Chapitre 17 : F R I E N D
Trois jours, ça fait trois jours que je n'ai répondu à aucun message d'Andrea, le pire dans tout ça ? Je ne sais pas pourquoi je ne lui réponds pas... Peut-être parce qu'en quelques messages il m'a paru heureux, et que c'est tout ce dont je voulais m'assurer... Pourtant je sais que je me voile la face, la vérité c'est qu'il est tout aussi brisé que moi, et de savoir à qui la faute importe peu. Il m'a montré qu'il avait besoin de moi, presque autant que l'inverse, et malgré ça, je joue encore au con, comme si c'était tellement ancré en moi que je ne pouvais rien faire d'autre...
Pourtant lui répondre serait si simple, un acte presque insignifiant, mais qui voudrait dire tellement. De l'espoir. Et je ne veux plus lui faire d'ascenseur émotionnel, depuis quelques temps, je suis une vraie girouette et ça fait chier, parce que c'est la meilleure façon de le blesser, encore, je lui donne de l'espoir avant de le lui reprendre sans prévenir, et je recommence sans cesse.
J'aimerais me butter pour ça. Mais même ça j'aurais jamais les couilles de le faire, lui les a eues. Moi je suis trop lâche, je ne fais que me plaindre dans mon coin alors que franchement, il y a pire dans la vie...
J'ai trouvé un nouveau travail, caissier, je ne sais même pas comment j'ai pu être retenu, car franchement, je fais peur à voir. Sans doute mon employeur est-il aussi désespéré que moi... En attendant, ce boulot, qui dure jusque tard le soir m'évite de me ruiner la santé en soirée, et même si ça me manque, je sais que ce sont de mauvaises habitudes qu'il faut que je perde. Je n'ai pas le droit de me laisser sombrer alors qu'Andrea lui s'est battu et a traversé bien pire. Je n'ai pas le droit de me plaindre non plus.
Je scanne les articles présents sur le tapis, sans vraiment faire attention à ce que je fais, toujours distrait et perdu dans mes pensées, quand une voix m'interpelle.
« Éos ? Décidément, à chaque fois qu'on se croise, c'est dans un magasin ! »
« Clotilde... » Murmuré-je du bout des lèvres, pas franchement ravi de la voir.
Je sais déjà qu'elle va me proposer de sortir, et moi je vais accepter, comme un con.
« Ça fait un moment qu'on t'a pas croisé, tu vas plus aux soirées ? »
« Pas vraiment... »
« Eliott demandait après toi l'autre jour, ce qui est assez rare parce qu'habituellement il se fout pas mal de savoir avec qui on peut bien trainer, il est de manière générale pas très regardant sur ses fréquentations... »
« Hum... »
« Ça te fait pas plaisir ? Parce qu'il est quand même bien foutu Eliott. »
« Je suis déjà... » Je me stoppe en remarquant ce que j'allais dire sans réfléchir, évidemment que non, je ne suis pas déjà en couple. « Ouais non rien en fait. »
« Quoi, t'es maqué ? Ah mais c'est chanmé ça, faudra nous le présenter ! »
« Non. »
« Non quoi, non tu n'es pas maqué ou non tu ne veux pas nous le présenter ? »
Comment peut-elle me parler de ce genre de choses avec un si grand sourire alors que la dernière fois que l'on s'est vu, j'ai baisé son amie dans des toilettes d'une boite de nuit avant de la laisser sur silence radio ?
Peut-être qu'elle ne le sait pas...
« Ni l'un ni l'autre. » Soupiré-je.
La jeune fille se renfrogne.
« Tu pourrais faire un effort... Sinon, si vraiment t'es pas maqué, je peux t'organiser un truc avec Eliott. Il est seul en ce moment a part un plan cul qu'il voit régulièrement mais je ne l'ai jamais vu alors rien de sérieux je crois. »
« Ça fera 18,39 €. » Dis-je sèchement pour clore la discussion.
Clotilde soupire et passe sa carte contre le lecteur avant de ramasser ses articles, à savoir une bouteille de rouge, un paquet de monstres salés goût fromage et une boite de préservatifs à la fraise.
