Soulmate
Attention, cet OS utilise les noms français ! Allez, bonne lecture :)
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Une légende raconte que chaque personne dans le monde a une âme-sœur. Mais c'est des foutaises. Genre, les regards qui s'attirent, les étoiles dans les yeux ? Bien entendu. Je vais croire cette histoire.
« - Aitor, ta gueule. »
Au moins, c'est dit. Merci Victor. Je tourne la tête vers mon cher voisin de derrière, notre seul et unique Gabriel Garcia. Il semble très occupé à observer les Terminale quatre dehors. Autrement dit, sa crush. Il finit par me remarquer et lève la tête.
« - Alors comme ça on mate Jeanne en cours de basket ?
- Victor, tu peux lui dire de la fermer ? J'en ai pas la force. »
Comme vous pouvez le voir, je suis adoré de mes voisins.
« - Eh, Riccardo...
- Tais-toi. J'écoute le cours. »
Non mais je rêve. Dis plutôt que tu mates le prof de sport des Terminale quatre, M. Archibald. C'est plutôt compréhensible, d'ailleurs. Déjà parce qu'il a seulement vingt ans et qu'il est beau gosse, et qu'en plus Riccardo est gay. Ça sonne enfin. Je lance un "libéré délivré", avec l'intonation en prime.
« - Aitor, je te jure que si tu fermes pas ta gueule, je te jette par la fenêtre et tu vas rejoindre McArthur en salle de colle. »
Ouais, Victor rigole pas avec sa tranquillité. Loin de moi l'idée de rejoindre cet enfoiré de McArthur, je m'excuse. Riccardo a lâché ses affaires et mate maintenant sans retenue le prof de basket sur le terrain. Son meilleur ami a disparu, sans doute parti s'acheter un truc, tandis que Victor dort sur son bureau en attendant le cours suivant.
Je décide d'aller faire un tour dans le couloir. Je croise Arion, qui parle - encore et toujours - de football avec JP. Peut-être qu'un jour, il verra que Skie est amoureuse de lui. M'enfin, c'est pas gagné.
« - Il ne devrait pas y avoir de problème, je pense. Tu as le droit de ne pas venir en cours de sport, bien entendu.
- Merci, monsieur.
- Je t'accompagne jusqu'à ta classe ? C'est la terminale deux.
- Volontiers, je m'en voudrais de me perdre le premier jour ! »
Je tourne la tête vers la porte. C'est mon prof principal, et aussi mon prof de sport, M. Evans.
« - Aitor, tu tombes bien !
- Ah ? J'ai fait quoi encore ?
- Tu vas l'accompagner jusqu'à ta classe. C'est un nouvel élève, et il rejoint la Terminale deux.
- Salut. »
Un mec avec une coiffure en forme de soleil apparaît devant moi. Nous nous fixons quelques secondes. Puis je me présente :
« - Aitor Cazador, à ton service.
- Je suis Sol Daystar. Ravi de te rencontrer. »
Sol... je reste fixé sur lui quelques secondes. Il me dit quelque chose. En un instant, je sais qu'il est différent des autres. Ah, oui, je sais. C'est parce que c'est le mec dont les filles de la classe vont tomber amoureuses ? Prévisible. J'accepte la requête du prof Evans - comme si j'avais le choix - et me retrouve escorteur de nouveaux.
« - Tu viens d'où ? Je lui demande.
- De Sélène. »
Arrêt sur image. Dans le couloir. Et je me retourne.
« - Putain, mais qu'est-ce que tu viens foutre à Raimon ? Y a un fossé entre les deux !
- Il paraît que Raimon a un bon niveau en football, se justifie-t-il en rigolant un peu. Et puis Sélène est un peu trop lourd en termes de travail. »
J'entre dans la classe, et rien n'a vraiment bougé. Riccardo matte toujours, accompagné de Gabriel, cette fois. Victor dort encore, sur notre table. Est-ce que je dois préciser que ça fait cinq minutes que Rosie photographie notre Mozart ? Non. On a tellement l'habitude qu'on le relève plus. On cherche quand elle le laisse tranquille, en fait. Le professeur du cours suivant - maths - entre. Je fais un signe à Sol.
« - Merci de m'avoir amené. »
Quand nous sommes tous assis, Sol est présenté par le prof.
« - Faites-lui bon accueil. Je suis conscient que ce n'est pas commun, d'arriver au moment des examens, mais il faudra faire avec. Autant vous que lui. Tu veux te présenter ?
- Bah... Je m'appelle Sol Daystar, j'ai dix-huit ans. J'espère que je serai pas trop chiant. »
Juste après un « attention, les gros mots » du prof, Sol est placé devant Victor et moi, à côté de... Samguk, je crois. Ouais, j'ai toujours pas retenu les noms de mes camarades. Même s'ils font partie du club de foot. Victor râle, puis se redresse.
« - Aitor ?
- J'ai rien dit, encore.
- Bosse à ma place et je te paye une glace à la pistache.
- Ça me ferait mal de bouffer ma mère, tu vois ?
- Bah un McDo.
- Vendu. »
Mais quel enfoiré, ce Victor. Il me prend par les sentiments pour m'achever. Je déteste la trigonométrie. Et devinez ce qu'on fait ? Ouais. De la Trigo. J'adore ma vie. En plus l'autre con ne dort même plus, il regarde Sunboy. Si à la pause il me sort qu'il pense que Daystar est son âme-sœur, je lui demande deux McDo. Ouais, j'aime manger McDo.
« - Il a un truc, le nouveau.
- Oui, ça s'appelle une gueule de soleil, Vic', plaisante Samguk.
- Riccardo, t'as pas vu Gabi ? Demandai-je en me retournant vers mon voisin de derrière. Il devait me payer un panini.
- Parti bouffer avec Jeanne. »
Je lâche un soupir, comprenant que je vais misérablement mourir de faim, parce que Bailong aussi est absent. Sale sécheur.
« - Excusez-moi, je peux ? »
Nous levons tous la tête vers Sunboy, qui a - miracle - des paninis à la main.
« - Avec grand plaisir ! C'est pour qui ces paninis ? » je demande.
Il me répond que l'un est pour moi, de la part de cheveux roses, tandis que les autres sont pour lui. Attends, il va vraiment manger cinq paninis ? Remerciant intérieurement Gabi de ne pas m'avoir oublié, et décidant de laisser Sol se goinfrer, je saisis l'un des paninis et croque dedans. Ô nourriture exquise ! Ô Dieu des paninis, merci de votre bonté ! Et que Dieu bénisse Gabriel Garcia. Et lui garde une place VIP au paradis. Il le mérite.
Cheveux roses revient un peu plus tard pour notre cours de philo, les joues légèrement rouges et un sourire béat aux lèvres. Et en s'asseyant à côté de Riccardo, il lâche :
« - Chuis en couple, les gars. »
Va falloir sortir le campagne, là. Victor lâche un petit « congrat's », Riccardo se lamente sur son statut de célibataire en fixant Archibald, sur le terrain de sport, Samguk est trop occupé à parler tours de stylos avec Adé, à la table d'à côté, et Sol applaudit en demandant qui est l'élu.
« - C'est une fille nommée Jeanne. On se connait depuis quelques années.
- Ah, excuse-moi, je ne sais pas pourquoi, mais je pensais que tu étais gay. Ne le prends pas mal, hein !
