Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 8 - ᴬᶰᵈʳᵉ́ - Année 1940
♫ : Scorpions - Rock you like a hurricane
_____
Chapitre 8
Point de vue d'André
_____
Année 1940.
Au mois de juin 1940, lors du début de l'Occupation, nous avons appris que nous allons devoir héberger des soldats Allemands. Ils ont réquisitionné plus de chambres que celles qui sont disponibles chez nous ; j'ai donc dû aller dans la chambre de mon frère, Joseph, pour la partager avec lui.
Ils ont mal supporté d'apprendre qu'ils sont tombés dans une famille juive et leur expression de dégoût collée à leur visage m'a fait rire. En effet, l'ordonnance du 23 septembre 1940 a obligé les Juifs de la zone occupée à se faire recenser pour être inscrits sur un registre spécial. Tous nos papiers d'identité doivent alors porter la mention « JUIF ».
***
Un jour de 1940, j'ai assisté à une blague effectuée par les jeunes frères de mon meilleur ami, appelé Saul. Ils ont caché la pancarte obligatoire sur laquelle est inscrite que la boutique tenue par leur père est juive. Des Allemands sont rentrés à l'intérieur et ont demandé à se faire couper les cheveux.
Personne ne leur a avoué la vérité avant la fin du service. Vous ne pouvez pas imaginer la tête qu'ils ont tirée lorsqu'ils ont finalement appris, outre le magasin juif, qu'ils ont été coiffés - non, touchés - par des juifs.
L'un des Allemands en question est l'un de ceux qui logent chez ma famille. Lorsqu'ils m'ont enfin aperçu - parce que je me suis caché à leur arrivée pour les éviter - l'un d'eux, le sous-lieutenant Hans Hoffman, est parti en claquant la porte en jurant de se venger tout en nous insultant.
Ce dernier ne s'est aucunement gêné pour me demander des explications à la maison. Il a voulu punir toutes les personnes présentes sur le lieu, jugées comme responsables, puis a finalement décidé que je serai le seul puni et à subir à la place des autres. C'est sans doute beaucoup plus sadique et jouissif pour lui. Je le haïs.
***
Je suis puni le lendemain de cet événement. Le fouet lacère mon dos nu, attaché en place publique devant mes proches et devant les passants. Le but est que cela serve de leçon aux autres, en plus de m'humilier.
Ma famille est effondrée. Ma mère hurle et supplie pour que ma sentence s'arrête. En vain.
Je reste digne et je serre les dents pour ne pas gémir de douleur, défiant Hoffman du regard. Cependant, pour se venger de mon affront, l'Allemand a fait accélérer la rapidité et la force des coups.
Le lieutenant Jäden Wagner, un autre Allemand qui occupe notre demeure, arrive, se frayant une place parmi la foule pour savoir ce qu'il se passe. Il arrête ma correction pendant quelques instants le temps d'obtenir une réponse.
Je pense un moment qu'il va arrêter ma punition, qu'il va stopper tout cela, mais je me suis visiblement trompé. En effet, il fait finalement signe à mon bourreau de continuer mon supplice. Cela a duré jusqu'à ma perte de connaissance...
***
J'ai ouvert doucement les yeux, me réveillant deux jours plus tard après ce fâcheux épisode. J'ai passé plusieurs jours alité.
Mon dos est couvert de cicatrices profondes. On me soigne constamment mais je sais que seule la douleur va partir. Les marques vont rester sur ma peau.
J'ai eu plusieurs visites - outre que celles de mes parents et mon frère - : Saul mais aussi Sarah, la fille qui craque pour moi. Cette dernière est venue en larmes, me promettant que tout ira mieux maintenant.
Je ne la vois que comme une simple amie et je le lui fais sans arrêt bien comprendre. Je sais la peine que je lui fais mais je ne me vois pas me marier avec elle, même si ses parents et les miens le souhaitent.
Je n'ai jamais aimé une quelconque fille d'ailleurs. Pendant l'adolescence, je me suis vite rendu compte de mon attirance pour les hommes. J'ai essayé de le nier au début mais cela a été peine perdue... J'ai succombé à quelques hommes, en secret, mais rien de concret. Maintenant, j'ai vingt-et-un ans et personne ne sait pour mon homosexualité.
Alors que je suis seul à la maison, le temps de ma guérison, la porte de la chambre s'ouvre doucement. Je tourne les yeux vers celle-ci pour voir qui vient me voir.
Je ne me suis pas du tout attendu à ce visiteur.
J'essaye de me redresser, étant allongé sur le ventre pour éviter tout frottement. En vain. En effet, je grimaçe de douleur et me résous à rester au lit.
- Allez-vous en ! Vous n'avez rien à faire ici ! Crié-je, lui en voulant pour son implication à ma souffrance. Partez !
- Calmez-vous, dit Jadën en s'approchant doucement du lit, je ne suis pas responsable de votre état. Vous vous êtes retrouvé dans une position indélicate alors vous deviez purger votre faute, explique-t-il. La punition devait être exemplaire.
