Personne ne s'attendait à voir Nosaka venir au dernier cours de la journée. Surtout après avoir raté les autres. Le cours était de l'anglais en tronc commun. Nishikage, à côté du roux, lui jeta une ou deux fois un regard, avant de regarder le reste de la classe. Il s'inquiétait pour Nosaka.

« — Nosaka-san...

— Tout va bien, Nishikage. Concentre-toi donc sur le cours.

— Tu es sûr... ?

— Oui. »

Nishikage le regarda quelques instants avant de détourner le regard. Nosaka fixait le tableau de son air impassible et calme. Pourtant, Nishikage savait que son ami n'était pas bien. Qu'au fond de lui, tout se brisait. Qu'est-ce qui l'avait poussé à venir ? Alors, pour lui montrer qu'il serait là, il posa sa main sur celle de Nosaka. Le rose tourna la tête vers le gris.

« — Nishikage... ?

— Je ne supporte pas de te voir comme ça, Nosaka-san... Murmura-t-il. Je veux que tu me dises si ça ne va pas. Je ne veux plus te voir souffrir. »

Seiya se souvenait parfaitement du regard que Yuuma lui avait lancé, quand il était venu le chercher dans sa classe.

« — Tout va parfaitement bien, Nishikage, dit finalement Nosaka, assurant ses paroles avec un sourire.

— Tu ne me mens pas ?

— Je ne te mentirai pas. Je ne te mentirai jamais. »

Nosaka se concentra sur le cours, sentant une goutte de sueur couler sur sa trempe. Nishikage retira sa main. Le rose soupira au fond de lui. Parce qu'il sentait enfin cette affreuse sensation s'en aller.

Il ne pensait plus avoir un cœur. Et surtout, il ne pensait pas que son cœur pouvait encore surpasser sa raison. Raison était satisfaite de son self-control. Mais son cœur criait de rage. Il aurait tant voulu embrasser Nishikage, à cet instant.

◤❀◢

Nosaka poussa la porte de la salle numéro quatre du laboratoire. Le patron de GEKKO Electronics l'attendait, avec trois scientifiques.

« — Te voilà. Nous allons pouvoir commencer.

— En quoi consiste cette expérience, s'il vous plaît ? Sans savoir de quoi il retourne, je refuse de participer.

— Tu es sans doute au courant que la communauté LGBTQ+ se développe, commença l'un des hommes. Nous voudrions offrir l'opportunité aux hommes homosexuels une chance de pouvoir enfanter eux aussi.

— Cette proposition est venue d'un débat dans cours de science naturelles, par un élève homosexuel. Il disait vouloir un enfant qui lui ressemblait, à son mari et lui, et ne pas avoir recours à la GPA, qui n'est pas légale, poursuivit un second.

— Donc si je comprends, je vais être un cobaye pour les homosexuels ?

— C'est cela.

— Qui vous dit que je suis homosexuel ? Rétorqua Nosaka.

— Tu l'es. Je le sais, dit sèchement le patron de GEKKO.

— Partons du fait que je sois bel et bien homosexuel, alors. Comment suis-je censé tomber "enceint" ?

— Tu as le choix du partenaire, mais si tu ne trouves personne, je te trouverai quelqu'un. »

Nosaka déglutit, puis attrapa le bas de son t-shirt. Il répondit qu'il trouverait. Il avait déjà trouvé. Il voulait que ce soit Nishikage. Et personne d'autre. Mais il ne le dirait jamais. On lui ordonna de s'allonger. Les médecins amenèrent le matériel nécessaire. Nosaka fixa des seringues et les nombreuses fioles. Il frémit devant. Cela lui rappelait les expériences d'Ares No Tenbin.

« — Commençons.

— J'ai une dernière chose à vous demander, interrompit Nosaka. Pourrais-je envoyer un message, s'il vous plaît ?

— Nous avons tout notre temps. Vas-y. »

Nosaka prit son téléphone. Il appuya sur le contact de Nishikage. Il hésita quelques secondes, et finalement, il lui envoya son message.

« Je dois te parler demain. »

Il n'attendit pas la réponse et posa son téléphone. Il ferma les yeux, laissant le visage de Nishikage envahir son esprit.

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Nosaka s'effondra au sol. Les médecins l'attrapèrent et le soulèvent doucement. Le jeune homme haletait. Il se plaignit de ses douleurs au sein de son ventre. Et ce fut ainsi toute la nuit. Des tentatives de rejets, des maux de tête et de ventre, que les chercheurs s'empressaient de noter.

Le rose se réveilla, le cerveau encore embrumé, sur un lit. Il se redressa doucement, observant autour de lui. Il était sans doute dans la chambre des garçons. C'était le dortoir où il avait grandi, sans sa mère.