- Y a pas de mal, je suis bisexuel et je l'assume. Je suis déjà sorti avec deux mecs.
- En effet, lâchai-je en même temps que Riccardo.
- Je dois comprendre que c'est vous ? »
Il lâche un sourire, avant d'avouer qu'il préfère les hommes, lui aussi. Je lui tends ma main en souriant.
« - Bienvenue au club, mec. On l'est tous ici. Victor l'avouera jamais, mais il a un crush sur Arion, en terminale trois...
- Mais j'ai pas de crush sur Arion ! Arrête avec ça ! Rougit l'intéressé, criant presque.
- C'est ça. Et moi je suis hétéro. (Je fais la moue quelques secondes avant de reprendre :) Riccardo penche pour un des profs de sport, et moi bah... j'ai personne en vue. Du moins, pour l'instant.
- Comment vous avez su que vous étiez de l'autre bord ? » Nous demande-t-il.
Ah oui d'accord. Le gars est là depuis deux heures et ça parle déjà de sexualité comme si on se connaissait depuis mille ans.
« - Disons que je suis entouré de gays, donc ça facilite un peu la compréhension, je dis.
- C'est Gabriel qui m'a aidé à comprendre, avoue Riccardo, commençant à rêvouiller, et se caresser le bras. Je ne voyais pas M. Archibald de la même façon que les autres profs. J'avais envie qu'il se rapproche de moi, qu'il me montre comment faire en me touchant et-
- On a compris, Ricc'. » interrompt Victor.
Riccardo est encore pire que Rosie, quand on parle de Archibald. Un vrai fanboy. Et il était comme ça avec Gabi aussi.
« - Et toi, Victor ? Demande Sol.
- J'ai passé un test gay sur internet. Puis j'en ai parlé longtemps avec mon frère.
- Je vois... Gabriel, tu veux bien me raconter ? Je suis curieux, mais ne comprendrais que tu refuses.
- Ouais, t'inquiète. C'était Aitor, le premier, je crois. Je me suis rendu compte que j'adorais certains de ses côtés, finalement. Et on a fini par sortir ensemble. J'étais fou de lui. Mais on a tous les deux fini par comprendre qu'on ne finirait pas ensemble, que ce n'était qu'un amour de jeunesse. On s'est quittés sur un accord commun. N'est-ce pas ? »
J'opine du chef, avec un sourire. J'ajoute ensuite :
« - Et il y a eu Riccardo, qui a duré plus longtemps. Jusqu'à l'année dernière, il me semble.
- Ouais. Là aussi, on s'est quittés d'un accord commun. Nous étions tombés amoureux de quelqu'un d'autre. On était plus aussi complices les premiers temps, mais ça va mieux maintenant. »
Il passe une main dans ses cheveux roses coupés courts. Ils suivent les traits de son crâne, à l'arrière, et quelques mèches lui tombent sur le visage. Il les a coupé peu après notre séparation, ce qui a surpris tout le monde. Il n'avait plus ses couettes habituelles. Après Riccardo, ses cheveux ont encore raccourci, se retrouvant au niveau de ses oreilles.
« - Au fait... Gabriel... tu l'as déjà fait avec eux ? »
Eugène, qui devait nous écouter discrètement, à la table à côté, recrache son jus de raisin sur son cours, provoquant le fou rire d'Adé.
« - Putain !
- C'est le karma, ça, je rétorque.
- Ta gueule, Cazador.
- Oké. »
Évidemment, Victor ricane aussi. Sol, qui rougit de sa propre question, lève les yeux vers Gabi.
« - Désolé, mais c'est juste que...
- C'est rien. On l'a pas fait avec Aitor, parce que on se trouvait trop jeune pour.
- On est quand même allé jusqu'aux préliminaires, je lâche.
- Mais on a failli, avec Riccardo, continue Gabi, m'ignorant.
- Mon chat est venu nous regarder, et on trouvait ça gênant, ajoute Riccardo.
- Je vois...
- Et toi, Sol ? Comment t'as su ? Glissai-je avec un sourire.
- Je l'ai toujours été, je crois. C'est un ami à moi qui m'a éclairé. Même si nos statuts ne nous le permettent pas vraiment, nous nous entendons bien.
- Son statut ?
- C'est le directeur du lycée Sélène. Il se nomme Heath Moore. »
Je vous ai déjà raconté le fameux article rédigé par la conseillère Hills lorsqu'elle était collégienne ? Visiblement non. « Les capitaines du FFI, tous des LGBT ? » ça s'appelait, où un truc du genre.
Eh bah je peux vous dire que Moore y était aussi.
« - Alors c'est vrai, la rumeur sur Moore ?
- J'ai même rencontré son homme.
- Il est comment ? Demande Riccardo.
- C'est un nounours. »
Silence. Puis je lâche un « mais encore ? ».
« - Il a l'air froid et méchant à première vue, mais à l'intérieur, il est doux comme une guimauve.
- M. Archibald aussi, je suis sûr que c'est une guimauve, lâche Mozart 2.0, rêveur.
- Putain Ricc'... »
Victor, désespéré, enfouit sa tête dans ses bras. Faut dire que des cœurs sont à deux doigts d'émaner de lui. Quand je me tourne, je me rends compte que le prof nous fixe.
« - Un petit café, les filles ?
- C'est pas de refus, lâche Victor. J'arrive pas à rester éveillé. »
Va falloir qu'il m'explique ce qu'il fait pour être amorphe tous les jours. Victor s'est pris une heure, mais visiblement il s'en fout.
La cloche de fin des cours sonne enfin. Sol range ses affaires, avant de m'accompagner. Nous décidons de rentrer ensemble. Je lui demande vers où il habite. Il répond que sa maison est près de l'orphelinat du soleil. Je rigole. C'est ironique.
« - Comment ça ?
- J'habite à l'orphelinat. »
Surpris, il rit. Je ris à mon tour et lui propose de venir.
« - CLAUDE BEACONS ! SI TU N'ES PAS LÀ DANS CINQ SECONDES - Salut Aitor -, JE TE JURE QUE JE TE LA COUPE ! »
Ai-je précisé que nous étions chez les fous ?
Isabelle, celle qui hurle, finit par remarquer notre invité. Ah au fait, elle menace de lui couper la tulipe de cheveux qu'il a sur le haut de la tête, hein. Pas la... vous m'avez compris.
« - C'est un ami à toi, Aitor ?
- Si ça se trouve, il ne voudra plus m'approcher.
- T'exagères. CLAUDE ! DERNIER APPEL !
- 'TAIN, C'EST BON, J'ARRIVE ! »
Décidant d'ignorer Isa et Claudette, je tire Sol par le poignet jusqu'à ma chambre, que je ferme ensuite à clé.
« - Désolé. Ils sont... spéciaux, je dis.
- Ce n'est rien. Ils ont l'air gentils, dans le fond.
- Ça dépend des jours. »
Je tombe sur mon lit tel une bouse, tandis que mon nouvel ami s'assoit sur le lit en rigolant doucement. Mon téléphone vibre, c'est la discussion de la classe de l'an dernier, qu'on a gardée. Arion demande si quelqu'un est chaud pour une sortie à McDo. Je suis le mouvement et ne réponds pas, décidant de parler avec Sol.
