Cette nouvelle date d'août 2021

Ce soir-là, un 24 du mois de décembre, la petite-fille allumait des bougies, faisant attention à ne pas se brûler, comme sa mère le lui avait apprit. Elle décorait sa maisons en rouge et or, prenant une plante d'intérieur comme sapin, la couvrant de boules et de guirlandes, comme elle en avait la coutume. Elle avait placé ses nombreuses peluches tout autour de la grande table à manger, leurs têtes inanimées tombant sur les épaules, et avait disposé devant eux des assiettes remplies de chocolats dénichés dans une boîte en haut d'une étagère, celle que l'on sortait quand elle était sage.
Ses pas insouciants, ses pas inconscients résonnaient dans le domaine désormais vide, et bien silencieux. La petite fille chantonnait, contente de son nouveau jeu, balançant ses bras en rythme. Elle prit un grand disque posté sur une table basse, le déposa délicatement sur un gramophone usé par le temps puis activa le mécanisme, déclenchant une longue mélodie abîmée, comme le dernier cri d'agonie de la machine. La petite fille s'en alla du salon, satisfaite, pour retrouver tous ses amis de tissu dans la salle à manger, où elle s'assit à sa place, silencieuse, devant une pendule de foucault, enfant sage, remerciant le seigneur pour ce merveilleux repas, et priant pour que ses parents reviennent enfin.