Chapitre 74 : T U R T L E
Au matin du 25 décembre, je me réveille par les saut d'Andrea sur le lit. Exactement comme un enfant. Il se laisse en suite tomber à côté de moi, quand il remarque que j'ai -péniblement- ouvert les yeux.
« Prêt à ouvrir tes cadeaux ? J'ai grave envie de voir ce que j'ai eut ! »
Un enfant, il a tout d'un enfant.
Je tourne la tête vers l'horloge murale qui indique sept heures trente.
« Andrea, pourquoi si tôt ? On a dormi à peine cinq heures... »
« Oui mais c'est Noël. Tu n'as pas envie de découvrir tes cadeaux ? »
« Si... Si, maintenant que je suis réveillé... Mais j'aurais préféré dormir un peu plus longtemps, je suis claqué à cause du décalage horaire. »
« Ho aller, mets-y un peu plus d'enthousiasme ! C'est quand même Noël ! »
Il se lève du lit pour rejoindre la petite valise que l'on a abandonné dans un coin de la pièce hier au soir. Et il me lance quelques vêtements en pleine figure, piochés au pif dans celle-ci.
« Tiens, enfile-ça et allons manger. »
J'obtempère en silence et Andrea revient vers moi, passant dans mon dos, pour embrasser doucement ma nuque. Il m'entoure de ses bras et pose sa tête entre mes omoplates. J'inspire une grand bouffée d'air et attrape ses mains nouées autour de ma taille.
« A bien y réfléchir, je crois que j'ai déjà eut mon cadeau, puisque je t'ai toi. » Murmure-t-il en remontant contre mon oreille.
« Vraiment ? Mais alors on peut rester au lit, non ? En plus, tu pourrais déballer ton cadeau, c'est que tu voulais, pas vrai ? »
Tout en lui disant cela, je prends une de ses mains pour la faire passer sous mon pull, frémissant au contact de ses doigts froids sur la peau de mon ventre.
« Non. On n'a pas le temps pour cela. Ce n'est ni le lieu ni le moment. » Dit-il sans toutefois retirer sa main de sous mon vêtement. « Tous les matins de Noël, mon frère me faisait des chouquettes, j'espère qu'il en a fait aussi cette année. C'est un peu un genre de tradition pour nous. Et a force d'en faire, il est passé maître dans l'art, ses chouquettes sont les meilleures ! C'est d'ailleurs le seul truc qu'il sait vraiment cuisiner. » Raille le châtain.
« C'est mal de se moquer, surtout que tu n'es pas beaucoup meilleur niveau cuisine. »
Il pouffe et rétorque :
« Une chose est sûre, c'est que par rapport à toi, je suis beaucoup meilleur niveau français. Et franchement ça devrait pas, c'est moi qui suis né et ait grandi dans un pays étranger, à ta place j'aurais honte. »
Je lève les yeux au ciel et nous sortons de la chambre pour retrouver tout ceux qui sont déjà réveillés dans la petite cuisine. Assaël est revenu et est en train de préparer des œufs brouillés, dernière le plan de travail. Et je dois dire que le voir, poêle à la main, avec un tablier de cuisine est assez risible. Je me retiens de justesse de lui en faire la remarque parce qu'Andrea me tire par la main pour aller s'asseoir autour de la table. D'ici, nous pouvons voir le salon où les amis d'Abraham dorment toujours, tous les trois entassés, Krys -et ses ronflements- en dessous, Sanhsa -une grande blonde à la langue bien pendue qui a passé sa soirée à faire des blagues que je ne comprenais pas et qu'Andrea tentait tant bien que mal de m'expliquer en français, même si les subtilités de langues n'y étaient pas toujours traduisibles- dors à moitié sur lui et à moitié sur Ryhn.
Je me tourne vers Andrea et lui dit :
« Dis-moi que je ne vais pas être obligé de manger des œufs le matin... Non parce que dans le genre de truc qui me donne la gerbe ça doit être en tête de liste. »
« Il reste des sablés de Noël si tu veux. Et... Il doit y avoir du sirop d'érable et des pancakes. Qu'est-ce que tu préfères ? »
« Des sablés. Des sablés ça ira. » Répondis-je en le regardant se lever pour aller les chercher.
Au même moment, Kayssi entre dans la cuisine en baillant.
« Bonjour tout le monde, oh, tu as fait des œufs, tu es vraiment le meilleur frère du monde ! » S'extasie-t-il en lorgnant sur la poêle que tenait Assaël.
« Qui a dit que c'était pour toi ? » Se moque son frère en le poussant de l'épaule.
« Tu n'oserais pas tout manger quand même ! » S'indigna le plus jeune.
Vraiment, je ne comprendrais jamais l'engouement des américains pour l'œuf au petit déjeuner...
« Par contre, vous ne voudriez pas ouvrir les cadeaux pendant qu'on mange ? Parce que personnellement, moi, j'en ai marre d'attendre. En plus personne ne se réveille. Je suis levée depuis cinq heure du matin. » Se plaint Anastasie en soupirant, jetant un regard entendu à Bart.
