Chapitre 27 : I C E
Le lendemain, le réveil fut un peu tardif. Et pour cause, entre la moitié de la nuit passée au travail et l'autre à calmer les cauchemars d'Andrea, sans parler de ma phase de rumination, proximité avec le châtain oblige, la nuit à été très courte, ce qui explique notre besoin de la prolonger tout le long de la matinée.
Ce n'est que vers midi que j'ouvre enfin les yeux, une délicieuse odeur de nourriture emplissant mon appartement. Je m'assois dans le lit pour découvrir les draps à côté de moi froissés et vides, déjà froids. Je promène mon regard sur l'appartement pour m'arrêter sur l'espace cuisine où je vois Andrea, de dos, retourner quelque chose dans une poêle tout en se déhanchant sur la musique qu'il écoute dans ses écouteurs. Un petit sourire prend place sur mes lèvres et je me laisse retomber en arrière sur le lit, lâchant un léger soupir, cherchant la force de me lever.
Je m'approche du châtain en baillant et l'attrape par les hanches avant de claquer un baiser sur sa joue.
Il lâche sa poêle en sursautant.
« Oh bon sang Éos ! Tu m'as fait peur. » Souffle-t-il en retirant ses écouteurs.
« Bon matin. ! » Souris-je en goûtant les œufs brouillés crépitant dans la poêle.
« Qu'est-ce qui te met de si bonne humeur ? »
« Laisse-moi réfléchir... Toi. »
Il rougit et se dégage de mon étreinte pour reprendre la poêle.
« Va t'assoir que je puisse servir. »
J'obtempère et me pose à côté de la table basse pendant qu'il sert deux assiettes.
« Bon, je suis désolé, je t'ai pas demandé si tu aimais petit-déjeuner de l'américain, mais comme il est déjà midi, ça devrait aller. »
« Si tu veux mon avis, ça fait une éternité que j'ai rien mangé d'aussi bon. Mais où as-tu trouvé les œufs, et le bacon ? »
« Hum... A l'épicerie au bas de la rue. » Dit-il en haussant les épaules, nonchalamment.
Je secoue la tête avec un petit rire nasal et continue de manger. Et vraiment, même si je n'ai jamais été adepte de l'œuf au petit-déjeuner, ni du petit déjeuner en lui-même d'ailleurs, je dois avouer que la cuisine d'Andrea est excellente.
J'englouti rapidement mon assiette, et je me tourne vers Andrea :
« Alors tu veux faire quoi cette aprèm ? »
« J'en sais rien, pour le moment, je vais m'allonger cinq minutes, on n'a pas tous dormis jusqu'à midi. »
Il se laisse tomber sur mon lui avec un petit chouinement adorable. Au bout de quelques secondes ; il ajoute :
« Un jour tu m'avais promis qu'on irai faire du patin tous les deux. »
« Ouais, j'me rappelle de ça... Tu voudrais ? »
« J'en sais rien, c'est loin d'ici ? »
« Celle où je voulais t'emmener à l'époque assez, mais il y a une patinoire pas trop loin d'ici il me semble. Je ne suis pas sûr, ce n'est pas trop le genre de chose sur lesquelles je m'attarde désormais... »
« Alors ouais, on peut y aller. »
Je hoche la tête, même si je sais pertinemment qu'il ne me voit pas et je me lève pour débarrasser la table basse.
***
Andrea chausse les patins de location que l'on vient de prendre, un immense sourire aux lèvres alors que je me demande pourquoi j'ai eu une idée si idiote de l'emmener ici. Je n'ai aucun sens de l'équilibre et je vais pour sûr me ridiculiser. Rien que pour mettre les patins, je galère déjà.
On passe les portes menant à la glace et le changement de température est saisissant. Au moins, ça aura le mérite de nous rafraichir pendant la canicule...
« Tu viens ? » Me demande le châtain, déjà sur la glace.
Merde...
« Ouais, ouais, je te rejoins tout de suite. »
La patinoire est presque vide, au moins je ne me ridiculiserais pas devant plein de monde, juste deux pelés trois tondus.
Et Andrea, me souffle ma conscience, vicieuse.
Et Andrea. Admis-je, à contre cœur alors que je pose un pied sur la glace.
« Alors, qu'est-ce que t'attends ? »
Andrea se laisse glisser jusqu'à moi et m'entoure de ses bras.
« T'as peur ou quoi ? »
Face à mon absence de réponse, il me contourne et retient une exclamation de surprise en plaquant ses deux mains sur sa bouche.
« C'est pas vrai. Le grand, l'intouchable Éos à peur ? J'n'y crois pas. »
Je soupire.
« Tais-toi voire un peu p'tite tête. »
Il lâche un rire et glisse sa main dans la mienne.
« T'inquiètes, c'est pas compliqué, c'est comme le roller, il suffit d'avoir un peu d'équilibre et... »
« Sauf qu'Andrea, j'ai jamais fais de roller. » Soufflé-je en remettant une mèche de ses cheveux clairs derrière son oreille.
« Jamais, genre, jamais, jamais ? » S'étonne-t-il en levant les yeux vers moi.
« Ouais. Genre jamais, jamais. »
« Ok, bah, ce n'est pas grave, tu n'as qu'à me suivre, je te lâche pas la main. »
Il sert un petit peu plus ma main dans la sienne et commence à avancer.
Je le suis maladroitement et alors qu'il commence à accélérer, je resserre ma prise sur sa main.