Lorsque j'ai la force de me lever, une vingtaine de minutes plus tard, je m'accoude à la fenêtre pour attraper les volets. Je m'arrête, observant le coucher de soleil.
« - C'est beau, tu ne trouves pas ? Souffle une voix derrière moi.
- C'est un des trucs que j'aime le plus. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours adoré regarder le lever ou le coucher de soleil.
- Ça t'est déjà arrivé de l'observer le soleil pendant longtemps ? Jusqu'à ce qu'il disparaisse ?
- Pas vraiment. Je suis vite appelé pour les tâches quotidiennes, et pour m'occuper des plus petits. »
Sol s'accoude à la fenêtre. Il sourit doucement. Je ne bouge plus, je ne peux pas décrocher mon regard de lui. Et quand il tourne enfin le regard vers moi, j'ai l'impression que mon monde s'effondre. Comme si j'avais déjà vécu cette scène de nombreuses fois.
Ce que je connaissais jusque là disparaît, comme si tout n'avait été que mensonge. Nous restons ainsi de longues minutes, et, reprenant nos esprits, je lâche :
« - T'es le premier soleil que je contemple aussi longtemps.
- Aitor... »
Un monde interdit s'ouvre à moi. Où toutes les décisions que je prendrai ne seront qu'erreur pour la société. Mais les meilleures selon moi. Une idée naît en moi, grandit, et veut prendre forme. Se concrétiser.
Le premier pas dans ce monde que je pensais impossible à pénétrer. Où je ne pensais pas entrer un jour.
« - Putain...
- Aitor... ? »
Mes doigts glissent sur le rebord. Je fais un pas vers lui, sans le quitter des yeux. Ils tremblent. Tout comme les miens, je présume. Et ses ongles s'accrochent au mur.
Je suis entré. Je ne pourrai plus sortir de là.
Je viens d'embrasser Sol.
Comment tout cela a-t-il pu avoir lieu en si peu de temps ? Comment ai-je pu l'embrasser si vite ? Comment...
Il recule d'un pas. Me fixe, les joues rouges et le souffle coupé. Il fait un pas vers moi, mais recule à nouveau. Il prend son sac. S'excuse. S'en va.
Je passe mes doigts sur mes lèvres. Et je souris doucement, en enlevant une miette de pain au chocolat, qui devait traîner sur sa lèvre inférieure.
« Aitor, ça te dit une sortie à McDo ? » me propose par message mon meilleur ami, Lucien.
Je lui réponds que oui. Comme ces enfoirés de profs nous ont séparé - et pour cause, on faisait Bagdad en cours -, on se voit jamais. Mais ce n'est pas ma préoccupation première. Même Lucien, avec qui je voulais faire une sortie depuis un moment, n'est plus au centre de mon attention. Je reste un long moment figé sur la porte de ma chambre, pensant à ce qu'il vient de se passer.
« - Chuis amoureux. »
19h48, McDonald's de la ville ; Lucien s'étouffe avec son coca light suite à mon aveu. Bien fait. C'est dégueu le coca light. Il se tape le torse du poing tout en toussant, avant de me demander de répéter.
« - Je suis tombé amoureux du nouveau de ma classe.
- Ah, le fameux Sol Daystar ? Tout le monde parle de lui. Garçon comme fille.
- Parce qu'il vient de Sélène ?
- Bingo, rétorque mon ami en me pointant du petit doigt, ses autres doigts tenant son Mac Chicken. Donc, je reprends, t'es amoureux de lui alors que ça fait pas vingt-quatre heures qu'il est là ? Alors que tu as reproché à Riccardo d'être tombé sous le charme d'Archibald dès qu'il l'a vu ?
- Oh ta gueule. Tu me saoules.
- Héhé... »
Lucien commande une glace quelques minutes plus tard, terminant son hamburger. J'en fais de même. Il reprend :
« - Quand tu dis amoureux, c'est comment ?
- Je l'ai embrassé. »
Cette fois, il recrache son coca sans goût sur moi. C'est le jour du recrachage, aujourd'hui. Je m'essuie le visage avec une serviette. Il s'excuse, prend les glaces qu'on nous apporte, et me demande plus de détails.
« - Tu te souviens de mon dégoût pour les histoires d'âme-sœur ? Bah j'y ai cru, un instant, quand j'ai embrassé Sol. J'ai eu l'impression de l'avoir attendu une éternité, que ces lèvres m'étaient réservées.
- Ah oui, t'es amoureux à mort...
- Pire que papa Xavier et m'man Jordan.
- Aitor, il a dit quoi, quand tu l'as embrassé ?
- Je crois... qu'il a hésité à m'embrasser.
- Bah demain, tu portes tes balls et tu sors avec lui.
- Nan mais la vie c'est pas aussi simple, idiot. »
Je termine mon very parfait. Nous prenons nos affaires et sortons.
« - On va en boîte ?
- Mais t'es con Aitor ? On a dix-sept ans.
- Ah oui merde. J'ai laissé la fausse carte d'identité chez moi.
- Ta fausse carte ?! »
Après un bon fou rire, d'un accord commun, Lucien appelle son tuteur pour qu'il nous ramène. Et il est vite arrivé. Il a forcément grillé des feux rouges.
... Je vais peut-être rentrer à pied en fait.
« - BOUGEZ-VOUS LE FION LES MIOCHES !
- Vas-y, il a quoi l'autre là ? Je lâche.
- Crise d'ado.
- Il a pas genre... vingt-huit ans ?
- Elle dure depuis ses quinze ans. Je peux t'assurer qu'il est relou. Surtout avec son mari.
- ALLEZ PUTAIN ! J'AI UN ANIME À FINIR ! »
Nous montons dans la voiture de m'sieur Caleb, et je me fais ramener. Je fixe mon téléphone, sur lequel s'affiche le contact de Sol.
« - Aitor, ça va ?
- Hein ? Heu... Ouais. Je me posais juste une question.
- Laquelle ? S'incruste l'adulte.
- Si les âmes-sœurs existent bel et bien.
- Les âmes-sœurs ? Lâchent les deux Sharp.
- C'est possible d'aimer quelqu'un comme pas permis, dans un court laps de temps ?
- C'est-à-dire ?
- En... allez, dix heures même pas ?
- Ah oui, c'est chaud. »
La voiture s'arrête à un feu rouge. Caleb insulte la maman du feu. La pauvre, elle avait rien demandé. Puis il se tourne vers moi.
« - Est-ce que tu l'as vu ?
- Vu quoi ?
- Le monde. Tu l'as vu dans ses yeux ?
- Un monde... interdit ?
- Ouais. Celui là.
- Je l'ai vu. Il était brillant. C'était... aussi beau que lui. »
Le feu est passé au vert, Caleb a redémarré.
« - Il paraît que si tu vois un monde à travers les yeux de quelqu'un, c'est que vous vous aimiez dans une autre vie. Et on appelle ça des âmes-sœurs. Quand tu te souviendras de la vie que tu as mené avec lui, vous serez à nouveau liés. Et dans plus aucune vie vous ne serez séparés, sauf si vous êtes tués avant l'heure.
- Caleb... comment vous savez ça ? »
La voiture s'arrête, il se détache et sort. Nous le suivons, avec Lucien, dans leur jardin. Son mari, Jude, nous rejoint.