- Je n'avais rien fait de grave ! Vous n'aviez pas à donner l'ordre de continuer !
- Si je ne l'avais pas fait, j'aurais passé pour un faible trop tolérant envers un ennemi. Remerciez-moi plutôt de vous avoir accordé des coups supplémentaires de fouet. Si je n'avais pas été là, mon sous-lieutenant vous aurait fait bien pire. En outre, Hoffman ne reviendra plus ici, je vous le garantis.
Un frisson me parcourt, imaginant les pires tortures qu'il aurait pu me faire subir, faisant ainsi redresser les poils sur ma peau. Néanmoins, il est hors de question de le remercier. Je le haïs comme tous les autres. Ils sont tous les mêmes ces Boches. Je suis tout de même ravi d'apprendre que le sous-lieutenant a été muté ou que-sais-je ailleurs.
- Vous essayez sans doute d'avoir bonne morale, n'est ce pas ? Je ne vous pardonne pas.
L'Allemand ne répond rien, se contentant d'inspecter mon dos sans la moindre réaction. Il se contente ensuite de déposer un pot de crème sur le meuble situé à côté de moi, avant de sortir sans un mot.
Je fronce les sourcils en attrapant ce qu'il vient de laisser : c'est pour la cicatrisation et la douleur. Je ne comprends pas pourquoi il fait cela... Est-ce que c'est une façon pour lui de se racheter et d'avoir bonne conscience ?
J'ai mis plusieurs semaines à me remettre de tout cela. Après cet accident, je l'ai fui comme la peste ; encore plus qu'avant. Aucun regard, aucun contact, aucun geste. J'ai évité les pièces dans lesquelles il se trouve à chaque fois.
***
Un soir, tandis ce que je travaille en tant que pianiste dans un restaurant aisé, je remarque le lieutenant s'installer à une table avec d'autres Allemands en uniforme. Ils sont entourés de belles femmes qui leur font du charme et qui semblent leur plaire.
C'est vraiment une malchance de le croiser lorsque je ne le veux pas. Il m'aperçoit durant la soirée et s'approche de moi après s'être levé, s'excusant auprès des autres, notamment aux femmes qui minaudent leur mécontentement.
- Je ne savais pas que vous travailliez ici.
- Vous ne savez rien de nous et vous n'avez pas à le savoir, répondé-je sèchement en continuant à jouer une douce mélodie au piano.
Jäden a un petit rire.
- Je vis sous votre toit et il en va de ma mission de savoir tout sur tout le monde... Comment va votre dos, d'ailleurs ?
- Il va mieux, expliqué-je avec froideur.
- Un remerciement pour la crème ?
- Merci, le remercié-je les dents serrés pour me retenir de l'insulter.
L'année 1940 s'est écoulé rapidement, avec quelques nouvelles restrictions qui ne nous touchent guère ma famille et moi. Le seul inconvénient est le couvre-feu, instauré dès le début de l'occupation, dont les horaires sont aménagés en fonction du comportement des Français et des éventuels débordements. Il a été décalé à 23h en octobre 1940, puis à minuit le mois suivant. Je finis donc toujours relativement tôt de mon travail, à cause de la fermeture avancée des établissements la nuit.
Ce même soir, alors que j'attrape ma bicyclette pour rentrer, ayant fini de jouer pour ce soir-là, une automobile noire s'arrête à côté de moi.
- Montez, ordonne un homme.
Je reconnais la voix du lieutenant.
- Non.
Alors que je continue d'avancer, mon vélo à la main, il se met à me suivre en voiture à une allure lente. Agacé, je m'arrête pour lui faire face et le regarder.
- Je vous ai dit non. Je rentre en vélo.
Il se gare et descend de son véhicule, attrapant ma bicyclette qu'il casse d'un geste brutal.
- Non mais vous êtes complètement malade ! Vous allez me rembourser les frais de réparation ! Crié-je contre lui.
Il ne répond pas et m'attrape le bras pour me faire entrer de force dans sa voiture, même si je me débats. Il place ensuite le vélo à l'arrière et se remet au volant, démarrant en trombe.
J'ai vraiment la poisse. Je ne rentre jamais seul d'habitude, toujours accompagné de ma mère. Cette dernière est chanteuse dans le même établissement que moi mais elle n'a pas été travailler ce soir, à cause d'une extinction de voix.
Je me retrouve donc seul avec lui en pleine nuit, sans en comprendre la raison.
Nous ne parlons pas du trajet. Je vois ses yeux se poser sur moi de temps en temps alors qu'il conduit. J'ai l'impression qu'il n'est plus comme avant. Il se comporte bizarrement ces derniers temps. Il semble perturbé... Mais je ne sais pas par quoi.
Évidemment, il ne se passe rien de spécial de plus - fort heureusement - et il me ramène simplement à la maison.
Il a même fait réparé ma bicyclette les jours suivants. Son humeur est vraiment changeante et je ne le comprends vraiment pas.
_____
Alors ? Comment expliquez-vous le changement de comportement de Jäden envers André ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top