1- back in time.
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5 Février 2020
— Essayez de me donner le plus de détails possible, s'il vous plaît.
— Oui, pas de soucis.
— Ça ne sera pas difficile pour vous ?
— Eh Oh ! J'ai pas encore l'alzheimer à ce que je sache. Je me souviens de chaque détails comme si c'était hier...
— Si à un moment vous sentez que vous ne pouvez plus parler, on arrête d'accord ?
— Très bien
— On se lance ?
J'inspire longuement en me concentrant sur mes souvenirs, puis je me met à raconter mon histoire à une parfaite inconnue. Peut-être que le fait d'en parler à quelqu'un que je ne connais pas m'aidera à passer le cap, à le voir autrement et à tourner la page. Peut-être que ces dernières années j'avais juste besoin de me libérer.
Rien n'était sûr et je ne savais même pas si lui raconter cela était une bonne idée. De plus son petit ami au fond de la salle ne m'avais adressé aucun regard. Il était sur son cellulaire depuis tout à l'heure. Ce qui me mettait mal à l'aise. Elle m'avait dit qu'il n'aimait pas trop aborder des sujets sensibles et qu'il n'écouterait pas, peu importe je devais me concentrer sur moi et sur le récit que j'allais leur comter.
—
J'étais né dans une famille catholique, mon père avait même intégré un groupe de parole dédié à la religion, ce qui inquiétait ma mère car elle les qualifiait de « secte ». Mon père n'avait pas essayé de nous y traîner alors je ne m'en occupais pas tellement. Il ne passait pas des nuits dans un monastère a prier et à sacrifier des humains ni rien. Alors rien de grave. Il retrouvait juste les membres dans un café et discutait de religion et de divers thèmes.
J'avais alors 17 ans à cette époque, j'intégrais ma dernière année de lycée, j'avais jusque là était un élève modèle sans problèmes ce qui faisait la fierté de mes parents. J'étais vraiment naïf à cette époque. Je voyais la vie en rose et je pensais à tort que tout le monde avait la même façon de penser que moi. Je me trompais lourdement. Je pensais également que mes parents m'aimaient et me chérissaient ce qui par la suite s'avérera totalement faux. Enfin ils "m'aimaient" à leurs manière.
Au lycée j'avais seulement trois amis pas plus, nous nous connaissions depuis l'enfance, j'allais régulièrement dormir chez eux et de même pour eux. Mes parents les connaissaient bien et leurs faisaient totalement confiance. C'est alors que tout se complique. Je ne m'étais jamais réellement posé de questions sur ma sexualité. Pour moi c'était normal et simple, comme me l'avait inculqué mes parents :
Un homme + Une femme = Un mariage
Et ce n'était pas autrement. Parfois je me demande si je n'aurais pas préféré rester cet enfant ignorant. Ça m'aurait évité bien des peines et des problèmes.
Dans mon groupe d'ami, il y avait ce garçon, on était vraiment proche. Il me comprenait mieux que personne et inversement. Je ne sais pas si j'ai oublié son nom car je le voulais ou si involontairement j'avais réellement oublié son existence. Je me rappelle pourtant son visage très précisément dans ma mémoire. Il était beau. Vraiment beau. Et à cette époque je me le disais à moi même sans pouvoir le crier haut et fort. Ça aurait été bizarre un garçon qui dit d'un autre garçon qu'il le trouve beau, n'est-ce pas ?
Un soir je rentrais de cours, il était à mes côtés, nous parlions de notre devoir de mathématiques à rendre, ma main effleura la sienne par inadvertance. Ce que je trouvais normal, enfin, j'aimais bien ces moments d'intimité. Il prit alors ma main. Je le regardais en gloussant timidement. Mon innocence a cette époque n'avait pas de limite, il me la serra de plus en plus fort, je fronçais alors les yeux pensant qu'il voulait me faire mal.
Il me dit alors une phrase que je n'oublierais jamais.
«Tu trouves ça malsain d'aimer quelqu'un ?»
Je pensais qu'il parlais de notre professeure d'anglais. Il m'avais souvent parlé de ses « courbes parfaites », et je ne pouvais qu'être d'accord car elle était vraiment belle. Je le regardais alors dans les yeux pour lui dire :
— tu sais elle est sûrement mariée...
— mais de quoi tu parles Kookie ?
Sa voix résonne encore dans ma tête, elle était douce et vraiment agréable.
— bah de Madame Hung.
— je te coupe tout de suite. Je ne l'aime pas. À vrai dire je n'aime pas les femmes...
Encore une fois mon innocence repris le dessus, je ne comprenais pas où il voulait en venir. Puis il repris cette fois-ci les larmes aux yeux. Je m'inquiétais vraiment pour lui.
— je veux dire par là que j'aime les hommes Kookie, est-ce que c'est mal ?
Je tombais des nus, je ne comprenais pas, une voix dans ma tête me disais que c'était tout à fait normal puis le visage de mes parents m'apparaissait.
— je ne trouve pas cela malsain que d'aimer quelqu'un.
