Chapitre 4 : B L E S S E D

J'ouvre péniblement les yeux, la tête comme un compteur électrique.

"Hey, t'es réveillé ?" S'enquiert une voix à ma droite.

"Bordel, où est-ce que je suis ?"

"Je sais pas si tu te rappelles, mais hier tu es sorti, et on s'est rencontrés en boîte. Enfin disons que tu pas surtout prise pour ta petite amie, et mon gars t'avais vraiment l'air paumé, alors j't'ai suivi quand t'es sorti et j't'ai vu t'effondrer sur le trottoir alors j't'ai ramené ici, enfin mon pote Eliott t'as ramené pour être exacte. Tu t'rappelles un peu de tout ça ?"

"Ouais vaguement. Pardon pour le dérangement, mais j'dois partir là."

J'l'ai prise pour Andrea, comment oublier ce moment d'espoir, si fugace fût-il ?

Je me lève, où du moins essaye, malgré le vertige qui m'assaille, mais la jeune fille me force à me rasoir sur le canapé bleu ciel où j'étais.

"Hé doucement. Tu sais tu déranges pas ici. Tu peux te reposer encore un peu. Au fait, moi c'est Clotilde. Tu peux aussi m'appeler Tilde. Ou comme tu veux, évite juste de m'appeler Clo', parce que ça me fait penser à cloporte et c'est pas très sexy. Et toi, c'est quoi ton blaze ?"

Elle me tend une main assurée attendant que je la lui serre.

"Éos."

"Comme la déesse de l'aurore ? Original. Bon tu as faim ? Mon colloc' à fait des sandwichs à la moutarde, ça a pas l'air fou dit comme ça mais c'est très bon."

"Non mais je vais vraiment partir."

Je repousse le plaid qui gratte qui était sur moi et enfile ma veste que je trouve sur le dossier du canapé bleu puis lace mes chaussures.

Et ce seul geste fait remonter une foule de souvenirs, comme la fois où Andrea est venu me récupèrer alors que jetais complètement déchiré et que j'ai chialé de ne pas réussir à de faire mes lacets...

"Comme tu veux. Mais t'es un peu loin de la boîte où on était hier."

"C'est bon, je vais marcher, de toute façon j'ai rien d'autre à faire."

"Alors si tu peux attendre quelques minutes, Eliott peut te redeposser chez toi, il part bientôt travailler."

Rapidement, je pèse le pour et le contre, et même si j'ai très peu envie de passer plus de temps ici avec ces personnes dont j'ignore tout, j'ai encore moins envie de marcher dans le froid pendant des heures avec ce mal de tête qui ne désemplit pas.

"Ok, ouais, j'veux bien qu'ton pote me ramène."

"Cool, alors viens prendre un sandwich avec nous. Il est presque 13h00, vous partirez après."

Bon grès, mal grès, je la suis jusqu'à la petite cuisine de son appartement.

J'en reviens pas qu'il soit déjà si tard... Je n'ai quasiment aucun souvenirs de la veille.

En entrant dans l'espace cuisine, je remarque un garçon à la haute stature et aux cheveux bruns clairs en bataille.

"Hey, moi c'est Eliott. Et toi ?" Me dit-il en souriant.

"Il s'appelle Éos. Et faudrait que tu le ramènes chez lui tout à l'heure." Répond la dénommée Clotilde avant même que je n'ai pu dire un mot.

"Oh, ouais, pas de soucis."

On mange un morceau, et au bout d'une trentaine de minutes je suis en bas de mon immeuble, à rendre le casque de moto qu'il m'avait prêté à Eliott.

"Merci pour le trajet." Dis-je simplement.

"Derien. Ce serait cool de te revoir un de ces jours. Clotilde à l'air de bien t'aimer. Tu pourrais passer à la colloc' pour une petite soirée, t'en dis quoi ?"

"J'suis plutôt occupé alors compte pas trop là dessus. Et puis dit à ta pote de ne pas se faire de fausse idées, elle n'est pas du tout mon genre."

Sans que je ne comprenne pourquoi, il éclate de rire.

"Je crois que c'est plutôt toi qui n'est pas son genre. Elle préfère les paires de seins pour tout te dire."

"Oh..."

"Ça pose un problème ?"

"Non. Pas le moins du monde."

"Tant mieux alors. Bon aller, je te laisse avant d'être en retard. A plus."

Il me fait un signe de main auquel je ne réponds pas et tourne au coin de la rue, faisant rugir son moteur.

Je soupire quand je rentre dans mon minuscule appartement et que je vois le désordre qui y règne. Il faut que je prenne le temps de ranger... Je n'ai encore pas déballé toutes les maigres affaires que j'ai emporté. Cette situation devait être temporaire, pourtant, ça fait près d'un an que je suis dans cet appartement. Ganesh s'approche de moi en miaoulant et monte sur mes genoux, plantant une fois de plus ses griffes dans ma cuisse, mais ça ne me fait pas réagir. Je me demande bien pourquoi ce chat m'a suivi... Il aurait très bien pu rester dans mon ancien appartement. Je ne comptais pas le prendre avec moi d'ailleurs. Mais il s'agit d'un animal vraiment entêté et finalement c'est peut-être pas si mal. Je crois que sa présence féline, bien que pas très agréable, m'aurait manqué, un peu, s'il était resté là-bas.

Un petit jappement me fait relever la tête et Pimousse, le petit chien qu'Andrea avait acheté juste avant de... Non. Je ne veux pas y penser. Le chien se colle lui aussi à moi en pleurant et ses petits couinements me déchirent le cœur.

"Qu'est-ce qu'il y a mon grand ?" Lui demandé-je en le caressant entre les oreilles.

Il pose sa petit bouille sur ma cuisse et lève les yeux vers moi.

"Il te manque, c'est ça ? Ouais... À moi aussi."

Et rien que penser au châtain me serre incroyablement le cœur.

"Mais il ne reviendra pas. C'est fini. Il est parti et nous à tous laissé derrière. Toi comme moi, et tous les autres aussi. Et je les ai abandonné à mon tour... Finalement, je ne vaux pas mieux que mon père. Moi qui voulais réussir mes études et avoir un avenir, j'me retrouve avec un job de merde dans une ville de merde à enchaîner les soirées de merde pour me sentir exister et en plus je parle à un clebs que j'ai volé au seul gars que j'ai aimé. Quand on fait le point on peut dire que j'ai bien foiré ouais..."

Et une fois de plus, je sens les larmes rouler sur mes joues. J'ai tellement mal à l'intérieur. Et je sais pas comment faire taire cette douleur. Elle est si intense, si vivace, même après presque un an. La blessure ne guérit pas, le temps n'efface rien, c'est des conneries tout cela. Tout ce que l'on peut gagner au fil des ans, c'est l'habitude et l'accoutumance à la douleur, mais en aucun cas la disparition de celle-ci.

-

Encore un chapitre ou il ne de passe pas grand chose, désolé, je sais que vous attendez qui ne seule chose : les retrouvailles...

Décidément, si je ne vous tue pas de tristesse, ce sera d'attente et de frustration haha

Kisu ❣

Avec amour et dévotion,

ParadoxalementParadoxale.

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