𝟕 | 𝓣u m'as pourri mon groove!
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Si l'on m'avait dit que la vie d'empereur serait aussi emmerdante, j'aurais fait construire un foutu palace à l'étranger afin d'y échapper.
Certes, ce n'est pas déplaisant d'avoir des centaines de servants à ma disposition, rampant sagement à mes pieds. Ces extras se plient en quatre dès que j'émets le moindre souhait, même le plus absurde ; je dois avouer que c'est plutôt amusant.
Mon autorité est suprême. Chaque bouseux de cet empire millénaire m'obéit sans discuter, averti des sentences irrévocables qu'il risque s'il ose me contredire.
Pourtant, ma vie est d'un ennui terrifiant. Je n'éprouve aucun intérêt, jamais. Mon enfance dorée m'a appris à me comporter en divinité. Je n'aime rien ni personne, et accomplis donc les devoirs qui m'incombent en tant que dirigeant sans en saisir la réelle nécessité.
De toute façon, je ne vois pas pourquoi je ferais attention aux autres. Après tout, je suis l'héritier direct d'une lignée vieille comme le monde. Je vaux mieux que l'intégralité des gens que je gouverne. Aucun de ces minables ne peut m'arriver à la cheville.
Mais, parfois, l'infime faiblesse que j'ai réussi à enterrer au fil des années se manifeste. J'en oublie alors ma puissance, cette aura implacable qui effraie tant. Je comprends que je suis isolé, qu'aucun plouc n'est en mesure de me tenir compagnie plus de cinq minutes sans que j'aie envie de le faire enfermer... que je suis incapable d'en laisser entrer ne serait-ce qu'un seul dans mon quotidien.
Pour moi, c'est évident : je ne peux pas me permettre de quitter mon trône, au risque de perdre le prestige qui éloigne tous ces emmerdeurs.
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« Pardonnez mon intrusion, Votre Altesse Impériale. »
Je soupire, franchement agacé par la simple présence de Kaminari, mon majordome. Malgré ses quelques compétences, sa coiffure souvent bancale et son air heureux me rendent malade. Si ça ne tenait qu'à moi, je le foutrais au cachot pour insubordination.
Malheureusement, selon les gardiens, il est plein à craquer. Faut croire que j'y ai envoyé trop de sous-fifres.
« Qu'est-ce que tu veux? » demandé-je sèchement.
Je déteste être interrompu pendant mes préparatifs matinaux. Je viens à peine de coiffer ma couronne, et ça me fout encore plus en rogne. Je sais que ça se ressent clairement au travers de mes iris carmin, dans lesquels je laisse transparaître ma colère.
« De nouveaux prétendants sont arrivés au palais. » m'annonce Kaminari. « L'entremetteuse m'a prié de vous en informer. »
« Super. » ricané-je, amer. « Autre chose de plus réjouissant, peut-être? »
« Je crains que non, Votre Altesse. »
« Tu peux déblayer, du coup. Vite. »
Il s'incline respectueusement et sort, sa longue toge flottant derrière lui. Si je n'avais pas besoin de ses services, je lui aurais volontiers cramé son putain de sourire comblé. Qu'il ose afficher sa quiétude face à moi me révolte. Il devrait trembler et supplier les dieux de l'épargner.
Je me détourne et reviens au miroir gigantesque qui couvre un mur entier de ma suite, contemplant non sans une certaine satisfaction l'idéal qu'il reflète. Je sais que je suis beau : je fais particulièrement attention à mon physique. Mes muscles saillants, le grain velouté de ma peau, ma crinière blonde d'une légèreté inégalée, mon regard impitoyable, mes bijoux somptueux... Pas étonnant que les nobles à marier me courent tous après.
Une fois sûr que mon apparence ne comporte aucun défaut, je me résigne à rejoindre la salle principale du palais. Autant me débarrasser dès maintenant de ces nouveaux repoussoirs qui espèrent avoir une chance de me séduire.
Les couloirs sertis de décorations en or massif défilent, tandis que les servants habituels me saluent bien bas. Je ne leur adresse pas un regard.
Enfin, je pousse nonchalamment les immenses portes menant à mon siège impérial incrusté des pierres les plus rares. Sa splendeur est en grande partie due à la lumière qu'il projette du sol au plafond, sublimant ainsi l'ambre de mes tenues.
Je m'y installe, ignorant royalement la personne qui a osé pourrir ma matinée.