C'était la réponse que j'avais trouvé, c'était la plus juste et la plus normal à mes yeux. Quand on aimait on ne calculait pas. Quand on aimait on aimait simplement qu'importe la personne. Notre plus grand malheur avait sûrement était d'être né dans un monde de jugement. Il me sourit alors tendrement puis rajouta alors :
- Kookie, je t'aime.
Cette phrase, je me maudissais pour l'avoir entendue. Je trouvais cela vraiment beau d'aimer, mais quand ça venait à me toucher je me braquais fuyant ce sentiment pourtant incroyable. C'était mon ami, et j'allais sûrement le blesser. À vrai dire à ce moment je pensais surtout à mes parents qui m'emmenaient à la messe, des bons chrétiens qui se serait sûrement suicidés d'apprendre que leurs fils était homosexuel plutôt que d'essayer de me comprendre.
Sa main dans ma paume, était chaude et son regard avait dévié sur la route. Nous avions bien parcourue plusieurs mètres depuis sa déclaration et je n'avais rien trouvé à redire. Lui non plus n'avait pas parlé, je n'en savais pas la raison et je ne la saurais probablement jamais.
Ce soir là, dans ma chambre j'étais perdu dans mes pensées, mon ami m'avais avoué des sentiments que je ne comprenais pas et que je refusais pour ne blesser personne. Il n'y avait pas internet et les milliers de questions que j'avais en tête je ne pouvais les poser qu'à moi-même.
Le lendemain, j'étais déterminé à lui faire face et lui dire que je ne voulais pas retourner ses sentiments car mes parents m'en voudraient sûrement. Mais une fois arrivé devant lui, je perdis mes moyens. J'étais vraiment gentil et ne supportais pas de mettre quelqu'un mal à l'aise et puis au fond, je crois qu'avec le recul je voulais être amoureux de lui. J'ai donc accepté de sortir avec lui en cachette.
Cette décision était à la fois la meilleure car c'est elle qui m'a amené à rencontrer des merveilleuses personnes mais c'est aussi celle qui m'a emmené jusqu'en enfer.
Le soir j'avais dit à mes parents que je dormais chez lui, ses parents n'étaient presque jamais à la maison au contraire des miens qui étaient toujours sur mon dos. C'est ce jour là que j'ai goûté à mon premier baiser. C'était doux, puis violent. Comme une pluie puis une tempête. J'appréciais mais j'avais des millions de remords. Mais pour un instant je voulais faire quelque chose qui me plaisait réellement. Quelque chose dont j'avais honte mais qui m'étais si agréable.
J'avais maintenant des sentiments pour lui, je sais qu'on aime pas quelqu'un en si peu de temps surtout si on l'a toujours considéré comme étant seulement un ami. Mais aujourd'hui je considère que les émotions que j'éprouvais pour lui avant qu'il ne m'avoue ses sentiments n'étaient pas ceux que j'aurais dû avoir pour un meilleur ami. Je ne savais juste pas placer de nom sur ce que je ressentais.
J'avais par la suite vécue des mois de paradis, nous nous cachions pour nous embrasser et personne autour de nous n'avait compris ce que nous tentions désespérément de garder. J'étais maintenant persuadé que je l'aimais. Il était tout pour moi et j'aurais pu faire n'importe quoi pour lui.
Il voulait que plus tard, on se marie. Cette idée me plaisais tout autant qu'elle m'effrayais. Il voulait le dire à ses parents mais je trouvais cela trop dangereux. J'avais peur, peur qu'ils le disent à mes parents, peur que je les dégoûtes. Je savais que j'allais devoir leurs dire un jour ou l'autre. Mais le plus tard serait le mieux. Le plus lointain possible, je ne voulais pas m'imaginer les répugner. Pourtant je jouais à un jeu dangereux qui allait se refermer sur moi. Un piège auquel je ne pouvais m'échapper.
L'automne était enfin arrivé, à l'époque c'était ma saison préférée, j'aimais marcher sur les feuilles mortes, le craquement de ces dernières était un bruit satisfaisant que je me plaisais a entendre. J'aimais aussi l'ambiance, un petit chocolat chaud m'attendais tout le temps quand je rentrais des cours avec un pain à la cannelle que ma mère prenait le soin de me préparer.
Avec mon petit ami, nous avions décidé de mettre de côté de l'argent pour plus tard, pouvoir partir vivre ensemble. J'étais résigné à abandonner mes parents. Vous pouvez dire que je suis un enfant indigne si vous le souhaitez, mais je n'en pouvais plus d'être étouffé avec eux, qui me rabâchaient sans cesse la même chose. Une part de moi voulait partir tandis qu'une autre part me criait de rester car après tout c'était mes parents et ils m'avaient élevés. Je ne savais pas et repoussais toujours la discussion quand je venais à en parler avec lui ce qui l'agaçait fortement.
Un jour, il était venu chez moi, mes parents étaient au supermarché et mon frère en étude du soir comme chaque mercredi. Nous étions seuls. Nous étions dans ma chambre en train de faire nos devoirs ensemble. Je crois que ça portait sur un exposé de Jacque l'éventreur. Mais laissez deux adolescent seuls dans un endroit confinés et vous savez comment ça va se finir.