« - Jude et moi sommes âmes sœurs depuis maintenant sept cent ans. Et si tu ne me crois pas, cherche donc, au quatorzième siècle, un templier du nom de Clément de Saint-Hilaire.
- Heu, Caleb ?
- Aitor et Sol sont âme-sœurs, si j'en crois ce qu'il me dit. »
Jude me regarde longuement, avant de passer un bras autour de mes épaules.
« - Tu vas rester dormir ici, je crois. »
Je l'ai écouté pendant deux heures, après ça. Lucien aussi, il était curieux. Jude a raconté les vies dont il se souvenait. Celles avec Caleb, ses différents noms et métiers. Et surtout, la plus importante.
« - Je ne me souviens pas entièrement de la vie ou j'ai été lié à Caleb, mais je sais que dès que je l'ai vu, je l'ai tout de suite reconnu. C'était à l'ère d'Oda Nobunaga. J'étais un de ses gardes, et Caleb était un marchand de tissus. Il était venu dans le village pour vendre des étoffes d'or. J'ai croisé son regard, et ça a été le déclic chez moi. Nous nous sommes revus, plusieurs fois, et les souvenirs nous sont revenus peu à peu. Il se nommait Akio Fudou, et moi Yuuto Kidou.
- C'était comment ? A demandé Lucien.
- Quand je suis allé vers Akio, il a cru que j'étais fou. Nobunaga et moi avons parlé longtemps de cela, d'ailleurs, et il l'a fait revenir pour m'aider. Et entre temps, nos souvenirs étaient revenus. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. »
Jude, rêveur, termine son récit. Caleb pose une assiette sur la table. Une pizza au saumon y trône fièrement.
« - Tout a l'heure, Caleb a parlé de "mourir avant l'heure". On peut en savoir plus ?
- Tu es bien curieux, Lucien, rigole Caleb.
- C'est juste que...
- Ce n'est rien. Je prends l'exemple des templiers, sans doute notre première vie à deux. Je m'appelais Ymbert de Comborn. J'étais l'un des membres du vingt-troisième ordre des Templiers.
- Les Templiers ?! Carrément ? S'extasie Lucien.
- Ça en jette, hein ? Lâche Caleb.
- Nous avons été brûlés vifs, le 13 mars 1314. »
Nous nous taisons. C'est sûr que là, ça en jette un peu moins. Je finis par reprendre la parole :
« - Vous êtes morts le même jour ?
- Oui. Nous sommes passés devant le procès de l'ordre du Temple en 1307, accusés d'hérésie, et, dans notre cas, d'homosexualité. Nous n'étions pas les seuls, d'ailleurs. Nous avons fini par avouer. Ils nous avaient torturé... parfois, je ressens encore la douleur qu'ils nous ont infligée.
- Jude...
- Ça va aller. »
Ses doigts tremblaient. Caleb a posé une main sur la sienne. J'avais l'impression qu'ils avaient toujours été ainsi. Présents l'un pour l'autre, dans toutes les situations.
« - Nous avons été cinquante quatre à avoir été brûlés, le 18 mars 1314, après sept ans au cachot. Je peux te jurer que sept ans, c'est long. Clément... enfin, Caleb, était dans la cellule juste à côté, et je n'avais qu'une seule envie ; l'avoir dans mes bras. C'est la première chose que j'aie faite, en sortant pour l'exécution.
- Ces enfoirés ont eu du mal à nous séparer, d'ailleurs. Je le serrais tellement fort...
- Et étrangement, tes lèvres ne voulaient pas quitter les miennes, ajoute Jude en souriant.
- Bah excuse-moi, mais sept ans sans t'embrasser, c'est long ! »
Caleb rit, puis se tait, embrassé par son mari amoureusement. Je souris sans trop savoir pourquoi. Après le repas, nous allons nous changer. Je regarde le message que Jordan m'a envoyé, me rappelant de bien me brosser les dents trois minutes. Je râle devant les rires de Lucien. Je lui mets une claque sur l'épaule pour manifester ma gêne.
Nous sommes dans sa chambre, quelques minutes plus tard. Il est assis en tailleur sur son lit. Je suis assis moi aussi, sur le matelas par terre.
« - Uno !
- Déjà ?! »
Je râle, et n'ayant pas de rouge, je pioche. Il pose sa dernière carte, rigolant. Je lui jette les cartes à la figure avant de piquer un cookie dans la boîte. Lucien récupère les cartes :
« - On se refait une partie ?
- Pas tout de suite, je dis. Je reviens. »
Je me lève, me dirigeant en pyjama dans le salon. Jude est assis, et Caleb est lové contre celui, dans ses bras. Ils ne m'ont pas vu, trop occupés à se regarder. Je me racle la gorge, et ils tournent la tête vers moi.
« - Tu veux une berceuse ? Lance Caleb. Ou tu veux appeler ta maman ?
- Non ! »
Rouge, je détourne le regard, triturant mes doigts.
« - J'avais juste une question... comment je suis censé retrouver mes vies d'avant ? »
Jude sourit doucement. Il stoppe les rires moqueurs de Caleb avec un baiser, avant de me répondre :
« - Ça reviendra tout seul. Comme ça l'a fait avec nous. Ça peut prendre des jours, des semaines, ou une nuit. Mais ça finira par revenir. Tu as retrouvé ton âme-sœur, et elle t'a retrouvée.
- D'ailleurs, je dis pas ça pour me moquer, mais si tu as besoin de réconfort, on est là.
- De réconfort ? Je suis pas un...
- Je te dis ça par expérience. Si jamais ta mort te revient et qu'elle est trop dure, Judy et moi te consolerons. »
« Judy » hoche la tête, un sourire bienveillant collé sur le visage. Je les laisse finalement, bien décidé à prendre ma revanche sur Lucien.
Ça va aller, fils... tu es fort... tu peux résister...
Non, je peux pas... j'ai trop mal...
Mère...
Aarhus...
Djoser. Ce fut le premier nom qui me vint à l'esprit, lorsque j'ouvris les yeux, à cinq heures. Lucien s'étirait dans son lit, les cheveux en bataille. Je me suis assis. Il m'a dit « salut ». Et il a stoppé sa main, laissant ses doigts entremêlés dans ses cheveux violets.
« - Aitor, pourquoi tu pleures ? »
Je suis sorti de sa chambre. J'ai dit que tout allait. Mais rien n'allait.
« Bonjour, Aitor. » m'a lancé Jude, souriant, un café à la main.
J'ai pas réfléchi. Je me suis blotti contre lui. Il a senti que je tremblais. Il a posé son café. Et même si je n'étais pas son fils, il m'a serré fort, m'entourant de ses bras. Lucien n'a pas compris. Mais c'est pas comme si je voulais qu'il comprenne.
« - Je me souviens...
- Tu pourras me le raconter ? »
J'ai hoché la tête. Et puis nous sommes partis à l'arrêt de bus. Je me suis assis sur le banc, et j'ai regardé mon téléphone. Puis j'ai commencé à taper dessus. Je ne voulais pas oublier. Je savais que les rêves ne duraient qu'un temps. Et celui-là, je refusais de le laisser s'effacer.
Mon nom était Maati Keihik. Je vivais en Égypte antique, dans la ville de Louxor. J'avais dix-sept ans et mon mariage était prévu pour le mois suivant. Une égyptienne dont la famille venait de Carnac. Je vivais une vie tranquille. Mon père me faisait travailler à mi-temps sur le chantier royal, parce qu'il savait que les jeunes étaient mieux payés, étant plus dynamiques.
