16 | Red {finale 4/4}

"I wanna be red"

Quelques semaines plus tard, alors que la mi-août pointait le bout de son nez, Jeff proposa de prendre le relai pour héberger Sammy: il était déjà resté chez Rose un sacré bout de temps, et ne souhaitant pas abuser de l'hospitalité de la jeune fille et il accepta. Cela faisait donc quelques jours que Rose était à nouveau seule chez elle avec son père - qui avait donc enfin pu avoir sa revanche au Uno - .

Quelques semaines la séparait de la rentrée, donc de sa séparation avec ses amis, et elle voulait absolument les voir autant que possible: sauf que ce jour-là, Sammy et Jeff profitaient du fait d'être tous les deux sous le même toit pour se faire un marathon de jeux vidéos et Dylan était parti à l'anniversaire de Camille, ne restait donc plus que Léo. Rose prit son téléphone et lui envoya donc un message.

"Hey! Ça te dit qu'on sorte un peu tous les deux aujourd'hui? L'autre jour j'ai mangé avec Jeff, j'ai fait un cours de dessin à Dylan et Sammy a squatté chez moi, avec tout ça j'ai pas eu trop le temps de te voir..."

Sa réponse ne se fit pas attendre.

"Je suis honoré que tu me fasses un peu de place dans ton emploi du temps de ministre! 😜😂 On se retrouve au parc?"

"Ok, avec plaisir! Là maintenant t'es dispo?"

"Affirmatif! À tout de suite, je présume?"

"Oui, à tout de suite!"

Rose rangea son téléphone, mit ses chaussures et sortit en direction du parc. Pendant cette période où Sammy était resté chez elle, ils avaient eu une discussion fort intéressante; la jeune fille avait une bonne nouvelle pour Léo... Une fois arrivée à destination, Rose chercha le plus âgé du regard.

- Hey, Rose!

La concernée se retourna: sortant d'une petite voiture rouge, Léo s'avançait vers la brune, un grand sourire joyeux sur le visage. Rose sourit à son ami.

- Salut! Ça va?

- Ça va, et toi?

- Ça va... Dis, ça fait combien de temps qu'on s'est pas vu?

- Depuis la sortie en ville avec les autres, je crois... Fin juillet.

La jeune fille écarquilla les yeux.

- Déjà? Vraiment, il était temps qu'on se revoit.

- Je confirme. Bon, on y va?

Le noiraud sourit et prit son amie par l'épaule. Ils entrèrent dans le parc et se dirigèrent naturellement vers le stand de nourriture; approchant de l'heure du goûter, ils avaient faim. Léo insista pour payer un muffin à la brune, ce qu'elle ne put négocier étant donné que son ami était têtu comme une mule. C'est donc avec une pâtisserie chacun qu'ils se dirigèrent vers cet endroit qu'ils affectionnaient tous deux tant: l'aire de jeux pour enfants.

À cette heure de l'après-midi, le lieu devrait être rempli, mais comme la dernière fois qu'ils étaient venus, la chaleur des installations avaient dissuadé tout parent de laisser leur enfant jouer ici. Rose s'assit sur un banc à l'ombre de l'unique arbre de l'aire. Le noiraud allait se diriger vers les balançoires, mais la jeune fille le coupa net dans son élan.

- Hep hep hep! Viens ici! Si tu crois que je vais te laisser te cramer les fesses...

Léo soupira et vint s'assoir non pas sur le banc à côté de la brune, mais à l'envers sur le tape-cul, dont une partie était à l'ombre de l'arbre et à proximité du banc. Bien entendu, il était trop grand, et surtout pas assis dans le bon sens. Rose rit doucement en le regardant faire.

- T'es sûr que t'es bien installé?!

- Oui...

À peine ce petit mot avait franchi ses lèvres qu'il manqua de tomber: Rose éclata de rire tandis que, gêné, le plus âgé se stabilisait sur le tape-cul.

- On est vraiment des enfants, et dire qu'on est censés être majeurs...

- On à jamais grandi, souviens t'en!

Léo souriait, mais Rose pouvait déceler une part de mélancolie chez son ami.

- Ça va? On dirait que quelque chose te tracasse...

- Oh... C'est rien. C'est juste que ça va beaucoup me manquer, tout ça. En fait, j'ai pas envie d'être séparé de toi et des autres.

La jeune fille hocha de la tête, pensive.

- Je comprends. Mais on est toujours là: on pourra s'appeler, se voir pendant les vacances, ce sera pas comme avant mais c'est déjà ça.

- Justement, ce sera pas comme avant.

Léo ne cherchait même plus à cacher sa mélancolie et affichait désormais une mine boudeuse.

- Ça te tracasse tant que ça? Tu sais, on s'abandonne pas, on sera toujours là les uns pour les autres, et puis... Tu es mon meilleur ami, je vais pas te jeter.

À la surprise de l'adolescente, le jeune homme baissa la tête, l'air déçu. Elle ne comprenait pas en quoi ses paroles auraient pu le blesser; elle se leva du banc, et s'accroupit face au tape-cul.

- Léo, qu'est-ce qu'il y a? Je vois bien que ça va vraiment pas.

Il évitait son regard: c'était mauvais signe, ça ne lui ressemblait pas.

- Tu as dit que j'étais ton meilleur ami... Mais comment tu peux appeler comme ça quelqu'un qui te ment depuis des années?