« Mais on est obligés d'attendre que tout le monde soit levé pour déballer les cadeaux Ana, tu le sais bien. »
« Ça, ça peut s'arranger. »
Déterminée, la jeune femme se rendit dans le salon, et sans autre forme de procès, retira la couverture des trois endormis.
« Aller, on se lève ! C'est Noël je vous rappelle, et si vous n'avez que faire de vos cadeaux, moi je veux ouvrir les miens. Alors aillez un peu de décence et faites au moins semblant de vous y intéresser. »
Ryhn grogna et se retourna. Enfouissant son visage contre la nuque de Krys.
« Bordel mais elle est chiante comme gamine ! » Critiqua Sanhsa en se frottant les yeux.
« Gamine ? Hé, je ne suis pas une gamine ! J'ai dix-neuf ans dans deux jours ! »
« A la bonne heure ! Tu peux te taire maintenant ? » Souffle la blonde avec cynisme.
« Excuse sa mauvaise humeur, elle n'est vraiment pas du matin. Aucun des deux ne l'est pour dire vrai. » Rit Krys en se redressant. Il poussa Ryhn. « Aller debout pistache. Tu as entendu la jolie jeune fille, on va ouvrir les cadeaux. »
« Ceux qui nous réveillent aussi tôt ne méritent pas d'être appelés 'Jolie'. » Raille Sanhsa.
« Mais je rêve, tu es mesquine en fait ! » Se rembrunit Anastasie.
« Ouais, c'est ma specialité. » Grogne la blonde.
« Oh les filles, arrêtez de vous disputer. C'est Noël, on ne se bat pas le matin de Noël ! » Souffle Ryhn en se levant pour s'étirer.
« Bon, maintenant qu'on est levés, on les ouvre ces cadeaux ? »
La blonde se tourne vers le sapin et les paquets sous celui-ci.
« Ah, tu vois que ça t'intéresse aussi ! » Crie Ana' fière d'elle.
« Mais pourquoi vous faites autant de bruit ? Plus jamais je vous laisse dormir dans mon salon si vous ne savez pas vous tenir le matin ! » Leur reproche Abraham en entrant dans la petite pièce les yeux encore ensommeillés.
« Je te signale qu'il est d'usage que le maître de maison se lève avant tout le monde pour préparer à le petit déjeuné, alors remballe tes reproches. » Le remballe Krys en lui donnant une tape sur l'épaule.
Andrea m'attrape la main et me tire jusqu'au salon, le plateau de sablées de Noël dans son autre mais. Il pose les biscuits sur la table basse, et Assaël apporte une assiette pleine d'œufs brouillés. Et du jus de fruit.
« Allez, venez vous servir plutôt que de dire des bêtises. » Sourit mon châtain en prenant un toast sur la table.
Puis il se lève et avance vers le petit sapin.
« Bon aller, je commence. Ana, comme tu m'as l'air sacrément impatiente, voila le tien. »
La jeune fille aux cheveux colorés saute sur le cadeau et déchire le papier en un grand mouvement, ce qui fait rire tout le monde, même Sanhsa qui finalement, après s'être servie une tasse de café, semble être de meilleure humeur.
« Oh Andrea, c'est beaucoup trop adorable ! Je l'adore, je l'adore, je l'adore ! »
Il s'agissait d'une petite robe rose aux manches en tulle légèrement transparente, et je pourrais presque parier qu'Alix l'avait aidé à la choisir.
« En plus la couleur match parfaitement avec celle de mes cheveux, merci. »
Elle l'embrasse sur la joue et pars vers la chambre avec sa toute nouvelle robe alors qu'il continue à distribuer ses cadeaux. Mais il est coupé avant de tous les avoir donnés, par Anastasie qui s'exclame une fois de plus :
« Elle est pile-poil à ma taille ! Tu sais quoi, je la porterais pour le bal de fin d'année à la fac ! Une fois que j'aurais trouvé un cavalier. »
D'instinct, je tourne la tête vers Bart. Parce que c'est évident que c'est avec lui qu'elle devrait y aller. Évident pour tout le monde, sauf pour eux visiblement...
« Tiens, je te donne mon cadeau tout de suite. » Pétille Anastasie en lui tendant un petit paquet vert et rouge.
Les cadeaux s'échangent, chacun donne le sien. Je me sens un peu mal à l'aise de ne pas participer, parce que je ne connais personne, j'ai seulement apporté un cadeau pour le frère d'Andrea, et un pour Kayssi. Et en plus, c'est presque Andrea qui les a choisi, quand on est allés au marché de Noël.
Je suis tiré de mes pensées par mon châtain qui me tend une boite en carton entourée d'un flot rouge qui semble avoir été rajouté au dernier moment.
« Tiens ton cadeau. Attention c'est fragile. Désolé pour l'emballage, je sais qu'il n'est pas très beau. »
Je saisi la boite et défais le flot. Puis je retire le couvercle pour découvrir, dans un coin une petite carapace.
