huit
"Il y a bien longtemps, bien avant la civilisation urbaine, bien après les dinosaures, le monde était séparé en deux. Les humain, les Fé. Un monde, deux peuples. Depuis la nuit des temps, ils vivaient en harmonie, les deux espèces se confondaient et s'aidaient mutuellement.
Les Fé existaient pour établir un pont entre la nature et les humains. Physiquement, elles leur ressemblaient. Mais contrairement à eux, les Fé disposaient d'un don. Un don créé pour but d'aider l'espèce humaine. Un don qui leurs permettaient de profiter de la Nature. Les ruisseaux changeaient leur sens du courant lorsqu'ils leurs demandaient, le soleil brillait les jours de chasse. Les Fé étaient une pure création de la Nature. Tout allait pour le mieux.
Mais un jour, une guerre éclata.
Un petit groupe d'humains se révolta, ne supportant pas qu'une espèce, aussi pacifiste soit-elle, puisse disposer plus qu'eux. Le petit groupe devint grand. Ils voulaient plus. Ils semèrent la terreur et la discorde sur la Terre. Alors, seulement après des jours, des semaines, puis des mois, les Fé se replièrent, laissant leur planète dans un état de désolation. Le petit peuple avait refusé de continuer ce massacre, et avait préféré se retirer. Cependant, elles ne partirent pas complètement. Elles se fondèrent parmi les humains. Puis, années après années, leur don se retira. Ces créatures pont entre deux mondes, si précieuses, perdirent peu a peu les récits narrant cette guerre, oubliant leurs origines.
*
Mon père a finit son récit dans un murmure. Je le regarde avec un regard appuyé, cherchant à déceler une trace d'ironie, ou un sourire qui me laisserais croire que c'est une blague. Mais non, rien. Rien.
- Mhm. Et ensuite ? La Fée clochette débarque à dos de lapin et pouf, du bout de son doigt magique, rend leurs pouvoirs aux Fées ? Et puis finalement, tout le monde va dans le royaume de Pétowshnok et cohabite avec des hippopotames violets qui mangent des paillettes ? Punaise, Papa, je t'ai pas demandé de me raconter un conte de Fée, je veux savoir pourquoi on déménage tout le temps, pourquoi je suis en danger, qui est cette personne qui semble MIEUX CONNAITRE MA VIE QUE MOI, bordel...
Je commence à m'échauffer, et mes poings se serrent. Je les relâchent, avec un petit soupir. Mon père a relevé la tête, et ouvre la bouche avec un air sérieux.
- Hélène. C'est pas une blague. Pas une blague du tout. C'est vrai, ce que je te dis.
Je lève les yeux aux ciel. Malgré tout, il a l'air sincère. "Comme toute ma vie, en fait. Il a toujours eu l'air sincère. Mais il ne l'était pas..." je pense, avant de forcer un sourire crispé.
- P'pa, franchement. J'ai vraiment, VRAIMENT du mal à te croire. Des Fées qui...
- Non, genre, Fé. Pas Fées. Il faut pas prononcer le "e" a la fin comme ça.
J'hausse un sourcil. "- Et c'est quoi la différence ?"
- La différence, c'est que les Fées n'existent pas. Alors que les Fé, si. Et ça ne s'écrit pas pareil. F-É.
Hou. Je souffle du nez avec patience et serre les dents.
- Et, mon cher petit papa, quel est le rapport avec ma question ? je crisse des dents.
Il pose ses mains sur la table, qu'il avait gardé sous le meuble pendant son récit. Ses jointures sont rouges, il continue de se tirer la peau avec le bout de ses doigts avec une mine peinée.
- Laisse moi finir. Donc, tu connais déjà les Fé. Ne va pas t'imaginer que je suis en train de te raconter le scenario d'un nouveau Disney, les Fé n'ont rien de magique. Ce qu'elles pouvaient faire était purement...normal, à l'époque, ok ? Et là, elles ont disparues. Le fait est que meme si elles n'avaient aucun pouvoir "magique", leurs capacité à communiquer avec la faune et la flore était incroyable. Tu imagines, si, à notre époque, quelqu'un apparaissait avec cette possibilité ? Ca serait une catastrophe. Soit, ça pourrait tellement notre monde, mais l'espèce humaine est bien trop cupide pour ne pas vouloir rendre ça publique. Au bout d'une semaine, la personne serait amenée au labo, pour qu'on lui fasse passer des test, qu'on essaye de placer un de ces stupides mots scientifiques au lieu de s'extasier de ce don qui revient petit à petit. Il sera utilisé à mauvais escient, ça serait terrible.
