Tard dans la nuit, la maison retrouva un calme précaire après les événements violents de la journée. Soyeon s'était finalement retirée dans sa chambre, son esprit tourmenté par tout ce qu'elle avait vécu. Ricky et Matthew, bien que blessés, avaient été soignés et reposaient également, leurs corps épuisés par le combat. Seung-cheol, lui, se sentait responsable de tout ce qui s'était passé. Il avait ordonné que le reste des affaires soit réglé le lendemain, mais ce soir-là, il avait besoin de trouver un peu de paix.

Après avoir vérifié que tout le monde allait bien, il se rendit dans sa propre chambre. Le poids de la journée le faisait vaciller, mais alors qu'il s'apprêtait à se coucher, un son faible, presque imperceptible, parvint à ses oreilles. Des sanglots.

Il se redressa immédiatement, écoutant attentivement. Cela venait de la chambre de Soyeon. Sans perdre de temps, il sortit du lit et se dirigea vers elle, son cœur se serrant à l'idée de la trouver dans cet état.

Lorsqu'il poussa la porte doucement, la lumière tamisée de la chambre révélait Soyeon, recroquevillée sur le lit, le visage enfoui dans ses mains, des larmes coulant sur ses joues. Elle ne l'avait même pas entendu entrer, trop perdue dans ses pensées, rongée par la culpabilité.

Seung-cheol s'approcha lentement, le cœur lourd. Il s'assit sur le bord du lit, sans rien dire, puis posa une main douce sur son épaule.

« Soyeon... » murmura-t-il doucement.

Elle sursauta légèrement à son contact, mais ne leva pas les yeux. Ses épaules tremblaient sous l'effet des sanglots qu'elle essayait de réprimer.

« Je... je suis une tueuse, » murmura-t-elle entre deux sanglots, la voix brisée. « Je l'ai tué, Seung-cheol. J'ai... j'ai pris une vie. »

Seung-cheol sentit un pincement dans sa poitrine en l'entendant se parler ainsi. Il savait qu'elle se torturait intérieurement pour ce qui s'était passé avec Seonghwa. Il prit une profonde inspiration, puis, d'une voix douce, il tenta de la rassurer.

« Tu as fait ce que tu devais faire, Soyeon. Il n'allait pas arrêter. C'était lui ou toi. »

Mais elle secoua la tête avec violence, ses larmes redoublant. « Non... Non, tu ne comprends pas... Ça me hante. Son visage, son corps... Je... Je ne voulais pas en arriver là. Je suis devenue comme lui. Une tueuse. »

Seung-cheol, habituellement si sûr de lui, se sentait impuissant face à sa douleur. Il s'étendit doucement à côté d'elle sur le lit, la tirant lentement dans ses bras. Elle ne résista pas. Au contraire, elle se laissa faire, nichant son visage contre son torse, pleurant silencieusement contre lui.

« Tu n'es pas une tueuse, » murmura-t-il près de son oreille, sa main caressant ses cheveux pour la réconforter. « Ce que tu as fait ne te définit pas. Tu es bien plus que ça. »

Soyeon resta silencieuse quelques instants, sa respiration irrégulière. Elle serra doucement le tissu de la chemise de Seung-cheol entre ses doigts, cherchant un ancrage dans cette tempête intérieure.

« Pourquoi est-ce que tout ça arrive ? » demanda-t-elle d'une voix brisée, les larmes coulant toujours. « Pourquoi je ne peux pas juste avoir une vie normale, loin de tout ça ? »

Seung-cheol n'avait pas de réponse à cette question. Il ne pouvait que la tenir, espérant que sa présence suffirait à apaiser ses tourments, au moins pour cette nuit.

« Je suis désolé, » murmura-t-il enfin. « Désolé de t'avoir entraînée dans tout ça. »

Soyeon leva légèrement les yeux vers lui, ses larmes encore visibles. « Ce n'est pas ta faute. C'est ce monde, cette vie... »

Seung-cheol hocha lentement la tête. « Peut-être. Mais je suis là maintenant, et je ne te laisserai plus traverser ça seule. Je te le promets. »

Soyeon, épuisée par ses émotions, se blottit un peu plus contre lui, recherchant la chaleur de son corps pour se rassurer. Malgré la douleur qu'elle ressentait encore, une petite part d'elle se sentait étrangement en sécurité dans ses bras.

Ils restèrent ainsi, dans un silence apaisant, les battements du cœur de Seung-cheol calmes et réguliers contre elle. Petit à petit, Soyeon finit par s'endormir, les larmes ayant laissé place à un repos nécessaire.

Seung-cheol, quant à lui, resta éveillé un long moment, fixant le plafond, une multitude de pensées tourbillonnant dans son esprit. Il savait que cette nuit était loin d'effacer la douleur de Soyeon, mais il espérait qu'au moins, elle se sentait un peu moins seule.