5🌕
[10 a.m. 32]
" -C'est impossible, dit la fierté.
-C'est risqué, dit l'expérience.
-C'est sans issues, dit la raison.
-Essayons, murmure le cœur. " William Arthur Ward
Je suis réveillé par des éclats de voix. Ils viennent du couloir, je regarde l'heure sur mon téléphone, ce n'est pas ma mère, elle est au travail à dix a.m. Gemma m'a envoyé un message disant qu'elle ne rentrerai pas du weekend. La place à côté de moi est vide. Ça ne peut donc être que Louis. Je sors du lit et m'approche du couloir, je repense à hier soir à ce qu'on a partagé, il n'a rien dit, mais j'ai compris beaucoup. On s'est un peu rapproché et j'aime ça. J'ouvre la porte, il est dos à moi, au téléphone. Ses cheveux sont en bataille, il a une voix fatiguée, c'est tellement sexy.
-Mais putain, Danielle, je m'en bats les couilles. Murmure t-il, sûrement pour ne pas me réveiller.
Je ne sais pas qui est cette Danielle, mais je sais qu'en ce moment, il est en train de détruire quelque chose. Mon cœur se serre.
-On a baisé que trois fois ensemble, redescends. T'es une salope, tu restes une salope. Bref, j'ai mieux à me taper, chérie. Bisous sur ta fesse droite.
Il raccroche, souffle, puis s'appuie contre le mur à côté de lui. Mes yeux sont écarquillés. Il a été horrible. Ce que j'ai entendu était inhumain. Peu importe ce qu'a fait cette Danielle, elle reste une fille, elle a un cœur, une âme et ce qu'il a dit est bien plus que blessant. De plus, le ''j'ai mieux à me taper'' me heurte en pleine tête. Parle-t-il de moi ? Ou de ces multiples Plans culs ? Je ne sais pas, l'un comme l'autre me retourne l'estomac de dégout et toute la haine revient, je lui en veux. Je lui en veux d'être si monstrueux. Même si tu as mal, tu n'as pas le droit d'être méchant, ça n'arrange en rien la situation. Je vois bien en son attitude que son propre comportement l'insupporte, que le masque qu'il s'est construit tombe en morceaux et qu'il ne peux rien y faire. Mais putain il est piquant. Il fait mal, bordel. J'ai pas la force d'avoir mal aujourd'hui, ni demain, ni jamais. C'est trop dur pour moi. La fille qu'il avait au téléphone, il l'a déjà touché, embrassé. Il lui avait déjà ''arraché ses vêtements'' puis ''faite hurler pour lui'' et maintenant, il ''la brisait en petit morceaux, comme il sait si bien le faire. '' ce sont ses propres mots, ses propres mots utilisés pour moi mais qui vont à des dizaines d'autres. Ma poitrine se compresse. Il joue, je ne suis rien. Je ne suis personne. Et comme à chaque fois que la réalité devient rude au point que je ne respire plus, mon cerveau se débranche. Je suis en mode off. Je ne contrôle plus rien. Il se retourne et lorsqu'il me voit ses yeux s'écarquillent légèrement, il sursaute et place une main sur sa poitrine.
-Seigneur! Tu m'as fait flipper!
Je ne réponds pas. Il s'approche dangereusement de moi. Mais je ne réagis pas. C'est comme si on m'avait laver de l'intérieur, je ne ressens rien, je n'ai pas peur. Je ne suis pas en colère, triste ou heureux de le voir. Comme si on m'avait vidé de toutes énergies, que je n'avais plus la motivation de ressentir. Je ne veux plus battre, il va gagner.
-Bien dormi? Murmure t-il en continuant d'avancer.
Je réalise enfin ce qu'il se passe. Je recule, il va me faire mal, comme à cette fille, Danielle. Je ne le laisserai pas me toucher. Je vais souffrir. Je ne le laisserai pas me tuer.
-T-tu prenais pas mal de place mais ça peut aller, et... Et toi?