« Votre Altesse... » commence-t-elle.
« Fermez-la, Yaoyorozu. » la coupé-je aussitôt. « Je ne vous ai pas donné l'autorisation de parler. »
La grande brune aux formes généreuses se tait docilement.
« Mon majordome m'a dit que vous aviez une fournée de candidats à me proposer. » repris-je. « Au vu des rencontres pitoyables du mois dernier, j'ose espérer que vous vous êtes ressaisie. »
Elle acquiesce vivement, semblant sûre d'elle.
« Je vous promets que vous serez satisfait. »
« Je vous le souhaite. »
Elle disparaît, rejoignant une pièce adjacente dans laquelle se cachent les laiderons du jour. Je me sens las. Pourquoi cherche-t-on absolument à me maquer, d'abord? Je suis très bien seul, je n'ai besoin de personne pour tenir les rênes du troupeau.
Cinq jeunes gens émergent de leur abri dans un ensemble parfait, vêtus de costumes chiants à mourir. Selon Yaoyorozu, ils sont choisis exprès pour souligner l'élégance naturelle de ses protégés. Ridicule.
« Si vous le permettez, je vais vous présenter... »
« Inutile. » asséné-je. « Je me contente de regarder, je vous dirai si un exposé est nécessaire. »
Je descends de mon piédestal et marche lentement vers la file de prétendants. Leur inquiétude est bien visible, ce qui déclenche un de mes rictus sadiques.
Le premier est plutôt agréable à contempler : tignasse rouge ébouriffée, iris de la même teinte que les miens. Il a l'air d'un athlète, je devine la forme de ses biceps sous son habit.
Le second a une esthétique particulière qui a au moins le mérite de m'intriguer : cheveux à la fois écarlates et blancs, yeux vairons et mine insensible. En pensée, je le surnomme Double Face.
La troisième dégage une bienveillance indéniable : sa bouille ronde et son œillade noisette m'attendriraient presque. Son visage paraît doux.
La quatrième m'étonne : son teint est rose, la sclère de ses yeux est noire. Elle sort carrément du lot, et ses formes féminines ne sont pas pour me déplaire.
Finalement, je m'intéresse au cinquième... Et là, c'est le drame. Quelque chose d'important s'effondre.
Je sais déjà que je ne pourrai plus jamais être le même.
« Comment t'appelles-tu? » soufflé-je d'une voix tremblante.
« Izuku Midoriya, Votre Altesse Impériale. »
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Que s'est-il passé? Comment en suis-je arrivé à ce stade?
Dans la salle du trône, je n'ai pas pris le temps de réfléchir : j'ai emmené Izuku, qui m'a suivi sans faire d'histoires. Il a serré ma main, et une dose improbable de sérotonine s'est propagée dans mon organisme. J'ai renvoyé les favoris restants de l'entremetteuse, puis ordonné à mes pantins de fournir une chambre digne de ce nom à celui qui venait de détruire ma vie.
Pourquoi? J'en sais foutrement rien.
À présent, je me tiens devant la porte de ce garçon à la tignasse verte et aux taches de rousseur, qui m'a transpercé de ses émeraudes – comme s'il pouvait lire en moi. Il est pourtant plus petit, plus chétif... Que m'a-t-il fait?
Je finis par entrer sans frapper. J'en ai marre de me torturer.
« Je pensais que cette chambre était la mienne? »
Son timbre clair m'attaque à nouveau. Je suis désemparé.
« Tu as conscience que ce palais et cette chambre sont avant tout les miens, n'est-ce pas? » rétorqué-je, moins incisif qu'escompté.
Izuku est assis sur le lit installé au centre de l'espace, un ouvrage à la tranche brillante entre les mains. Il aime donc lire.
J'observe le mobilier et constate qu'aucun effet personnel ne les occupe.
« Tes affaires ne sont pas encore arrivées? »
« Je n'en ai pas. » m'apprend-il en haussant les épaules.
« Aucun vêtement? Tu te fous de moi? »
« Non, Altesse. J'ai tout cédé à Momo. »
« Elle ne t'a rien rendu? »
« Puisque vous ne la rémunérez pas, j'ai voulu l'aider. »
« Pourquoi l'aurais-je payée alors qu'elle n'a jamais réussi à me trouver quelqu'un de convenable? »
Il a l'audace de secouer la tête, me considérant visiblement comme un abruti fini.