« - Gamin, tu n'as pas fini tes heures ?
- Je fais quelques heures supplémentaires, je réponds à l'homme.
- Je vois... tu n'as donc pas de femme à aller voir ?
- Ah, pas encore. Je dois me marier dans un mois. »
C'est deux heures plus tard que d'habitude que je quitte le chantier. Je décide de passer sur le marché pour acheter quelques dattes. Rapidement, la foule présente m'empêche de me déplacer librement. Je sors de la foule, dans une petite ruelle.
« - Pousse-toi ! »
Je lève les yeux vers les toits. Un jeune garçon aux cheveux d'or saute, et atterrit près de moi. Je le fixe quelques secondes avant d'ouvrir la bouche. Il plaque sa main sur mes lèvres, me faisant signe de me taire. Des gardes passent d'un toit à l'autre. L'inconnu me colle au mur, de façon à ce que nous ne soyons pas repérés. Il retire enfin sa main, souriant.
« - Eh bah, heureusement que t'as pas fait de bruit !
- Tu es un voleur ?
- Mais non, mais non ! »
Il est habillé d'une simple tunique beige, avec une ceinture bleu-vert autour de la taille. Il passe une main dans ses cheveux d'or.
« - Comment tu t'appelles ?
- Maati. Maati Keihik. Et toi ?
- Aarhus ! Je suis Aarhus Djoser !
- Le fils du pharaon ?
- Possible ! »
Il rit. Je lâche un soupir. Il se moque de moi, pas vrai ? Je reporte mon attention sur ses cheveux. Seul le pharaon et sa famille seraient capable de s'offrir ce genre de coiffure.
« - Si tu es bien le fils du pharaon, pourquoi tu es là ?
- Je me suis enfui de chez moi.
- Tu ne supportes plus ta famille ?
- Nan, je sèche un conseil.
- Ah... »
Je manque tout de même de tomber à la renverse. Visiblement, il n'aime pas les responsabilités.
« - Moi qui pensais que nous étions pareils entre jeunes hommes, malgré le rang, je lâche sans réfléchir.
- Tu ne supportes pas ton père ? »
J'hoche la tête. Nous avons passé l'après-midi ensemble, et le jour d'après aussi. Nous avons passé la plupart de notre temps ensemble, malgré nos différences. Il me parlait de sa mère qu'il adorait. De son petit frère, aussi. Et puis un jour, il est venu jusque chez moi. En tant que fils de pharaon.
Mon père a été jeté aux crocodiles depuis une falaise pour avoir maltraité sa femme et son fils unique. J'ai été invité par Aarhus quelques jours après ça. Il nous avait donné une somme d'argent impossible à réunir en une seule vie. Il semblait heureux et fier de son geste. Et je l'étais aussi.
« - Pourquoi il te battait ?
- Il avait arrêté... mais le fait que j'annule mon mariage ne lui a pas plu.
- Pourquoi tu l'as annulé ?
- Je ne suis pas attiré par cette femme. Par aucune !
- Ah... »
J'ai tourné la tête vers lui, accoudé au rebord du balcon royal. Il m'avait invité dans son palais, pour la première fois. Aarhus était aussi lumineux que le soleil, ce soir là. La couleur orangée du ciel se reflétait dans ses cheveux d'or. Nous nous sommes regardés de longues minutes. Puis j'ai laissé mes doigts glisser sur le marbre, jusqu'à ce qu'ils le quittent. Et j'ai approché les lèvres des siennes, jusqu'à réduire l'espace entre elles. J'aurais voulu le réduire entièrement.
« - Je t'aime, Aarhus. Et je ne sais plus quoi faire.
- Maati... »
Il a lâché mon nom dans un souffle. Glissé ses doigts sur mes joues. Jusque dans mes cheveux. M'a collé au mur de marbre. Et nous nous sommes embrassés pour la toute première fois dans la lumière du coucher de soleil.
Le bus s'arrête devant le lycée. Une foule d'élèves sortent du bus. Lucien secoue doucement Samguk, derrière nous, endormi. Devant l'entrée, quelques uns fument, dont Gabriel. Il discute avec M. Archibald, qui fume lui aussi. Riccardo l'écoute parler, sans doute sur un petit nuage. Jeanne, elle, est au bras de Gabi. Je m'approche d'eux, les saluant.
« - Salut Aitor. Comment ça va ? Me demande la fille.
- Nickel. Faudra que tu me racontes comment c'était, la déclaration de ton mec. »
Je ris fortement, observant les deux rougir. Je remarque que Bailong répond aux abonnés absents. Je t'emmerde, Bailong. Et j'emmerde la tulipe qui te sert de père qui te laisse sécher. La sonnerie retentit, les clopes sont écrasées au sol. Le portail s'ouvre, la foule d'élèves se rassemble, et tous entrent, même si la plupart n'en n'ont pas envie.
Et pour la première fois de ma vie, je ne fais pas partie de ceux là.
Il avait tant d'effet sur moi que je ne pensais qu'à lui. Je passais de plus en plus de temps dans son palais. Il continuait de voir des femmes afin de ne pas éveiller les soupçons, mais j'étais jaloux. Et quand je lui ai dit, il a arrêté d'en voir. Il ne voyait plus que moi, et j'adorais ça.
J'ai cédé à ses caprices comme il cédait aux miens. Et nous avons fini par nous unir. Je n'avais jamais couché avec personne, mais lui, on voyait qu'il savait ce qu'il faisait. Et bon Dieu que j'aimais ça. Je l'aimais, lui et tout ce qu'il me faisait.
Il m'offrait ce qui me faisait plaisir, je lui faisais quelques cadeaux, qu'il adorait. Je les trouvais ridicule, mais lui était heureux d'avoir un cadeau fait de mes mains. Son dernier cadeau fut de m'inviter dans son palais et m'offrir une perruque de cheveux. C'était d'un bleu éclatant. Nous étions le ciel et le soleil, et rien ne pouvait atteindre notre amour.
« - Aarhus...
- Mh ?
- C'est à tes dix-huit ans que tu es censé te marier, non ?
- Ouais. »
Il a resserré ses bras autour de moi, et embrassé ma trempe. Il s'est un peu plus collé à moi, avant de retomber sur son lit, sur le dos. Je me suis allongé sur son torse. Il jouait avec mes cheveux, et moi, je me perdais dans ses yeux.
« - Tu vas faire comment ?
- Je veux renoncer au trône. J'ai mon petit frère. Il prendra ma place. Je suis prêt à tout si c'est pour toi. Je t'aime tellement, Maati. Je t'aime plus que tout au monde. »
Il m'a embrassé doucement. Et le pharaon est entré à cet instant. J'aurais pu dire n'importe quoi. Sortir n'importe quelle excuse. Mais il m'a devancé.
« - Père, je suis amoureux de cet homme. Je renonce au trône, s'il le faut.
- Tu refuses le trône de pharaon ? Très bien. Servante ! »
La jeune femme est arrivée. Il a chuchoté à son oreille. Elle est repartie. C'est avec des verres qu'elle est revenue. Le père a saisi un verre.