Il ne cesse de diminuer l'espace qui nous sépare et je ne cesse de faire marche arrière. Dieu, que j'aimerais faire marche arrière. Je suis toujours faible face à lui, je ne le supporte pas mais c'est comme ça. Je percute le lit derrière moi et tombe dessus. Il sourit. Je ne sais plus où donner de la tête, comment réagir. Que va-t-il faire ? Je suis si fragile avec lui, si il m'effleure, il me casse. Malheureusement, c'est ce qu'il se passe. Il me pousse à m'allonger, je ne le repousse pas, je ne sais pas faire. Il se met au-dessus de moi.
-Moi, j'ai passé une très, très, bonne nuit. Ton petit corps collé au mien... J'te raconte pas mon état au réveil. Je rougis comme une tomate. Il est cru dans ses paroles, ce n'est pas comme hier, toute la douceur a disparu. Dommage, tu n'étais pas nu... Une prochaine fois!
Il a l'air sûr de lui, il joue. Sa confiance me donne envie de le provoquer. De lui montrer que je suis fort. Plus qu'il ne le crois. Je n'ai pas peur de ce qu'il dit. Alors, juste pour l'énerver, mes lèvres se retrousse vers le haut. Il hausse les sourcils.
-Ho, mais il n'y aura pas de prochaine fois.
Un rictus fleurit sur son visage, il aime ce jeu. Moi je le haïs autant qu'il me plaît, mais je ne peux pas m'en empêcher. J'aime jouer. Quand il est question de lui, je ne contrôle rien.
-Pourtant Harry, il descend ses lèvres à mon oreille, son souffle s'abat sur mon cou, je suis parcouru d'un énorme frisson, mon corps contre le tien n'avait pas l'air de te déranger hier soir. D'après les marques que tu as laissé dans ma nuque, je me trompe? Susurre t-il.
Mon cœur s'accélère, il bat à tout rompre, je pourrais parier que tout le quartier l'entend. Sa peau réchauffe la mienne, on prend feu. Du moins, je prends feu, je ne sais pas pour lui. Je ne pense pas être le seul à ressentir cette tension. Ses pommettes aussi son teinté de pourpre et ça lui va tellement bien. Pourquoi dès que ses yeux entre en contact avec les miens, je lui pardonne tout? Il dit des choses horrible, il blesse, il brise, il casse et je pardonne. Je ne peux pas faire autrement, il a une emprise impensable sur moi. Un pouvoir. Celui de me faire oublier, la pire des crasses, un mot destructeur, une phrase déchirante, un acte achevant. Seulement, il vient de tourner le jeu a mon avantage en parlant d'hier soir. Tant pis pour la forme, je vais lui faire mal à mon tour.
-C'était un geste de consolation. Si je ne l'avais pas fait, tu aurais pleuré ta maman. Imagine si les élèves du lycée savaient ça. Je pris un air scandalisé. ''O.M.G, le grand Louis William Tomlinson s'est mit à chialer comme une gamine devant l'insignifiant Harold Edward Styles! #scoop! HashtagChoquéetdéçu! HashtagJ'aimangéunepommehier! HashtagJ'aimelespaquerettes!! ''
Ma phrase de choc n'a pas eu l'effet voulu... Il se met à rire aux éclats et se laisse tomber sur moi, sans s'arrêter. C'est un rire sincère, je ne l'ai pas blessé. D'un côté je suis soulagé, d'un autre je m'en veux d'avoir essayé d'être méchant et d'avoir foiré ma super réponse. Sa tête est contre ma clavicule, il souffle, sa respiration chauffe mon cou, putain, ça chatouille ! Alors je me met à rire aussi. C'est si mélodieux... Ma maison habituellement si vide est remplit de bruit joyeux.
-L-Louis! Tu-...A-arrête! Ça fait des guilis! Ricanais-je.
Il relève la tête, une drôle de lueur dans les yeux. Ce n'est pas de la provocation, ni du désir, je dirais plus de l'amusement.
-Tu crains?
Oula. Je me méfie. Je pense deviner ce qu'il a derrière la tête. Ça ne sens pas bon. Et si c'est bien ça, je ne vais pas m'en sortir. Il ne faut pas que je dise la vérité, problème : je ne sais pas mentir.