Rose se figea. Des larmes commençaient à perler au coin des yeux du jeune homme, qui n'osait toujours pas relever la tête vers la brune.

- Léo, je ne comprends pas...

- Entre meilleurs amis on est censés tout se dire, non? Ne pas avoir de secrets?... Bah il y a des tas de trucs que je t'ai jamais dit. Des trucs importants.

- Quoi? Mais... Quel genre de trucs?

Rose était complètement perdue, et commençait sérieusement à douter.

- Eh bien, par exemple... Le fait que j'ai la phobie du vide mais je te l'ai jamais dit pour pas passer pour un fragile, que je dorme mal parce que le soir je suis déprimé, que ça m'arrive même de pleurer, et surtout le fait... Que je sois complètement... Fou.

La jeune fille fronça les sourcils.

- Attends attends attends... Qu'est-ce que tu veux dire par là? Pourquoi tu m'as rien dit? Et c'est quoi cette histoire de problèmes de sommeil? Je comprends pas...

- Fou amoureux de toi. Ça y est, je l'ai dit. Je suis complètement fou amoureux de toi.

Rose se figea complètement, surprise. Léo continua.

- Depuis 6 ans qu'on est amis, ça fait 5 que je te cache la vérité. J'avais peur que tu ne m'aimes pas comme ça et que ça gâche tout entre nous, alors plutôt que de perdre ton amitié j'ai complétement refoulé ce que je ressentais et je t'ai jamais rien dit. Puis il y a deux ans est arrivé... Ce qui est arrivé... Et j'ai détesté te voir pleurer. Te voir souffrir ça me rendait fou, c'était horrible. J'ai essayé de te distraire pour te faire sourire, je pensais plus qu'à ça, je voulais juste que tu sois heureuse. C'est là que je me suis rendu compte que même si j'essayais de simplement te considérer comme une amie en refoulant mes sentiments, ça ne changeait rien au fait que je t'aimais, je pouvais rien y faire. C'est vraiment là que j'ai pris conscience que j'étais amoureux. Depuis tout ce temps je te l'ai caché pour éviter de perdre ton amitié, mais là j'en pouvais plus... Il fallait que je te le dise, ça fait trop longtemps que je garde ça pour moi. Je ne sais pas quels sont tes sentiments à mon égard, mais... J'espère que tu comprends et que tu m'en veux pas de t'avoir caché ça depuis aussi longtemps.

Il avait parlé presque sans interruption, toujours sans oser regarder Rose dans les yeux. Celle-ci était restée figée, incapable de bouger ou de parler, ne pouvant qu'écouter ce qu'il avait à lui dire. Enfin, elle posa sa main sur la sienne, qui était à plat sur son genou. De sa main libre elle vint essuyer les quelques larmes qui glissait sur les joues du jeune homme et s'avança vers lui, déposant un baiser rempli de douceur sur sa joue. Léo releva la tête; Rose était toujours extrêmement près de lui.

- Eh bien... Je crois qu'effectivement, je ne peux pas t'appeler mon "meilleur ami". Je suis indigne de ton amitié. Premièrement: j'aurais dû voir que tu n'allais pas bien certaines fois. Deuxièmement: moi aussi j'ai menti... Pendant cette période où je n'allais pas bien, et où tu prenais soin de moi... J'ai réalisé que tu comptais plus pour moi que ce que je voulais l'admettre. J'ai jamais su comment te le dire, moi aussi j'avais peur, mais... Je t'aime. Plus que comme un ami.

Un immense sourire illumina le visage de Léo; Rose sourit à son tour. Ils se levèrent tous les deux pour s'installer - plus confortablement - sur le banc, leurs jambes commençant à fatiguer à force de rester accroupis. La jeune fille posa sa tête sur l'épaule du noiraud, qui commença à caresser ses cheveux tout en l'écoutant parler.

- Je savais pas comment m'y prendre pour te l'avouer, j'en avais parlé avec Sammy pour avoir un avis et il m'avait convaincue de te le dire le plus tôt possible. Du coup... C'est dans cet optique là que je voulais te voir aujourd'hui. J'ai un peu paniqué, je te l'accorde, mais voilà, c'est dit!

Le plus âgé hocha de la tête, signe qu'il l'écoutait.

- Ça fait toujours parti du "deuxièmement"?

La jeune fille rit doucement à cette remarque.

- Oui.

- Et est-ce qu'il y a un troisième point?

- J'y viens. Donc: troisièmement...

Elle se pencha vers lui, rapprochant de plus en plus son visage du sien. Puis enfin, après des années à s'aimer secrètement, à cacher ce qu'ils ressentaient par peur de se perdre l'un l'autre, ils s'embrassèrent, dans ce même parc où leurs sentiments s'étaient dévoilés deux ans auparavant; ils éclataient désormais au grand jour, sous la forme de ce baiser timide mais sincère.

C'était donc Léo l'élu de son cœur: Sammy n'était que son confident, et coach en amour improvisé quand la situation amoureuse de ses amis le demande. Malgré leur forte complicité, leur relation ne dépasse pas le stade de l'amitié.

Léo, en revanche, a su voler le cœur de la jeune fille et elle détient le sien, pour le meilleur bien entendu. Ce qui semblait être la fin pour eux n'est en fait que le début d'une belle histoire d'amour: celle de deux meilleurs amis de longue date, qui au final s'aiment un peu plus que ça...

Léo is Rose's lover!

L'histoire n'est pas encore terminée!

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