Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 3 - ᴶᵒˢᵉᵖʰ - Années 1941&1942
♫ : OneRepublic - I ain't worried
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Chapitre 3
Point de vue de Joseph
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Année 1941.
J'ai l'habitude de participer à certains actes de résistance tels que le recueil et la transmission de renseignements ainsi que des missions de sabotage.
D'autres ont des missions plus variées : soutien logistique aux aviateurs alliés parachutés, organisation de filières d'évasion ou de passage des frontières, fabrication de faux papiers, édition de journaux clandestins...
Je me porte également volontaire pour des charges plus importantes mais beaucoup plus dangereuses : l'assassinat d'officiers et de soldats allemands, ainsi que de collaborateurs. Cela venge tous les morts qu'ils commettent. Je le fais rarement seul et en plein jour. Tout est parfaitement organisé.
Un soir, nous avons décidé, des membres du réseau et moi, de commettre un attentat à grand impact. L'Opéra de Paris va accueillir de grands dignitaires nazis lors d'un célèbre orchestre classique donné. C'est une aubaine pour nous.
Vêtu d'un beau costume, je pénètre dans l'Opéra. Mes compagnons ont réussi à y aller quelques heures plus tôt en se faisant passer pour des électriciens. Ils ont posé une bombe à retardement à l'intérieur du beau bâtiment. Ma mission à moi est de vérifier que tout va bien pour être certain qu'elle se déclenche.
Je ne me suis pas attendu à voir le lieutenant Wagner dans ce lieu. Mon cœur se resserre tandis que je l'aperçois et que je comprends qu'il va être l'une des victimes de cet acte barbare, barbare car beaucoup d'innocents vont mourir, mais nécessaire pour éliminer un maximum de Boches.
Je reprends mes esprits, me demandant pourquoi je me soucie de lui, sachant que c'est un ennemi. Mais, peu à peu, je me souviens de ses attentions portées envers ma famille et moi...
Cependant, il est trop tard pour reculer : je dois le faire. Pour tous les autres.
Jäden me voit au loin et s'approche de moi.
— Bonsoir, que fais-tu ici ?
— Bonsoir. Je suis ici pour écouter l'orchestre jouer, répondé-je simplement en essayant de ne pas me trahir.
— Ton frère n'est pas là ? Me questionne-t-il curieusement.
— Non, pourquoi ? Demandé-je en fronçant les sourcils, ne comprenant pas la raison de son intérêt.
— Parce que je sais qu'il est musicien. Cela aurait pu lui plaire.
Depuis quand Jäden se soucie de ce qu'aime André ?
— Il travaille ce soir.
En guise de réponse, il me souhaite simplement une bonne soirée, prêt à s'en aller. Il a l'air déçu... C'est vraiment étrange.
Lorsqu'il me tourne le dos, je me précipite vers lui sans même réfléchir, dans l'intention de le prévenir à propos de ce qui va se passer afin qu'il ne reste pas dans ce lieu.
— Attendez !
Le lieutenant se retourne pour me regarder, ne comprenant pas pourquoi je le retiens aussi brusquement.
Je m'arrête d'avancer et me mords discrètement la lèvre, pesant le pour et le contre. Si je le préviens, il serait sauvé mais il risquerait de faire foirer le plan s'il viendrait à me dénoncer ou alors il serait désigné comme complice s'il partait avant l'explosion... Mais si je ne lui dis rien, il risquerait de mourir.
— Je voulais vous remercier pour ce que vous faites pour nous, dis-je finalement, optant donc pour la seconde option. Passez une bonne soirée.
Je lui tourne rapidement le dos et m'éloigne sans lui laisser le temps de répliquer. J'ai pris une décision et j'espère avoir choisi la bonne. Je ne veux pas trahir mes camarades, encore moins pour un seul homme, un ennemi, bien que gentil.
Je vais ensuite m'asseoir à ma place dans la salle d'opéra. J'essaye de me détendre. L'orchestre commence à jouer quand les lumières s'éteignent légèrement. C'est magnifique à entendre mais mon esprit est ailleurs. Je ne peux cesser de penser.
Après plusieurs longues minutes, j'observe l'heure et me lève discrètement pour partir, me faufilant entre les sièges. Je dois sortir avant l'explosion. Le compte à rebours va bientôt se finir.
En quittant la salle, je croise le regard de Jadën Wagner. J'ai un sentiment de culpabilité mais je ne peux plus rien. Je quitte l'Opéra sans un mot.
***
Finalement, la bombe n'a pas vraiment explosé et l'attentat a échoué. Seul un balcon de la salle s'est fissuré. Aucun mort, seulement quelques blessés.
Je ne suis pas responsable de cet échec. Il s'est avéré que le dispositif s'est montré défectueux dès son installation. Je suis un peu soulagé, même si j'ai du mal à l'accepter.