-J-je... Non! Bien-sûr que non.
Une de ses mains descend à mes côtes, avant même qu'il ne fasse le moindre geste, je tremble. Je suis tellement sensible à ça que j'en pleure le plus souvent. Je ne veux pas qu'il me chatouille.
-Ho, vraiment? Demande t-il avec un air de défi.
Son sourire en dit long. Il va le faire.
-Non! Louis! Ne fait pas ça! Piti-...
Trop tard. Il pince mes hanche et je me met directement à rigoler. Je rigole fort très fort. Mais je ne peux pas m'en empêcher, c'est comme si j'avais un énorme flux d'énergie dans la gorge. Les sensations que je ressens dans mon ventre se propagent dans tout mon corps, me poussant à glousser et me tortiller dans tout les sens sous lui. Je me plis en deux, protégeant la taille mais il attrape mes mains avec une seule des siennes et les bloque au dessus de ma tête. Je haïs les chatouille mais je n'arrive pas à arrêter de rire. C'est quelques chose que je n'ai jamais compris. J'essaie de parler, rien n'y fait, je ne peux pas articuler. Mes yeux se remplissent de larmes tant je ricane. Je craque, je n'en peux plus, je n'ai plus de souffle. Il s'arrête enfin, mais il s'apprête à recommencer.
-N-NON! Louis..! Promis, je... Je ferais t-tout ce que t-tu veux..! Essayais-je pour l'arrêter.
Il sourit en coin, fière de lui. Une larme roule le long de ma joue après tous ces effets. Il l'essuie avec le pouce de sa main libre, tenant toujours les miennes au-dessus de ma tête. Mon t-shirt est légèrement relevé jusqu'à mon nombril. Mes joues sont rouges, mes yeux brillants à cause de l'eau qui en coule, mes cheveux sont en bataille dû à mes mouvements sur le matelas pour me protéger, mes lèvres sont entrouvertes pour tenter de reprendre ma respiration. Lui aussi est dans cet état. Le voir comme ça c'est... Époustouflant.
-Alors, tu ne crains pas? Ne me mens pas, ça ne sert à rien. Je lis en toi comme dans un livre ouvert.
Son haleine mentholée s'abat sur mon visage, je ferme les yeux et inspire fort pour avoir plus d'air. Il n'a pas l'air énervé, il a l'air amusé. Voyant que je ne réponds pas, il continue:
-Tu serais prêt à tout ce que je veux pour que j'arrête ? Demande t-il narquois.
-Oui... Soufflais-je.
Et c'est à ce moment que je me rends compte du sens de mes mots, de comment il les a compris. Ma tête se met à tourner, j'ai peur de la suite, de ce qu'il va me demander, de ce qu'il va se passer. Il est prêt à tout pour son pari, j'en ai conscience, alors, je me mets à trembler inconsciemment. J'ai peur. J'ai peur qu'il me brise, qu'il émiette mon cœur et qu'il le jette comme s'il ne valait rien. J'ai peur que le connard, qui disparaît quand il est avec moi, revienne. J'ai peur qu'il me force, qu'il m'embrasse, qu'il me touche. J'ai peur de ne pas aimer. De trop l'aimer. J'ai peur de lui, de tout ce qu'il est et de tout ce qu'il représente. Si il se passe quoi que ce soit, ils s'en vantera auprès de sa bande et tout le monde le saurait, les regards seront durs. Probablement trop durs pour que je le supporte. Je suis faible. Plus qu'il ne le crois, car je suis malade. Ma tête est malade, l'espace me rend malade. La dépression est une maladie et je ne guéris pas, il ne me guérira pas s'il me blesse. Il semblerait que mon parachute soit en réalité, le boulet de plomb à ma cheville. Il me coupe dans ma réflexion:
-Très bien, jouons à un jeu! Dit-il enthousiaste.
J'ouvre grand les yeux. Un jeu ? C'est tout ? Je souffle, comme si je revenais à la vie. Toutes mes peurs s'effacent en quelques instants. Comment j'ai pu penser à tout ça. Louis veut gagner son pari, mais il reste humain et j'ai l'impression que le feeling passe bien entre nous deux en ce moment. Il n'a pas été obscène ou quoi. Il ne me brusque pas. J'aime ça.
