Le silence s'éternisait, mais cette fois, il semblait plus confortable. Cheay, toujours assise par terre, essayait de calmer les battements de son cœur, tandis que Joshua, accroupi près d'elle, reprenait lentement sa place dans un coin de l'ascenseur. L'obscurité restait totale, mais un léger bruit de vibration attira l'attention de Joshua.

Il fouilla dans la poche de son pantalon et en sortit son téléphone. L'écran, bien que faiblement éclairé, perça l'obscurité oppressante.

— "Ça fait deux heures qu'on est là," dit-il en soupirant après avoir vérifié l'heure.

Cheay leva les yeux vers lui, bien que l'obscurité l'empêchât de le voir clairement.

— "Deux heures ? Ça me semble beaucoup plus long."

Joshua esquissa un sourire, même si elle ne pouvait pas le voir.

— "C'est sûr. L'attente paraît toujours interminable quand on est coincé quelque part."

Un frisson échappa à Cheay, et elle resserra ses bras autour d'elle-même. L'air froid de l'ascenseur, combiné à sa robe légère, commençait à la faire grelotter. Joshua entendit le léger claquement de ses dents et fronça les sourcils.

— "Tu as froid ?" demanda-t-il.

— "Non, ça va..." mentit-elle faiblement.

Joshua roula des yeux, agacé par sa réponse évidemment fausse.

— "Arrête de jouer les courageuses," dit-il en retirant sa veste.

Il s'approcha d'elle et lui tendit le vêtement.

— "Tiens. Mets ça avant de te transformer en glaçon."

Cheay hésita un instant, puis finit par accepter.

— "Merci," murmura-t-elle en enfilant la veste.

Le tissu était chaud et portait l'odeur subtile de son parfum, une odeur boisée et apaisante. Elle se sentait légèrement mieux, mais le froid ne disparaissait pas totalement. Joshua, remarquant qu'elle tremblait encore un peu, s'assit de nouveau contre le mur.

Cheay le regarda à travers l'obscurité. Elle hésita un instant, mais finit par lui faire un léger signe de la main.

— "Viens t'asseoir à côté de moi," dit-elle doucement.

Joshua haussa un sourcil, surpris par sa demande, mais il obéit sans un mot. Il s'installa près d'elle, ses longues jambes s'étendant devant lui.

Pendant un moment, aucun d'eux ne parla. Cheay, sentant une étrange chaleur dans cette proximité, tourna légèrement la tête vers lui.

— "Tu es vraiment grand, hein," fit-elle remarquer dans un murmure.

Joshua éclata d'un rire discret.

— "C'est censé être un compliment ?"

— "Peut-être," répondit-elle, un sourire audible dans sa voix.

Un autre silence s'installa, mais cette fois, il était chargé d'une étrange douceur. Cheay sentit son propre corps se détendre malgré l'atmosphère pesante de l'ascenseur. Lentement, presque sans réfléchir, elle posa sa tête contre l'épaule de Joshua.

Il ne bougea pas immédiatement, surpris par ce geste inattendu. Puis, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, il leva un bras et le passa autour d'elle, l'attirant doucement contre lui.

Cheay ne protesta pas. Au contraire, elle se laissa aller, trouvant un réconfort inattendu dans cette étreinte.

— "Ça va ?" demanda-t-il doucement après un moment.

— "Oui... Ça va mieux," murmura-t-elle.

Joshua serra légèrement son étreinte, son pouce traçant distraitement des cercles sur son bras.

— "On va sortir d'ici. Et dès qu'on sera dehors, tu pourras retourner à ta vie, et moi à la mienne."

Cheay sourit doucement, sa joue toujours posée contre son épaule.

— "Peut-être que je n'ai pas envie de retourner à ma vie," dit-elle à mi-voix.

Joshua se raidit légèrement, mais ne répondit pas. Ils restèrent ainsi, enveloppés dans une bulle de chaleur et de proximité inattendue, laissant le silence parler pour eux. Le calme qui s'était installé entre eux commençait à s'effilocher. L'air dans l'ascenseur semblait plus lourd, plus oppressant. Cheay et sa respiration devenait plus rapide, plus irrégulière.

Joshua, qui était resté silencieux, sentit son corps se tendre. Il n'avait pas besoin de voir son visage pour comprendre qu'elle était en train de replonger dans une nouvelle crise.

— "Cheay ?" appela-t-il doucement.