« On reparlera de ça, hein. Ne te crois pas tiré d'affaires, il y a trop de parts d'ombre que je voudrais éclairer, tu n'as qu'a passer à l'appart ce soir, on fait une petite soirée chill avec seulement quelques potes. »
« On verra... Je finis le travail tard. »
« Passe à n'importe quelle heure. Bisou mon chou ! » Scande-t-elle en sortant du petit supermarché.
Je me surprends à penser à Judy. Les soirées avec elles me manquent. Elles étaient pourtant moultes et insignifiantes par le passé. Je n'aurais jamais cru pouvoir les regretter.
Avant de changer d'avis, je compose le numéro de mon amie, peut-être la seule que j'ai toujours eu, et elle décroche à la première sonnerie.
« Éos, si tu veux qu'on baisse pour te faire oublier Andrea, sache que c'est non tout de suite. Pas que nos soirées de débauches ne me manquent pas, mais je ne ferais jamais ce genre de chose à qui que ce soit, encore moins Andrea. »
« Je ne t'appelais pas pour ça... Enfin si, pour une soirée, mais pas pour baiser. Juste une soirée tranquille avec quelques... potes ? ou quelque chose comme ça, ça te dirait ? »
« Ouais, pourquoi pas. Tu tombes le bon jour, je rentre de chez mon oncle, alors je vais encore passer près de chez toi. Quelle idée d'avoir déménagé ! Parce que j'aurais pas fait deux heures de routes pour ta gueule soit-en persuadé. » Rit-elle doucement.
« Je sais que si, je te connais. »
« Ouais, je les aurais peut-être faites, mais juste pour que tu me racontes ce que disait la lettre d'Andrea. Et que tu me donnes ta lettre de réponse. »
« Pas besoin. »
« Sérieusement, tu ne vas pas lui répondre ? »
« Je lui ai envoyé un message.
« Ah ces jeunes et leur technologie... Ils foirent tout le romantisme. »
« Ta gueule grand-mère. »
« Pardon ? Je suis outrée. Pour la peine, tu vas devoir me raconter tous les détails croustillants de ces messages. Tu lui as envoyé des nudes ? Je suis sûre que c'est ça. Tu savais pas quoi dire alors tu lui as envoyé ta photo. A poil. »
« Vas-y ferme ta gueule pour voir comment ça fait. »
« Connard. Tu m'envoies l'adresse ? »
« Passe chez moi. On ira ensembles. Et puis je pourrais vérifier que t'es pas trop mal habillée. »
« Mais je t'emmerde ! Et puis depuis quand tu as des amis aussi selects ? »
« Depuis que je te connais Judith Ofhlingan, quelle question. »
« T'es bête. En plus si j'étais select, je ne trainerais pas avec toi. Ma famille l'est. Pas moi. »
« Tu es bien hautaine je trouve. Une vraie petite bourgeoise. »
« Bon aller, j'ai encore de la route. »
« Ouais, à ce soir. »
Je raccroche et passe une main sur mes lèvres, étonné de les sentir s'étirer en un sourire. Je n'avais jamais au paravent remarqué à quel point avoir quelqu'un à qui parler pouvait être important.
Un paquet d'heures plus tard, je quitte mon travail pour rentrer chez moi, j'en ai pour un quart d'heure, vingt minutes à pied. Quand j'arrive au pied de mon immeuble, Judy m'y attends déjà et je lâche un petit rire en voyant qu'elle porte une jolie robe en mousseline noire. Je ne pensais pas qu'elle me prendrait au mot. Mais finalement, venant d'elle, j'aurais dû m'en douter.
« Je suis assez bien habillée pour monsieur ? »
« Heu ouais, mais là où on va tu risques de te faire dévisager. C'est une soirée tranquille je t'ai dit. »
« Je savais que tu te foutais de ma gueule. Tu es tellement prévisible. Et tu sais quoi, j'm'en fous. J'reste comme ça. »
« A ce que je vois, faire chier les gens est toujours ta grande passion. »
« Non, juste toi. Bon on y va ? »
« Je vais nourrir Ganesh et Pimousse et on y va. »
« Bouges ton cul je t'attends depuis une demi-heure déjà. »
« Ton problème. Pas le mien. »
Quelques minutes plus tard, nous arrivons à l'appartement de Clotilde et Eliott.
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