six
- Je t'ai mis des surimis, aussi, je sais que t'aime ça. Et dans tes sandwich, j'ai rajouté des...
- Merci, Papa, mais ça ira, je le coupe. Je vais y aller. Et puis, j'aurais pu les faire toute seule, les sandwichs, hein.
Quand j'ai annoncé à mon père quel j'allais aller pique-niquer à la plage avec des amis, j'ai cru qu'il allait faire une danse de la joie.
- Dès le premier jours ? Des AMIS ? Mais c'est super, Hélène ! Su-per !
- Oui, bon... on va manger là-bas du coup et je rentrerais vers heu... 19h ?
- Bien sûûûûûûûr ! Et je te donnerais de l'argent pour que vous vous achetiez des glaces !
Je suis un peu stressée. Enfin, pas stressée, plutôt... dubitative. Je ne sais pas vraiment si c'est une bonne idée... malgré tout ce que Esther m'a dit, une petite partie de moi proteste et me chuchote en permanence que je ne devrais pas y aller.
Je prend mon sac, et y enfourne une serviette. J'ai finalement mis directement mon maillot, pour ne pas avoir à me changer là-bas. J'ai tous simplement enfilé une petite robe d'été par dessus. Je prend mes tongs, et je me prépare à sortir. Mon père me fait des signes depuis la terrasse.
Je suis censée retrouver Esther à coté du marchand de glace. Après 5min d'attente, je la vois arriver en courant.
- Ha...Hélène...je...suis...là...désolée...du...re....tard.... elle halète, appuyée sur la rembarde du trottoir.
- T'inquiètes, on y va, je lui répond en souriant.
Elle me rattrape et on cherche du regard les autres sur la plage.
- Nathan m'a dit qu'ils étaient vers le port, mais Nathan et le sens de l'orientation, ça fait trois mille. J'vais les appeler.
Pendant que j'assiste à l'appel de Mister-j'ai-pas-le-sens-de-l'orientation et Miss-je-monte-en-équillibre-sur-les-poteaux-pour-trouver-tout-le-monde, j'observe la plage. Les gens nagent, bronzent, ou jouent dans l'eau. Il y a plein de parasols, de toutes les couleurs. Quelques camionnettes à hot dog et autre sont garées un peu partout autours de la plage. J'observe un moment une silhouette en équilibre sur un rocher, avant de reconnaitre sa mèche blanche.
- Heu...Esther ? Eeeeeestheeeer ?
Elle tourne la tête vers moi, et écarte son téléphone de son oreille.
- Yepp ?
- Ils sont là-bas.
*
- Hé bah si tu te met à L'OPPOSE du port, évidemment qu'on vous trouve pas ! Tu m'étonnes qu'on vous a cherché trois plombes !
- Je t'ai dit A L'OPPOSE du port ! Pas AU port !
- Mais QUI DIS CA COMME CA ? Et PAS DU TOUT ! JE SUIS PAS SENILE, QUAND MEME !
- He bah des fois, on se pose la question ...
- PARDON ? ET MONSIEUR QUI NE CONNAIS PAS SA DROITE ET SA GAUCHE ?
- JE CONNAIS TRES BIEN MA DROITE ET MA GAUCHE ET ...
- Ils se disputent tout le temps, me souffle Nathalie, hilare.
Yumi, Ashai, Jin et Nathalie commencent à installer la nappe. Nathalie s'assoit et ronchonne, en essayant tant bien que mal d'enlever les grains de sable qui se sont dispersés sur le tissu.
- Mais tu verras, dans 2sec, ils seront les meilleurs amis du monde, ajoute Jin. Viens, on va installer le repas.
- Heu...je commence, j'ai pris des sandwichs... et, heu... des chips...
- Oh, super ! Moi, j'ai pris des sandwichs, pareil, et des fruits, ajoute Ash. Un blanc s'installe. Ben oui, me regardez pas comme ça. Des fruits. C'est bon! se défend-il, et ma mère en achète pleins.
Je souris timidement. Nathalie, Yumi, Jin et Ashai commencent à déballer la nourriture. Quelques secondes plus tard, Esther et Nathan nous rejoignent. Tout le monde commence à manger et à discuter.
- Après, on ira se baigner ? J'ai pris un ballon, dit Yumi en mangeant la salade de pâtes.
- Oh ouii ! Ton ballon ! Tu l'as retrouvé ? demande Esther.
- A priori, oui, rigole Jin, la bouche pleine.
Je mange doucement mon sandwich, alternant les bouchées et les gorgées de Starbucks, les pieds dans le sable. Je prend mon courage à deux mains -même pour une chose aussi futile- et je demande :
- Vous venez souvent, ici ?
C'est Nathan qui me répond :
- Ben, à peu près deux ou trois fois par mois. Quand il fait beau. Et en Hiver...