« Ce n'est pas ainsi que fonctionne le travail, vous savez. » m'assène-t-il.
« Je pourrais te condamner à mort, tu sais. » l'informé-je, fulminant.
« Vous ne le ferez pas : vous craquez pour moi. »
« N'importe quoi. » rétorqué-je en rougissant. « Tu étais juste le moins moche des cinq. »
« C'est vous qui dites n'importe quoi. Chacun de vos sujets a déjà pu constater que vous êtes normalement impossible à contenter. »
« J'en ai eu assez, voilà! On me rabâche sans arrêt que je dois trouver ma moitié. C'est tombé sur toi... par hasard. »
Il m'ignore alors et retourne à sa lecture. Je vais devenir fou.
« Tu oses négliger ton empereur? » craché-je.
« Bon. » claque-t-il en jetant son livre sur le côté. « Soyons honnêtes : vous êtes détestable. Ça ne fonctionnera pas entre nous. »
Il me... toise?
« J'accepte de vous épouser, mais n'attendez rien de plus de ma part. Notre union ne sera qu'une façade politique. Je refuse de supporter votre ego monstrueux en dehors des représentations publiques. »
Son audace me coupe le souffle. Comment peut-il se comporter de la sorte? J'ai le pouvoir de lui faire trancher la tête en un claquement de doigts!
« Tu n'es pas... flatté d'être ici? » balbutié-je.
« Pourquoi le serais-je? » s'étonne-t-il.
Je n'arrive plus à trouver mes mots. Jamais je ne me serais attendu à être rejeté... Je ne sais pas quelle réaction adopter, du coup.
« Parce que... » bredouillé-je. « Tu vas devenir empereur à ton tour? Et vivre aux côtés du plus puissant de ce monde? »
« Pour ce que j'en ai à faire... Je ne suis même pas sûr que ces titres valent le coût. »
« M-mais... »
« Je vais devoir supporter vos humeurs, je vous rappelle. Et, au cas où ça ne serait pas assez évident : vous êtes loin d'être un cadeau. »
Voyant que je reste planté là, il finit par récupérer son bouquin et m'ignorer pour de bon.
C'est la première fois de ma vie que je suis congédié.
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« Désirez-vous autre chose, Votre Altesse? »
« Nan. »
Kaminari s'emploie à débarrasser notre table, écrasée par la tension qui règne : Izuku n'apprécie apparemment pas d'être invité à mes repas.
Il est installé au palais depuis une semaine et n'a toujours pas daigné m'adresser la parole depuis notre précédente... discussion. Il se contente de fuir mon regard, que je fixe résolument sur lui dès que nous sommes dans la même pièce. Je ne peux pas m'en empêcher, j'ai envie de le dévorer tout cru. Il m'attire et ça me rend dingue.
Cette fois, je refuse qu'il s'échappe. J'ai trop besoin de le confronter.
« Peut-on parler? » attaqué-je une fois les battants refermés par mon majordome.
« Je n'y tiens pas plus que ça. » gronde cet enfoiré d'insolent, sur le point de se lever.
« J'ai une question, donc repose ton joli petit cul sur cette putain de chaise. »
« Je suis obligé, je suppose? »
« Ouais, y'en a marre que tu te casses à chaque fois. »
« Pourquoi me demander, dans ce cas? »
« Je voulais être poli, mais t'as déclenché les hostilités. »
« Comme si vous aviez besoin de moi pour vous énerver tout seul. »
« Bon! » le stoppé-je en inspirant un grand coup. « Je répète calmement : peut-on parler? »
« Si vous insistez. » consent-il de mauvaise grâce.
Je pose les mains à plat sur la table, résolu à garder mon sang-froid. C'est indigne, mon orgueil me hurle de cesser ces conneries.
« Ouais, j'insiste. »
« Allez-y, alors. »
« Rhaa, ça va, laisse-moi deux minutes! »
« Me dites pas que vous préparez une déclaration enflammée? Je vous préviens, je prends le large. »
« Mais non, merde! C'est juste une question! »
« Si c'en est une niaise, ce sera pareil. »
Mes nerfs vont me lâcher, je vais claquer sur ce fauteuil.
« Est-ce que je te plais physiquement? » crié-je, refusant de me dégonfler.
Un silence de plomb s'installe. Je regrette instantanément.
« Oui. »
Je ne regrette rien.
