Chapitre 28 : T A L K A B O U T L I F E

Andrea mord dans sa gaufre, se mettant du chocolat sur la joue avec un sourire d'enfant.

« Alors, tu comptes me parler de toi, où ce n'était qu'un stratagème pour avoir une gaufre ? »

« Mais c'est gênant, je ne sais pas quoi dire... Parles-moi de toi, plutôt. »

« Mais je ne sais pas quoi te dire non plus... »

« J'en sais rien, des trucs basiques comme ta couleur préféré, ce que tu écoutes commemusique, ce genre de chose. Comme si on venait de se rencontrer. Comme si tout recommancait. »

« Bon... Alors ma couleur préféré c'est le jaune. Et j'écoutes de tout, j'adore le vieux rock, mais aussi le métal, j'écoutes parfois un peu de rap, et de la pop de temps à autre, au feeling et... Et... Et je suis vraiment nul à ce genre de chose... »

« Non, c'était un bon début. Juste... Développe un peu. »

« Ok... Alors le jaune est ma couleur préféré depuis que j'ai trois ans, parce qu'à c'te époque-là, ma mère m'avait offert un petit dinausore en peluche jaune, je l'avais appelé tournesol et je le promenais partout avec moi. 'Fin c'est c'qu'on m'a raconté, j'ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque-là, quand ma mère allait bien. »

Andrea fronce presque imperceptiblement ses sourcils châtains, alors j'explicite :

« Ma mère était maniaco-dépréssive. A un niveau assez sévère. La maladie ne s'est déclaré que vers ses vingt-et-un an, peu de temps après ma naissance et si au début, elle a pu la contenir assez facilement, en suivant des séances chez le psy, la situation s'est agravée quelques années plus tard. Je devais avoir cinq ou six ans quand elle a été placée sous traitement médicamenteux, et c'est à partir de ce moment que tout à derrapé. Mon père à dû prendre un deuxième boulot pour payer le traitement qui était chaque jour de plus en plus conséquant. Et biensûr quasiment rien n'était remboursé par la sécu... Ma mère a carrément perdu la tête, elle hurlait tout le temps et... elle me faisait peur parfois. Je parlais déjà plus à cette époque et mon père a cru que ça avait un rapport avec ma mère et sa maladie, alors il a encore plus dépensé en psychologues pour me soigner et il devait tout gérer à la fois. Puis mon père à commencé à boire et ma mère est morte quand j'avais neufs ans. Je l'ai laissé tomber, j'ai laissé mon père tout gérer et s'enfoncer dans la merde... On a été saisi, plusieurs fois, jusqu'à ce qu'il ne nous reste plus rien que les cadavres de bouteilles de bière bon marché. Et les services sociaux sont venus me chercher un matin, j'ai été de famille d'acceuil en famille d'acceuil pendant cinq ans, aucune ne supportait mon attitude bizarre et fermé sur moi-même. A la fin, comme ils ne trouvaient plus de famille pour moi, j'ai été placé en foyer et à 16 ans je me suis trouvé un job et ai demandé à être émancipé. Voilà. Tu sais tout. »

Je me tourne vers Andrea, un peu mal à l'aise de lui avoir balancé tous ces morceaux de mon passé sans préavis, et quand je croise son regard, je me prend le plus gros coup au cœur que j'ai jamais eu.

Il me fixes, ses deux prunelles ambrés débordantes de larmes.

« Andrea ? Ça va ? »

« Euh... Je... » Il essuyé ses yeux avec la paume de ses mains. « Ouais. Ouais ça va. Pardon. Je suis ridicule... »

« Mais non, c'est pas ridicule. Pas du tout. Mais je veux pas que tu pleures pour moi, tu ne penses pas que je t'ai pas déjà assez fais pleurer comme ça ? »

« Mais c'est pas toi, 'fin si un peu, c'est juste que je savais pas que ça avait été la merde comme ça pour toi. J'me sens con de faire des montagnes avec mes pauvres problèmes d'ado... »

« Dit pas ça, j't'ai pas raconté ça pour que tu culpabilises. Allez, on change de sujet. Dit moi un truc sur toi. Et maintenant t'es obligé de trouver un truc à me dire, j'l'ai fais moi. »