-Quel jeu? Répondis-je méfiant.
-On n'a qu'a faire une sorte de action ou vérité, pour apprendre à mieux se connaître.
Je souffle de soulagement et le remercie de toutes mes forces en silence.
-Ok.
-Mais d'abord, il se lève du lit et me tend sa main pour m'aider à faire de même, j'ai faim. Apprends moi à faire des pâtes!
Il est plein d'énergie. Je lui souris, attrape sa main.
-Tu fous pas le feu cette fois.
-Moi? Foutre le feu? Jamais.
[12 a.m. 04]'' J'en arrive à croire aujourd'hui, de temps en temps, que l'amour ne peut rien être d'autre qu'un droit que l'on donne volontairement à l'objet que l'on aime de nous tyranniser.'' Fiodor Dostoïevski
-
Je me masse les tempes et soupir.
-Bon... Soufflais-je. Pizza?
Il est assis sur le plan de travail, la tête baissée, il regarde ses pieds qui balancent dans le vide, la mine coupable. Il a l'air d'un enfant, c'est mignon.
-Ha non! On en à mangé hier!
-T'as faillit nous tuer tout les deux!
Il roule des yeux et fait la moue. Il croise les bras.
-C'était un accident. Ça arrive les accidents...
-Mais Louis! Il y'avait marqué ''Mort aux rats'' en gros dessus ! Comment diable as-tu pu confondre avec des bouillons cubes?!
Il fronce les sourcils.
-J'aime pas lire! J'ai pas lu!
-Et le dessin avec une tête de mort? T'as pas d'excuses.
Il frotte nerveusement ses mains contre ses cuisses.
-Je suis vraiment désolé... J'ai pas fait attention...
Je soupir à nouveau.
-Tu préfères du chinois ?
Il relève brusquement la tête, les yeux qui brillent.
-Ça, je dis pas non.
Je passe l'appel rapidement, commande du canard laqué, Louis me regarde et quand je raccroches, il n'y a plus de bruit. Il me détail. J'observe la fenêtre gêné. J'ai l'impression que cet instant dure des heures, qu'il me transperce, qu'il me sonde. Ça retourne mon estomac. Je ne réfléchis plus, tout se bloque en moi, puis il reprend la parole:
-On joue?
Je tourne mon visage vers lui, il est toujours assit sur le bois qui sert à faire la cuisine, à côté de l'évier et des plaques à induction. Moi, je suis en face de lui, appuyé contre la table. Il sourit en coin, je frissonne d'appréhension.
-Jouons.
Son sourire se fait plus grand. Comme ma peur.
-Très bien, je commence. Action ou vérité ?
Je préfère commencer simplement, je ne veux pas qu'il se passe quoi que ce soit mais je ne veux pas non plus qu'il me chatouille. Je pense que je haïs ça autant que ce qu'il me fait ressentir. J'ai de si bons souvenirs. Des souvenirs que j'aimerais oublier. Je secoue la tête de droite à gauche, voulant faire disparaître ces horribles images et lâche :
-Vérité.
-T'es pas drôle, Harold.
J'arque un sourcil.
-Harold? Comment t-...
-Tu l'as dit tout à l'heure. Me coupe t-il. Hum... Laisse-moi réfléchir... Pourquoi il n'y a personne chez toi?
-Ma mère travail souvent et ma sœur est avec ses amis.
-Et ton père?
Je ferme fortement les yeux, jusqu'en voir des milliers de couleurs. Je me force à ne pas craquer, crier, pleurer, penser ou même respirer. Ça fait mal, comme une claque, une balle.
-Une seule question à la fois... Murmurais-je.
Je pense qu'il comprend. Il ne dit rien. C'est à moi.
-A-action ou vérité ?
-Je vais me la jouer prude moi aussi, ce serait con que t'en profites pour me foutre à poils. Vérité.
Je ris, et regarde ses yeux, ses beaux yeux bleus. Quel crétin. La question vient seul face à cet homme si fort.
-Quel est ta plus grande peur?