« - Fêtons donc cela. »
J'ai su que si je ne prenais pas ce verre, je le regretterais. Aarhus et moi l'avons pris et bu. En rentrant chez moi, le soir, j'étais mal. Je regrettais d'avoir pris ce verre. Il y avait sûrement du poison dedans. Mais c'était trop tard désormais.
« - Maati ! Maati ! Ça va aller, fils... tu es fort... tu peux résister... »
Je n'ai pas résisté. Le poison était trop violent.
« - Aarhus... »
J'ai pleuré. Les dernières larmes furent des larmes de regret. Parce que je m'en voulais de ne pas avoir pu voir Aarhus une dernière fois.
La matinée se termine. Elle était ordinaire. Pour la plupart des gens, du moins. J'avais terminé de gratter trois pages recto-verso. Non pas de cours, mais de mes rêves. Moi, travailler ? Et puis quoi encore ? La pause déjeuner réveilla Victor. Gabriel décida de nous abandonner pour aller voir Jeanne, si bien qu'il ne restait que nous trois. Samguk, Victor et moi.
Sol était absent. Et j'avais peur. Peur que ce soit de ma faute. Une fois mon sandwich englouti, je décide de sortir de ma classe. Riccardo - qui mangeait en pensant à Archibald - m'accompagne. Je toque à la salle des profs. C'est Nelly Raimon, la proviseure-adjointe, qui ouvre. Je ne m'attarde pas sur sa tenue - parce que je m'en fous complétement - et demande à voir M. Evans. Il arrive quelques minutes plus tard, de la sauce burger au coin des lèvres.
« - Alors, en quoi je peux vous aider ?
- Est-ce que vous avez des nouvelles de Sol, monsieur ? Il est pas venu en cours ce matin.
- Il est malade, il ne devrait pas revenir avant une semaine.
- Une semaine ?! »
Silence dans le couloir. Riccardo fait comme s'il ne me connaissait pas et continue sa route. Traître. M. Evans me laisse entrer dans le bureau et m'amène à l'écart.
« - Sol est... à l'hôpital ?
- Oui. Il a eu une violente fièvre hier soir. Sa mère a préféré l'amener là-bas, et d'après Camillou, il a eu beaucoup de chance. Pas beaucoup de personnes ne survivent à 42°C de fièvre. »
Je ne parle pas. Ma gorge est comme figée. Mes lèvres s'assèchent. Je ne relève même pas le fait qu'il parle encore une fois de son amie d'enfance.
« - Sol...
- Ne t'en fais pas, il est entre de bonnes mains.
- Monsieur, vous pensez pouvoir demander à votre amie une autorisation pour que je voie Sol ? S'il vous plaît ! »
Je le fixe longuement. Il finit par rire, m'assurant qu'il s'en chargerait. Je sors de la salle, en direction de mon cours.
« - Axel, je peux savoir pourquoi tu ris ? »
Le professeur aux cheveux blonds, démasqué, s'approche de son collègue.
« - C'est juste qu'il m'a rappelé quelqu'un.
- Ah oui ? Qui ça ?
- Un certain homme au dix-huitième siècle, en Angleterre, qui voulait voir un vampire. Un certain vampire condamné à mort.
- Tss...
- Je t'aime, Mark. Ne l'oublie jamais. Tu peux être ce que tu veux, je t'aimerai toujours.
- Moi aussi, Axel. »
Aarhus et moi n'étions plus. Mon âme, aux bords du Styx, savait sûrement que je ne risquais plus de le retrouver. Pourtant, je me souviens de l'avoir retrouvé.
« - Roi Arthur, voici l'un des prétendants à la Table Ronde. Il se nomme Harold Castlereagh.
- Amenez-le avec les autres. »
J'ai observé le roi Arthur, de vingt ans mon aîné. J'ai posé une main sur mon épée et j'ai suivi le frère. Il a ouvert une porte, révélant une dizaine de jeunes gens de mon âge. Ils avaient eux aussi une armure. Une épée. Une cape, pour certains, aussi. Mais aucun d'eux n'avait les cheveux bleus comme moi. Ils les avaient noirs ou marron, pour la plupart.
La porte derrière moi s'est rouverte. Deux autres garçons sont entrés. L'un avec les cheveux bleus foncés, et l'autre avec les cheveux or.
« - Pousse-toi, tu gênes. » a dit le premier.
Le second a râlé auprès de « Victorien ». Puis, il s'est excusé. Nous nous sommes ensuite présentés.
« - Je suis Solden De Daumal. Et toi ?
- Harold Castlereagh.
- Viens-tu d'une famille aisée ?
- En effet.
- Ce qui explique tes cheveux bleuâtres.
- Malheureusement, cette couleur est de naissance, dis-je.
- Oh, toi aussi ? Cela nous fait un point commun. Je suis ravi de voir que malgré le rang, deux êtres peuvent avoir des points communs. »
Il venait d'une famille modeste, qui avait perdu un peu de puissance et d'influence cinquante ans auparavant, ce qui expliquait la particule à son nom. Solden et moi avions passé haut la main les premières épreuves. Le Roi Arthur, dans toute sa grandeur et bonté, avait préparé à l'attention de la vingtaine de futurs chevaliers, des chambres mixtes. Par un miracle de Dieu sans doute, nous fûmes dans la même chambre. Nous discutions de longues heures de nos vies. Surtout de nos cheveux, un « cadeau divin ».
Un soir, Sol - je le nommais ainsi car nous trouvions Solden trop formel - arriva dans la chambre, essoufflé. Je posai mon livre et m'approchai de lui afin de m'assurer de son état.
« - Sol ! Tu es blessé au bras ! Que diable as-tu fait cette nuit ?
- Harold... »
Il n'a pas dit un mot de plus. Il a perdu connaissance dans mes bras. La nuit était tombée depuis un long moment. Je dus me résoudre à n'appeler personne. J'allongeai Solden sur son lit, en face de la fenêtre, qui donnait sur les montagnes. Il n'ouvrit les yeux que quelques heures plus tard.
« - Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Lui demandai-je une fois qu'il eût avalé un verre d'eau.
- Tu connais mon succès avec les femmes, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Je suis allé à un rendez-vous avec une jeune femme mariée. Mais son mari m'a vu fuir. Il a tenté de me tirer dessus.
- Mais Sol, pourquoi tu es allé là-bas ?
- Je devais vérifier une part de moi-même. »
Je le fixe quelques secondes, adossé à la fenêtre. Il s'assoit sur le rebord du lit, en face de moi. Sa fièvre a sûrement baissé, pensai-je. Je souris doucement, pensant à mon père qui avait insisté pour que j'apprenne les bases de la médecine.
« - Que veux-tu dire, par une part de toi-même ?
- J'en ai eu la certitude cette nuit. Je n'aime pas les femmes. Et je ne sais pas quoi faire.
- Sol... quoi que tu sois, quoi que tu aimes, ça n'aura aucune importance. Je serai toujours à tes côtés. »
Les rayons du soleil levant remplissent la pièce. Solden rougit. Il se lève, repoussant la couverture du lit. Et sans que je m'y attende, il m'embrasse. Je me laisse faire, savourant cette sensation encore inconnue.
Je ne savais pas que c'était comme ça, les lèvres d'un homme...
Il a rompu le baiser, haletant. Et nous nous sommes regardés. Et un monde éclatant m'est apparu à travers ses yeux.