-... on se retrouve devant un chocolat chaud au moins 4 fois par mois, termine Esther.
Ils ont l'air d'avoir oublié leur dispute, je pense. Et ils ont l'ai proche... je souris. Mon regard croise celui de Ashai. Je baisse les yeux, feignant de m'intéresser aux graphiques de la nappe. Mais....pourquoi ? Mes pensées sont interrompues par Nathalie qui se fait poursuivre par Jin. On les observe en rigolant, et Jin finit par la prendre en sac à patate et la jeter dans l'eau. Esther les rejoints, suivie de Nathan et Ashai. Je les regarde en souriant et demande à Yumi, assise avec moi sur la serviette, les orteils dans le sable :
- Nathalie et Jin iraient bien ensemble, non ?
Elle rigole :
- Surement ! Mais c'est mort, ils n'ont auuucune chance de finir en couple, elle ajoute devant ma tete penchée et mon sourcil arqué.
Je ne comprend pas. Devant ma mine interrogée, elle ajoute :
- Oh ! Ils...ils ne te l'ont pas dit ? Ben, Jin, il est gay. AH ...! T'es...t'es pas homophobe, hein...?
- Non ! Non, non pas du tout ! je la rassure avec sincérité. Il reste Jin.
Elle me sourit, l'air rassurée. elle baisse les yeux, et commence à jouer avec le pompon de son sac de plage.
- Ce n'est pas toujours facile. Pour lui, je veux dire. Je... nos parents sont homophobes.
Devant ma tête horrifiée, elle s'empresse de me rassurer :
- Mais il dit qu'il s'en fiche ! Et il leur montre, ajoutes-t 'elle en souriant, le regardant nager et rigoler avec un mélange de tendresse et d'amusement. Il a fait son coming-out à 11 ans, même sachant qu'ils ne l'approuveraient pas. Ils l'ont très mal pris. Il a été privé de sortie, ce qui est complètement débile, pendant tout un mois. Je restait avec lui, et le soutenais. Je pense que le plus dur pour lui, ça à été de vivre avec eux, avant son coming-out, alors qu'ils disaient clairement leur opinion sur... sur ces "erreurs du monde". Comme si... comme si il n'était pas humain. Mais pour répondre à ta question, oui, je suis d'accord. Ils iraient vraiment bien ensemble. Mais ils sont juste de très bons amis, du coup.
Je reste sans voix. Comment... je n'imagine même pas ca qu'il a dû endurer...
- Mais, s'il te plait, n'ai pas pitié de lui. Il ne cache pas ce qu'il est, et il n'a pas honte. Alors, je ne vais pas te demander de faire comme si de rien n'était. Mais plutôt, de te mettre à sa place. Aurais-tu envie que tout le monde soit triste pour toi et désolé, à longueur de journée ?
Non, je n'aimerais pas. Clairement. Je lui sourit avec compréhension, et lui répond :
- Ne t'inquiètes pas. Il reste Jin, je répète. Et meme s'il a l'air super surexcité, on lui pardonne. Remarque, il a porté Nath comme un sac à patate. Ca, c'est IMPARDONNABLE, je m'esclaffe avec Yumi.
Elle se lève, et enlève ses tongs et son paréo.
- Je vais me baigner. Tu viens ?
- Oh, heu, non, merci. Je vais rester ici. A l'ombre. Comme ça. Je m'allonge. Voila.
- Comme tu veux !
Elle court vers l'eau, pendant que je ferme les paupières, engourdies par le soleil.
*
- Hélèèèène ? Tu m'entend ?
J'ouvre difficilement les yeux. Quelqu'un est penché sur moi, et me goutte dessus.
- Esther, je grommelle, steupléé, ça fait à peine 5 minutes que je suis allongée.
- 10, pour être exacte. Vi-ens-te-bai-gner.
Je me lève doucement en frottant mes yeux.
- En plus, j'aime pas être vue en maillot, je retoque, comme si ça réglait la question. Je lui lance un regard entendu en m'emmitouflant dans ma serviette rose fushina, qui jure avec mon bikini vert pastel. Esther me regarde, éclate de rire, et me tire de mon cocon douillet.
- Hééé, meuf ! Tu t'es déjà fait des amis, que tu le veuille ou non. Tu es sous notre emprise, MOUAHAHAHAAAA, elle pousse un cri qui fait tourner la tête de nos voisins de serviette. Allez, viens ! Tu penses trop, tu réfléchit trop, mon dieu ! ça me donne mal à la tête. On a dit quoi ? C'est désespérant ! VIS, punaise ! Viens te baigner !
Je me lève finalement, et sort de ma serviette. J'attrape ms lunettes de soleil et laisse mes tongs a coté de mon livre, qui je ne suis pas sure de retriouver intact a la fin de cette journée.