Il ne vacille pas, son visage reste neutre, aucun froncement de sourcil, retroussement de nez, seulement ses prunelles ne mentent pas, elles. Toujours aussi froides, comme un désert de glace. Il fait comme si ça ne pouvait pas l'atteindre, alors qu'il est touché. Pas à terre, pas encore, mais touché. Je le sais. Je le vois. C'est comme si cette façade n'était qu'un bouclier contre ce qui lui arrive en pleine gueule. Il se part, se protège, il se met des barrières, il s'entoure d'une aura cherchant à dire ''Ne t'approche pas.'' Il a l'air méchant, dangereux, c'est ce qu'il veut qu'on croit.
-Que les autres me voient comme moi je me vois.
Pourquoi ? Parce qu'il a peur d'être seul. Que tout ce qu'il a construit jusqu'à maintenant, parte en cendre, que cette fameuse barricade en lui, celle qui lui sert à ne rien ressentir, à tout laisser partir, finisse par crouler sous le poids de ses erreurs. Il passe tellement de temps à faire semblant, qu'il s'est convaincu que ce masque était réellement lui, il ne parvient plus à le retirer. Et pourtant, il aurait juste à se rendre compte de la beauté des choses qui l'entourent, à regarder le ciel pour que son vœux le plus chère se réalise. C'est simple. Trop pour lui ou peut-être pas assez. Je ferai éclater sa parade en feu d'artifice, j'en fais la promesse. Mais la phrase qu'il m'a dit me brise le cœur, comment se voit-il ? Que cache-t-il? Quelles sont ses erreurs ? Qu'est-ce qu'il porte de si lourd? De si effrayant ?
-Action ou vérité ? Dit-il, coupant court a mes pensées.
-Action. Repondis-je du tac au tac.
Je ne veux pas qu'il pose de questions sur mon père. Je refuse de lui laisser à nouveau une place dans ma vie. Que les disparus restent fantômes, invisibles, sourds, muets, aveugles et inodores.
-Approche, assis toi à ma place.
Je mets du temps à réagir, quand je comprends, je m'avance un peu vers lui, le cœur battant.
-Encore, fait pas ton timide.
Il attrape ma main et me tire. Mon front touche presque le sien. Il est assit sur le bar, il descend de là où il était, puis il attrape mes cuisses. Je couine sans le vouloir. Mes jambes s'enroulent autour de ses hanches, mes doigts autour de sa nuque. Il me pose sur le plan de travail. Ses mains glissent dans le bas de mon dos et les miennes reviennent sur le bois même où mes fesses sont. Il est entre mes genoux, nos nez se frôlent. Mon corps entier est parcourue d'électricité, je frémis. Mon sang pulse dans mes veines, mon pouls s'accélère, ma respiration se saccade, il sourit. Il est fière de sa connerie. Son visage est trop proche, j'aspire son air. Son regard est si intense que je retiens un gémissement dans ma gorge. Mes joues me brûlent, comme tous mes membres. Ma bouche s'entrouvre pour mieux respirer. Je ferme les yeux pour essayer de ne pas perdre pied, mais c'est sans compter sur le souffle de Louis qui s'échoue entre mes lèvres. Mes bras restent le long de mon torse, je ne peux plus bouger, je suis complètement paralysé mais c'est à mon tour de lui poser une question et je pense déjà savoir. Il faut que je me concentre, que je lui dise ce que j'ai à dire. Mes pensées sont en désordre mais je me retrouve comme je peux et par je ne sais quel miracle, j'arrive à murmurer:
-Action ou...ou vérité ?
