Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 4 - ᴶᵒˢᵉᵖʰ - Été 1943
♫ : Skillet - The resistance
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Chapitre 4
Point de vue de Joseph
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Été 1943.
A la distinction du FFL de De Gaulle, de nombreux maquis, regroupés en FFI, ont été construits un peu partout en France. Il y a de plus en plus de résistants de tout âge, de toute nationalité, de toute religion, de toute catégorie sociale, et de tout sexe.
Je me situe dans un endroit reculé, plus précisément dans un recoin perdu de la forêt, en compagnie de plusieurs camarades. Dans ce lieu isolé, nous sommes tranquilles.
Nous nous entrainons à viser avec des armes à feu pour de prochaines missions. Le combat s'intensifie en effet. Pour ma part, j'apprends pour la première fois à m'en servir.
Des rires mi-moqueurs, mi-amusés se font entendre derrière mon dos. Je souffle tandis que j'arrête de tirer avec le revolver que j'ai entre les mains. Je loupe toutes mes cibles qui ne sont rien d'autres que des bouteilles en verre. Je suis vraiment un piètre tireur.
— Pourquoi lui laissons nous des balles ? Il va nous les gâcher. Nous en auront besoin le plus possible plus tard alors autant les économiser, se plaint Jeanne, une femme brune, proche de la quarantaine, qui est communiste.
Sur ce point, elle n'a pas tort. Cependant, ce sont mes premiers tirs donc il est difficile de me juger. Je peux toujours m'améliorer. Enfin j'espère.
— Il faut bien qu'il arrive à utiliser une arme. Plus nous avons de combattants, mieux c'est ! Répond quelqu'un que je ne connais pas.
Louise, la petite brune de mon âge qui m'a embrassé lors d'une précédente tâche, fait quelques pas pour se placer juste derrière moi afin de m'aider à viser. Se faire aider par une fille n'est pas humiliant, selon moi.
— Baisse les épaules.
J'obéis sans ciller.
— Maintenant, place ton visage pour permettre de voir où tu vas viser... Et appuie sur la détente.
Nous tirons ensemble. La balle va directement se loger au centre d'une cible qui explose en mille morceaux. Heureux, après m'être débarrassé de l'arme, je me retourne vers elle afin de la soulever du sol et la faire tournoyer dans les airs. Je ne peux que la remercier.
Marchant côte à côte, nous nous éloignons des autres - sous leurs clameurs et sous-entendus houleux - pour discuter et passer du temps ensemble. Elle s'accroche à mon bras de manière joyeuse.
Nous trouvons un tronc d'arbre sur lequel nous décidons de nous poser. Le soleil est de sortie et illumine le visage de mon amie, ce qui ne fait que ressortir sa beauté. Elle me sourit tout en me racontant sa première expérience en tirs. Cela me fait rire doucement en apprenant qu'elle avait réussi quasiment du premier coup ; elle a toujours été douée en tout.
— Ta famille loge toujours des Allemands ?
— Oui, pourquoi ?
— Est-ce que tu ne pourrais pas accéder discrètement à quelques informations utiles à la résistance ? demande-t-elle gentiment.
— J'ai déjà tenté une fois mais on m'y a surpris, avoué-je. Je t'avoue que j'ai eu beaucoup de chance de ne pas avoir eu de conséquences. Je ne suis pas prêt à ressayer.
— Même si c'est moi qui te le demande ? plaisante-t-elle.
— Même si c'est toi qui me le demande, confirmé-je, un petit rictus aux lèvres.
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Dans le bureau du lieutenant, je farfouille à la recherche de documents importants. Je sais que j'ai refusé auparavant de le faire mais j'essaye d'aider au maximum. Malheureusement pour moi, je ne trouve rien d'intéressant. Peut-être fait-il attention à ce qu'il y laisse en son absence.
Je rejoins Louise chez elle. Elle est ma meilleure amie alors il est naturel que je la vois souvent, et ce même malgré la désapprobation de ses parents de me fréquenter à cause de ma religion. Quels cons.
Nous sommes seuls à ce moment-là. Elle coud tandis que je lis un livre silencieusement. L'ayant fini, je le ferme en un seul mouvement puis le repose dans la petite bibliothèque en soupirant doucement. Je déteste finir un livre. Non pas parce que je n'ai pas aimé la fin. Plutôt parce que je déteste me séparer des personnages auxquels je me suis attaché.
— J'ai vu qu'il te manquait un bouton sur ton pantalon tout à l'heure.
Je baisse les yeux et remarque effectivement qu'il m'en manque un.
— Je peux t'en recoudre un, si tu veux. J'en ai pleins d'avance dans un bocal.
— Heu... Je ne voudrais pas abuser.
— Tu ne me déranges pas, idiot, me réprimande-t-elle en souriant légèrement, amusée.
Me grattant la nuque, je détourne le regard et cherche un endroit où me changer. Je repère assez vite des longs rideaux épais suspendus au dessus d'une fenêtre avant de m'y diriger.
— Qu'est-ce que tu fais ? m'interroge-t-elle.
— Je veux un peu d'intimité.
Elle ricane doucement alors que mes joues rosissent légèrement. Elle profite de mon embarras. Je referme donc les voilages sur moi, retire mon bas et lui lance, restant caché derrière mon paravent improvisé, étant pudique devant une fille.
C'est alors que le père de Louise passe la porte d'entrée d'un pas lourd. Il se met à la questionner quant aux rideaux fermés, mécontent, et sans attendre sa réponse, les ouvre en grand, me dévoilant presque nu.
— Qu'est ce que c'est que ce cirque, Louise ?! crie-t-il en me découvrant.
Je me jette sur mon pantalon, l'arrachant presque des mains de la jeune fille, tout en la remerciant. J'enfile en vitesse mon vêtement. Si j'avais su, je n'aurais pas accepté...
— Ce n'est pas ce que tu crois, papa.
— Prends-moi pour un imbécile ! Tu fricotais avec ce youpin ! Dans ma maison, en plus ! Tu n'es qu'une petite trainée ! Hurle-t-il en la giflant violemment.
Les yeux humides et une main sur sa joue rougie, elle fixe son paternel avec tristesse et colère.
— Elle a simplement recousu un de mes boutons, Monsieur, avoué-je pour la défendre en ne lui disant que la simple et pure vérité.
— Oh toi, ferme-la ! Vivement qu'on vous chasse du pays ! En attendant cela, dégage de chez moi et n'approche plus ma fille, tu m'entends ? Sinon, tu auras à faire à moi !
Cette haine a l'effet du claque pour moi. Je reste silencieux quelques instants. Je regarde alors Louise qui me fait signe de partir. Je lui transmets toutes mes excuses à travers un dernier regard et pars définitivement. Je ne veux pas la mettre en danger plus que nécessaire.
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Vous pensez qu'il va revoir Louise ? Qu'il sera avec elle ?
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