ᴮᵒⁿᵘˢ

« Mesdemoiselles, vous viendrez me voir en salle des professeurs à la pause repas. »

La voix du professeur d'anglais les fit sursauter. Oups. Elles ne purent pas échapper au rendez-vous forcé, ayant croisé ledit professeur à la fin des cours. Il les amena dans la salle des professeurs, jusqu'à son bureau.

« Cela fait plusieurs fois que vous parlez dans mon cours et que vous ne m'écoutez pas. Cela commence à bien faire !

— Nous sommes désolées, monsieur... Fit la Nosaka.

— Cela ne sert à rien de s'excuser si vous comptez faire pareil au cours suivant ! Miss Gouenji, vous allez me donner le numéro de vos parents. Vous aussi, miss Nosaka !

— Oui... »

Les deux jeunes filles donnèrent le numéro de leur téléphone fixe. Il fallait que ce soit un nouveau professeur qui leur tombe dessus.

« J'ai demandé le numéro de vos deux parents ! Père et mère !

— Mais monsieur... Fit Yayu.

— Même séparés, je ne veux pas savoir !

— Monsieur, je n'ai pas de mère. Et Shirotama non plus...

— Vous vous foutez de moi ?! Ce sera deux heures de colle pour votre impertinence ! Maintenant, donnez-moi ce foutu numéro ! »

Le professeur tapa sur son bureau, faisant sursauter les deux filles et ses collègues. Yayu dit alors, un sourire aux lèvres :

« Très bien. Je vous donne le numéro de ma mère. Elle s'appelle Yuuma.

— Yayu...

— Donne-lui le numéro de Shuuya. »

Et lorsqu'elles l'eurent fait, elles sortirent de la salle, se tapant dans la main. Finalement, avoir un nouveau professeur serait hilarant.

◤◈◢

Le téléphone portable de Yuuma sonna en fin d'assemblée. Il s'excusa auprès du premier ministre, Sakiyama Shuuji, et décrocha dans un coin tranquille.

« Allô ? Madame Yuuma Nosaka ?

— Non, c'est monsieur. Pourquoi ?

— Vous êtes le père de Yayu Nosaka ?

— C'est moi. Vous êtes ?

— Le professeur d'anglais de votre fille. Je vous appelle à propos de son comportement. Elle discute sans retenue avec sa camarade, et quand je lui demande de me donner votre numéro et celui de votre femme, elle me répond qu'elle n'en a pas ! Ce comportement est intolérable ! »

Yuuma se mit à rire. Un rire plutôt franc. Il se dirigea vers sa voiture, et reprit :

« Je suis désolé, mais je crois que vous vous méprenez. Il me semble qu'elle est arrivée première aux derniers examens blancs ? Elle peut discuter un peu, voyons !

— Ce n'est pas une raison de-

— Qui vous a autorisé à me couper ? Je vous signale qu'elle n'a rien fait de mal, ni menti. Elle n'a pas de mère.

— Vous voulez dire qu'elle est décédée ?

— Non, elle a juste deux pères. Ça ne devrait pas poser de problème, vu que la loi sur les mariages homosexuels a été adoptée il y a trois mois. »

Le député observa sa bague de fiançailles, à son doigt. Il sourit doucement, et finit par reprendre :

« Donc, je vous prierai de ne pas lui mettre de punition. Au revoir. »

Nosaka raccrocha, un sourire aux lèvres. Eh bien. C'était bien sa fille, ça. Il décida d'appeler Mamoru, histoire de l'inviter à manger.

◤❀◢

Mamoru lâcha un râle de douleur. Shuuya lui tamponna le visage avec la poche de glace.

« Tu es sûr que ça ira ? »

Allongé sur le banc du vestiaire, Endou marmonna. Son petit ami esquissa un sourire, et vint lui retirer ses gants, ainsi que ses chaussures.

« Tu as les mains rouges, Mamoru ! Je t'ai dit de faire attention !

— Mais c'est rien, ça, je vais m'en remettre ! »

Shuuya passa un doigt sur sa main. Mamoru frémit. Ça lui faisait plus mal que prévu. Le blond posa la poche de glace sur sa main délicatement.

« Tu es vraiment impossible...

— Hé !

— Mais c'est comme ça que je t'aime. Tu ne le sais toujours pas ?

— Bien-sûr que si. »

Shuuya passa une jambe au dessus du banc, avant de venir s'asseoir sur le bassin d'Endou. Ils s'observèrent une dizaine de secondes avant de s'embrasser. Mamoru laissa tomber la poche de glace, et glissa ses doigts sous le maillot de l'attaquant.

« Shuuya... Tu es sûr ?

