me faisant un simple câlin. Mes larmes se faisaient discrètes et moins nombreuses. Il avait relevé mon visage avec son pouce pour pouvoir me regarder dans les yeux.
— tu y repenses c'est ça ?
— je t'ai attendu Taehyung...
— je suis vraiment désolé. J'ai été occupé...
— c'est pas grave... je vais retourner dans ma cham-
— n-non. Je te demande pardon, restons encore un peu.
Voyant que je n'étais pas décidé, il embrassa ma joue.
— s'il te plaît Kook, et puis tu n'as clairement pas l'air bien je ne peux pas te laisser partir comme ça.
— d'accord.
Je n'arrivais pas à lui en vouloir, tout du moins, je ne voulais pas lui en vouloir. Nous étions assis l'un à côté de l'autre silencieux et béats attendant que l'un de nous deux parle.
— Jungkook je dois te dire quelque chose.
— hm ?
— j-je suis désolé pour-
— tu comptes toujours t'excuser ? Avais-je dis en rigolant pour détendre l'atmosphère.
— euh non désolé... aish ! Dit-il
J'ai ensuite rigolé timidement.
— tu sais quand on a failli s'embrasser.
Je mis mes mains devant mon visage pour ne pas qu'il me voit rougir et surtout parce que j'avais bien trop honte. Il se mit à rigoler puis il reprit son air sérieux.
— je ne sais pas ce que je ressens quand il s'agit de toi. Mon coeur s'affole et je ne suis plus capable de réfléchir. Mais je sens qu'au fond de moi je ne suis pas prêt. Quand je pense à t'embrasser je suis comme un fou mais quand j'essaye je vomis, c'est peut être trop tôt.
Je n'avais pas été aussi heureux de toute ma vie. Je le comprenais complètement.
— on a qu'à attendre. Lui dis-je. Attendre que nous soyons prêt à passer outre tout ça.
Toute mes incertitudes que j'avais eue plutôt s'étaient dissipées. J'étais sur d'une seule chose, j'aimais comme un fou ce garçon juste devant moi.
— tout à l'heure je suis parti voir l'infirmière. Je n'avais pas trop le choix.
— c'est horrible ce qu'ils te font.
— je ne voulais qu'être avec... toi.
— moi ?
— mhmh. Acquiesça-t-il.
Plus aucun son ne sortit de nos lèvres. Je m'imaginais qu'un jour nous serrions en dehors de ces portes, qu'un jour nous pourrions nous aimer, que nous vivrions ensemble, nous embrasser serait normal et habituel. Je rêvais de toutes ces choses qui auraient du être normales. Je détestais être ici mais c'est ce lieu qui m'avait fait connaître Taehyung, je ne pouvais qu'en être reconnaissant.
- quand on sera sorti d'ici, tu iras où ?
Une question déjà posée, mais je voulais savoir si sa réponse restait inchangée.
— loin, très loin d'ici. Avec vous tous. Surtout, avec toi.
— moi aussi je veux être avec vous tous. Pour toujours. Vous êtes ma raison de vivre. Ajoutais-je. Tu es ma raison de vivre.
—
En racontant ce souvenir qui se voulait heureux. J'avais un goût amer dans la bouche. Un goût d'inachèvement. Mon rêve ne s'était pas réalisé. Et il ne pourrait plus jamais se réaliser. À l'évidence, si je pouvais faire passer un mot au Jungkook jeune et naïf de cette époque, je lui dirais « fait plus attention à tes amis ». Car c'est mon plus grand regret.
On s'aimait et nous étions tous liés mais nous ne connaissions pas les tourments des autres. Je voudrais m'informer un peu plus sur leurs états d'esprits si je le pouvais. Mais ce lien est maintenant brisé et même si j'essaye de renouer avec ceux encore présents, rien ne sera plus jamais comme avant ce jour là. Ce fameux jour.
Continuant mon histoire à mes auditeurs je sentais les larmes me monter. J'avais peur de la lettre de Namjoon que j'allais devoir affronter quand je rentrerais chez moi.
—
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