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Soyeon était restée enfermée dans sa chambre depuis que Seung-cheol l'avait violée. La douleur émotionnelle la paralysait, et elle refusait de le voir, de lui parler, et même de manger. Elle le détestait avec une telle intensité que chaque pensée de lui faisait battre son cœur de colère. Seung-cheol, conscient de son rejet, ne s'était pas approché depuis cet incident, espérant qu'elle finirait par céder, mais elle restait silencieuse et enfermée.
Cependant, un cri perça le silence pesant de la maison, un cri qu'elle reconnaissait trop bien. Soyeon se redressa brusquement, le cœur battant à tout rompre. Ce cri... c'était celui de Matthew. Elle se précipita hors de son lit, attrapant instinctivement une trousse de secours que sa mère adoptive lui avait appris à utiliser.
Elle ouvrit la porte de sa chambre et descendit précipitamment vers le sous-sol, là où les cris venaient de résonner. Plus elle s'approchait, plus l'odeur métallique du sang lui parvenait aux narines, la rendant encore plus nerveuse. En bas, la scène qui s'offrit à elle fut pire que ce qu'elle avait imaginé.
Seung-cheol se tenait là, le visage dur, du sang dégoulinant de ses mains. Matthew, presque inconscient, était attaché à une chaise, sa chemise en lambeaux, sa peau marquée par les coups, et du sang s'écoulant d'une profonde blessure à l'épaule. Soyeon sentit son estomac se nouer à la vue de son meilleur ami dans cet état. Elle comprit instantanément qu'il était venu pour elle, qu'il avait pris ce risque insensé pour la retrouver.
Le souffle court, elle se força à rester calme malgré la rage qui montait en elle. Seung-cheol se tourna vers elle en la voyant arriver, mais resta silencieux, observant chacun de ses mouvements avec une lueur indéchiffrable dans le regard. Soyeon, sans lui adresser un seul mot, s'agenouilla près de Matthew et ouvrit la trousse de secours. Ses mains tremblaient, mais ses gestes restaient assurés. Sa mère adoptive, Jisoo, lui avait enseigné les premiers soins, et aujourd'hui, ces compétences étaient plus précieuses que jamais.
— "Tiens bon, Matthew, ça va aller," murmura-t-elle en commençant à désinfecter la plaie de son ami. Matthew, à demi-conscient, ouvrit légèrement les yeux et tenta de sourire malgré la douleur.
Pour le maintenir éveillé, Soyeon se mit à parler doucement, dans un effort désespéré de lui faire oublier la souffrance, ne serait-ce qu'un instant. Elle lui raconta des bribes de son passé, des histoires qu'elle avait toujours gardées pour elle.
— "Tu sais, Matthew," commença-t-elle, la voix tremblante mais déterminée, "mes vrais parents... ils étaient alcooliques. Ils m'ont abandonnée dans une rue, dans une poubelle, quand j'étais toute petite." Elle s'arrêta un instant, le cœur lourd en repensant à ces souvenirs douloureux. "Mais un homme m'a trouvée. Un homme du nom de Kim Taehyung. Il m'a recueillie, il m'a sauvée. Avec sa femme, Jisoo, ils m'ont adoptée et ils m'ont tout donné."
Les larmes menaçaient de couler, mais elle les retint, concentrée sur la blessure de Matthew. "Jisoo était chirurgienne. Elle m'a appris beaucoup de choses. Je me souviens d'elle chaque jour. Elle était tellement forte, tellement gentille. Mais un jour... Elle a été assassinée. Pendue chez elle."
Matthew la regardait faiblement, ses yeux luttant pour rester ouverts. Son souffle était court, mais il écoutait, attentif à chaque mot.
— "Papa a été dévasté, mais il a continué de m'élever. Il m'a appris à me battre, à devenir avocate. C'était un bon homme. Jisoo et lui s'étaient rencontrés lors d'une opération. Elle lui avait sauvé la vie, et c'est ainsi qu'ils se sont aimés, SI tu savais comme Maman me manque tellement."
Pendant qu'elle parlait, elle banda les plaies de Matthew avec soin, le maintenant éveillé, le rendant plus résistant à la douleur qui l'assaillait. Son regard, même affaibli, montrait une lueur de gratitude envers Soyeon.
Seung-cheol, qui avait observé la scène sans dire un mot, Il ne savait pas que Soyeon avait traversé de telles épreuves, et d'une certaine manière, cela le déstabilisait.
Il resta silencieux, sa colère contre Matthew semblant s'évaporer lentement. Il voyait dans les gestes de Soyeon une tendresse et une résilience qu'il n'avait jamais rencontrées auparavant. Soyeon n'était pas seulement une avocate ou une femme qu'il désirait ; elle était une survivante, quelqu'un qui avait appris à grandir malgré les blessures de la vie.
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