— Tu sais très bien que c'est la seule occasion qu'on a. Le temps qu'on rentre, Shirotama sera là. »

Endou détourna le regard, rouge de gêne. Mais finalement, il ne protesta pas. Du moins, pas jusqu'à ce que le téléphone de Gouenji sonne.

« Mamoru...

— Regarde qui c'est, au moins... »

Shuuya tenta d'attraper son sac sans bouger, mais il n'y arriva pas. Il finit par renoncer et se lever, avant de sortir son téléphone. Et à peine décrocha-t-il que Mamoru lui fit signe de revenir.

« Allô ? Excusez moi de vous déranger, c'est le lycée Raimon.

— Le... Lycée ? Répéta Shuuya en essayant de paraître naturel.

— Vous êtes le père de Shirotama Gouenji ?

— Oui, bien sûr... »

Shuuya se mordit la lèvre tout en fixant Endou. Le pire, c'est que le brun trouvait ça drôle.

« Êtes-vous également avec sa mère ?

— C'est... Compliqué...

— Elle est absente ?

— Elle n'en a pas... »

Gouenji laissa échapper un léger geignement, que seul Mamoru réussit à entendre.

« Comment cela ?

— Quoi comment ça ? Je ne vois pas où est le problème. Shirotama est notre fille, à mon compagnon et moi. Ça vous dérange ? »

Le professeur se tut. Mamoru en eut marre. Il attrapa le téléphone, raccrocha, et le jeta sur son sac. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils oublièrent cette histoire d'appel et se concentrèrent seulement sur leur amant.

◤◈◢

Masei déboula dans l'entrée, en hurlant "ça a sonné !". Yuuma, juste derrière, vint ouvrir. Mamoru le salua avec un grand sourire, Shuuya avec un bouquet de fleurs, et Shirotama avec un sourire également.

« Bonsoir, fit Yuuma. Comment allez-vous ?

— Plutôt bien, et toi, Nosaka ? Demanda Mamoru.

— Ça va. Mais entrez, je vous prie. »

Les invités retirèrent leurs chaussures, tandis que Yuuma alla mettre les fleurs dans un pot avec de l'eau. Masei observa les adultes longuement avant de s'écrier :

« C'est les super joueurs du Japon !! Endou Mamoru et Gouenji Shuuya !

— Je vois qu'on est célèbres, fit Gouenji, amusé.

— Et ce n'est pas près de s'arrêter. »

Yayu apparût dans l'entrée. Elle avait choisi de se changer et mettre une robe rose pâle, qui lui arrivait aux genoux.

« Je vous montre le salon ?

— Avec grand plaisir... » Souffla Shirotama, incapable de détacher son regard de son amie.

Et Gouenji pouffa discrètement.

Nishikage finissait de préparer l'apéritif, aidé par son amant. Ils rejoignirent leurs invités, assis sur le canapé.

« Ça m'a surpris que l'école appelle, dit finalement Gouenji.

— Oui, moi aussi. Mais je suis ravi de voir que Yayu est bien ma fille.

— Ça aurait été dur que ce ne soit pas le cas, ironisa Yayu.

— C'est sûr que pour certains trucs, ce sont bien nos enfants. »

Nishikage finit de servir les adultes, versa un jus de fruits dans le verre de Masei, et laissa les deux lycéennes aller se servir dans le frigo.

« J'ai du coca, si tu veux...

— Tu as du sirop de fraise ? »

Yayu sortit la bouteille de sirop. Shirotama se frotta les mains et attrapa également la bouteille de Coca-Cola. Elle remplit deux verres de coca, jusqu'aux trois-quarts à peu près. Elle saisit ensuite le sirop sous le regard curieux de Yayu, et elle ajouta du sirop dans le coca, tout en demandant une petite cuillère.

« Il ne te reste plus qu'à mélanger ! » Fit Shirotama.

Yayu s'exécuta. Shirotama lui demanda la cuillère, mais Yayu sourit en gardant la cuillère. La brune posa une main sur le poignet de la Nosaka, avant de venir avaler ce qu'il restait sur la cuillère.

« Toi alors... »

Yayu dit doucement, suivie par Shirotama, qui ne retira sa main qu'au bout de quelques secondes.

« Tu veux voir ma chambre ?

— Avec grand plaisir ! »

Les deux élèves de Raimon quittèrent la cuisine avec leurs verres, et se dirigèrent vers la chambre de la plus grande. En entrant, Shirotama dut bien avouer qu'elle était plutôt ordinaire. Elle s'attendait à autre chose. Mais elle finit par sourire en voyant une dizaine de photos sur son armoire grise, avec, au dessus, le drapeau LGBTQ+.

« J'ai hâte qu'on retourne à la Gay Pride, pas toi ?

— Mhh... Mais cette fois, je refuse de montrer mes seins, rit Yayu. Déjà que papa a failli faire une crise cardiaque...