- Ben voilà ! Viens, sinon Jin va noyer Nath. Ca serait embêtant, tous ses admirateurs nous casserons les pieds.
- Elle est populaire ? je demande, en essayant de ne pas paraitre stupide a sautiller alors que le sable brule mes pieds.
- Ben, elle est sympa et belle. Donc ouais, on peut dire ça. C'est pour ça qu'on l'appelle Miss Paillette. Et en partie parce une pendant une période, elle arrêtait pas de nous souler avec Gardien des citées perdues. On a étés obligés de tous les lire. TOUS les tomes. TOUS. J'ai meme pas trop aimé. Mais bon, c'est Nathalie, hein. C'est le seul livre qu'elle a fini. Sinon, c'est un calvaire de la faire lire trois lignes.
- Tout le contraire de moi, je m'esclaffe.
- Pareil, ajoute Esther. HE, LES GARS, VOUS VOUS SOUVENEZ DE QUAND ON A DU LIRE TOUS LES GDCP ? hurle-t'elle, les mains en porte voix.
- C'ETAIT POUR LA BONNE CAUSE ! nous crie Nathalie en sortant la tête de l'eau.
On pouffe, et on se glisse dans l'eau. Elle est tiède, je pense, c'est rare. Il fait beau, c'est une belle journée, et en plus... SPLACH.
- C'EST DE LA PROVOCATION, je lance en direction de Ashai, avant de riposter en rigolant. S'ensuit alors une bataille d'eau énorme, ponctuée d'anecdotes et de souvenirs gênants.
- UN JOUR OU JE DORMAIS CHEZ ESTHER, AVANT DE S'ENDORMIR, ELLE A FAIT UN BISOUS A SON AFFICHE DE BRAD PITT !
- TU VEUX MOURRIR ?
- Brad Pitt ? Je demande, morte de rire, il est toujours vivant, lui ?
- TCHUT ! C'EST UN DIEU VIVANT ! ME DITES PAS LE CONTRAIRE ! Hurle Esther, hilare, nous aspergeant tous d'eau.
Quand tout le monde finit exténué, on finit pas s'écraser sous notre parasol, le souffle court.
Après quelques minutes, tout le monde commence à ranger ses affaires et on se dirige vers la sortie de la plage en discutant avec animation. On en profite pour prendre une glace (noix de macadamia-chocolat pour Esther, framboise-citron pour Nath, Pistache-choco pour Jin, Mangue-passion pour Ashai, café pour Nathan, fraise pour Yumi et rose-coco pour moi ) et la déguster sur un muret.
- A lundi, tout le moooonde ! s'égosille Esther en faisant des signes de la mains aux autres, alors qu'on prend un autre sentier. Sur le chemin de ma maison, on continue de parler, et arrivées devant mon portail, je la prend d'un coup dans mes bras. Elle semble étonnée.
- Merci. Beaucoup. J'ai passé...une vraiment, vraiment, vraiment bonne journée. Merci, je lui murmure.
Elle me rend mon étreinte, et me répond, rayonnante "Mais.. mais de rien ! C'était super ! " Je la lâche, et sort mes clés.
- A lundi ! me crie Esther.
Je souris et ouvre la porte d'entrée. Pas un bruit. Normalement, mon père devrait m'accueillir et me poser pleins de questions. Mais bon, je ne vais pas me plaindre. Je pose mon sac, prend mon téléphone, et monte dans ma chambre. Il faut que je me lave les cheveux, ce soir, ils sont pleins de sable... je pense, avant de m'interrompre. Je passe devant la chambre de mon père, d'où provient de légers chuchotement. Je fronce les sourcils, et presse doucement mon oreille contre la cloison de bois. J'entend clairement sa voix, même s'il parle très bas.
- ... lui demander.
Il marque une pause.
- Quoi ? Ah, ok.
Après quelques minutes d'incompréhension, je comprend qu'il est au téléphone.
- On vient d'emménager, donc... oui, je sais que c'est délicat mais...
Il y a un blanc, où il semble écouter ce que son interlocuteur lui dit.
- Oh, oui, du coup. Je comprend, pas la peine de m'expliquer. Il faudra juste que ça concorde avec les plans du cercle. Tu me diras quand ils auront trouvé un truc.
Le cercle ? Hein ? C'est quoi, ce truc ?
- Je te... Nan, Hélène va bientôt rentrer. Non, pour l'amour du ciel, je ne lui ai pas dit. Et je ne lui dirais pas ... Mais arrête ! Tant qu'elle est en sécurité, moi...oui, voilà.
Heu... hein ? En sécurité ? Me dire quoi ?
- Et puis... c'est sa vie qui est en jeu. Elle est beaucoup trop jeune pour avoir à se soucier de sa propre survie. S'ils la trouvent, ils la prendront.
Il marque une pause.
- Et elle ne reviendra pas.
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