— Jungkook ?
— mh ? Répondis-je à son interrogation.
— je peux t'embrasser ?
— n-non... on est chez moi...
— tes parents ne sont pas là, et puis j'en ai foutrement envie.
Tout mes sens me criaient que je ne devais surtout pas le laisser faire, tout mes sens me disaient que je ne devrais pas l'écouter. C'était chez moi et mes parents pouvaient rentrer à tout moment. Mais j'avais vraiment envie de ses lèvres roses et brillantes qui m'appelaient. Je les laissais donc se déposer sur les miennes tendrement comme nous avions l'habitude de le faire chez lui.
— J-Jungkook... Q-qu'est ce que tu fais ? S'écria une voix que je ne reconnaissais que trop bien.
Ma mère venait de lâcher ses courses par terre, elle était dans l'encadrement de la porte, les mains sur sa bouche et les larmes lui montant aux yeux. Si elle avait pu me tuer je suis sur qu'elle l'aurait fait. Mes membres s'étaient crispés et je n'arrivais plus à bouger tellement son regard m'effrayait. À côté de moi, mon petit-ami s'était arrêté de bouger, son souffle s'était coupé et ses yeux me criaient qu'il était désolé.
Personne n'avait parlé depuis maintenant trente minute. Ma mère avait retrouvé ses esprits, et nous étions assis dans le salon sur le canapé en face de mes parents. Je ne savais pas quoi faire j'étais tellement honteux de moi-même. Si j'aurais pu retourner en arrière je l'aurais fait volontiers à cette époque.
— Jungkook, nous ne savons pas ce qu'il se passe mais s'il te plaît dit nous que ce n'est pas ce que l'on pense. Venait de supplier mon père.
— J'ai du mal voir, c'était sûrement un accident. Dit à son tour ma mère, totalement dans le déni.
J'allais leurs répondre ce qu'ils voulaient mais je croisais le regard triste de mon petit-ami, des gouttes n'arrêtaient pas de couler de ces yeux et il regardait maintenant le sol. Dans un élan de courage que je n'avais pas souvent connu, je décidais de l'accepter devant mes parents. Je croyais qu'ils me comprendraient, qu'ils m'aimaient réellement...
J'attrapais la main de ce garçon que j'aimais puis je balança une phrase pleine d'assurance.
— Je l'aime, on sort ensemble depuis un petit moment déjà. Il me rend heureux et je pense que c'est le principal-
— Mais tu t'entends parler ? Cria mon père. Tu ne peux pas être sérieux ? Soigneur pardonnez-le ! Il ne sait pas ce qu'il dit, c'est un monstre. Nous avons enfanté un monstre.
Ma mère venait de se lever pour calmer mon père qui faisait les cent pas dans la pièce. J'étais toujours assis, j'avais peur, terriblement peur.
— tant d'années sans savoir que nous avions un démon sous notre toit !
Il était maintenant venu agripper mon col, et m'avais mis une énorme claque qui me fit valser jusqu'à l'autre bout de la pièce. J'avais tellement mal. Jamais mon père ne m'avait fait ça. Ma mère avait crié de peur et de rage.
— appelle les parents de Hie Jin. Fit mon père sur un ton plus calme.
Ah oui, son nom me revient c'était Choi Hiejin le nom de mon premier amour. Ses parents étaient arrivés un quart d'heure après. Il est sorti me lançant un regard désolé, d'au revoir ou peut être même d'adieu.
Je ne le saurais jamais car après que cette porte se soit refermée je ne lui ai plus jamais reparlé. Son beau sourire qui me faisait tourner la tête, ses touchés et ni ses baisers. Plus rien.
— mais que ce passe t-il putain ? Me criais mon père, ayant agrippé encore une fois mon col et me secouant.
— papa je-
— ne m'appelle pas comme ça ! Je n'ai pas donné naissance à ce genre de personnes.
— papa... je pleurais à chaude larme.
— efface ce mot de ton vocabulaire.
Il enchaînait les coups sur le corps de son enfant tout frêle devant les yeux de ma mère, qui n'agissait pas, vide d'esprit me regardant avec le ton le plus froid que j'ai pu connaître venant d'elle. Je n'avais même plus mal physiquement, le plus dur était dans la tête. Mon coeur se brisait à chaque fois que je recevais une nouvelle claque.
Le matin, j'étais dans ma chambre enfermé à clés couvert de bleu. Pleurant toutes les larmes de mon corps. Je me maudissais d'avoir accepté de sortir avec HieJin, je me maudissais de l'avoir laissé m'embrasser. Mais par dessus tout je maudissais ce monde d'être aussi mauvais.
Qui avait-il de mal à aimer ?
—
- Et après ? S'était exclamé le petit ami de l'étudiante, il écoutait mon histoire attentivement depuis bientôt quinze minutes.
Je marquais une pause pour reprendre mon souffle. Le plus dur du sujet venait de commencer. Le rejet de mes parents n'avait été que le début d'une série de désillusion, de torture et de souffrance.
- Après, c'était ma descente aux enfers. Avais-je répondu voyant mes mains commencer à trembler en souvenir du bon vieux temps.
—
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