𝟒 | 𝓙e sens que le monde a changé

Quatrième jour, déjà!

Ce texte est celui que j'ai écrit le plus rapidement. Les idées sont venues toutes seules comme des grandes, c'était vraiment agréable!

J'espère que tu apprécieras ta lecture et, surtout, les clins d'œil à ce merveilleux Disney qu'est Raiponce. 😁


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L'Arbre de Vie est le végétal le plus magnifique qui soit.

À ce qu'on dit, il est même le plus ancien, planté lors de la création de l'univers. Tout le monde le connaît et, surtout, connaît ses propriétés miraculeuses.

Il est capable de guérir quiconque lui en fait la demande, sans condition ni distinction. Son énergie est si grande qu'il peut remédier à tous les maux. Chaque habitant du royaume et la plupart de ceux alentour semblent avoir déjà voyagé jusqu'à lui.

Katsuki Bakugo a entendu cette légende un bon milliard de fois – il ne les a certes pas comptées, mais en est certain. Lui-même a pu contempler la majesté de ce tronc gigantesque aux ramures infinies, en perpétuelle floraison, et connu le soulagement d'une guérison. Pourtant, quelques semaines auparavant, la gratitude qu'il a pu ressentir à cette époque s'est brusquement évaporée, remplacée par l'appât du gain.

Un récit s'est en effet glissé dans son oreille lors d'une balade au marché, qui s'avérait plutôt fructueuse pour un voleur talentueux tel que lui. Brigand aux yeux carmin recherché d'un bout à l'autre de la contrée, il parvenait néanmoins toujours à évoluer incognito au milieu des badauds, à leur chiper argent et achats précieux.

Il rangeait justement une bourse pleine d'écus dans la besace dissimulée sous sa cape lorsqu'un individu se permit de le bousculer, racontant d'une voix forte les dernières nouvelles à son camarade maigrichon. Katsuki eut aussitôt envie de lui faire avaler l'un des étalages, mais fut stoppé net par ces mots :

« Si on retrouve la progéniture du feuillu, on sera riches! »

La progéniture?

Il avait déjà entendu ce ragot, qui prétendait que l'Arbre avait perdu l'une de ses immenses feuilles. Les personnes présentes à ce moment-là s'étaient apparemment jetées sur elle, prêtes à tout pour la récupérer et profiter de ses effets limités dans le temps – seul l'être sylvain étant en mesure de déployer sa magie en continu.

Le malfrat avait fini par mettre cette affaire de côté.

Puis, en s'y intéressant davantage, il apprit que la fameuse feuille n'avait jamais été retrouvée. La raison en était simple : sa nature était autre. En touchant le sol, elle s'était métamorphosée en jeune homme à la crinière verte et aux taches de rousseur.

Évidemment, terrifié par l'assemblée mugissante qui tentait de le palper contre sa volonté, il prit la fuite. Depuis, personne ne l'avait revu, pas même les nombreux chasseurs qui se lancèrent à sa poursuite, convaincus qu'il disposait des pouvoirs de son créateur. La rumeur se répandit comme une traînée de poudre, et leurs rangs grossirent jour après jour. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que celui ou celle qui parviendrait à attraper le fugitif pourrait ensuite vendre ses services aux plus offrants.

Ça, Katsuki l'avait vite assimilé. Il rassembla donc ses maigres possessions et quitta le village sans regret, prêt à se joindre à cette traque d'une ampleur inédite.

Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était qu'il tomberait désespérément amoureux de l'enfant de l'Arbre.

La barque dérive lentement sur le lac, stabilisée à intervalle régulier par le blond armé de ses rames. La nuit est sublime, ses étoiles étincellent comme rarement dans les cieux. La pleine lune, quant à elle, paraît plus proche. C'est comme si les éléments s'étaient alliés pour rendre cette soirée parfaite.

« J'ai hâte que ça commence! »

Face à lui, recouvert de sa propre cape, est assis Izuku. L'objet des convoitises prédatrices du moment.