— Seiya ou Yuuma ?

— Seiya, voyons. Yuuma était fier de moi ! »

Shirotama rit doucement, avant de venir s'asseoir sur le lit de son amie.

« Tu penses que Teppei viendra avec nous ? Demanda la brune.

— Seulement s'il n'a pas d'obligations. Mais on peut essayer d'amener Hanayo si Ryouhei-san veut bien ! »

Yayu ouvrit son placard, où des photos de Teppei, Hanayo et elles étaient collées sur la porte du placard, puis rangea une pile de linge qu'elle avait laissé sur sa chaise. Shirotama se glissa dans son dos, étonnée par l'aspect de l'armoire de son amie.

« C'est vachement bien rangé, dis donc !

— Je ne trouve pas... Mais je suppose que le tien est pire ?

— Disons que papa désespère en voyant mon armoire. »

Elles sourirent toutes les deux, avant de retourner s'asseoir sur le lit de la beige. Leur conversation dura une bonne dizaine de minutes, avant que Yuuma les appelle pour manger. Elles se levèrent, encore en plein fou rire, et marchèrent jusqu'à la porte. Et sans prévenir, les plombs pétèrent et les ampoules aussi. Vu le râle qui semblait émaner de Mamoru, il n'y avait sans doute plus de courant dans la maison toute entière. Yayu laissa un frisson parcourir son échine. Elle appela son amie, une fois, deux fois, mais aucune réponse.

« Shirotama ? Où tu es... ? »

Elle marcha à tâtons en essayant de retrouver la brune. Elle déglutit. Elle ne l'avait tout de même pas laissée seule, hein ?

« C'est pas drôle ! Sors de là ! Tu vas pas me laisser toute seule ! Je peux pas... Me laisse pas, s'il te plaît... »

Shirotama vint l'enlacer fortement contre elle, glissant une main derrière sa nuque et l'autre sur ses reins. Elle s'excusa à voix basse, avant de venir essuyer les larmes de la Nosaka.

« Je suis désolée. J'avais oublié. Je suis vraiment la pire amie au monde.

— Tu sais que ce n'est pas vrai, renifla Yayu. J'aurai toujours besoin de toi, quoiqu'il arrive.

— Je n'ai besoin que de toi, Yayu. De personne d'autre... »

Et elle stoppa sa main, qui se baladait sur la joue de la beige. Ses doigts glissèrent sur son menton. Les seuls mots qui s'échappèrent de ses lèvres furent :

« Tu es magnifique avec cette robe...

— Shiro... ?

— Ça me donnerait presque envie de... »

Ses doigts attirèrent doucement son visage au sien, mais un cri les fit sursauter et revenir sur terre. Elles sortirent rapidement de la chambre, Yayu se tenant au bras de la brune. Elles retrouvèrent Masei en train de pleurer. Yayu le prit dans ses bras pour le rassurer, ce qui marcha.

« Ne t'en fais pas, je suis là. »

Masei renifla quelques fois, encore tout tremblant, geignant qu'il avait peur du noir. Les mineurs rejoignirent enfin Yuuma et Mamoru, dans le salon, qui avaient allumé quelques bougies. Shuuya et Seiya étaient partis remettre le courant.

« Papa ! »

Le petit garçon sauta dans les bras de son père, en se remettant à pleurer. Shirotama sentit ses joues s'enflammer en sentant la main de Yayu chercher la sienne. Elle la prit doucement, avant de la serrer.

Et Mamoru sourit.

Lorsqu'enfin le courant revint, on écarta Mamoru de la cuisine, et vers vingt-deux heures, les Gouenji s'apprêtèrent à repartir.

« Merci pour ce repas, fit poliment Shuuya.

— C'était super bon !

— C'est sûr que ça change de la cuisine de Natsumi... Souffla la Gouenji. Parfois, je plains Rococo. »

Yayu tenait la main de Masei, aux côtés de son père rose. Elle fixait Shirotama. Et Shirotama la fixait.

« Shirotama, tu veux dormir à la maison ? » Lâcha tout à coup Seiya.

Elle acquiesça, tout en demandant si elle pouvait vraiment.

« Ce n'est pas raisonnable, Shiro, il y a école, demain.

— S'il te plaît, papa !

— J'ai un uniforme de rechange, je peux lui prêter, fit Yayu.

— Mhhhhhh... »

Shuuya se frotta le menton, faisant mine de réfléchir, mais personne ne le sut jamais, et finit par accepter. Elles remercièrent toutes deux leurs parents, et dès que les deux Gouenji furent partis, elles repartirent dans la chambre de Yayu.

« Tu sais quoi, Mamoru ?

— Mh ?