Mon cœur bat la chamade contre sa poitrine, je suis persuadé qu'il le sent. Il fait vibrer ma cage thoracique avec une telle ardeur, comment ne pourrait-il pas le sentir ? Il pourrait faire trembler la terre tant cette proximité me fait frôler la crise cardiaque. Et puis peu importe si je m'éteins maintenant. C'est une belle mort, non ? Dans les bras de la personne que je ne pourrai jamais avoir. Au final, ce rapprochement me rend triste, parce que je sais que dès qu'il m'aura lâché, tout redeviendra comme avant. Ce vide. Ce rien. Je ne pense pas survivre dans tous les cas. Du moins pas longtemps, alors en finir, lui à mes côtés, serait un honneur. Je sais qu'en disant cela, je me mens. Je me mens, parce qu'en réalité, j'aimerais qu'il enlève le fusil pointé sur ma tempe, pas qu'il presse la détente. Et pourtant, il a le doigt dessus. Il me fait mal. Je pense que je l'aime comme il me déteste, comme il déteste le monde, comme il se déteste. Quel magnifique paradoxe, quel paradoxe déchirant.
-Actions. Souffle t-il.
Son air à lui passe dans mes poumons à moi, je me consume, comme une vulgaire cigarette. Non. Louis est ma cigarette, il me rend nocivement accro. Il me tue doucement.
-Je veux changer le pari. Chuchotais-je les paupières toujours closent. Il allait répliquer, mais je le devance. Je veux ajouter ma condition.
Sa main froide dans mon dos s'infiltre légèrement sous mon T-shirt, me procurer un violent frissons. Il caresse mes hanches doucement, son front collé au mien. Il me tire encore plus à lui, collant nos bassins, je me retiens de gémir. Ça bouche vient frôler mon oreille, il inspire mon parfum, je fais de même, il sent la vanille. Mes boucles chatouillent sa nuque, il frissonne.
-Continue. Susurre t-il. Que veux tu ajouter?
Ses lèvres effleurent mon cou sans jamais vraiment le toucher. Son souffle chaud me rends fou.
-Je... J'aimerais... Je fait le pari de découvrir ce que tu cache. Dis je doucement. Le premier qui accompli ce qu'il a dit, a gagné.
Il se crispe et pose sa tête sur mon épaule. Je ne m'attendais pas à ça, mais je ne recule pas, je ne bouge pas. Comme hier, il paraît si fragile tout à coup, le moindre geste brusque pourrait le briser. Ça me blesse de le voir blessé. Il soupire:
-Ok. J'accepte, mais sache que je n'apprécie pas qu'on fouille dans mes affaires, boucle d'or.
Il parle à voix basse et j'ai vraiment l'impression que ce moment n'est qu'à nous. Que plus rien n'existe. Il remonte son visage face à moi, front contre front, je ne le vois pas, mais je le sens. Nos souffles se mélangent.
-Action ou vérité ? Murmure t-il.
Quelques millimètres nous séparent, si j'avance, nos bouches se touchent. Rien que d'y penser, mon cœur essaie de sortir de ma poitrine. Je ne sais pas ce que j'espère, ni ce qu'il va se passer.
-Action...
-Passes tes bras autour de mon cou...
Lentement, très lentement, je soulève mes bras et entoure sa nuque avec, nous rapprochant encore. Son nez touche le mien. Je me sens comblé, tout a disparu, l'espace n'est plus que poussière d'étoile. Ses doigts dans mon dos griffent ma peau d'envie, je n'en tiens pas compte, bien trop absorbé par le son de sa respiration irrégulière. On ne fait rien et pourtant c'est tellement bon. Il y a comme une alchimie. J'ouvre les yeux, je vois tout trouble de désir, les siens sont fermés, mais il ne tarde pas à faire de même. Ses prunelles sont bleues nuit, noires, elles descendent à mes lèvres. Mon regard détaille chaques traits de son visage avant de s'arrêter également sur ce rose pâle si attirant. Sa bouche est entrouverte comme la mienne. Je sens une énorme chaleur monter en moi, puis se disperser dans tout mon corps. J'en crève d'envie... Une de ses mains se décroche de la chute de mes reins et son pouce vient caresser ma lèvre inférieure pendant qu'il mord la sienne. Il est comme dans un autre monde, il n'a pas l'air d'être là, mais moi non plus, je suis avec lui, dans un endroit brumeux, douteux. Je soupire, son touché est insoutenable. Je caresse les petits cheveux dans sa nuque, doucement, il en frémit.
-Louis... Soufflais-je comme une supplication pour lui faire cesser ce petit jeu.
