11
Soyeon referma la porte derrière elle, mais son esprit était agité. Ses émotions étaient en tumulte, et les mots de Seung-cheol résonnaient dans sa tête : "Je ne voulais pas te faire de mal." Cela la perturbait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Après tout ce qu'il avait fait, comment pouvait-il dire cela ?
Elle retourna dans le salon, s'asseyant sur le canapé, essayant de reprendre son souffle. Pourtant, l'image de Seung-cheol, seul dans son bureau, ne la quittait pas. Il y avait quelque chose dans son regard. Une tristesse qu'elle n'avait jamais vue chez lui. Ce n'était plus le mafieux impitoyable qu'elle avait en face d'elle, mais un homme brisé.
Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit doucement. Seung-cheol apparut dans l'encadrement, son visage marqué par une douleur silencieuse. Il hésita un instant, avant d'entrer dans la pièce. Soyeon ne dit rien, ses yeux fixés sur le sol. Elle sentait sa présence, lourde, chargée de tension, mais elle n'était pas prête à le confronter à nouveau. Pas de la même manière.
Seung-cheol resta debout, comme s'il attendait un signe. Après un moment de silence, Soyeon leva les yeux vers lui et, d'une voix plus calme qu'elle ne l'aurait imaginé, elle murmura :
— "Viens t'asseoir."
Il la regarda, surpris par la douceur dans sa voix. Il n'hésita pas longtemps avant de s'avancer, prenant place à côté d'elle sur le canapé. Un silence tendu s'installa entre eux, lourd de non-dits. Soyeon attendait qu'il parle, qu'il dise ce qu'il avait sur le cœur, qu'il arrête de se cacher derrière ses murs de violence.
Finalement, Seung-cheol prit une profonde inspiration, brisant le silence.
— "Je sais que tu me détestes." Ses mots étaient lourds, chargés de regrets. "Je ne te demande pas de me pardonner, je ne mérite pas ça. Mais tu dois comprendre... ce que tu as dit, tout à l'heure... ce n'est pas loin de la vérité. Je suis brisé. Depuis des années, je vis avec ce chaos en moi."
Soyeon resta silencieuse, mais son regard s'adoucit légèrement. Elle sentait qu'il se dévoilait enfin, mais elle n'était pas encore prête à abaisser complètement sa garde.
— "Le trouble bipolaire, c'est comme vivre dans deux mondes opposés," continua-t-il, sa voix plus faible. "Je peux être calme, presque heureux, et soudain... tout explose. Je ne contrôle pas ces moments. Ils viennent comme des tempêtes. Parfois, je ne me reconnais même pas dans mes actions."
Il baissa la tête, incapable de croiser son regard. Ses mains tremblaient légèrement.
—"Je sais que ce que j'ai fait est impardonnable. Je sais que tu ne me comprendras peut-être jamais, et tu n'as aucune raison de le faire."
Soyeon le regardait maintenant attentivement. Elle voyait la vulnérabilité dans ses mots, cette fragilité qu'il cachait si bien derrière son masque de dureté. Seung-cheol parlait enfin de son fardeau, de ce qui le détruisait de l'intérieur.
— "Je n'ai jamais voulu... être cet homme. Celui qui fait du mal aux gens, celui qui détruit tout ce qu'il touche. Mais parfois... je perds tout contrôle. C'est comme si je me regardais agir, impuissant, sans pouvoir m'arrêter. Et quand je reprends mes esprits, il est déjà trop tard."
Soyeon sentit son cœur se serrer en entendant ces mots. Elle ne savait pas quoi répondre. Une partie d'elle restait en colère, blessée, mais une autre partie commençait à entrevoir l'homme derrière le monstre. Ce qu'il disait, cette lutte intérieure, faisait écho en elle. Elle ne l'excusait pas, loin de là, mais elle commençait à comprendre un peu mieux la profondeur de sa souffrance.
Le silence s'étira entre eux, mais cette fois, il n'était pas aussi oppressant. Après quelques minutes, Seung-cheol soupira, comme s'il venait de vider une partie du poids qu'il portait.
— "Tu dois me détester encore plus, maintenant," murmura-t-il, presque pour lui-même.
À ces mots, Soyeon sentit quelque chose changer en elle. Elle voyait cet homme, si puissant aux yeux du monde, se dévoiler sous ses yeux comme un enfant perdu, incapable de contrôler ses propres émotions. Il n'était pas excusable pour ce qu'il avait fait, mais il était humain, profondément imparfait.
Sans vraiment réfléchir, elle se pencha légèrement et posa doucement une main sur son épaule.
— "Seung-cheol..." commença-t-elle, cherchant ses mots.
Il releva les yeux, surpris par son geste. Soyeon ne dit rien de plus. Elle ne pouvait pas pardonner tout ce qui s'était passé, pas maintenant, mais elle ressentait le besoin de lui montrer qu'il n'était pas seul. Lentement, elle se rapprocha de lui et, d'un geste instinctif, l'enveloppa dans ses bras.
Seung-cheol resta figé un moment, surpris par cette soudaine tendresse. Il n'était pas habitué à recevoir des gestes de réconfort, encore moins après ce qu'il avait fait. Mais à cet instant, quelque chose en lui céda. La dure carapace qu'il portait depuis des années se fissura, et pour la première fois depuis longtemps, il se laissa aller.
Les larmes commencèrent à couler doucement sur ses joues. Il tenta de les retenir, mais c'était inutile. Soyeon le serra un peu plus fort, ne disant rien, simplement présente. Seung-cheol, cet homme si puissant et craint par tous, s'effondra dans ses bras, libérant enfin la douleur qu'il avait accumulée pendant tant d'années.
Soyeon ne savait pas combien de temps ils restèrent ainsi, mais pour la première fois, il n'y avait plus de colère, plus de haine. Juste un moment de calme dans le tourbillon de leur relation tumultueuse.
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