Il m'a offert une carapace de tortue ? Mais pourquoi ça ?
Je l'attrape et la sors de la boite, quand soudain, une petite patte, puis une seconde, et enfin une tête sortent de la petite carapace couleur écaille.
« C'est... »
Il hoche positivement la tête.
« Oui, une tortue de Californie. Une vraie de vraie. » Il s'approche et me souffle à l'oreille, en référence à ce que je lui avais dit une fois : « Mais s'il te plait, ne me trompe pas avec. Ce serait bizarre. »
J'éclate de rire et Andrea me rejoint, laissant tous les autres perplexes. Mais je n'ai pas besoin qu'ils nous comprennent, c'est comme un petit secret entre Andrea et moi, une phrase un peu bizarre que je lui ai dite et pour une raison étrange qui l'a marqué.
Et je crois que c'est le plus beau cadeau, celui qui a le plus de sens à mes yeux, que l'on ne m'a jamais fait. Et ça doit surtout être le plus beau Noël que je n'ai jamais passé. Savoir Andrea heureux me suffit.
Je pose la petite tortue sur la table basse, et elle se promène lentement, découvrant tout son environnement.
« Tiens Éos, moi aussi j'ai un petit truc pour toi. »
Abraham me lance un paquet assez informe, vraisemblablement fait avec des chutes de papier cadeau.
« Ouais, j'avais plus de papier. Alors c'est pas terrible, mais ç'était ça ou alors le papier bisounours de la voisine. Ses filles ont cinq et sept ans. Je les garde à la maison des fois, elles ont emballé leurs cadeaux ici. »
Quand ils verrons le mien, ils arrêterons de critiquer leurs emballages de cadeaux...
« Quoi tu t'es reconverti dans le baby-sitting ? Un enfant qui garde d'autres enfants, j'ai du mal à croire que certains parents se soient laissés berner. » Se moque doucement Sanhsa pendant que je déchire le papier.
Je découvre un sweat noir à capuche. Je le retourne et découvre la mention : ''Best brother-in-law'' qui signifie ''le meilleur beau-frère.'' Ça me donnerait presque envie de pleurer. Pour la première fois, j'ai vraiment l'impression d'avoir une famille. Une vraie famille, su laquelle je peux compter, des gens formidables.
« Bon, j'espère que je ne vais pas te faire fuir, parce que je prends les choses trop au sérieux trop tôt. I Know that toi et mon frère ne vous êtes pas remis ensemble depuis si longtemps que ça. Mais je crois que c'est évident pour tout le monde que ça va durer. And, Andrea m'a tellement rabâché les oreilles a me parler de toi, que j'ai l'impression de te connaître very well. »
« T'en fais pas, ça ne me fait pas peur du tout. C'est super. Tiens. Ça c'est pour toi. »
Je lui tends le paquet du marché de Noël. J'en donne aussi un à Kayssi. C'est simplement du nougat. Et des bougies parfumées pour Kayssi, Andrea m'a dit qu'il en mettait partout, et il n'a pas menti. Rien que dans le salon, il doit déjà en avoir trois. Elles dégagent une odeur apaisante de Jasmin.
« Oh la la, le pull que je t'ai offert n'a pas menti, tu es vraiment le meilleur ! Ce nougat est délicieux ! J'espère que tu pourras encore m'en offrir pendant de nombreuses années ! »
Tout le monde, rit devant son exagération. Kayssi me remercie, un peu plus discrètement, et je me tourne vers Andrea, le seul pour qui il me reste un cadeau. Je sors le pull et lui tends. Il ne fait pas de remarque quant à l'absence d'emballage, et il le déplie.
« Il est canon, j'adore ! Je pourrais le mettre quand on traînera dans notre appartement. »
Cette perspective me fait sourire. C'est vrai qu'une fois rentrés, on se mettra à trouver un appartement pour habiter ensemble. Vraiment ensemble. Dans un vrai chez nous.
« Et je me ferais un plaisir de te l'enlever. » Susuré-je à son oreille, le faisant glousser. « Tiens. Il y a ça avec? Tu pourras remercier Alix de les avoir dénichées. »
Je lui tends les deux entrée pour Disneyland, et ses yeux s'éclairent comme ceux d'un enfant.
« Genre tu vas m'emmener à Disneyland ? »
J'acquiesce.
« Toi et moi. À Disneyland. »
J'acquiesce de nouveau.
« Genre ? Et tu trouve pas ça cul-cul ? »
« Pourquoi, ça l'est ? » Demandé-je incertain, anxieux à l'idée de m'être totalement trompé et que ça ne lui plaise pas du tout.
« On est au taquet du cul-cul ! Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir ! »
Je ris de nouveau alors qu'il se jette dans mes bras, les yeux luisants. Je lui rends son étreinte, fort.
On peut dire que sur ce coup, Alix a été de très bon conseils.
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