« - Solden, je t'aime... »
Ses doigts, sur mes avant-bras, se sont resserrés. Mon cœur s'est emballé. Solden était mon premier amour. Et je n'en revenais toujours pas. Il avait les mêmes sentiments que moi. Il s'est collé à moi. Je pensais qu'il m'enlaçait, mais tout son poids est tombé sur moi. J'ai appelé de l'aide. Je n'avais pas vu que Solden s'était blessé au ventre. Sans doute avait-il fait en sorte de ne pas me le faire remarquer.
J'ai prié toute la journée. Pour la toute première fois de ma vie. Mais rien à faire. Solden De Daumal décéda de ses blessures. Et il laissa Harold Castlereagh seul au monde, qui le quitta peu de temps après.
Ils n'ont pas cherché à comprendre. Jordan a regardé Xavier et lui a souri. Mon père adoptif m'a caressé la tête. Il m'a amené à l'hôpital, silencieux. Le seul son qu'on entendait était la radio, qui faisait office de bruit de fond. Je n'ai pas parlé. Je me suis contenté de regarder par la fenêtre. J'observais le soleil. Et puis j'ai fermé les yeux, mon téléphone dans la main.
Ce que j'avais écrit sur mon rêve était sans doute encore visible sur l'écran de mon « cellulaire ». La voiture s'est arrêtée, ça m'a réveillé. J'ai ignoré les messages de Lucien. J'ai rangé mon téléphone, remercié mon père, et je suis entré dans l'hôpital.
Une jeune femme attendait au comptoir. C'était Camélia Travis, l'amie d'enfance de M. Evans. Elle m'a souri. Elle m'a dit :
« - Tu es Aitor Cazador ? Viens avec moi. »
Nous avons parcouru le couloir jusqu'à l'ascenseur. Elle m'a avoué qu'elle avait eu peur pour Sol, car il sortait à peine de l'hôpital, suite à une opération. Je compris plus tard que c'était pour ça que le prof Evans lui autorisait à ne pas se présenter en cours de sport. Au premier étage, nous avons marché longtemps. Plus j'avançais et plus mes tripes se nouaient. Elle s'est arrêtée. L'écriteau portait le nom de celui que j'aimais.
« Sol Daystar. »
Camélia m'a laissé devant la porte. J'ai hésité de longues minutes avant de toquer. Mais quand sa voix m'a ordonné d'entrer, j'ai souri maladroitement. Il allait bien.
Sol allait bien.
« - Aitor ? »
J'ai pleuré. J'ai pleuré pour la première fois depuis des années. Sol s'est levé de son lit, et a marché vers moi, lentement.
« - Aitor, pourquoi tu pleures ?
- J'ai eu tellement peur... je veux pas te perdre encore une fois... »
Je tentais d'essuyer mes larmes. Je tentais d'arrêter mes geignements. J'étais triste et heureux à la fois. Je me suis tu, quand il m'a pris dans ses bras. Je me suis accroché à lui, et j'ai pleuré en silence de longues minutes.
« - Je serai toujours là pour toi, Sol... Alors s'il te plaît, ne me quitte pas encore... »
Il m'a un peu plus serré contre lui. Il tremblait. Comme les iris de Sol, hier. Comme les doigts d'Aarhus. Comme le corps de Solden. Et à chaque fois, j'ai voulu le serrer encore plus dans mes bras. J'ai voulu me perdre dans ses bras chauds. Je voulais rester ainsi pour toujours. Avec lui, et personne d'autre.
« - Maati... Harold... Aitor... quelque soit ton nom, je n'ai jamais pu ou osé te le dire, mais je t'aime... je t'aime tellement... »
Et sous les rayons du soleil couchant, il m'a embrassé passionnément.
La troisième existance dont je me souvienne fut sans doute ma dernière avant l'actuelle. Et je fis un bond dans le temps. Après le quatrième millénaire avant J.C et les chevaliers de la Table Ronde, j'étais un jeune Allemand. Vous sentez la douille ?
Oui, j'étais un jeune nazi. Enrôlé de force et manipulé par le Führer. 1940, j'ai vingt-et-un ans. Mon père est mort en 1918, à la guerre, et ma mère n'a rien trouvé de mieux que m'engager dans l'armée pour « faire en sorte que je ne manque pas de nourriture ». C'est juste elle qui a peur de manquer d'argent. Et je suppose qu'elle veut me voir mort, pour éviter un mariage avec une femme qui ne servira qu'à avoir une descendance.
Malheureusement, je suis un criminel. Et pour éviter de mourir, je renonce à mon amour propre. A ce que je suis. Je ne compte plus les horreurs que j'ai perpétrées pour rester en vie et éloigner les soupçons. Mais je sais parfaitement ce que je suis en vérité.
Je suis homosexuel.
« - Herr Conrad Ader, le Führer vous attend dans son bureau. »
Je replace mon brassard et me lève. Je toque à la porte du Führer une fois devant, avant d'entrer. Je le salue comme il se doit.
« - Guten tag, Herr Ader.
- Guten tag, mein Führer. Vous avez demandé ma présence, si je ne me trompe pas.
- Tu ne te trompes pas. A partir de demain, tu seras chargé d'escorter des impurs aux camps.
- Ja, mein Führer ! »
Il me laisse ensuite partir. Je rentre chez moi, c'est-à-dire à la caserne, et à peine la porte de ma chambre passée, je lâche un soupir, passant une main dans mes cheveux bleus clairs. J'allais conduire des hommes, des femmes, des enfants, des bébés, des vieillards à la mort. Un camarade à moi m'avait déjà raconté son calvaire. Il travaillait dans les camps, qui tuaient jour et nuit.
Mais au moins, pensai-je, je n'aurai plus à coucher avec des femmes pour prouver que je n'étais pas coupable.
De toute façon, même si personne ne voulait le voir, nous étions tous coupables.
Mon premier - et unique - jour restera encré en moi pour toujours. Les hommes étaient séparés des autres. Ils partaient aux camps de travail, sauf les efféminés. Soupçonnés d'être homosexuels. J'ai dû monter avec les femmes, les vieillards, les enfants, pour les surveiller. Les garçons de plus de quinze ans avaient suivis les hommes au camps de travail. Sans doute étaient-ils faits pour cela.
Je suis monté dans un wagon, je surveillais avec un autre homme, qui semblait avoir une trentaine d'années. Des mères rassuraient leurs enfants, les vieux étaient silencieux. Ils savaient sûrement ce qui les attendait. Puis nous sommes arrivés à Auschwitz. Les filles étaient séparées des garçons. Des séparations déchirantes eurent lieu. Des mères privées de leurs jeunes fils, de leurs bébés. Des frères et sœurs étaient frappés car ils se serraient les uns contre les autres, incapable de se détacher.
J'ai couru au loin. J'ai vomi mes tripes. Comment pouvaient-ils rester de marbre face à cela ?
Je me suis redressé. Retourné. Et je n'ai pas dit un mot.
« - Merde... »
Je restais face à ce garçon aux cheveux d'or. Il avait également les yeux bleus. Il était magnifique.
« - Tu voulais m'assommer ? »
Démasqué, il se jette sur moi. Il me bloque à terre, désespéré.