Mon père est très sérieux. Il a les mains jointes, posées devant lui. Je n'ose pas ouvrir la bouche tellement son récit est imposant et irrationnel. Pourtant, j'hoche la tete et acquiesce. Si les Fé existent vraiment, oui, ça serait une calamité. Il continue.
- Or, c'est ce que fait le Cercle Oméga.
Je laisse échapper un petit "hein ?" d'étonnement. Qui fait quoi ?
- Le Cercle Oméga, c'est une organisation. Une organisation qui vise à traquer les descendants des Fé. Ce qui est complètement stupide, puisqu'ils doivent remonter des années et des années d'arbres généalogiques, et qu'ils se trompent presque tout le temps. Néanmoins, ce n'est pas ça qui nous intéresse. Ou plutôt, si.
- Je capte pas trop, là. C'est une espèce d'association qui cherche des gens qui sont les arrières arrières -pleins de fois arrière- petits fils et petites filles de ... Fé ? Dans l'espoir de trouver quelqu'un qui a leurs dons, c'est ça ?
- Presque. Ils espèrent trouver une sorte d'ADN, des gènes dans le sang des prétendus "descendants" de Fé. Et ils sont persuadés d'y arriver. Pour quoi faire ? Je te laisse deviner.
La réponse fuse instinctivement. Je suis presque debout tant cette histoire m'intrigue...
- Ils veulent transposer ce sang dans d'autres personnes ?
- Tout juste, affirme mon père. Déjà, le fait d'arracher de gens à leurs familles, gens qui sont souvent très jeunes, pour avoir les organes vitaux intactes, tu sais, par exemple s'ils fument, le sang peut être bourré de... bref, et d'ensuite les tester, pour voir, d'une certaine manière... leur capacité à réagir à certains produits, c'est...
Je commence à comprendre. Oh mon dieu. C'est ignoble. C'est ignoble.C'est ignoble
- Ils font... des experiences sur ces personnes ? Papa, ils font des experiences sur ces innocents ?
Il soupire et secoue la tete avant de se la prendre entre les mains.
- Oui, Hélène. Oui.
Je reste silencieuse. Un groupe de gens qui enlèvent des jeunes personnes, qui sont suspectes d'être des descendant de Fé, pour ensuite experimenter sur eux, prendre leurs gènes, c'est... oh, c'est vraiment dégueulasse... je ravale des larmes de fureur.
- Mais punaise, c'est ignoble ! Et ils font quoi, la police, le FBI ? Ils sont aveugles ou quoi ? Ils voient bien qu'il y a des disparitions, on est pas dans une série américaine ou les jeunes de 14 ans disparaissent sans laisser de traces, hein ! Ils foutent quoi, les autorités ?
Mon père pince les lèvre avec un mouvement de tete approbateur, mais finit par lâcher dans un souffle un "C'est pas aussi facile que ça, ma belle. Mais c'est pas le sujet"
Ca m'énerve. Déjà, que j'apprenne ça maintenant, et ensuite que des gens puissent faire autant de mal autours d'eux. Et puis d'un coup, je me rappelle de quelque chose. Et moi ? Moi, qu'est ce que j'ai a voir avec tout ça ? Lorsque je lui pose la question, mon père inspire un grand coup. "on y arrive"
Je serre les dents. Je serre les mains, les pieds, les cuisses, tout mon corps est crispé lorsque je vois l'air effrayé de mon père. Il a l'air coupable, désolé, et terrifié. Terrifié par ce qu'il va me dire, mais aussi effondré. Surtout effondré. Ca me donne la chaire de poule. Une minute, puis deux s'écoulent dans la silence. De temps en temps, il ouvre la bouche, puis la referme, comme s'il cherchait une façon de me dire ce qu'il veut m'annoncer, de la meilleure manière possible. Alors que je commence a paniquer au plus profond de moi, il soupire :
- Le rapport avec toi, Hélène...
Il inspire un grand coup et poursuit, les mains tremblantes.
- C'est que ta mère n'est pas morte dans un accident de voiture il y a 11 ans.
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