« Ça ne devrait plus tarder. » lui répond gentiment Katsuki.

Son calme l'étonne : il n'est qu'à quelques centimètres d'une fortune assurée, mais il sait qu'il ne profitera pas de l'occasion. Cette décision, il l'a prise à l'instant où il a trouvé le vert, camouflé dans les buissons.

Ce sont ses sanglots qui l'ont mis sur la piste. Il s'est approché de leur source, déterminé... puis a croisé les iris émeraude. À partir de là, son plan s'est disloqué.

Izuku est sans aucun doute possible la plus belle créature de son monde. Il aime tout de lui, l'a adoré dès les premières secondes, et sait qu'il serait capable de tuer pour lui sans qu'il le lui demande. Est-ce la magie de l'Arbre qui le rend ainsi? Non, il en est convaincu : son attachement pour lui est réel et n'a fait que se confirmer au fil du temps passé à ses côtés.

Ses cheveux ondulés brillent d'innombrables nuances de jade, ses yeux sont le miroir de la bienveillance, la rondeur de son visage donne envie à Katsuki de le couvrir de baisers.

Et ses taches de rousseur...

Bon sang. Comment peut-on être aussi craquant?

« Merci encore, Kacchan. Sans ton aide, je... »

Ses paroles s'estompent à mesure que les lumières, d'abord quelques-unes, s'élèvent dans le ciel nocturne. Le jeune homme en oublie de fermer la bouche, happé par ce spectacle qu'il a attendu sa vie entière.

Izuku est un être unique en son genre, né d'un bourgeon hors d'atteinte, éduqué dans l'amour le plus pur et la patience. Il a été créé dans le but de se mêler au peuple et de lui réapprendre le respect de sa terre. Cependant, malgré les intentions louables du végétal géant, les choses ne se sont pas passées comme prévu – si Katsuki n'avait pas été là pour préserver son enfant, il serait déjà certainement dans une carriole en direction d'une cave insalubre aménagée pour des expériences douteuses.

Bien sûr, dans un souci d'honnêteté, le voleur s'était d'emblée confié à son protégé, lui avouant son projet de départ. Il s'était attendu à un rejet mérité... mais au lieu de ça, il reçut son pardon. Cette bonté gonfla davantage son cœur épris.

Afin de s'en montrer digne, il se jura d'aider Izuku à accomplir sa mission impossible. Il lui fit visiter les plus jolies villes, les villages les plus accueillants – toujours sous couverture. Il voulait lui redonner espoir et lui prouver que ses semblables n'étaient pas tous mauvais.

Honnêtement, il n'y croyait pas lui-même, mais il était prêt à n'importe quoi. Il désirait voir le vert sourire... Et, en fin de compte, il se retrouva piégé : leur voyage le convainc également que son espèce pouvait être sauvée. Ce serait long, énervant, terrifiant. Pourtant, ça avait l'air d'en valoir la peine.

Leur étape finale est l'événement annuel de la capitale, imaginé en l'honneur de la famille royale : la Fête des Lumières.

Elle s'étale sur plusieurs jours, mais le point culminant est atteint lors de ses dernières heures. Chaque personne présente lâche alors une lanterne décorée à son goût, puis la laisse s'envoler dans l'atmosphère joyeuse qui se teinte en quelques minutes de centaine de couleurs. Aux yeux de Katsuki, c'est l'une des meilleures façons de montrer à Izuku la délicatesse que sont capables d'exprimer les humains.

« C'est incroyable... » souffle son ami.

« J'te l'avais dit. » le taquine le blond, amusé.

L'eau claire qui les encercle rayonne de mille flammes. Leur embarcation tourne légèrement, offrant une vision complète aux deux compagnons qui s'imprègnent de cette splendeur. Plusieurs fois, Izuku réussit à toucher des lampions plus lourds qui s'aventurent à proximité, les renvoie dans le ciel en riant. C'est simple et fabuleux à la fois, et Katsuki ne sait pas comment il va pouvoir s'en remettre. Une chose est sûre : il n'oubliera jamais.