« Ok, alors... Uhm... J'adore la musique, j'écoutes de tout aussi 'fin j'crois. J'adore les vieux classiques français, mes grands-parents m'en ont fait découvrir plein quand j'étais môme. Et pour le vieux rock, c'est mon frère. Quand j'étais petit, je voulais toujours voir ses vinyles dans sa chambre, je voyais un peu tout ça comme une caverne au trésor. Abraham a toujours été très musique, il a commencé la batterie quand il était tout petit, puis après il a appris la guitare et j'me foutrais éternellement de sa gueule pour ça, même s'il est super doué, mais il a aussi appris l'accordéon. En vrai mon frère c'est... »

« Parles-moi de toi Andrea, pas de ton frère. »

Ses joues prennent une petite teinte rosé.

« Et bien... Non, vraiment, je sais pas quoi dire. »

« N'importe quoi. Ce qu'il te passe par la tête. »

« Bon. Mon deuxième prénom c'est Marlon, alors quand j'étais gosse tout le monde m'appelait Marley. Et au final tout le monde croyait que c'était parce que j'étais fan de Bob Marley, 'fin j'aime bien Bob Marley, mais je ne suis pas un fan hystérique. »

« Marlon. » Soufflé-je en laissant les sonorités rouler sur ma langue.

« Ouais, je sais, c'est un peu nul comme prénom. »

« Non, moi j'aime bien. »

« C'est genre pour me faire plaisir que tu dis ça ? »

« Nan, j'aime vraiment. Je trouve que ça a un petit côté mignon. »

« N'importe quoi, c'est moche. »

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel.

« Il fait froid un peu là, non ? » Demande le châtain alors qu'il enfourne la dernière partie de sa gaufre.

« J'trouve pas. Mais on peu rentrer s'tu veux. »

« Ouais, j'veux bien, j'me sens pas trop bien. »

Je me lève et récupère mon paquet de cigarettes sur la table.

« Tu fumes encore... Tu veux pas essayer d'arrêter ? »

Je hausse les épaules.

« J'ai pas le courage. Même si ça m'bouffe mon pognon et ma santé, j'ai l'impression que si j'arrête, j'vais m'effondrer. J'ai l'impression que c'est ce qui me maintient en vie. Ça et l'alcool, et la drogue, et les soirées. Et c'est comme ça depuis qu't'es parti. »

« Ouais mais j'suis revenu. Je suis là maintenant, alors t'as plus besoin de tout ça. J'veux qu't'arrêtes de te détruire. »

« Le problème c'est que je ne sais pas si c'est plus simple ou au contraire plus difficile encore depuis que t'es revenu. »

Son sourire fane.

« Tu... Tu veux que je m'en ailles ? »

« Dis pas n'importe quoi. Allez viens là petite tête. » Je l'attrape par les épaules et le ramène contre moi. « Et puis t'sais quoi, t'as raison. J'ai pas besoin de cette merde. »

J'attrape mon paquet de clopes et d'un geste le balance par-dessus le pont où nous nous trouvions, atterissant sans doute quelque part sur lautoroute en contre-bas. Et le sourire d'Andrea est la meilleure résompense dont j'aurais pu rêver.

« Aller, maintenant on peut rentrer. »

Nous sommes allés prendre le bus à l'arrêt le plus proche, bus dans lequel Andrea à somnolé contre mon épaule, me faissant au passage remarquer qu'il avait pas mal de fièvre.

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Je viens de remarquer un truc, dans mes deux histoires, j'ai un personnage qui est malade j'ai pas du tout écrit ces chapitres au même moment, mais par un concours de circonstances je les poste à quelques jours d'intervalle, vous devez en avoir marre des chatons malades là haha mais bon le prochain chapitre (ou peut-être le suivant encore) vous réserve une surprise hum... conséquente je dirais, j'en dis pas plus, je vous laisse à vos suppositions 😏

BREF,  j'espère que vous avez aimé le chapitre, je vous offre quelques moments de repos avant que les choses sérieuses ne reviennent, parce qu'évidemment ce n'est pas encore fini :)

Avec amour et dévotion,

Paradoxalementparadoxale.

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