« Andrea... »
« Déstresse, tu te débrouilles bien et puis je te tiens, il ne peut rien t'arriver. »
Au même moment où il me dit ça, je sens mes pieds s'emmêler si bien que je fini étalé à plat ventre sur la glace, emportant le châtain dans ma chute.
« Rien ne peux m'arriver, hein ? On se 'tient la main'. » Ris-je en levant nos doigts toujours croisés entre eux.
« Désolé. J'croyais vraiment à ce que je disais... » Pouffe-t-il en restant affalé sur moi.
« Et moi qui craignait qu'voir l'air ridicule, je crois que là je suis servi... »
Son rire se fait un peu plus sonore et je me surprends à vouloir l'écouter encore et encore, mais il faut se rendre à l'évidence, on est en plein milieu d'une patinoire, allongés sur la glace comme deux imbéciles, et les regards des quelques personnes présentes semblent bloqués sur nous. Alors je me relève, ou du moins j'essaye et retombe presque immédiatement, ce qui fait rire Andrea de plus belle.
Ça a au moins le mérite de me faire sourire.
« Aller, je t'aide. » Dit-il alors qu'il se lève.
Tant bien que mal, je me remets sur mes pieds, tentant de me concentrer pour trouver mon équilibre alors que tout ce sur quoi j'aimerais me concentrer est le visage rayonnant d'Andrea. Et comme cela m'a manqué ! Putain comment j'ai pu manquer de passer à côté de ça ? A côté de lui, de tout ce qu'il représente pour moi ?
« Bon, je suis trempé grâce à toi. » Soupire le châtain en essuyant les petites gouttes d'eau qui dégoulinent sur ses jambes à cause du contact avec la glace.
« Eh, c'est toi qui as voulu venir ! »
« C'est toi qui es tombé. » Hausse-t-il les épaules.
Et juste comme ça, tout semble si simple... Avant aussi les choses paraissaient simples, pourquoi ne le sont-elles pas restées ?
« Tu sais quoi, je crois que je vais m'assoir là-dessus » Je pointe du doigt une sorte de siège-pingouin initialement prévu pour aider les enfants à apprendre à patiner, « et je vais te regarder. »
« Peut-être que tu devrais essayer de l'utiliser, tu sais, pour apprendre, à tenir debout... »
« Insolent en plus de ça ! Mais qui a élevé ce garçon ? »
« Ouais, on peut dire que j'n'ai pas eu la meilleure mère qu'il soit... »
Je sens ma mâchoire se déboiter puis mon cœur se serrer.
« Quel con ! Je suis désolé Andrea... »
« C'est bon, t'en fais pas, je veux pas que les choses deviennes bizarres à cause de ce que j'ai pu faire, je veux qu'on puisse plaisanter sur tout, et ne pas avoir peur de dire les choses. »
Il s'approche de moi et me sourit.
« Ok ? »
Je ne peux retenir mon propre sourire et lui réponds :
« Ok. Maintenant, va patiner, je veux voir de quoi tu es capable. »
Il se met à faire quelques tours, comme un genre d'échauffement, puis il commence à acquérir de plus en plus de vitesse et il me prend totalement de court quand d'un élan, il décolle de la glace et exécute un genre de pirouette.
« Oh putain ! C'était trop bien, où as-tu appris ça ? »
Le châtain me sourit et hausse les épaules en riant.
« Je t'ai dit que j'avais l'habitude de patiner avec mon frère. »
« Mais ça c'est pas juste patiner, c'est genre, tu t'es envolé, comme une chenille qui ouvre ses ailes pour devenir papillon. C'était grave génial ! » M'enthousiasmé-je.
« Abuse pas, c'est juste deux trois trucs que j'ai appris comme ça. »
« Genre, en plus t'as appris ça tout seul ? »
« Bah oui, 'fin en regardant Yuri !!! on ice. »
Il est parcouru d'un frisson.
« Yu- quoi ? »
« Tu connais pas ? C'est genre un de mes animes préférés, je te le montrerais un jour, ok ? »
« Ok. »
« Quoi, quelque chose ne va pas ? »
« Non, rien. C'est juste que je me rends compte qu'il y a encore plein de truc que j'ignore sur toi, ça fout un coup. »
« Oh mais je peux t'en dire plus si tu veux. »
« Dac, mais avant on sort d'ici, tu grelottes et je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience parce que je t'ai fais tomber sur la glace. Il fera plus chaud dehors et ton short pourra sécher. »
« Comme tu veux. Oh tient, j'ai une idée, on peut aller prendre... »
« Laisses-moi deviner, une gaufre au chocolat. »
« Ouais, avec une tonne de chocolat ! Tu vois que tu connais des trucs sur moi. »
« Peut-être bien, finalement. Aller vient par là. »
Je lui tends mon bras et le passe au-dessus de ses épaules.
« Fais pas le mec viril, tout le monde sais que tu veux juste que je te serve d'appuis parce que tu as peur de tomber comme une merde. »
« Ouais, mais tu n'étais pas obligé de le faire remarquer. » Murmuré-je alors dans son cou alors que je le pousse à sortir de la patinoire, frottant une main sur ses épaules pour le réchauffer, sa peau est vraiment glacée.
En même temps quelle idée de venir à la patinoire en short et T-shirt ?
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Prochain chapitre : mardi ^.^
Avec amour et dévotion
Paradoxalementparadoxale.
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