Elle ne répondit pas. Sa respiration s'accélérait encore, et ses doigts agrippaient le tissu de la veste qu'elle portait, comme si elle cherchait désespérément un ancrage.

— "Hé, regarde-moi. Respire, d'accord ? Fais comme tout à l'heure. Inspire, puis expire."

Mais cette fois, ça ne marchait pas. La panique semblait plus forte, plus écrasante. Elle secoua la tête, incapable de parler, sa poitrine se soulevant de manière irrégulière.

— "Non... non... Je n'y arrive pas..." balbutia-t-elle, des larmes commençant à couler.

Joshua fronça les sourcils, son cœur se serrant face à son désarroi. Il tenta de reprendre ses mains comme il l'avait fait plus tôt, mais elle les retira presque instinctivement, perdue dans son propre tourbillon d'émotions.

— "Cheay, écoute-moi. Tu es en sécurité. Tu es avec moi, personne ne va te faire de mal," tenta-t-il de la rassurer, mais sa voix trahissait une pointe de nervosité.

Rien n'y faisait. Sa crise empirait, et Joshua sentit la panique monter en lui aussi. Il ne pouvait pas la laisser comme ça, mais il ne savait pas quoi faire.

Il réfléchit à toute vitesse, cherchant une solution. Son regard se perdit dans l'obscurité, et une idée, absurde, surgit dans son esprit.

— "Non," murmura-t-il pour lui-même. "Ce serait complètement fou."

Mais alors qu'il observait Cheay lutter pour reprendre son souffle, luttant contre une peur qui semblait vouloir l'écraser, il se demanda s'il avait vraiment le choix.

— "Ok... ok, c'est peut-être une mauvaise idée, mais..."

Il se pencha légèrement vers elle, hésitant. Puis, prenant une profonde inspiration, il murmura :

— "Pardon d'avance, Cheay."

Et avant qu'il ne puisse se raviser, il posa une main délicate sur sa joue, inclinant légèrement son visage vers lui. Il chercha ses lèvres dans l'obscurité et l'embrassa doucement.

Cheay se figea instantanément, surprise par ce geste inattendu. Son souffle, encore saccadé une seconde auparavant, sembla s'arrêter un instant. L'intensité de son angoisse, qui l'avait submergée, se dissipa légèrement sous la chaleur de ce contact.

Joshua resta immobile, ses lèvres contre les siennes, sans chercher à forcer ou à prolonger le baiser. C'était un geste instinctif, presque désespéré, mais il sentit immédiatement que cela fonctionnait.

Cheay, à bout de souffle, finit par se détendre légèrement. Sa respiration, bien qu'encore irrégulière, commençait à ralentir.

Quand Joshua se recula doucement, il garda sa main sur sa joue, ses doigts effleurant sa peau.

— "Ça va ?" demanda-t-il d'une voix grave, presque inquiète.

Cheay resta silencieuse, essayant de reprendre son souffle. Après un long moment, elle murmura :

— "Pourquoi... pourquoi tu as fait ça ?"

Joshua hésita, cherchant ses mots.

— "Tu paniquais. Et... je ne savais pas quoi faire. Alors... j'ai fait ce qui me semblait juste sur le moment."

Elle resta silencieuse, mais il sentit qu'elle ne tremblait plus autant.

— "Ça a marché..." murmura-t-elle finalement.

Joshua se permit un petit sourire.

— "Tant mieux, parce que, franchement, je n'étais pas sûr que ce soit une bonne idée."

Un léger rire, presque imperceptible, échappa à Cheay. C'était un rire nerveux, mais un rire quand même.

— "Je suppose que c'était... audacieux," dit-elle, sa voix encore faible.

Joshua haussa les épaules, même si elle ne pouvait pas le voir.

— "Audacieux ? Peut-être. Mais efficace."

Un silence s'installa à nouveau entre eux, mais cette fois, il était chargé d'une énergie différente. Cheay, bien que troublée par ce qui venait de se passer, se sentit étrangement apaisée.

Elle posa sa tête contre son épaule à nouveau, ses doigts frôlant timidement la manche de sa chemise.

— "Merci..." murmura-t-elle finalement.

Joshua, surpris par cette soudaine douceur, répondit simplement :

— "Toujours là pour sauver la princesse, non ?"

Cheay grogna légèrement, mais un sourire étira ses lèvres.

— "Ne pousse pas ta chance, Monsieur Je-Sais-Tout."