Nosaka s'assit sur le bord du lit, puis se leva. Il s'étira un peu, et voyant qu'il n'avait aucune difficulté à rester debout ou bouger, il se dirigea vers la salle à manger. La salle était déserte. Ça ne changeait pas d'autrefois. Le silence. On entendait juste mâcher. Mais à cet instant, Yuuma n'entendait personne mâcher.

« — Nosaka-kun ! »

Un homme en blouse blanche arriva derrière lui. Il lui annonça directement que le patron de GEKKO le demandait. Alors il obéit. Il n'avait pas le choix. Les deux hommes marchèrent de longues minutes dans d'étroits couloirs. Ils faisaient frémir Nosaka. Il se souvenait que certains de ses camarades avaient hurlé, ici. Avaient perdu le peu de sentiments qu'ils avaient. Ou l'usage de certains membres.

« — Est-ce vous qui avez mon téléphone ?

— Toutes vos affaires vous attendent plus loin.

— Pouvez-vous alors me dire l'heure ?

— Il est presque onze heures. Si j'en crois les collègues, vous avez dormi deux jours.

— Deux... ! »

Nosaka faillit s'étouffer. Que penserait Nishikage ? S'inquiétait-il, d'ailleurs ? Peut-être qu'il le cherchait dans toute la ville, d'ailleurs. Les deux hommes arrivèrent au couloir qui menait au bâtiment Universitaire. Nosaka ignora la plupart des élèves autour. Et les autres élèves l'ignoraient aussi, d'ailleurs.

« — Nos chemins se séparent ici. »

Le scientifique observa Nosaka se courber légèrement, avant de repartir. L'universitaire entra après avoir toqué. Il ferma la porte derrière lui.

« — Bonjour, Nosaka-kun. Comment vas-tu ?

— Il paraît que vous avez mes affaires.

— Je constate que tu vas bien.

— Mes affaires, je vous prie.

— Elles sont dans ce placard. »

L'homme ne bougea même pas. Nosaka ouvrit ledit placard, récupérant son téléphone. Il se tourna ensuite vers le directeur.

« — Il paraît que j'ai dormi deux jours. Ai-je été excusé auprès de mes professeurs ?

— Absolument. Quant à tes cours, ils te seront remis afin que tu rattrapes ton retard. »

Nosaka se perdait dans sa messagerie. Il avait des dizaines, non, des centaines de messages de Nishikage.

« De quoi s'agit-il ? »

« Nosaka-san, tu étais absent au premier cours, tout va bien ? »

« Nosaka-san, t'est-il arrivé quelque chose ? »

Mais son cœur rata un battement sur les derniers.

« S'il te plaît, réponds moi, je suis inquiet. Je n'ai jamais été aussi inquiet de ma vie. »

« Ne me dis pas que tu es mort, s'il te plaît... »

« Nosaka-san ! Réponds moi, je t'en supplie... »

« Suis-je devenu inutile pour toi ? »

« Si tu ne réponds pas, c'est que ça doit être ça. »

« Tu avais dit que tu ne me mentirais pas... »

Nosaka remercia le directeur, et, s'excusant, il partit en courant. Il ignora les professeurs qui lui ordonnaient de ne plus courir. Les élèves qui se moquaient. Il s'en moquait si fort. Il ne voulait qu'une chose. Le reste lui importait bien peu.

Il voulait être serré dans les bras de Nishikage. Aussi fort que possible.

◤❀◢

Nishikage observa le ciel, assis dans l'herbe, aux côtés de Tanizaki et d'Ichihoshi. Il parlaient de leurs petits-amis respectifs. Seiya n'écoutait qu'à moitié. Il pensait à Nosaka. Cela faisait deux jours qu'il n'avait pas eu de nouvelles. Peut-être le rose était-il parti ?

Sans lui...

« — Nishikage ! Regarde ! Lâcha Ichihoshi, souriant. C'est Nosaka-san ! »

Nishikage releva la tête. Nosaka courait vers eux. Le rose s'arrêta net devant le grisé, haletant.

« — Nosaka-san ! Où étais tu donc ? Demanda Ichihoshi.

— Nosaka-san...

— Nishikage... Ichihoshi-kun... Tanizaki... Je suis désolé. Je vous raconterai tout ça. Mais je te le promets, Nishikage. Je vais bien, et sache que j'aurai toujours besoin de toi. Toujours.

— Nosaka-san... »

Yuuma ne réfléchit pas. Il se laissa tomber dans les bras de Seiya, le serrant contre lui.

« — Nosaka... san... ?

— Je ne te mentirai pas, Nishikage. Je te le jure. Je ne te mentirai jamais. »

Seiya entoura Nosaka de ses bras. Il n'avait pas tout compris, mais tant pis. Nosaka était de retour, c'était tout ce qui lui importait.

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『18/03/2020』

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