« - Pourquoi... tu ne fais rien... ? »
Je ne me débattais pas. Je ne criais pas. Je me laissais faire. Il m'a fixé dans les yeux. Je l'ai fixé à mon tour. J'avais déjà vu ces yeux. Mais où... ?
« - Tu es juif ?
- Oui. » il a dit.
J'ai attrapé son poignet. Je me suis relevé. Et je me suis mis à courir plus profondément dans la forêt. Je devais fuir cet endroit malsain. Une odeur de sang pesait dans l'air. Et la fumée des cadavres brûlés me montait au cerveau. Leurs cris entraient dans mon esprit sans pouvoir en sortir.
« - Attends ! »
Il a libéré son poignet. Nous nous sommes regardés.
« - Je t'ai déjà vu quelque part...
- Moi aussi, j'ai cette impression, ai-je ajouté.
- Qui es-tu ? »
Je lui ai donné mon nom. Conrad Ader. Et lui se nommait Amara Taïmyr. Idiot que j'étais, je pensais que Taïmyr était son nom, mais c'était son prénom. Un dilemme se posait à moi. Ramener Taïmyr à une mort certaine, ou fuir avec lui, entraînant ma chute.
« - Je suis désolé, mais je dois te ramener. C'est pour mes intérêts, tu comprends ? Je...
- Ça me rassure, m'a-t-il coupé. Peu importe notre religion, nous avons toujours le besoin de faire passer son bien être et ses intérêts en premier... il nous reste des points communs, malgré tout... »
Sa voix baissait peu à peu, comme il penchait la tête vers le bas. Et soudain, j'eus une impression de déjà vu. Je l'ai pris par le poignet. Il a levé la tête. J'ai lâché, sans vraiment y réfléchir :
« - Solden... ?
- Quoi... ? »
Nous sommes restés ainsi de longues minutes. Puis tout disparut autour de nous. Il ne restait plus qu'un monde blanc autour de nous. Le nôtre. J'eus l'impression de retrouver une part de moi-même, perdue depuis une éternité. Alors j'ai pris sur moi. Nous nous étions reconnus.
« - C'est toi, Harold ? A-t-il lâché, les lèvres tremblantes.
- Solden ?
- Maati...
- Aarhus...
- Oh merde... »
J'ai ri, doucement. Mes larmes sont devenues des pleurs. Des pleurs de joie. Et rapidement, un baiser nous a reliés à nouveau.
Et un coup de feu.
Une balle s'est logée dans ma jambe gauche. Nous étions foutus. Putain de foutus. Mais peut-être que cette fois, nous mourrions ensemble.
Nous étions une bonne centaine. Quoique, deux cents peut-être ? Tous dans cette grande salle en pierre. Je savais ce qui m'attendais. Je ne l'avais pas caché à Taïmyr, d'ailleurs. Tous pensaient que c'était une douche collective. Nous étions tous nus.
« - On va mourir, Conrad ?
- Ouais, j'ai dit. Mais cette fois, ce sera ensemble. »
J'ai resserré mes doigts sur les siens. Assis contre le mur, il a penché en tête sur mon épaule. Il tremblait. De froid, sûrement. De peur, aussi.
« - Je t'aime.
- Moi aussi, je t'aime. »
Et nous nous sommes embrassés. Les vannes se sont ouvertes. Les portes étaient fermées. Le gaz remplissait la pièce. Les femmes soulevaient leurs enfants pour qu'ils puissent respirer, mais finissaient par s'effondrer. Les vieux hommes frappaient aux portes, avant de tomber eux aussi. Les enfants hurlaient, mais rapidement, le silence prit le dessus.
Nos lèvres se sont décollées. J'ai laissé une larme couler sur ma joue. J'ai vu Taïmyr tomber au sol. S'étouffer.
« - Ne me laisse pas... pas encore... meurs pas... avant moi... »
Je suis tombé à mon tour. Nous nous regardions encore, à court d'air. Mais je lui ai souri. Et nous avons murmuré nos noms, les uns après les autres.
Si Dieu existe... qu'il me permette de le retrouver... une dernière fois...
Je ne peux pas vivre sans lui.
Et nous sommes morts, les doigts entrelacés, dans une chambre de mort à Auschwitz.
« - Alors tu te souviens de tout ?
- L'agréable comme le pire. »
Sol me caresse les cheveux doucement. Je crois que c'est la partie de moi qu'il préfère. Je le fixe, observant le doux sourire dont il me gratifie.
« - Tu sais que je t'aime, toi ?
- Je commence à le savoir, depuis le temps.
- Aitor... (Il rit doucement, comprenant ma blague.)
- Tu te souviens de ce que tu m'as dit hier ?
- Quoi ?
- "Ça t'est déjà arrivé de l'observer le soleil pendant longtemps ? Jusqu'à ce qu'il disparaisse ?"
- Ah, tu parles de ça...
- Je pense pouvoir te donner une vraie réponse. Je crois que si l'on met bout à bout toutes les fois où je t'ai observé, toutes vies confondues, ça fait longtemps.
- Mais encore ?
- Je suis prêt à te regarder des milliers d'années sans me lasser de ton visage. Je le regarderai jusqu'à ce qu'il disparaisse. »
Sol ne répond pas. Il se contente de m'embrasser, les larmes aux yeux. Il me dit à nouveau les trois mots qui me font planer. Les trois mots que je veux recevoir de lui et personne d'autre.
« - Sol, excuse-moi de te déranger mais... »
Camélia rougit légèrement en me voyant dans les bras de Sol. Elle s'excuse et nous dit que Jude et Caleb sont là. Les deux concernés entrent, fermant la porte derrière eux.
« - Alors, les âme-sœurs ? Demande Caleb sans gêne.
- Aitor, ils savent ?!
- Ils le sont aussi. Mais nous, depuis cinq mille ans !
- CINQ MILLE ANS ?! » Crie Caleb, avant de se faire frapper par son mari.
Je me blottis un peu plus contre Sol. Comme je voudrais me perdre dans ses bras pour toujours.
Avant toi, je n'avais rien. Je n'étais rien. Mais maintenant que tu es entré dans ma vie...
« - Kariya-kun, voici ton nouveau collègue de travail, Amemiya Taiyou-kun. »
Je lève les yeux de mon ordinateur. Mes yeux rencontrent ceux de mon nouveau collègue. Et je souris.
« - Je crois... qu'on s'est déjà vus quelque part. » dis-je à l'homme aux cheveux d'or.
... je vais avoir du mal à vivre sans toi.
Il lâche un soupir de surprise, les mains sur son visage, avant d'essuyer les larmes qui perlent aux coins de ses yeux.
« - Bienvenue dans l'entreprise, Amemiya Taiyou. Ou plutôt... »
Bon retour dans notre monde à nous.
Si Dieu existe, qu'il me permette de rester avec lui pour l'éternité.
☆---★---☆
Cet OS est sûrement le plus long que j'aie écrit (plus de 8700 mots au final !). Et je préférais lui consacrer un livre rien qu'à lui, et pas une petite place dans un Recueil d'OS.
J'espère qu'il vous aura plu autant qu'à moi !
J'en referai peut-être un ou deux, des OS TaiMasa, faut dire que j'ai été inspirée. J'ai dû faire pas mal de recherches aussi :)
Dites-moi ce que vous en avez pensé !
(PS : l'image d'en haut aurait pu servir de couv' maiiiiis)
#Historia ゆ
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