Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 11 - ᴬᶰᵈʳᵉ́ - Été 1941
♫ : The Smiths - This charming man
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Chapitre 11
Point de vue d'André
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Été 1941.
Je me lève plutôt heureux aujourd'hui. Je me dépêche de me laver et de me vêtir avant de descendre rapidement dans la cuisine pour petit-déjeuner. Je déchante vite lorsque je n'y trouve personne. C'est vraiment inhabituel au point que l'inquiétude s'installe dans mon esprit.
Lorsque je me dirige vers le salon à la recherche de ma famille, celle-ci sort de sa cachette, derrière le canapé.
— Bon anniversaire ! S'exclament-ils en cœur.
Ne m'y attendant pas à les voir surgir, je pose une de mes mains sur mon cœur et recule légèrement. Je souris cependant et je ris, amusé et joyeux. C'est vraiment une bonne surprise de leur part.
Ma mère coupe le gâteau qu'elle m'a spécialement préparé. Elle me donne même la plus grosse part. Je me doute qu'elle ait pu le faire grâce aux provisions apportées par le lieutenant Jäden.
Je suis vraiment ravi de passer du temps avec mes proches. Cela nous permet d'oublier la guerre et la persécution que l'on subit, même quelques minutes.
Mes parents m'ont transmis une montre de famille. Ma soeur, Rachel, m'a cousu une nouvelle chemise. Quant à mon frère, Joseph a décidé de m'offrir un nouveau livre de partitions. Je lui fais les gros yeux, le réprimant car je me demande comment il a réussi à s'en procurer un, à cause des temps durs. Je remercie fortement tout le monde.
***
Quelques heures plus tard, alors que je suis seul à la maison, je joue du piano, m'entraînant avec le nouvel ouvrage reçu. Les chansons à l'intérieur sont vraiment intéressantes et j'ai hâte de les maîtriser pleinement.
Lorsque je finis un morceau de musique, j'entends des applaudissements. Je me tourne vivement vers la personne.
— Saul ! Crié-je, ravi de le voir.
— Joyeux anniversaire, mon ami.
Je me lève pour le saluer. Je le vois de temps en temps mais beaucoup moins souvent depuis le début de l'occupation ; cela n'en reste pas moins mon meilleur ami.
— J'ai un petit cadeau pour toi !
Il sort de son sac une boîte qu'il me tend et que j'attrape en souriant. À l'intérieur, j'ai le bonheur d'y découvrir des crayons de couleurs ainsi que du fusain. Il est sûrement le seul à savoir que j'aime dessiner.
Je ne peux m'empêcher de l'enlacer pour le remercier. C'est à ce moment précis que Jäden fait son apparition, il lève légèrement les mains, s'excuse et part rapidement à l'étage, troublé. Néanmoins, il me lance un drôle de regard que je ne comprends pas, juste avant de disparaître.
Saul n'est pas resté longtemps, partant après quelques minutes à compter de son arrivée, devant retourner travailler.
***
Posé sur le canapé depuis une trentaine de minutes déjà, je suis en train de lire un livre lorsque le lieutenant revient.
— Préparez-vous pour sortir. Je vous attends dehors, m'ordonne-t-il avant de disparaître.
Surpris et inquiet, je pose le bouquin et le suit, étant déjà prêt. Il m'attend avec mon vélo et un autre, appuyés contre un mur. Je m'avance avec hésitation.
— Ne craignez rien. Nous allons simplement nous balader.
Nous montons respectivement sur une bicyclette et nous y allons. La situation est vraiment étrange et me dépasse complètement. Nous roulons silencieusement.
Après plusieurs kilomètres, nous nous éloignons de la ville. Nous passons sur des routes de campagne désertes.
— Vous m'emmenez à l'écart pour me tuer ? Demandé-je pour plaisanter, même s'il y a une part de vérité dans ma question.
— Arrêtez de stresser et détendez-vous. Je ne vous veux aucun mal. Si je voulais vous tuer, je l'aurais fait même chez vous.
C'est un peu rassurant.
Lorsqu'il juge qu'il est temps de faire une pause, il s'arrête et descend du vélo. On se pose dans l'herbe, un peu plus bas du talus, à côté d'arbres magnifiques. Une petite rivière s'écoule même.
Il fait beau. Allongés sur le sol, nous profitons calmement des rayons de soleil qui brûlent doucement notre peau. Je tourne la tête pour le regarder discrètement. Il est bel homme, même si c'est un Allemand. Je n'ai pas l'habitude de le voir habillé en civil.
Je me lève après avoir retiré mes chaussures ainsi que mes chaussettes. Il se redresse, intrigué. Je marche pour arriver dans l'eau, faisant attention à ne pas mouiller mes habits. Je me tourne vers lui pour lui sourire légèrement.
— C'est votre anniversaire aujourd'hui, il me semble. Quel âge avez-vous ?
Je me demande comment il a su. Peut-être qu'il l'a entendu lorsqu'on me l'a souhaité...
— J'ai vingt-trois... Et vous ?
— Vingt-cinq.
Il me rejoint dans l'eau. Lorsque j'ai regardé ailleurs, il en a profité pour se pencher et me trisser de l'eau. Je crie légèrement en essayant de reculer pour ne pas être mouillé, en vain. Je me venge en faisant de même.
Cela génère en bataille d'eau. Nous nous amusons comme deux adolescents, riant bêtement. Nous finissons même par glisser entièrement dans la rivière tandis que nous nous battons afin de faire cesser cela et de gagner respectivement l'un sur l'autre.
Nous oublions instant la guerre et le fait que l'on soit normalement des ennemis aux yeux de tous. C'est agréable.
Sur la rive, à nouveau allongés, nous attendons de sécher. J'évite de le regarder, ses vêtements étant devenus transparents et moulants.
Nous reprenons ensuite tranquillement la route du retour. Finalement, je n'ai pas si hâte de rentrer. J'aurais apprécié passer davantage de moments avec lui.
J'aime passer du temps avec lui, même si je ne le devrais pas. Nous nous ne parlons pas vraiment mais être l'un à côté de l'autre me suffit.
— Le dernier qui arrive à la maison est un poule mouillée ! Déclare-t-il tout en commençant à pédaler rapidement.
— Vous avez pris le départ en avance, tricheur !
Je l'entends rire. Ces moments simples sont ce que je préfère, même si nous nous comportons comme des enfants, et non comme des adultes.
Après plusieurs kilomètres, il fatigue, si bien que j'arrive à le rattraper et même à le devancer.
— Alors, on traîne !? Crié-je d'un ton moqueur et amusé.
— J'ai mal aux jambes ! Répond-il, essoufflé, à plusieurs mètres de moi.
— C'est ça d'être vieux ! Plaisanté-je en continuant d'avancer.
— Hé, je n'ai que deux ans de plus !
Au final, nous avons décidé de nous arrêter à nouveau sur le bord et de nous y asseoir, le temps qu'il se repose.
— Vous vous êtes réconcilié avec la fille de l'autre jour ?
— Sarah ? Non, je ne l'ai pas revue... Je lui ai dit plusieurs fois que je ne voulais pas me marier ni même me fiancer avec elle mais elle ne veut toujours rien entendre.
— Vous avez une autre fille en vue ?
Sa question me choque un peu. C'est plutôt indiscret de sa part.
— Non, aucune.
Je me lève et reprends mon vélo. Je souhaite couper court à cette discussion.
— Que faîtes-vous ? Demande-t-il en se mettant sur ses deux pieds, ne comprenant pas ce qu'il se passe.
— Je rentre avant qu'il fasse nuit.
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Vous aimez leur rapprochement ?
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