Le lendemain de cet événement, le lieutenant vient me voir, déterminé.
— Tu as quelque chose à voir avec ça, n'est-ce pas ?
— Avec quoi ? Demandé-je comme si je ne savais pas de quoi il parle.
— Avec cette tentative d'attentat. Ne me prends pas pour un abruti.
— Je ne vous prends pas pour un abru-
— Arrête ça ! Me coupe-t-il énervé. Je t'ai vu sortir avant l'explosion.
— J'avais décidé de rentrer. Je ne me sentais pas bien.
— Tu sais qu'ils recherchent activement les coupables, n'est-ce pas ? Je pourrais te dénoncer...
— Je suis innocent, bon sang !
— Oui, innocent, s'exclame-t-il d'un ton ironique.
Je reste silencieux. J'espère qu'il ne me dénoncera pas.
***
Année 1942.
J'ai décidé de me faire plutôt discret après l'opération à l'Opéra. J'ai cessé pendant un long moment mais j'ai décidé de reprendre durant l'année 1942.
Toutes les mesures prises contre les juifs sont aberrantes. Le régime de Vichy nous discrimine de plus en plus. C'est l'une des raisons de mon retour dans la résistance.
Je distribue des tracts illégaux et fais passer des messages entre résistants. Je me couvre via mon emploi. Je travaille dans une blanchisserie et il m'arrive très souvent de me déplacer pour les clients qui ne viennent pas directement récupérer leur linge à la boutique.
Aujourd'hui, je dois déposer une brochure devant chaque porte de plusieurs immeubles, le tout sans me faire prendre. Je me dépêche de le faire discrètement mais cela n'a visiblement pas empêché qu'un octogénaire m'entende.
Il ouvre sa porte, me voit, ramasse le dépliant avant de refermer rapidement sa porte et de se précipiter vers sa fenêtre ouverte. Je suppose qu'il voit des Boches dans la rue puisqu'il hurle qu'il y a un terroriste dans l'immeuble.
Merde. Quel collabo celui-là.
Je me débarrasse des papiers et préviens ma camarade, Louise, qui se situe à un autre étage. Je dévale ensuite les marches mais en entendant des soldats entrer dans le bâtiment, je fais demi-tour et me dépêche de remonter les escaliers. Je lui attrape la main pour qu'elle se dépêche aussi.
À la recherche d'une cachette, je trouve une porte d'entrée non fermée à clé, située au premier étage, et me jette à l'intérieur. Elle me suit sans réfléchir. Je ne fais pas attention aux occupants, qui ne comprennent pas la situation et qui semblent avoir peur de nous, et ouvre une fenêtre.
— Il va falloir sauter, dis-je.
Elle me regarde, terrifiée.
— Nous n'avons pas le choix. Ils vont arriver d'une minute à l'autre.
On ne peut pas escalader alors on doit tenter le tout pour le tout : sauter.
— J'y vais avant toi et ensuite c'est à ton tour. Promis, je te rattraperai, la rassuré-je.
Je me laisse tomber. Heureusement, la faible hauteur me permet de survivre. Je loupe cependant l'atterrissage puisque je me blesse au genou droit. Je me redresse en grimaçant et lui tends mes bras.
— Je ne peux pas... J'ai trop peur. Vas-y sans moi, pleure-t-elle.
— Non, je ne t'abandonnerai pas. Fais moi confiance, je vais t'aider.
Après quelques secondes d'hésitation, elle ferme les yeux et s'élance alors dans le vide. Elle s'écroule sur moi. Nous nous retrouvons tous les deux allongés sur le sol. Elle ne s'est pas fait mal puisque je lui ai servi de coussin.
Nous nous relevons avant de se mettre à marcher, même si je boite un peu. Nous nous fondons ainsi dans la petite foule d'habitants présents dans la rue adjacente.
Les Allemands ne tardent pas à arriver, recherchant autour d'eux un ou plusieurs suspects.
Sans m'y attendre, mon amie se jette sur moi pour m'embrasser, ses bras autour de mon coup. Les yeux écarquillés, je la laisse faire sans vraiment répondre à son baiser.
Je comprends ensuite qu'elle a voulu cacher nos visages, même si ce n'était pas très discret...
Les soldats ont simplement ri en nous voyant, se moquant des premiers amours d'adolescents, tout en poursuivant leur route.
Nous l'avons échappé belle. Louise et moi, nous échangeons un sourire et un regard complices.
Nous quittons ensuite rapidement le quartier, ne voulant pas nous faire arrêter.
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Cela commence à se compliquer, n'est-ce pas ? Pensez-vous que Jäden se doute réellement quelque chose ?
Des avis sur Louise ?
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