Je ne veux plus jouer. Ces sensations sont trop fortes pour moi.
-Putain, Harry... Susurre t-il. J'ai tellement envie de te pre-...
Son téléphone sonne, notre bulle éclate. Je le lâche brusquement, descends du plan de travail et m'en éloigne le plus vite possible. Si vite, que je me cogne violemment contre la table, je me rattrape à celle-ci, je vais avoir un bleu. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est comme si, d'un coup, je reprenais conscience, je récupérerai le contrôle de mon corps. Il m'envoûte complètement, quand il me touche, je ne suis plus moi. Il aurait peut-être pu gagner son pari si la sonnerie n'aurais pas retentit. Mon pantalon est déjà serré... Il décroche énervé.
-Argh! Merde! ... Oui Briana, tu dérange. ... Quoi? Baiser? Maintenant ? ... Putain...Mais il est midi? ... Pourquoi la porte de derrière ? ... Mais j'm'en balec de tes parents... Ouais, Ouais, j'arrive...
Il raccroche rapidement et me regarde.
-Tu vas...
-La sauter brutalement ? Probablement.
Je ne réponds rien. Je n'ai pas envie de parler. Comment peut-il faire ça... Comment peut-il me faire si mal ? Je ne savais même pas que c'était possible. Il m'a presque embrassé il y a quelques secondes et là, il retourne niquer ses salopes... Mais comme je peux être stupide. Je porte vraiment toute la candeur du monde en moi. Bien sûr, Louis reste Louis, peu importe ce qu'il se passe. Je suis juste une putain de lubie de plus. Un objet qu'il jettera après utilisation. Comment ai-je pu penser que ce moment était magique pour lui aussi. Je suis le seul à ressentir tout ça. Je suis le seul... Je me sens tellement vidé de toutes énergies, je n'ai plus de force, à un tel point que je manque de m'écrouler lorsque mes genoux lâchent. Louis me rattrape mais je n'entends pas ce qu'il me dit, les seuls sons que je perçois sont les battements de mon cœur. Il bat trop vite. J'ai mal à la poitrine, ma tête tourne. Pourquoi bat-il encore? Je ne veux plus qu'il batte. Je veux qu'on me foute la paix pour le million d'années à venir. Je veux mourir pour une fois. Pour de bon. Louis essaie de m'asseoir, je me laisse faire mais son touché me dégoûte, je pense à toutes ces filles ou gars avant moi. Avec qui a-t-il déjà fait ce genre de jeu ? On t-ils finient dans son lit ? Sûrement. Je ne veux pas qu'il me touche, pourtant, je ne réagis pas. Il me parle, mais je ne comprends pas, je ne comprends rien. Je fixe un point imaginaire. Il finira par me briser. Il faut que je lâche prise. Il est toxique. Je commence à voir flou, je vais m'évanouir. Mon sang pulse dans mes tempes, je respire fort. Il pose sa main sur ma joue comme pour essayer de me calmer, il s'accroupit face à moi et me regarde dans les yeux. Je ne peux pas, je ne peux plus, je ne veux plus.
-Ne me touches pas! Dis je en retirant violemment ses doigts de mon visage. Il hausse les sourcils, étonné. Il s'attendait à ce que je le supplie de rester ou quoi? Casse toi, Louis. Sors de chez moi.
Il se lève mais je continue de fixer le sol. Si je le regarde, je vais craquer. Je lui demanderai de me prendre dans ses bras, de ne pas aller chez cette ''Briana'', de ne pas passer par la porte de derrière. Mais je ne veux pas de tout ça, de cette faiblesse. Qu'il aille chez sa prochaine victime, ça ne me concerne pas.
-Tu es sûr, Harry? Tu n'as pas l'air b-...
-Dégage! Criais-je. Dégage...
Il ne dit rien, il reste face à moi, j'ai besoin d'être seul. Une larme coule le long de ma joue, je garde la tête baissée, il ne faut pas qu'il voit que je pleure. Il comprendrait trop de choses. Comme le fait que je tiens à lui, qu'il est en mesure de me détruire, qu'il lui en faudrait peu pour m'avoir dans son lit, que je suis trop fragile pour qu'il me laisse tomber. Il ne bouge pas, ça me rend dingue.