— Je crois qu'on avait raison. »

Le brun rit, serrant doucement la main du blond.

« Ça ne m'étonne pas que Shiro préfère les filles, vu ses parents.

— Ça fait très homophobe, ce que tu dis, Mamoru.

— Hein ?? Mais c'était pas mon intention !

— Je sais. »

Shuuya esquissa un sourire, et finit par s'arrêter, pour se laisser embrasser tendrement. Tous les mots du monde ne suffiraient pas pour lui rappeler à quel point il l'aimait. Et peut-être était-ce mieux ainsi.

« Si vous avez besoin de quoique ce soit, on est là. »

Seiya posa un baiser sur le front de Yayu, l'observant quelques secondes. Il esquissa un sourire. Il la trouvait toujours aussi belle. Il passa une main sur sa joue et embrassa sa joue. Il se redressa et alla de l'autre côté du lit pour venir voir Shirotama. Il hésita quelques secondes, mais finit par déposer un baiser sur son front à elle aussi. Il sortit après leur avoir souhaité une bonne nuit, et rejoignit Yuuma, adossé au mur, les bras croisés, un sourire aux lèvres.

« Alors comme ça on embrasse Shirotama-chan sur le front ?

— Tu m'as vu ?

— Bien sûr que oui. »

Le grisé détourna le regard. Yuuma se mit sur la pointe des pieds et entoura le cou de Seiya.

« Tu vas devoir te faire pardonner. Porte-moi.

— Oui, Nosaka-san, fit Seiya avec un sourire.

— Je vous rappelle qu'on vous entend ! » Cria Yayu.

Seiya ferma la porte, souleva le rose, posa un baiser sur ses lèvres et l'amena vers leur chambre. Yayu éteignit sa lampe de chevet, laissant une petite veilleuse bleutée prendre le relais.

« Tu arrives à dormir avec ça ?

— Sans, je n'y arrive pas. Sauf si j'ai Masei dans mes bras. »

Yayu s'allongea, avant de se tourner vers Shirotama, déjà allongée.

« Donc si tu as quelqu'un dans tes bras, ça passe ?

— Oui. »

Il y eut un silence, un peu gênant. Shirotama finit par oser, et vint se blottir dans les bras de Yayu, rouge de honte. La grisée esquissa un sourire, avant de poser une main sur les cheveux détachés de la brune.

« Shiro, attends. »

Yayu se libéra de l'emprise de la brune, se leva et alla éteindre la veilleuse. Elle tâtonna un peu avant de trouver le lit, qu'elle rejoignit rapidement. Shirotama revint contre elle, et au bout de quelques secondes, elle craqua.

« Shiro... Est-ce-que tu viens vraiment de m'embrasser ? »

Elle n'osa pas la lâcher, ni ses yeux ni son corps.

« Oui... »

Et ces trois lettres suffirent à la grisée pour lui rendre son baiser.

◤❀◢

« On fait quoi ?

— J'allais te le demander.

— C'est toi qui a voulu qu'elle reste.

— Tu n'as pas remarqué la manière dont elles se regardaient ?

— Si, bien sûr. »

Yuuma esquissa un sourire, accoudé contre la porte ouverte. Seiya soupira.

« On n'a qu'à appeler Mamoru-san pour lui dire qu'elles sont malades, dit Seiya.

— Malades d'amour ? Pas sûr que ça passe. On peut dire qu'elles ont une tumeur !

— Yuuma...

— Oui ?

— Non, rien.

— Je plaisantais, tu sais. Je leur sortirai une excuse bidon. Comme tous les politiciens font ! »

Yuuma rit, repartant dans le salon. Seiya observa les deux jeunes filles, serrées l'une contre l'autre. Et même s'il n'était pas croyant, il remercia dieu de lui avoir accordé l'amour. Il le remercia de lui avoir permis de rester auprès de Nosaka.

Et il décida de laisser les deux adolescentes, pour aller voir Yuuma. Il s'assit sur le canapé, laissant le rose s'asseoir entre ses jambes.

« Seiya ?

— Mh ?

— Je t'aime. »

Ironiquement, Seiya lui demanda si c'était vrai. Yuuma sourit.

« Bien sûr que c'est vrai. »

Et il ajouta, quelques secondes plus tard :

« Jamais je ne te mentirais. »


◤❦◢

Je reviens en force avec un joli bonus de 2600 mots :)

C'est donc la fin de I wouldn't lie to you !

Je vous remercie de m'avoir suivi jusqu'au bout de cette histoire !

Ah, d'ailleurs, voici une image de Teppei Mizukamiya et Hanayo Haizaki :)

Et oui, ils sortent ensemble :)

Merci de votre lecture, et j'espère vous revoir sur une autre histoire ! ^^

#Historia

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