Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 2 - ᴶᵒˢᵉᵖʰ - Année 1941

♫ : Corey Hart - Sunglasses at night

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Chapitre 2
Point de vue de Joseph

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Faites attention aux dates indiquées pour chaque chapitre, sinon vous ne comprendrez plus rien.

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Année 1941.

Au printemps et en été 1941, de nouvelles mesures ont été prises par le régime de Vichy contre les Juifs. On peut notamment citer le durcissement de l'interdiction de certains métiers, la nomination d'administrateurs provisoires pour les entreprises, immeubles et biens meubles appartenant aux Juifs, hormis les locaux où ils habitent, ainsi que le bloquage des avoirs juifs ne permettant que de retirer des sommes nécessaires à la vie courante...

Le 13 mai 1941, il y a eu les premières rafles de Juifs étrangers, organisées par la préfecture de police.

Les Juifs redoutent l'avenir. Beaucoup commencent déjà à fuir malgré le peu de moyens qu'ils ont. Ma famille et moi, nous avons décidé de rester. Nous ne sommes pas étrangers à la France puisque nous en avons la nationalité. Et puis, où aller ?

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Il fait nuit. Je rentre tard à la maison et j'ai dépassé le couvre-feu depuis un moment. Je me fais discret pour rejoindre l'habitation ainsi que ma chambre. A peine rentré à l'intérieur de celle-ci, la lumière s'allume, m'aveuglant. Je place alors mon bras devant le visage pour protéger mes yeux en grognant, mécontent.

- C'est à cette heure-ci que tu rentres ? Le couvre feu a déjà commencé il y a plusieurs heures... Me sermonne tout bas André, mon grand-frère, qui est assis sur le lit, les jambes en tailleur.

Il ne dort pas. Mince. J'ai espéré rentrer en catimini, c'est finalement raté... Mais j'aurais dû y penser plus tôt et être prévoyant, sachant que je partage ma chambre avec lui depuis le début de l'occupation.

- Je suis rentré, maintenant. Tout va bien.

- Non, tout ne va pas bien. Tu aurais pu te faire arrêter...

- Mais ce n'est pas le cas.

- Où étais-tu ? Me questionne-t-il, à la fois curieux et inquiet.

- Cela ne te regarde pas, répondé-je sèchement.

- Jo... Je m'inquiète pour toi. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose de mal.

- Ne te mêle pas de mes affaires, dis-je en me couchant dos à lui, fermant les yeux pour dormir. Bonne nuit.

Lorsque je ne travaille pas, je passe mon temps à œuvrer dans la résistance.

J'ai entendu l'appel du Général De Gaulle passé à la radio de Londres, sur les ondes de la BBC le 18 juin 1940. Enfin, rectification, je l'ai entendu quelques semaines après plusieurs diffusions, comme beaucoup de personnes.

J'ai mis un peu de temps avant d'avoir suffisamment le courage d'agir contre l'occupation et la collaboration du régime de Vichy. C'est donc durant l'année 1941 que je suis devenu membre actif de la résistance, sous le pseudonyme d'Azur. Ce dernier me permet d'agir de façon anonyme afin de garantir mon identité, pour ne pas être démasqué.

Azur ? Azur comme le bleu. Azur comme le ciel. Azur comme l'eau. Et surtout, Azur pour la paix et la sérénité.

Personne de mon entourage n'est au courant pour mon activité mais c'est mieux ainsi : c'est beaucoup moins risqué pour moi et pour eux. Je m'en voudrais s'il leur arrivait quelque chose par ma faute.

***

Tandis que je suis seul à la maison, je décide d'aller dans l'ancienne chambre d'André, appartenant au lieutenant Allemand depuis son arrivée en 1940. Son bureau y est installé et j'espère y obtenir des informations classées secrètes.

Profitant de son absence, je fouille alors les papiers posées sur la table du bureau en bois ainsi que ceux qui sont classés dans les tiroirs. Je veille minutieusement à ranger à chaque fois tout correctement, pour ne pas laisser de traces de mon passage. Ce serait idiot de se faire prendre.

Une feuille attire mon attention. Je la prends en fronçant les sourcils, lisant son contenu en diagonale. Elle comporte une liste de noms.

J'entends soudainement des bruits de pas qui se rapprochent de la pièce. Je repose le document avec les autres, sans avoir la possibilité d'en lire plus, et me dirige rapidement vers la sortie.

C'est trop tard. En ouvrant la porte, je me retrouve collé à Jadën Wagner. Je lève légèrement les yeux pour le regarder avant de reculer, un peu troublé. Je ne me suis pas attendu à ce qu'il revienne si tôt.

- Puis-je savoir ce que tu fais ici sans autorisation ? Demande-t-il autoritairement.

- Je... Je cherchais un livre que mon frère a laissé ici avant de déménager dans ma chambre, mens-je même si je ne suis pas très convaincant.

Le blond me juge du regard avant de jeter un coup d'oeil vers son bureau, voulant s'assurer que je n'y ai pas touché.

- Sors immédiatement.

Je ne me fais pas prier puisque je pars rapidement. Je me promets de ne plus y retourner car je me doute que je n'en sortirai pas indemne la prochaine fois. Je sais qu'il est loin d'être sot. Je crains qu'il ait compris mon manège...

***

Ce soir, je suis particulièrement nerveux, comme souvent ces temps-ci d'ailleurs. J'ai rendez-vous avec d'autres membres du réseau durant la soirée, dans un entrepôt à l'écart de la ville.

Je fais la route en vélo, sortant de chez moi malgré le couvre-feu. Je prends soin de rester un maximum dans l'ombre et d'être sur mes gardes pour ne croiser aucune vadrouille ni ne me faire voir par quelqu'un. Je ne tiens pas à me faire arrêter ou pire.

En m'approchant du bâtiment, en marchant pour être plus discret, je finis par entendre des coups de feu et des hurlements effroyables à l'intérieur.

Comprenant le danger, je me précipite au sol, derrière un buisson afin de m'y cacher. Je suis tétanisé et je retiens mon souffle en plaquant ma main sur mes lèvres, par crainte de faire trop de bruit et que l'on me découvre.

Le bruit continue à l'extérieur quelques minutes, même si j'ai l'impression que cela dure une éternité.

Je ferme les yeux, priant pour que personne ne me trouve. Mon cœur bat fortement et ma respiration se fait forte, ce qui me fait davantage craindre d'être trouvé.

Je reste un certain temps dans ma cachette, mon corps ne voulant pas bouger. J'ai vraiment la crainte d'être surpris...

Décidant finalement que c'est trop dangereux de rester là, les Allemands pouvant vérifier la zone à tout moment, je finis par m'éloigner discrètement mais rapidement, en rampant, de cet endroit. J'attrape ensuite ma bicyclette, que j'ai laissée plus loin, je grimpe dessus et m'enfuis à toute vitesse.

Je suis traumatisé par cet événement. J'apprends plus tard que plusieurs camarades y ont laissé la vie et que d'autres ont été arrêtés pour être interrogés. Je connais à peine ces personnes mais cela m'attriste fortement. À quelques minutes près, j'aurais fait partie du lot...

Les jours suivants, je me suis attendu à voir la Milice ou la Gestapo arriver chez moi et m'embarquer à tout instant, après que quelqu'un ait dénoncé mon nom. Il n'en est rien.

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Quelles sont vos théories ?

Pensez-vous que Jäden sait que Jo a fouillé ?

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