-Vas t-en, s'il te plaît... Chuchotais-je.
Ma voix se brise sur le dernier mot, j'ai toujours mal à la tête et ça s'amplifie. Je ferme les yeux, je sens sa main caresser mes boucles.
-Bien, je rentre chez moi. Fait attention à toi. Murmure t-il.
Puis il part, j'entends ses pas dans le salon, la porte qui claque. Il était calme, il ne m'a pas montré son énervement. Il a peut-être compris son erreur. De plus, il m'a dit je rentre chez moi. Pas de ''je vais chez Brianna'' ou de ''je pars''. Mais si je sais bien quelque chose, c'est de ne jamais faire confiance à quelqu'un qui vous fait mal. Je prends ma tête entre mes mains, mon muscle cardiaque continue de se contracter irrégulièrement, mes membres tremblent j'ai du mal à respirer. Mes paupières toujours closent pour éviter les vertiges, je cherche mon téléphone à tâtons sur la table. Je le sens, je l'attrape, je plisse les yeux. Je le déverrouille rapidement, vais dans mes contacts et appelle mon ''favori''.
-Bip... Décroche... Bip... J'ai besoins d'aide... Bi-Allo? Harry? Tu vas bien?
J'ai l'impression de respirer à nouveau, mais ce n'est qu'une impression.
-Ge-Gemma...
-Harry?! Qu'est-ce qu'il se passe?!
-Je... J'ai besoins de t-toi... Mes larmes coulent à flot. Rentre à la maison... S'il te plaît...
-J'arrive. Bip... Bip... Bip...
Elle est inquiète, je l'ai entendu. Je me laisse tomber au sol, je m'allonge, place mon bras sur mes yeux. Je ne veux plus rien voir, plus rien entendre. Mon cœur ne le supporte pas, il me fait mal. Mon esprit s'embrouille, encore et encore, il me répète des choses que je ne veux pas entendre. Je suis tellement naïf, tellement stupide. Je ne mérite pas ma mère qui se tue pour me nourrir et m'habiller. Je ne mérite pas Gemma qui sacrifie son weekend avec ses amis pour ma tachycardie. Je ne mérite pas Louis, son sourire et ses paroles en l'air. Je ne me mérite pas, moi et la vie. Je ne devais pas faire partie de ce monde. Je me suis trompé de planète, de dimensions. Je ne devrais pas être ici. Et je ne compte pas le rester. Je ne veux plus avoir à me battre, à faire des efforts, non. Je ne veux plus survivre. Je veux vivre. Vivre ou mourir. Pour l'instant, je ne me cache pas le fait que je meurt lentement, c'est bien trop douloureux pour se le cacher. Bientôt, un matin, après une soirée bien arrosée où j'aurais pris beaucoup de médicaments, je ne me réveillerai pas. Tout seras si simple, j'aurais juste à fermer les yeux.
La porte s'ouvre violemment.
Juste à fermer les yeux, tout ira mieux.
Je sens des bras me serrer fort, trop fort.
-Harry! Je suis là, ça va aller. Tu m'entends?
Gemma. J'hoche la tête avec le peu de force qu'il me reste.
-D'accord, je suis là maintenant. Tout va bien. Dit elle en me caressant les cheveux. Je t'aime tête de mouton, ne me fait plus jamais ça...
Juste à fermer les yeux, mais pour elle, je les garderais ouvert.
Louis Tomlinson:
Je l'aurais, F, j'y étais presque. Je lui ferai vivre un enfer, il ne s'approchera plus de moi après ça. Mais il est dangereux, il m'a presque fait craquer hier soir, il me blessera, tout comme toi, tout comme moi. Je le sous-estime. Je m'attache, comme je peux être con, ce n'est qu'un jouet potentiel, mon plan c'est juste de virer ses doutes, pas de tomber amoureux. Ça n'arrivera pas. On m'a déjà tout prit, il ne me reste plus rien dans la poitrine. Je n'aimerai plus jamais. Pas après ça. Pas après toi. Pas après moi.
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