« Je suis tout ébloui... » chuchote son trésor. « Les lumières scintillent partout! »

L'autre passager ne répond pas, trop occupé à graver dans sa mémoire l'émerveillement de ce visage chéri.

« Kacchan. »

Ce surnom affectueux éveille en lui un sentiment de bonheur profond, comme s'il avait trouvé sa juste place. Depuis qu'Izuku lui a donné, il a l'impression d'être à part dans sa vie – et, bizarrement, ça lui suffit.

« Oui? » l'invite-t-il à poursuivre.

« Je voulais simplement te remercier. »

« Inutile. Tu sais que je t'accompagne sans condition. »

Le fils de l'Arbre le contemple intensément et choisit de se rapprocher. Ses genoux touchent désormais les siens, et ses mains graciles se tendent. Sans réfléchir, il les prend et entremêle leurs doigts.

« Je te crois et t'en serai éternellement reconnaissant. Néanmoins... » hésite le vert. « J'ai besoin d'être sincère. Je ne veux plus me cacher. Je veux faire preuve du même courage que toi. »

Katsuki reste muet et caresse délicatement sa paume veloutée avec son pouce. Il n'a pas envie de le couper et lui laisse le temps de trouver ses mots.

« Je connais mon rôle depuis ma naissance. » reprend-il, galvanisé par ce geste. « Bon, j'avoue que je ne m'attendais pas à un tel... début. J'ai rapidement perdu la foi et mes repères. Puis tu es arrivé, Kacchan. Le monde s'est remis à avancer, dans une direction encourageante. J'ai retrouvé l'espoir de sauver mon père et les forêts, car maintenant je sais que c'est possible. Le chemin me semblera peut-être interminable parfois, mais je suis prêt à l'emprunter. »

Son regard s'embue, les larmes sont proches. Pourtant, il sourit.

« J'ai passé tant d'années à écouter, apprendre, rêver... Et à ne rien voir ni comprendre. La vraie vie m'a échappée, j'en ai inventé une fausse là-haut et ma déception n'en a été que plus grande. Par tes actes, par nos voyages, j'ai eu un nouvel aperçu de ces songes. L'avenir s'est éclairé et je devine enfin où je vais. »

Une goutte descend le long de sa joue, que Katsuki s'empresse de récupérer d'un mouvement aérien, effleurant à peine sa peau. Il le sait, elle contient d'immenses pouvoirs et est capable de refermer n'importe quelle blessure. Et il s'en fiche. Il ne veut juste pas le voir pleurer.

« Je sens que le monde a changé. » murmure Izuku en penchant la tête, à la recherche de son contact. « Tout me semble différent. J'ai envie de croire en vous, de vous transmettre le savoir de l'Arbre. Mais, plus encore... J'ai envie de croire en nous. »

Il réduit la distance qui les sépare à quelques millimètres. Leurs lèvres se frôlent, leurs souffles se mêlent et leurs cœurs s'emballent. Katsuki demeure silencieux malgré les pulsations de son sang qui résonnent dans sa tête.

« Tu ne m'as pas trouvé par hasard. Nous sommes faits pour être ensemble, je le sais. Notre union est un symbole fort, la promesse d'un avenir meilleur... Je t'aime, Kacchan. Autant que les saisons, les fleurs et le vent. »

Leur baiser scelle sa déclaration, lui conférant ce caractère immuable propre aux édits qui changent l'Histoire. Ces deux jeunes hommes, l'un pillard des hameaux et l'autre miracle de la nature, seront bientôt tout ce qui compte. Ils poursuivront leur quête, réuniront les leurs, rétabliront l'équilibre des choses.

« Je t'aime... Deku. » répond finalement Katsuki tandis qu'ils s'accordent un répit, pantelants. « Je t'aime autant que ma liberté, et te la donne sans réserve. »

Ce qu'il a, en réalité, déjà fait depuis longtemps.


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