« C'est difficile de vous résister, et vous en êtes parfaitement conscient. »
Une expression suffisante se dessine sur mon visage sans que je puisse l'en empêcher.
« Le problème, c'est votre comportement. » poursuit le vert sans ciller. « Vous êtes méchant, violent et capricieux. Vous vous conduisez comme un enfant gâté, ce qui gâche complètement vos atouts. »
« Tu me trouves méchant? » répété-je, ébahi.
« C'est le cas de l'entièreté de l'empire. » me confirme-t-il franchement.
« Mais je fais attention à sa tranquillité, justement! Depuis que je suis au pouvoir, il n'y a plus de famine, d'épidémie, de conflits... »
« En effet. Si on omet votre brutalité, vous êtes un souverain efficace. Mais, en tant que compagnon... »
« Quoi? »
« Vous êtes imbuvable, Altesse. »
L'étincelle de défi qui brille tout du long dans son regard me stupéfie. Il a l'air sincère, ne cherche pas à me provoquer inutilement.
Et ça fait super mal.
« Si je, euh... deviens gentil... Tu resteras? »
Ma voix sonne comme une plainte. Je vais me gifler.
« Y'a du boulot. » m'annonce-t-il.
« Tu peux peut-être... me donner des cours, je sais pas? »
« Je ne suis même pas payé. »
« T'es logé et nourri gratos, j'te rappelle! »
Enfin, ce que je n'osais plus espérer se produit : Izuku rit.
« Vous êtes nul. » pouffe-t-il. « Tellement nul que vous avez besoin de quelqu'un pour apprendre à vous conduire décemment. »
« Te fous pas de moi et dis-moi juste si tu acceptes de me dépanner. »
Il se calme et reprend son sérieux.
« Vous, vous avez besoin d'aide, donc? Vous l'admettez? »
Je frémis.
« Casse pas la tête. »
J'esquive ses iris. Comment arrive-t-il à me mettre dans cet état simplement en me scrutant? Je me comporte comme une gamine de douze ans, c'est affreux.
Soudain, il quitte son siège et me rejoint. La table d'or étant plutôt imposante, il lui faut quelques secondes pour parvenir à ma hauteur – secondes pendant lesquelles il ne me lâche pas. J'ai l'impression de fondre.
« Attends, qu'est-ce que tu... »
Il se penche et enfouit ses doigts dans mes cheveux, trop vite pour que je puisse l'arrêter. Ses lèvres frôlent les miennes, il vole mon air tout en tirant mes mèches afin de renverser ma tête en arrière. Sa main libre se pose sur ma joue, je sens presque sa bouche... Puis il descend, sournois, avant de la coller à la peau fine de mon cou. Je suffoque. J'ai besoin de plus.
Je m'empare à mon tour de sa crinière, savourant la douceur de ses ondulations. Je veux rester ainsi pour toujours, je veux qu'il m'embrasse à jamais.
« Izuku... » chuchoté-je, pantelant.
Je ressens alors un froid glacial. Il me quitte et s'éloigne un peu, me contemple d'un air satisfait. Il va jusqu'à passer sa langue sur sa lèvre supérieure...
Enflure.
« Ça vous a plu? » s'enquiert-il.
« Pourquoi t'as arrêté? » grondé-je, profondément frustré.
« Parce que vous ne méritez pas plus. » déclare-t-il en se tournant vers la sortie.
Je m'apprête à protester lorsqu'il m'adresse un ultime clin d'œil.
« Pour l'instant. »
Putain.
S'il faut que je devienne sympa pour l'avoir, je le ferai. Je suis prêt à m'asseoir sur ma fierté pour lui plaire.
À la fin, on m'appellera Katsuki Bakugo le Sucré.
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Et voilààà, la BKDK Disney Week est officiellement terminée!
J'ai eu un peu de mal à écrire cet OS : je voulais absolument qu'il se déroule dans l'univers de Kuzco, mais j'ai GALÉRÉ à trouver une idée potable... Heureusement, le résultat me plaît!
J'espère que tu as aimé découvrir ces textes. J'y ai accordé beaucoup de temps, donc ça me ferait plaisir d'avoir quelques retours. 🥰
Je continuerai évidemment à raconter des histoires BakuDeku, j'adore trop ce ship pour m'en passer... 😏 (N'hésite d'ailleurs pas à lire ma fanfic principale : L'Aile et l'Épée, disponible sur mon profil!)
À bientôt pour de nouvelles aventures 💜
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